Le dernier des Trencavels, Tome 3/Livre vingtième

Traduction par Henri Reboul.
Tenon (Tome 3p. 53-71).


LIVRE VINGTIÈME.

La Réintégration.


Roger dit à Trencavel : « Ton oncle est mort comme il a vécu. Si sa vie se fût prolongée, notre victoire devenait inutile ; il eût de nouveau sollicité d’un légal de Rome l’ignominie d’être fustigé en présence de son peuple. La croisade est maintenant aux abois, les barons en sont dégoûtés, et je ne pense pas que les vassaux des prélats y reviennent de quelque temps. On nous menace du roi Louis ; nos spoliateurs n’ont plus d’autre espérance que de vendre, ou abandonner leurs larcins à un larron plus puissant. Si nos forces étaient entières, et si la faiblesse du vieux Raymond n’avait amoindri nos ressources, l’attaque des Français n’aurait rien d’effrayant ; nous saurions bien les contraindre à se consumer devant nos châteaux, ou à battre en retraite fatigués et épuisés. Mais quoiqu’il puisse arriver, il vaut mieux avoir affaire à des princes qu’a des chapelains, si nous sommes réduits à entrer en accommodement, tâchons d’être forts ; mettons le temps à profit. Nos ennemis sont dispersés, la campagne est ouverte, il s’agit de rentrer dans nos villes ; marchons sur Carcassonne. »

« Nous devons avant tout, » répondit Trencavel, « rendre les derniers honneurs aux restes de mon oncle. » — « Sachez, » lui dit Roger, « que nous n’obtiendrons jamais de nos chapelains qu’ils accordent un tombeau à celui qu’ils reconnaissaient pour leur maître. »

Les capitouls arrivèrent en ce moment pour annoncer à ces seigneurs que les templiers, fidèles amis de Raymond, s’étaient chargés de conserver dans l’enceinte de leur monastère le corps du comte de Toulouse, sans lui donner la sépulture jusqu’au moment où on aurait obtenu du St.-Père la permission de l’enterrer.

« C’est bien, » dit Roger, « il ne faut pas disputer à Rome son droit sur les morts ; mais nous avons appris à nos dépens qu’il ne faut pas laisser les vivans à sa merci.

« Votre jeune prince, » ajouta-t-il, « saura tirer un meilleur parti que son père des forces qui lui restent ; secondez ses efforts et soyez-lui fidèles. Je vais mettre en liberté votre évêque qui est en mes mains ; mais n’oubliez pas que ses caresses sont plus à craindre que ses menaces.


« Priez Dieu maintenant qu’il m’accorde d’achever la délivrance du pays, et de réintégrer dans ses domaines l’héritier des Trencavels. »

L’armée victorieuse reprit sa marche ; elle traversa Basièges où avait été remportée la première victoire sur les croisés après la mort de Simon de Montfort, puis entra dans Castelnau de Lauragais, et y renouvela les fêtes qui furent célébrées dans ses murs, lorsque ce même Raymond en avait chassé les croisés, repoussé l’attaque de l’armée des fils de Montfort, et fait mordre la poussière au frère d’Amalric(1).

De tous côtés les villageois redemandent leurs anciens seigneurs et accourent aux prédications des bons hommes. Les moines de Citeaux et ceux de Dominique se réfugient, éperdus, dans des retraites cachées. Les bourgeois des villes s’arment et contraignent à la fuite les faibles garnisons de leurs envahisseurs ; ces guerriers des provinces du nord, qui étaient venus à la suite de Montfort, ravir les domaines du midi, reviennent errans et dépouillés. Alain de Roncy est chassé de Monréal, et Guy de Lévis prépare une vaine défense dans les murs de Mirepoix.

Ceux que la frayeur avait réunis à Carcassonne, livrés au sentiment de leur faiblesse, prennent le parti de négocier avec les vainqueurs et obtiennent la faculté de se retirer dépouillés de leur butin. Le moine Guy de Vaucernay, ce chapelain de Montfort(2) qui s’était fait adjuger le siège épiscopal de Carcassonne, bien qu’il ne fût point vacant, était alors retenu dans son lit par une maladie qui l’avait saisi aussitôt après son retour du déplorable siège de Toulouse.

Les fatigues d’une retraite laborieuse et entourée de dangers avaient épuisé ses forces. Le mal qu’il éprouvait était envenimé par la crainte et le dépit.

Bientôt il apprend que les bourgeois demandent à grands cris leur ancien évêque, et que sa bannière est délaissée par le plus grand nombre de ses vassaux. Sa douleur n’a plus de bornes quand il voit les chapelains eux-mêmes déserter son palais.

