Éditions Édouard Garand (p. 42-47).

XIII


Les jours qui suivirent furent pour Julien et Adèle des jours de bonheur. Dès le matin, ils étaient ensemble. Seule, l’heure de se retirer pour la nuit les séparait. Ils vivaient dans un rêve, le plus beau rêve. Julien découvrait chaque jour une Adèle nouvelle. Elle était comme un livre qui ménage des surprises à chaque page. Elle était diverse, et complexe. Tendre et sentimentale, hautaine et coquette, ange et démon, artiste et pratique tout ensemble. Ce lui était une trouvaille, chaque fois, que de découvrir un aspect nouveau de son caractère. Elle avait une nature riche et aimante. Quelque fois, elle redevenait petite fille, et lui posait des questions dont la naïveté l’étonnait et le charmait. Chaque jour, ils faisaient ensemble de longues marches. Tous les coins pittoresques des alentours leur étaient familiers. Ils s’enfonçaient dans les sous-bois, gravissaient les montagnes, longeaient les ruisseaux aussi loin qu’ils le pouvaient.

Il emportait des livres et lui en lisait des passages. Il lui avait tout lu Jean d’Agrève, ce roman d’un amour rare et unique. À sa demande, il lui lut aussi les « Lettres de la fiancée », de Victor Hugo, une après-midi. Il se grisait des sentiments exprimés dans ses pages, il les faisait siens ; il les vivait. Elle lui avait demandé de lui écrire quelques mots sur la première page du livre. Elle adorait ce livre à cause de la similitude de son nom avec celui de la fiancée de Hugo, et quand Julien prononçait ce nom avec toute la ferveur qu’il mettait dans sa voix, elle se fermait les yeux et savouraient la douceur d’être aimée de celui qu’elle aimait.

Julien lui écrivit donc, comme elle le voulait, un mot de dédicace. Penché sur son épaule, elle lisait à mesure qu’il les traçait de son écriture carrée et vaste, les mots qui lui allaient au cœur.

« Multiplies par mille l’intensité des sentiments exprimés en ces pages et tu n’auras qu’une idée faible, oh ! bien faible ! du grand amour que j’ai pour toi ! »

Elle leva sur lui ses beaux yeux.

— Et vous m’aimerez toujours ? Toujours ? Il ne répondit rien et regarda dans le vide.

— Pourquoi me poser cette question ? Doutez-vous de moi ?

— Jamais je n’ai douté de vous.

— Adèle, je vous aime et je suis sincère.

— Vous m’aimez pour le moment, mais plus tard. Qui sait ce que nous réserve l’avenir. Votre cœur peut changer.

— Jamais il ne changera. Ça, je vous le jure. Et vous, m’aimerez-vous toujours !

— Toujours !

— Vous avez déjà dit cela à d’autres ?

À son tour, elle garda le silence. Ce fut une ombre qui passa sur leur bonheur. Tous deux, sans le savoir, avaient la même pensée sombre… Mais il la chassa.

— En avez-vous aimé d’autres avant moi ? demanda-t-il, bien que sachant la vérité.

— Jamais je n’en ai aimé d’autres que vous. J’ai cru une fois aimer quelqu’un. Je me suis trompé, Henri. Je veux être franche avec vous. Laissez-moi tout vous raconter.

D’un ton sec il dit :

— Je ne veux pas. Le passé est le passé. Seul, le présent compte. Si je disparaissais, Adèle, de votre vie, si un jour nos chemins devaient se séparer…

— Pourquoi dites-vous cela ?

— Si je ne vous aimais plus… Si je vous disais un jour que j’ai cru vous aimer… mais que je ne vous aimais pas… Si je vous disais que je me suis simplement amusé avec vous, que j’ai voulu me faire un jouet de votre cœur pour chasser ma neurasthénie…

— Je ne vous croirais pas… Pourquoi parler ainsi ? Si vous disparaissiez de ma vie… je mourrais !

