Bandeau du livre Les vacances au château – Le fétichisme en amour
Bandeau du livre Les vacances au château – Le fétichisme en amour



CHAPITRE I.

le five o’clock tea de la baronne.




Raoul de M.... jeune attaché d’ambassade, qui l’avant veille, grâce à son audace, rencontrait fortuitement cette femme de feu, aux instincts dépravés, n’eût garde de manquer son invitation et se rendit au rendez-vous marqué, après une toilette des mieux soignées et des plus raffinées. Il était vraiment superbe ce jeune mâle avec sa moustache hérissée comme celle d’un chat, des yeux noirs, son teint mat et ses formes sculpturales, que mettait en relief un vêtement de chez le grand faiseur.

Lorsqu’il sonna à l’hôtel de la baronne, la dernière visite venait de sortir et la porte fut, après son entrée, discrètement consignée par une femme de chambre de confiance.

Sans faire antichambre, Raoul est introduit directement dans le boudoir de la baronne où le luxe oriental et les vapeurs d’impérial russe achevèrent de le griser. Ce n’était que tentures, coussins et divans très-bas, aux teintes sombres, pour faire ressortir l’éclat de la maîtresse de céans. Un jour discret, perlant à travers les vitraux aux teintes pâles, et les stores en vieilles guipures, donnait un ton harmonieux à tous les objets, qui remplissaient ce temple de l’amour.

La baronne, ce jour-là, était ravissement jolie, ses lèvres sensuelles, lorsqu’elle souriait, laissaient à découvert deux rangées de perles éclatantes.

Elle était délicieusement parée d’une robe de satin rubis, recouverte d’une vieille dentelle de Venise, largement décolletée, elle laissait entrevoir deux seins admirables de fermeté et de blancheur.

À son entrée, la baronne se souleva légèrement et pria Raoul de s’asseoir, en lui décochant son plus gracieux sourire.

„Mais vous étiez fou, l’autre soir, au théâtre, vous pouviez vous faire pincer ; et moi, j’étais aussi folle que vous, de me prêter à ce jeu insensé, en vous regardant. Vous venez chercher votre correction, bien méritée, n’est-ce-pas ? polisson !!!

En disant ces mots, ses yeux comme deux tisons brûlants, cherchaient à pénétrer Raoul.

„Croyez bien, madame la baronne, que si vos yeux, qui brûlent encore en ce moment, n’avaient pas allumé cet incendie dans mes sens, je n’aurais jamais commis de sang-froid cet acte de démence. Je croyais voir dans vos yeux les lueurs de l’enfer, je croyais y lire le désir de vous repaître de ma chair, et c’est ce qui a motivé cette conduite, digne d’un pensionnaire de Charenton. Mais aujourd’hui, bien repentant, je viens humblement implorer mon pardon.

— Oh, que non pas ! reprit la baronne, comme nous savons bien mentir.

Ses regards se portaient en ce moment, sur la culotte de Raoul, qui, aux entrejambes dessinait un défaut bien compromettant. La baronne, dans un mouvement, laissa échapper son éventail, Raoul se baissa pour le ramasser, elle-même se baissa en même temps et les deux têtes arrivèrent à se frôler. Ce fut comme un choc électrique. Raoul saisit la main de la baronne, pour y déposer un baiser brûlant ; la baronne, folle de sensualité, saisit de ses deux mains la tête de Raoul et appliqua ses lèvres embrasées sur la bouche du jeune homme. Complètement hors d’elle-même, sa main s’enhardit, et va droit au défaut de la culotte, qu’elle entr’ouvre avec une dextérité fébrile, écarte tous les obstacles, et met à jour le sceptre d’amour, superbe dans sa fermeté. Sortant alors de sa poche un magnifique mouchoir de linon brodé, garni d’une haute et riche Valenciennes, la baronne se mit à caresser le joujou, qui l’hypnotisait. Ne pouvant résister à la tentation, elle se baisse, et couvre de baisers fous cette superbe colonne d’ivoire ; elle entr’ouvre sa bouche charnue, et, un instant, elle suce frénétiquement le gland de Raoul, qui commençait à se pâmer.

— Non, soyons sage ! s’écria-t-elle subitement, en dissimulant cette verge frémissante dans son mouchoir de dentelle ; cachons ça et causons, j’ai tant de choses à vous demander sur les passions humaines ; je vous suppose très-expert dans ce genre de sujet, que nous essayerons d’élucider tous les deux ; j’ai le temps aujourd’hui, le baron est en voyage et les domestiques en tournée de commande, nous pouvons donc causer tout à notre aise.