« Grand dieu ! » s’écria-t-il, « vous qui avez opéré tant de miracles dont j’ai pris soin d’informer la postérité, est-ce donc votre volonté qu’avant de mourir je cesse d’être seigneur et évêque ? Daignez éloigner de moi ce calice d’amertume, et accordez-moi une mort bienheureuse qui préserve mes yeux d’être témoins du triomphe de vos ennemis. »

Ses vœux furent exaucés. Un religieux de l’ordre de St.-Dominique était resté seul auprès de lui, et reçut son dernier, soupir. « Puisses-tu » lui dit-il en mourant, « obtenir de Dieu cette grâce de n’être jamais fait évêque ! »

Le prélat qui avait été contraint par Innocent de descendre du siège de Carcassonne, pour faire place au protégé de Simon, s’appelait Bernard de Roquefort. L’amitié de Bernard pour le comte de Toulouse, sa fidélité envers son prince, l’avaient rendu suspect à la cour romaine.

Depuis dix ans, il avait passé dans la retraite une vie exempte de reproches, déplorant le malheur des princes de l’Occitanie et priant pour eux.

Exclus par la violence et contre le vœu de son troupeau, il reprit sa dignité, en obéissant à ce vœu quand la violence fut vaincue(3). Le clergé, qui se trouvait sans pasteur, se rassembla autour de son ancien chef, et marcha avec lui et la foule des habitans au-devant de l’armée triomphante.

« Habitans de Carcassonne ! » s’écria le comte de Foix, « nous vous rendons vôtre seigneur ; nous ramenons à son peuple l’héritier des Trencavels ; le fils de celui qui vous fut arraché par un crime. » En disant ces mots, il tenait dans sa main celle du jeune vicomte, et le présentait aux nouveaux venus.

Chapelains, chevaliers, bourgeois, tous s’empressent autour de lui et l’obsèdent de leurs hommages.

Il embrasse l’évêque Bernard, et reçoit sur ses joues les larmes qu’arrache au prélat le souvenir de son prince assassiné avant la fin de son cinquième lustre.

Ils entrent ensuite dans la ville au bruit des cloches, des battemens de mains, et des chants d’alégresse que font entendre les chapelains en langue latine, et les bons hommes en langue vulgaire.

Le lendemain, le comte de Foix dit à Trencavel : « C’est à vous de poursuivre la conquête de vos états ; il vous restera peu à faire. En attendant que vous ayez pu réunir vos vassaux, je vous laisse une partie de mes chevaliers sous la conduite de Raimbaud. Soyez prompt comme l’éclair, montrez-vous partout, rien ne vous résistera Pour moi, je vais achever de purger nos montagnes, et chercher à Mirepoix ce maréchal des Montfort qui se flatte envain de prendre racine dans nos terres(4)

Le comte de Foix fit prendre à son armée la route de Monréal et de Fanjeaux. Les cathares le suivirent en louant le Seigneur de ce qu’il leur était accordé de revoir leurs foyers.

Trencavel, livré à lui-même et aux conseils de Raimbaud, lui parla d’abord de Cécile : « Mon père » lui dit-il, « j’ai promis de demeurer pendant six mois séparé de mon épouse : à Dieu ne plaise que le parjure me rende indigne de ce présent que j’ai reçu du Ciel ! Mais serait-ce violer mon serment que de proclamer l’union que j’ai formée, et d’appeler Cécile à la jouissance des honneurs qui lui sont dûs ? »

« Mon prince, » répondit Raimbaud, « ce qui vous reste à faire pour recouvrer vos domaines se trouvera fait pour votre épouse. Vous ne l’avez pas choisie dans le palais des rois et parmi celles dont le nom ajouterait quelque soutien à votre puissance ; il faut donc éviter une démarche qui pourrait refroidir vos alliés et retarder le moment, où nul n’aura le moyen de vous contredire. Avant que le temps prescrit soit écoulé, vous n’aurez plus rien à reconquérir ; le droit de donner vous sera acquis. D’ailleurs où pourriez-vous fixer la résidence d’une épouse qui ne doit point encore habiter auprès de vous ? Cécile ne peut avoir d’autre domicile que la maison de sa mère ou celle de la vôtre. »

« Allons trouver ma mère, » dit Trencavel. « J’ai un fils à lui rendre, une fille à lui donner, et qu’elle règne avec nous. »

Dès que la nouvelle se fut répandue que le jeune Trencavel avait pris possession de la vicomté de Carcassonne, les villes voisines se hâtèrent de rentrer sous son obéissance. Les consuls de Limoux, ceux d’Alet et de Quillan, vinrent eux-mêmes remettre les clefs de leurs villes. Les habitans d’Asilles, de Laure, de Ménerbe, chassèrent les dernières bandes des croisés qui s’étaient établies auprès d’eux. Narbonne fut leur refuge. Cette ville était devenue la place d’armes du clergé romain, depuis qu’Arnaud, abbé de Citeaux, encore dégouttant du sang des victimes égorgées à Béziers, s’en était fait déclarer archevêque, et avait usurpé la souveraineté ducale que lui disputa Montfort jusqu’à son dernier moment.