— Vous m’aimez donc beaucoup ?

— Beaucoup !

— Autant que je vous aime ?

— Plus encore.

— Pour toujours ?

— Pour l’éternité ! En voulez-vous une preuve ?

— Non.

— Henri ! J’ai peur que vous changiez vis-à-vis de moi. Ce serait effrayant !

— Je ne changerai jamais !…

— Quand vous retournerez à Québec, cet automne, vous allez être repris par vos affaires, vous m’oublierez ?

— Je ne le pourrais pas, quand même je le voudrais.

— Pour le prouver, faites quelque chose de difficile pour moi.

Il sortit un calepin de sa poche, l’ouvrit à une page blanche, et le lui confia. Puis il prit son canif et avant même qu’elle ait pu l’en empêcher, il s’en darda le bras. Le sang jaillit abondamment. Il y trempa son doigt et sur la page blanche du calepin il traça ces mots : « Je t’aime » !

— Doutez-vous encore ?

— Henri, c’est fou ce que vous faites là !

Et ses yeux devinrent pleins d’eau.

Elle prit son mouchoir et en banda la plaie.

— Je ferais plus que cela pour vous. Je vous donnerais ma vie…

La plaie prit quelques jours à se cicatriser.

Il adora la douleur lancinante qu’elle lui causait. Il y trouvait une amertume pleine d’une âpre volupté.

Les relations des deux jeunes gens et leur intimité de jour en jour plus grande ne manquèrent pas de défrayer la chronique de l’endroit. De quoi s’entretenir à la campagne si ce n’est de ce qui se passe autour de soi ? Les commérages allaient leurs cours. Voir Adèle c’était voir Julien. Ils ne se laissaient pas, sauf le soir. D’aucuns les avaient même surpris à s’embrasser, ce qui avait fait pousser à cette brave madame Louvois, personne digne et sévère, une exclamation indignée.

Dès le matin, ils étaient ensemble et ils disparaissaient pour être seuls, tout à fait seuls.

Julien n’avait cure de ces commérages. Arrivant au milieu d’un groupe, alors qu’il faisait les frais de l’entretien :

— Nous sommes donc bien importants, dit-il, puisque vous vous occupez tant de nos faits et gestes ?

Ce fut un moment de stupeur. Chacun se regarda.

— Si les gens s’occupaient plus de leurs affaires et moins de celles des autres, cela n’irait pas plus mal, vous savez. Essayez quelques semaines, vous m’en donnerez des nouvelles.

Et, sur ce conseil ironique, il tourna le dos à ses auditeurs et de son pas tranquille s’éloigna.

Adèle l’attendait dans le hall. Il lui conta l’incident et tous deux s’en amusèrent.

Lalonde survint bientôt ; il était en costume de golf.

— On ne vous voit plus au golf depuis quelque temps, dit-il.

— Et cela vous inquiète ?

— Moi ? Non ! mais je vous dois une revanche. Quand m’accorderez-vous la chance ?…

— Cet après-midi même, vous permettez, Adèle ?

— Certainement, d’autant plus que j’ai quelques lettres à écrire. C’est effrayant ce que ma correspondance est en retard.

Julien alla chercher ses bâtons et suivit Lalonde.

Il y avait peu de monde sur le terrain. Julien était un assez bon joueur, mais il perdit royalement cette partie-là. Il avait trop de distractions. Il ne parvenait à faire ses trous qu’avec difficulté.

— Vous vous rouillez, lui dit Mathieu. Vous ne jouez pas assez.

— C’est que j’ai choisi un jeu plus dangereux.

— Je m’en suis aperçu.

Et par un besoin d’entendre louanger celle en qui s’incarnait et ses rêves et son idéal, il demanda :

— Et qu’en pensez-vous ?

— Je pense que vous êtes un heureux mortel. Mademoiselle Normand est la plus jolie jeune fille et la plus charmante qu’il y ait aux Éboulements cet été.