Croyez-vous, qu’il y ait des hommes atteints de passions étranges, qui concentrent tout leur amour, ou du moins toute leur ardeur érotique sur un objet inanimé, sur un objet de toilette, par exemple, un gant, une bottine, un mouchoir, etc. ? le choix peut varier à l’infini.

— Oui, baronne, à l’état normal se sont les organes génitaux de la femme qui provoquent la plus grande excitation chez l’homme, et c’est le coït qui est le moyen principal de satisfaction de l’instinct sexuel. Mais, il n’en est pas toujours de même, et il existe des cas, où les choses se passent d’autre façon. On trouve notamment des hommes, qui sont excités par une partie du corps de la femme, autre que les organes génitaux ; témoin le cas décrit par Belot, dans l’ouvrage intitulé La bouche de Madame X. Il existe également des excités pour une pièce du costume de la femme.

Les auteurs nombreux, qui se sont occupés de la question, ont désigné cet état particulier sous le nom de Fétichisme. Nous pouvons donc distinguer le fétichisme portant sur une partie du corps, pieds, main nue ou gantée, bouche, etc… et le fétichisme des objets, et d’après votre question de tout à l’heure, baronne, le fétichisme des objets, est celui qui paraît le plus devoir vous intéresser. Les cas de fétichisme des objets sont très-nombreux. On sait que souvent, quand on aime une femme, on couvre de baisers les objets qui lui appartiennent, ses gants, ses lettres, etc… On dit que les Polonais amoureux, ont coutume de boire dans des bottines de femme. Le fétichisme de la bottine de Zola, dans „Thérèse Raquin” est presque compréhensible et normal, quand l’homme embrasse à plusieurs reprises la bottine élégante de la femme aimée.

Mais le vrai fétichiste ne recherche pas le coït, ses désirs tendent vers un objet, soit pour le couvrir de baisers, l’admirer, le palper, soit le plus souvent, pour s’en servir dans une frénétique masturbation.

Dans ce genre de fétichisme, l’objet de toilette est une bottine, un gant, une chemise, un pantalon, et le plus souvent un mouchoir. Une dame, très observatrice, me disait, je connais un monsieur, qui est si passionné pour les mouchoirs de femmes, que, il me suffit, quand je le vois de loin, de tirer de ma poche le coin de mon mouchoir brodé ou garni de dentelle, pour qu’il me suive comme un chien ; je puis aller n’importe où, il ne me quitte plus. Que ce monsieur se trouve en voiture, ou occupé pour une affaire très-sérieuse, très-importante, aussitôt qu’il voit mon mouchoir, il abandonne tout pour me suivre, ou plutôt pour suivre mon mouchoir.

Le fétichiste se sert ou utilise le mouchoir convoité de plusieurs façons, pour satisfaire l’instinct sexuel. Quelques uns se contentent de voler les mouchoirs de femme, de les rapporter chez eux et de jouir du bonheur d’en posséder une collection, d’autres les mordent et les déchirent à belles dents. Mais la plupart s’en servent de la façon suivante : rentrés chez eux, ils admirent, étalent l’objet de leur larcin, le flairent, en aspirent le parfum, s’en grisent, puis, déboutonnant leur pantalon, ils en exhibent leur membre, enroulent le mouchoir autour, et se masturbent avec d’une façon frénétique.

Dans les passionnés des mouchoirs il existe des degrés, les uns sont excités par tout mouchoir de femme, un simple batiste ourlé à jour, mais les vrais raffinés ne sont vraiment excités que par l’exhibition, ou le vol d’un coquet mouchoir de dentelle. Du reste, pour vous le prouver, baronne, je vous raconterai tout à l’heure, tout au long, l’histoire d’un grand artiste, amoureux fou d’un mouchoir de dentelle ; une femme n’est pas femme pour lui, si elle ne possède pas dans sa toilette cet objet de luxe, indispensable pour la satisfaction de sa passion.

