Le parfait mareschal/123
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N jeune Cheval ayant le flanc si oppressé, qu’on le jugeoit poussif & entiérement perdu, guerit parfaitement par le remede suivant.
Mettez dans un pot trois pintes d’eau, avec chardon-benit, & pulmonaria quercina coupez menu, de chacun une poignée, du guy de chesne concassé une once, racine d’althea concassée demie once, autant d’enula-campana, & deux poignées d’hysope : faites cuire le tout environ deux heures ; puis l’exprimez, & adjoûtez une demie once de suc de regalisse, & une once de regalisse pilée, anis & fenoüil de chacun demie once, le tout bien pulverisé, un scrupule de saffran, une demie livre de miel écumé, & une pinte de vin blanc, le tout bien mélé ensemble, donnez-le en deux fois un peu tiede au Cheval, l’ayant tenu bridé six heures avant la prise, & le promenant une bonne heure apres, puis le laissez quatre heures bridé.
Il faut donner de cette décoction quatre jours consecutifs au Cheval, & le laisser reposer ensuite trois jours, au bout desquels il faut luy donner encore quatre prises consecutives : ce remede le soulagera beaucoup, ou le guerira, s’il est jeune.
Si le remede precedent n’a pas guery le Cheval, vous pouvez luy donner le remede qui évacuë & purge les Chevaux Courbattus cy-devant décrit, observant toutes les circonstances que j’ay marqué avant de le luy donner : en suite vous luy ferez prandre la poudre suivante, qu’on peut donner aussi sans faire preceder aucune évacüation & elle reüssit assez bien.
Prenez trois livres de graine de lin séchée au four, comme nous avons déja dit dans une autre recepte, estant pulverisée, adjoûtez-y de la gentiane trois onces, fenu-grec deux onces, enula-campana une once & demie, sauge & hysope de chacune trois onces, soulfre, demie livre, mettez le tout en poudre, & la mélez pour en donner au Cheval une couple de cueillerées le matin dans du son, laissez le bridé une heure & demie apres, & continuez jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de poudre : si le Cheval n’est pas guery, donnez-luy un lavement, comme nous avons dit, qui ne le Chap.
ⅽⅹⅹⅲ.guerira pas non plus, mais qui luy donnera du soulagement s’il est souvent reïteré ; & laissez agir la nature, qui par un regime bien reglé rétablira le Cheval.
La plus dangereuse Courbatture, est lorsque la fiévre s’y méle ; ce qui se fait avec beaucoup de tourment, & le mal presse si fort qu’on ne peut avoir le temps de luy faire les remedes precedens.
Il faut commencer par l’un de ces deux lavements : prenez les herbes émoliantes, hachez-les, faites une décoction & laissez la refroidir, & la passez en suite, ajoûtez demie livre de miel, & donnez le tout tiede au Cheval : vous pouvez en donner un le matin & l’autre au soir si vous le jugez à propos.
Faites boüillir une once Crocus Metallorum en poudre fine dans cinq chopines de bierre pandant un demy quart d’heure, laissez rasseoir, versez par inclination, & coulez au travers d’un double linge, adjoustez y un quarteron de beurre, donnez le tout tiede au Cheval, & le lendemain le remede suivant.