— La connaissiez-vous auparavant ?

— Un peu, je l’ai rencontrée quelques fois à Québec dans des réunions, elle est parfaite sous tous rapports. Vous pouvez être sur d’elle. Celui qui l’épousera aura une perle rare entre les mains.

— N’a-t-elle pas eu une aventure autrefois ?

— Je ne le crois pas. On l’a aperçu quelques fois avec un homme d’affaires de Québec, un veuf qui dépassait la quarantaine. Mais c’était des amours honnêtes. Cet homme en était follement épris. Devant cette grande passion, elle avait d’abord simulé la réciprocité des sentiments pour ne pas lui faire de peine, puis ensuite elle a rompu lorsqu’elle s’est rendue compte qu’elle ne l’aimait pas et ne pouvait pas l’aimer.

— Comment et par qui savez vous ces détails ?

— Par sa grande amie, Thérèse Lesieur, et qui est aussi ma grande amie. C’est un flirt de vacances, cela date depuis deux ans. À propos, Thérèse m’a confié qu’elle vous aimait à la folie.

— Ah ! Elle vous a conté cela ? Vous m’excusez, j’arrête ici.

Il passait devant le magasin général. Julien entra se faire une provision de cigares pour sa soirée et aussi pour couper court à la conversation de son compagnon, qui commençait à l’embêter.

Si la population du bas des Éboulements peut admirer, par les beaux matins et les beaux soirs, les levers du soleil ou les levers de la lune par delà le fleuve, elle est par contre privée de toute la splendeur des couchers du soleil. Elle n’en voit que les réverbérations dans le ciel et sur l’eau. Les montagnes ou les maisons s’adossent et lui cachent complètement la vue du globe qui s’éteint.

Le crépuscule n’en a pas moins pour cela toute une magie féérique. Il est plus mièvre, les couleurs sont moins glorieuses, moins voluptueuses. Elles sont pâles et affadies.

Il était vers sept heures, un peu après l’heure du bureau de poste, heure exquise où chacun, tout en dépouillant son courrier, s’attarde à jouir de ce qui reste de clarté.

Les nuages étaient multicolores et à l’est, au-dessus des montagnes de la Baie St-Paul, là où chaque soir le coloris du ciel devenait plus brillant, du rouge incarnat se découpait en bande sur le fond du firmament qui était d’un bleu de prusse.

La lumière était belle, comme dorée.

On devinait que le soleil couchant devait avoir une splendeur inaccoutumée.

Depuis quelques jours, le soleil était généreux de ses rayons, et chaque soir, comme un paon fait la roue il se plaisait à étaler toute la somptuosité dont il dispose.

— Il est malheureux que nous ne voyons pas le soleil se coucher. Il doit être splendide ce soir. Regarde ces reflets sur l’eau, dit Julien à Adèle.

Ils étaient assis tous les deux sur les marches de l’escalier de l’hôtel. L’auto stationnait devant la porte.

— Tu n’as jamais vu les couchers de soleil de la Malbaie ?

— Non !

— C’est unique. Une fois, je soupais avec des amies chez l’une de nos connaissances qui demeure de l’autre côté du pont près de la rivière. La scène était tellement belle que même les enfants en étaient émus et que nous nous sommes tous levés de table pour regarder longuement dans la direction de Ste-Agnès. Je ne suis pas capable de te décrire. Imagine-toi ces montagnes comme fond de décor, et cette petite rivière calme, si ombragée…

— Veux-tu nous allons monter au village. De cette hauteur la vue doit être belle.

— Je veux bien. Nous avons le temps.

— Certainement, dans dix minutes au plus nous serons arrivés.


Ils ne regrettèrent pas leur voyage. Après s’être dirigés jusqu’à la partie la plus élevée du village, un peu plus loin que l’église dans la direction de St-Irénée, ils se retournèrent. Entre deux pics de forme fantastique, le soleil se mourait. Il avait fini de descendre. Tout cela ressemblait à un gouffre. Les pics en fermaient les parois, comme un immense entonnoir. Le ciel était rouge, un rouge de sang, un rouge de feu. Et ce rouge vacillait comme de la flamme.