— Tiens, comme ça se trouve, s’écrie la baronne, votre ami n’est pas unique au monde et il a des imitateurs, ou, du moins, il existe des gens atteints de la même passion que la sienne. Ainsi, voici une aventure qui m’est arrivée dernièrement, et qui sera un cas de plus à ajouter à la liste déjà nombreuse des abérrés passionnels ou des fétichistes élégants ; cela démontrera clairement, que la monomanie de votre grand artiste, existe chez d’autres humains. Je commence : j’étais en villégiature à D.... où s’était donnée rendez-vous toute la fine fleur du high-life, la saison battait son plein, le casino était bondé de monde, la salle de jeux regorgeait d’amateurs, les horizontales de marque faisaient assaut d’élégance. J’avais, ce soir-là, un splendide costume héliotrope pâle, décolleté en pointe ; j’étais, ma foi ! fort désirable. Pour donner plus de piquant à cette toilette, j’avais glissé dans la ceinture du corsage un ravissant mouchoir de dentelle, en point d’Alençon. Quand j’entrai dans la salle des jeux, accompagnée des miens, j’excitais l’admiration du sexe fort. Je fus surtout remarquée par un gentleman, très-correct dans son smocking à revers de soie, la boutonnière fleurie d’un œillet blanc. Il s’attacha à mes pas ; je me faufilais de table en table, pour suivre les péripéties des parties engagées, il s’arrangeait de façon à toujours être sur mes talons ou à mes côtés ! De temps à autre, je risquais un regard et je voyais invariablement ses yeux rivés au bas de mon corsage, comme attirés par un aimant invincible. Voulant en savoir la cause, je cherchais à mon corsage ce qui pouvait bien ainsi attirer ses regards, et je ne trouvais pas autre chose que mon mouchoir de dentelle. Pour éclaircir ce mystère, je pris ce mouchoir à la main, je l’étalais avec complaisance, je m’essuyais le visage, je m’éventais, tout en observant mon voisin. Je le vis en effet passer par tous les tons de la gamme des couleurs, du blanc au rouge vif, en roulant des yeux pâmés ! Plus de doute ! je remis alors mon mouchoir à sa place primitive, en laissant passer tout le volant de dentelle, et je continuai à jouer. Une légère poussée se fit dans les rangs des joueurs pour un changement de banque ; je me sentis pressée, je regardai mon corsage, mon mouchoir avait disparu, j’étais volée !

Comme je suis très amateur de ce genre de chiffon, et que je ne voulais pas me dépouiller du plus beau specimen de ma collection, je me mis en mesure de découvrir mon voleur. Je ne tardais pas à l’apercevoir, franchissant la porte qui donne sur le parc ; je me précipitai à sa poursuite, pas assez vite pour l’atteindre, mais assez pour voir sa silhouette se profiler dans une allée. Je le vis enfin s’asseoir sur un banc, derrière un massif d’arbres.

Avec l’adresse d’un Peau-rouge, je manœuvrais si bien, que je parvins, sans être aperçue, à me dissimuler derrière un arbre, à deux pas de lui. J’allais enfin avoir le mot de l’énigme. Je vis en effet mon inconnu déplier mon mouchoir de dentelle, le porter à ses lèvres avec transport, aspirer son parfum avec volupté ! D’une main fébrile, je le vis entrouvrir son pantalon et sortir un membre rutilant de luxure ; avec délicatesse il l’entoura du précieux tissu, en fit une vraie poupée, et commença à se secouer avec rage. Aux soupirs qu’il poussait, aux spasmes qui l’agitaient, cet homme devait jouir d’une façon extraordinaire.

Profitant de l’extase, sous lequel l’avait plongé la jouissance, je m’élançais sur lui, lui arrachais mon mouchoir de dentelle (Dieu sait dans quel état !) et me sauvais en toute hâte.

Je pris congé des miens, prétextant une migraine, et rentrai précipitamment à notre domicile. Toute la nuit je fus rêveuse, et je me demandai quel plaisir un homme pouvait bien éprouver à jouir dans un mouchoir de dentelle ? De retour à Paris, je causais de cette aventure à mes chères amies, elles n’en furent pas surprises. Il paraîtrait, selon elles, que cette manie n’est pas très rare. Une d’elles surtout m’affirmait, qu’elle n’était jamais mieux servie par son mari, que, lorsqu’elle faisait une élégante toilette, et qu’elle le mignonnait avec un mouchoir de dentelle. Depuis, je me suis mise à aimer passionnément ce genre de chiffon, et chaque fois que je sors en promenade, j’ai soin de glisser dans une poche de jaquette, ou dans la ceinture de mon corsage un mouchoir de dentelle, que je laisse largement dépasser, pour voir si cela produira quelque effet sur les hommes que je croise. Jusqu’à présent j’ai trouvé de nombreux coups-d’œil d’envie, mais pas d’amateur sérieux ! Comme vous le voyez, je suis devenue une fanatique de cet objet de luxe, provocateur de luxure, et si j’osais, puisque je suis dans la voie des confidences, je vous avouerais que j’ai réédité en partie l’histoire du casino, en me livrant dans une grande Soirée à l’acrobatie suivante ; vous allez en juger : invités, mon mari et moi, chez les de X, je m’empressais de me rendre à ce bal ultra-aristocratique, devait se trouver réuni, tout ce qu’on compte de plus élégant parmi nos grandes mondaines. Le principal attrait de cette fête était pour moi l’espoir d’y rencontrer la mignonne Madame de C... et son mari, et d’y réaliser le projet, que j’avais fait d’accomplir en plein bal, la scène du casino, J’arrivais donc pleine d’espoir et d’entrain à cette charmante fête, ou s’était donné rendez-vous tout un essaim de jolies femmes. Je portais une splendide toilette, hardiment décolletée, constellée de diamants, qui piquaient de leurs feux étincelants ma jolie tête de Greuse. Sitôt que j’aperçus notre couple, j’y dirigeais mon mari, et après les présentations d’usage, mon ami m’offrit son bras. L’orchestre attaquait une valse de Strauss, nous commençâmes doucement, puis, peu à peu échauffés, entraînés par cette musique endiablée, nous nous lançâmes dans le tourbillon des danseurs ; j’enlaçais mon cavalier de mon corps souple et félin, je m’incrustais littéralement à lui, je sentais son genou me frôler agréablement, je le contemplais se pâmant et me buvant des yeux, je le grisais de mes effluves, qui s’échappaient de toute ma personne ; nos deux corps n’en faisaient qu’un, tellement j’étais plaquée contre lui ; il était tout-à-fait pris, comme hypnotisé ! Le voyant à point, je lui susurrais à l’oreille : „mais dites-moi donc quelque chose.” — Voyant que sa réponse n’arrivait pas, j’ajoutais, en le brûlant de mon regard ; „moi, je voudrais vous démoeller !” — et je l’entraînais hors du grand salon. Nous traversâmes plusieurs pièces, où se reposaient des couples avides d’un peu de tranquilité. Nous arrivâmes enfin dans un petit boudoir, à peine éclairé, où nous fûmes seuls ! J’allais à la fenêtre pour respirer un peu d’air. Là, dans l’embrasure, drapée par les tentures, nous étions presque dissimulés. D’une main je lui enlace le cou, et l’embrasse sur la bouche ; de l’autre, j’arrache les boutons de son pantalon, et mets en l’air son sceptre d’amour, en lui disant : „J’ai soif de vous !” Je tombe à genoux, j’applique mes deux lèvres sur ce membre raidi, que je commence à sucer avec rage, ma langue, mes lèvres, tout marchait à la fois, je l’aspirais, comme si je voulais le boire, je sentais s’écrouler sa vie, sa force d’homme s’échapper de son être, et passer dans ma bouche de Vampire ! Aux mouvements saccadés de sa verge, je compris qu’il allait jouir ! À ce moment nous entendîmes du bruit dans la pièce voisine, je n’eus que le temps de me relever, et de jeter sur sa nudité mon mouchoir de dentelle, qui reçut les flots d’amour, que j’aurais voulu dévorer ! Il était temps, mon mari entrait. „Mon cher, lui dis-je, sans m’émouvoir, je me suis enrhumée en sortant du grand salon, et n’ayant pas de mouchoir sérieux, j’ai du me servir de mon mouchoir de dentelle. Conduisez-moi, je vous prie, au buffet, je me sens mal à l’aise.” Marchant devant moi, il s’engagea dans un vestibule étroit, qui conduisait au buffet. Profitant de ce que je n’étais pas vue, je portais mon mouchoir à mes lèvres ; après l’avoir amoureusement contemplé, je détachai délicatement le sperme de la fine dentelle par un ardent coup de langue, et j’avalais avec un raffinement de volupté. Tel est, mon cher ami, l’acte de folie auquel s’est livrée la femme dont la réputation est à toute épreuve, dont la vertu farouche n’a jamais été suspectée. Vous voyez que nous pouvons aller de pair, et que, si vous êtes un exhibitionniste, je suis moi-même une fétichiste, cas très-rare il est vrai, mais qui existe dans le sexe faible. Encore un mot avant de vous céder la parole. Vous n’êtes pas sans avoir entendu parler de l’affaire Bl... celui qu’on a surnommé „l’homme aux épingles”, car, vous le savez, il épinglait des mouchoirs de dentelle sur les seins et les fesses des jeunes femmes, qui le caressaient. Savez-vous s’il éjaculait dans un de ces mouchoirs, après avoir fortement flagellé les fesses et les seins des femmes, destinées à son plaisir ?