Serrés l’un contre l’autre, immobiles, ils admiraient. Ce qui se passait en eux ?…


Alex Girard voyant l’auto arrêter, s’était rendu au devant.

Un arrêt des facultés sensitives. Ils étaient devant l’Infini, un Infini troublant et qui les comblait d’émoi. Ils se sentaient petits comme deux atomes. La flamme continuait à vaciller… Elle changeait de nuances, devenait plus sombre, d’un rouge plus foncé, plus tragique.

Et les grands pics aux contours fantomatiques s’estompaient de plus en plus pour se fondre dans le noir de la nuit…

Insensiblement, le ciel au-dessus d’eux passa du gris au noir le plus obscur. Chaque chose de la création perdit, après ses couleurs, ses formes usuelles. La noirceur régna que dut trouer les puissants phares de l’auto pour apercevoir la route dans la descente.

Julien était heureux. Il était trop heureux. Son bonheur lui faisait peur.


Malgré son humeur taciturne, malgré son tempérament et son caractère renfermé, il n’avait pu s’empêcher dans un moment d’expansion de tout raconter à son ami Chantal, dans une lettre. Son bonheur était lourd à force d’intensité. Il en avait éprouvé un peu de soulagement dans la confidence.

Il appartenait d’ailleurs à ces natures rebelles, repliées sur elles-mêmes et qui gardent en elles, sous un masque habituel d’indifférence, la joie ou le malheur. Un jour, comme une digue qui, trop pressée par l’eau, cède de toutes pièces, elles cèdent elles-mêmes au besoin d’extérioriser leurs sentiments en les confiant au premier venu.

Julien avait subi cette loi.

Le lendemain il reçut une lettre de son ami.

« Où cela te conduira-t-il ? Quelle sera l’issue pour toi de cette aventure ? Mon pauvre ami, je regrette presque de t’avoir incité à faire ce séjour aux Éboulements et d’être en quelque sorte un peu cause des ennuis que tu te prépares. As-tu tout pesé avant de t’abandonner au rêve irréalisable que tu vis ? As-tu songé à tous les obstacles qui vont surgir devant toi ? L’aimeras-tu toujours ? Et même si vous vous aimiez, il y a entre vous deux un fossé, ou plutôt comme un mur que rien ne pourra franchir. Rappelle-toi la conversation que nous avons eue ensemble, un soir, soir tragique que tu peux oublier, peut-être momentanément, mais dont le souvenir te reviendra, quand tu le voudras le moins. Mon pauvre Julien, je suis brutal de te parler comme cela, je le fais par amitié pour toi. Tu fais fausse route, tu es au bord d’un précipice et je te crie casse-cou, etc. »

Julien répondit aussitôt à cette lettre :

« Les raisons que tu m’invoques pour briser une situation à laquelle je trouve un charme que je ne puis t’exprimer, je me les suis invoquées moi-même. J’ai fait surgir devant moi toutes les objections propres à empêcher la réalisation du bonheur qui, précisément est le mien. Je les ai écartées. Le passé n’existe plus. L’avenir n’existe pas encore. Je vis dans le présent et cela me suffit. De quelles contradictions est fait le Destin ? Moi qui n’ai jamais aimé et qui avait cru jusqu’ici mon cœur blindé contre ces faiblesses ! J’aime précisément la personne que je ne devrais pas aimer. Et je l’aime, mon cher Chantal, avec frénésie, je l’aime avec une violence inouïe. Peut-être vas-tu rire de moi, et te dire qu’en somme mon discours est celui que tiennent tous les amoureux, mais je ne crois pas qu’il y ait eu sur terre d’amour plus grand que le mien, plus grand que le nôtre. Car elle m’aime autant que je l’aime ! Et elle est digne d’être aimée. Tu veux savoir quelle en sera l’issue ? Je ne le sais pas moi-même, probablement une catastrophe. Je fais une provision de bonheur. Il est passé à la portée de ma main. Je le cueille. J’ai encore trois semaines devant moi, trois semaines durant lesquelles je ne serai pas Julien Daury, mais Henri Gosselin. Après ? Je verrai. Je ne te fais aucun reproche des réflexions amères que contient la dernière lettre. Tu as peut-être raison. Pour le moment je ne veux pas y songer. Je vis dans un songe. Laisse-moi rêver encore. Le réveil viendra toujours trop tôt. »

Il se garda bien de faire part de cette lettre à Adèle.


La nature les favorisait. Ce début du mois d’août était inondé de soleil. Les journées fastueuses faisaient place à des soirées de vermeil et des nuits d’émeraude. Les soirs de clair de lune, assis côte à côte, sur la véranda, ils regardaient, par delà le fleuve, dans un ciel où les étoiles, comme des têtes dorées d’épingles brillaient, monter un disque sanguinolent. Ils ne parlaient pas, mais la vie, mais la jeunesse chantaient en eux. Elle s’appuyait sans crainte sur son épaule « pour y lire les vers qu’il n’avait pas écrit » mais que dans un langage mystique il lui chantait, vers éthérés, fluides, sublimes. Il y eut des minutes dans leur existence que jamais ne se pourront oublier comme celles qu’ils vécurent, une fois, à l’heure exquise.

Voisin de l’hôtel, tout près de la banque, un chemin ombragé gravit la colline jusqu’au plateau. Ils le gravirent, elle, appuyée fervente et timide à son bras qu’elle serrait. Ils marchaient en silence, émus de la beauté de l’heure.

Il songeait à toutes ses lectures d’autrefois, aux romans où les grands amoureux et les grandes amoureuses sont magnifiés. Il comparait ces amours au sien ; il les trouvait faibles. Il était emporté, balayé par une vague qui le soulevait de terre. Il était dans l’Infini, il était léger, impalpable, rien qu’en âme.

Bientôt ils arrivèrent sur le plateau. À leurs pieds c’étaient le village, la mer et le rivage lointain qui fuyait en s’estompant. L’eau était multicolore. Il y avait du rose tendre, du rose pourpre, de l’incarnat ; ici, des bandes d’opales et de nacre ; derrière le contour des montagnes, sur le rivage opposé, le firmament était d’orange et de pourpre et à certains endroits, d’or en fusion. Quelques nuages s’étiraient flous. En se retournant, il voyait plus haut, perché sur les sommets, altier, et solennel, le village avec son église qui se découpait dans l’argent. Et de l’autre côté, les montagnes de la Baie St Paul et les caps au loin qui barrent la vue épuisaient la gamme des bleus. La paix, la grande paix du soir, enveloppait la nature. Quelque fois, mais bien faible, un friselis de branches et de feuilles, un aboiement lointain de chien, une trille d’oiseau brisaient le silence.

Il prit les deux mains d’Adèle entre les deux siennes. Il voulut lui parler et extravaser tout ce qui bouillait en lui de tendresse mal affermie et ne put que trouver cette phrase :

— Comme je t’aime !

Puis, sur ses lèvres il appuya les siennes et, longtemps, ils restèrent enlacés.

Au-dessus de leur tête, un arc en ciel arrondit son arc.

Émue, elle dit :

— Henri, regarde là-haut, c’est complet.

Et elle vibrait par toutes les fibres de son être, devant tant de beauté. Il aspira à plein poumons, but l’air qui le grisait de sa pureté et lui murmura très doucement à son oreille.

— Ah ! Mon Adèle ! Comme je t’aime. Tu es mon univers.

Des effluves de varechs venaient de la mer en même temps que le parfum des moissons mûres et celui de la terre et celui des arbres et des feuilles.