— Bl... dont l’histoire est bien connue, dit Raoul, est, en effet, un fétichiste, mais, c’est plutôt un sadiste, c’est à dire, un imitateur aux petits pieds du divin marquis, qui trouve sa jouissance dans la douleur et la vexation, imposée à sa victime. Ça serait sortir de notre sujet, que de nous appesantir sur le cas dont vous parlez. Si, cependant, vous y tenez beaucoup, je puis avoir sur cette aventure des renseignements très précis, que je vous transmettrais plus tard, si vous le désirez. Dans tous les cas, pour vous reposer un peu je vais vous raconter une aventure personnelle, qui aurait bien pu faire de moi un fétichiste, si j’avais eu cette disposition, et qui démontre en outre, que, sans être membre du Troupeau de Sodôme, on peut se laisser aller à faire des folies, et à commettre des horreurs, lorsque le milieu s’y prête. Je vous vois rougir, et me traiter d’avance d’infâme sodomiste ! Eh bien, non, le hasard et la curiosité ont été les seuls auteurs de cet accroc au beau sexe, et, comme il est le seul, je crois, je vous en demande humblement pardon d’avance, sûr que vous ne m’en refuserez pas l’absolution. J’y vais de mon petit récit :

Me trouvant de passage à Constantinople, et me promenant le soir le long du Bosphore, un monument bizarre frappa mes regards ; c’était un établissement de bains. Un peu par curiosité, un peu pour faire disparaître la fatigue, je franchis la porte d’entrée. Dans un vaste atrium se trouvaient plusieurs interprètes ; j’avise un français, et lui explique le but de ma visite. Il me demanda si je voulais un bain complet, je lui répondis de me procurer ce qu’il y avait de mieux. Après avoir esquissé un sourire énigmatique, il disparut… Après quelques minutes d’attente, employés à admirer cette salle, mon barnum revint, me priant de le suivre, ce que je m’empressai de faire. De nombreuses cabines donnaient sur un vestibule, pavé de marbre ; il gratta à la porte de l’une d’elle, et la porte s’ouvrit ; „vous êtes chez vous” me dit-il, en me quittant. J’entrais dans un vrai boudoir, d’un côté une baignoire en marbre rose, de l’autre un divan gris perle avec boutons cerise, surmonté d’une glace, au fond de la pièce une toilette, merveilleusement ornée de guipure, sur laquelle s’étalaient tous les instruments en écaille, que le luxe moderne a inventés, une série d’essences des meilleures maisons de Paris, et, dans un coin de la toilette, un grand sachet de satin, magnifiquement historié. Cette pièce était éclairée par un superbe lampadaire, en porcelaine de Saxe rose tendre, qui répandait sur tous ces objets une douce lumière. Occupé à admirer tout ce luxe, je n’avais pas remarqué que je n’étais pas seul. Enfin, mes yeux rencontrèrent un jeune adolescent, de seize ans environ, d’un blond angélique, portant de longs cheveux ondulés, qui retombaient en boucles serrées sur ses épaules. Il portait un costume de gaze blanche, lamée d’or, ce qui fait, que, sous cet habillement transparent, il paraissait entièrement nu. Il m’offre ses services de la façon la plus charmante ; je me mets en devoir de me déshabiller, et, avec son aide, le dernier de mes vêtements avait rejoint le reste. J’entrais dans mon bain, que j’avais voulu naturel pour ne pas troubler le cristal de l’eau ; pendant ce temps, mon Adonis préparait la sortie, il étalait le grand peignoir éponge, et approchait le grand sachet ; je le regardais, se remuant et agitant ses jolies fesses, qui ressemblaient à celles d’une femme. Lorsque le temps me parut suffisant, je fis un signe, et quand j’enjambais la baignoire, il m’enveloppa du peignoir, et commença à me sécher. Il me fit ensuite étendre sur le sopha, où, avec un linge de batiste, il me sécha dans tous les replis. Prenant ensuite dans le sachet un petit mouchoir de linon, encadré d’un magnifique point à l’aiguille, il s’en servit pour sécher les parties viriles ; avec la dentelle il enroula le gland et le frotta doucement, ce qui me procura une sensation bizarre ; ce contact de la dentelle avait je ne sais quoi de mordant, qui détermina presque une érection. Bref ! il rejeta tout cet artifice de lingerie, et commença à me masser ; sous ce prétexte, il attira à lui mes cuisses, et en toucha doucement les attaches. Sous ces doux attouchements, j’entrais tout à fait en érection, ce que voyant, mon Adonis presse mon membre de ses mains, et le frotte pour le maintenir dans cet état. Le tenant alors avec sa main, il le plaça entre ses lèvres, et le frôle de sa bouche ; puis, couvrant l’extrémité avec ses doigts, rassemblés en forme de bouton de rose, il en presse les côtés avec ses lèvres, en se servant même de ses dents, pour le mordiller. Reprenant ensuite le bout de la verge avec ses lèvres serrées, il la baise, comme s’il voulait la tirer ; la replaçant plus avant dans sa bouche, il la presse avec ses lèvres, et la fait encore ressortir. Il la caresse partout avec la langue, particulièrement sur le filet ; tout en continuant il en introduit la moitié dans sa bouche, et la suce avec force. Enfin, jugeant mon état d’excitation suffisant, il fait pénétrer ma colonne d’amour toute entière dans sa bouche, la presse de ses lèvres, et aspire avec vigueur l’essence même de la vie ! L’effet fut immédiat, j’éprouvais une sensation de volupté immense, et, en même temps, je lançais dans la bouche de mon suceur des torrents de sperme, qu’il avala avec délices ! Revenu de mon trouble, je ne pus m’empêcher, en voyant l’effet que mon éjaculation avait produit sur mon jeune tendron, en voyant, dis-je, sa belle petite queue se dresser fermement dans sa culotte de gaze, je ne pus m’empêcher d’en faire sauter tous les rubans, et de mettre au jour son joli petit instrument. Comme un affamé je me précipitai sur ce fier byou, que, d’un coup, je fis disparaître jusqu’au fond de ma bouche. Là, avec une langue agile et des lèvres sensuelles, je m’empressai de lui rendre, point par point, tout ce que j’en avais reçu ; je ne le quittai, que, lorsque épuisé de volupté, il eut déversé dans ma bouche ses flots de liquide amoureux. Il m’offrit alors, pour m’essuyer les lèvres, le mouchoir de dentelle, dont il s’était servi tout à l’heure ; et je le gardai en souvenir de lui.

Comme vous le voyez, baronne, dans cette aventure, deux pièges m’étaient tendus, l’école de Sodome et le fétichisme ; et, puisque nous sommes dans la voie des aveux, je vous dirai que les deux procédés de jouissance me sont restés agréables. Je ne suis pas demeuré exclusif, et la preuve est, que vous me voyez prosterné à vos genoux, prêt à adorer vos charmes.

— Oui, reprit la baronne, vous êtes un peu excusable ; le milieu dans lequel s’est passé cette scène prêtait à cet écart, car vous n’avez rien cherché, vous n’avez eu qu’à vous laisser faire ; je réserve donc mon jugement pour une aventure plus grave, et je lis dans vos yeux que vous ne m’avez pas tout dit.

— Oui, baronne, j’ai encore sur la conscience une bien vilaine histoire, mais je ne vous la raconterai que plus tard, lorsque je vous aurai narré les aventures du grand artiste, le fétichiste par excellence, celui qui est le plus beau cas parmi les amateurs du mouchoir de dentelle. Si vous n’êtes pas trop fatiguée, baronne, je vais commencer.

Oh ! pas du tout, mon cher ami. Vous racontez d’une façon si pittoresque et si excitante, que je passerais ma vie à vous écouter, bercée par cette douce jouissance érotique, que me procurent vos récits. Je suis toute oreille, mais je ne réponds pas d’aller jusqu’au bout sans éclater, je me sens, où vous savez, un besoin infernal, qu’il faudra que vous apaisiez par le moyen qui vous plaira.


Cul de lampe du livre Les vacances au château – Le fétichisme en amour
Cul de lampe du livre Les vacances au château – Le fétichisme en amour