Ce fut à Narbonne que se réfugia aussi le légat Conrad. Il y arriva(5) sous un déguisement ignoble, seul ; mais il s’était fait précéder de ses trésors. Ce prélat avait auparavant établi sa cour à Béziers ; son luxe s’était étalé au milieu des ruines d’une ville presque déserte ; ses chevaux paissaient dans les jardins abandonnés et incultes. Il employait ses veilles à chercher encore des victimes dans les villages voisins de Béziers, et même parmi les nouveaux habitans de ses maisons reconstruites. Les bourgeois et les villageois étaient surveillés, espionnés et dénoncés par des agens secrets, quelquefois par leurs parens et leurs domestiques.

À la nouvelle des succès du comte de Foix et de sa marche sur les domaines des Trencavels, ces malheureux opprimés reprennent courage ; ils relèvent leurs yeux indignés sur ce tyran mitré qui leur est venu d’Italie ; le légat dissimule la frayeur qu’il éprouve ; et, affectant une fausse sécurité, donne ses ordres secrets pour évacuer ses richesses. Bientôt il s’aperçoit que sa liberté, sa vie peut-être, sont compromises par les retards qu’entraînent les soins de l’avarice, et se trouve réduit à prendre les habits d’un pêcheur. Sous ce déguisement, et ayant la tête couverte d’un capuchon de couleur brune, il parvient à Sérignan, et se jette dans une barque qui le conduit à Narbonne. Pendant ce trajet, sa demeure est mise au pillage, ses meubles somptueux sont traînés dans la boue ; les hommes du peuple se partagent ses vins d’Italie et d’Espagne ; les gens de sa suite sont poursuivis, insultés, ou jetés dans les égoûts de la ville.

Trencavel entra dans Béziers au moment où ce peuple s’y livrait au double délire de la joie et de la vengeance. Le spectacle de l’alégresse publique ne put charmer les yeux du jeune prince qui demeuraient fixés sur les édifices écroulés, les murailles pendantes et enfumées, les amas de débris entassés sur son passage.

« Mon Dieu !, » s’écria-t-il, « est-ce là l’ouvrage de vos ministres ? Et qu’auraient pu faire de plus les agens des démons ? » Étienne de Servian, l’un des principaux seigneurs du pays, avait été invité de se rendre à Béziers, afin d’y concerter, avec le vicomte et Raimbaud, les mesures à prendre pour achever la délivrance du pays.

Cet Étienne avait été quinze ans auparavant poursuivi comme fauteur de l’hérésie, pour avoir tenu chez lui deux ministres albigeois ; puis on l’avait pardonné, absous et réintégré dans la plus grande partie de ses domaines(6).

À la nouvelle des combats de Toulouse, il avait repris les armes, ou plutôt les avait fait reprendre à son fils Gaucelin ; car lui-même était chargé d’années.

Étienne apprit au vicomte que Gaucelin venait de se mettre en marche pour tenter une expédition sur Agde, dont l’évêque Thédise avait déjà eu la prudence de s’éloigner. Quelques centaines de routiers s’étaient joints aux hommes d’armes de la maison de Servian, qui, après avoir repris Agde, devaient se replier sur St.-Tibéri(7), dont le château ainsi que celui de Valros(8) étaient encore occupés par les troupes des chapelains. L’occupation de ces châteaux interceptait le passage vers Pézènes où Trencavel était si impatient d’arriver.

En ce moment, un vieillard, se disant parent du vicomte, demanda à être introduit auprès de lui ; il était vêtu de la robe des chanoines, quoique les signes du sacerdoce ne fussent pas empreints sur sa tête couverte de cheveux blancs.

« Je suis, » dit-il en entrant, « le doyen des Trencavels, fils du frère de votre bisaïeul ; mon nom est Bernard Atton(9). »

Étienne de Servian et Raimbaud n’eurent pas de peine à reconnaître sous ce déguisement cet ancien vicomte d’Agde, qui, depuis plus de 30 années, avait dans un accès de dévotion, ou de déraison, cédé tous ses domaines à l’évêque et au chapitre de St.-Étienne.

Trencavel accueillit Atton avec tous les empressemens qu’une âme sensible aime à prodiguer à la parenté et à la vieillesse.

« Ce n’est plus un vicomte de votre sang, » lui dit Atton, « qui vient à vous ; c’est un simple chanoine. J’ai renoncé depuis long-temps aux biens de ce monde, et je les ai échangés contre cet habit qui me donne une garantie certaine à l’heure de la mort contre les tentatives du démon.

« Je ne devais le prendre qu’aux approches de ce dernier moment, lequel d’ailleurs ne peut être bien éloigné ; mais je me suis déterminé, d’après le conseil même des chanoines, à m’en revêtir par anticipation, en venant vous demander pour eux ainsi que pour moi protection et sûreté, dans les circonstances difficiles où nous sommes. À la première menace d’une invasion des routiers, l’évêque s’est enfui ou caché ; et, sachant votre arrivée à Béziers, je me suis flatté d’obtenir de vous une sauvegarde qui mette notre chapitre à l’abri des mauvais traitemens des gens de guerre. »

« Seigneur vicomte Atton, » dit Étienne de Servian, « j’étais l’un des témoins de l’acte de donation que vous fîtes à l’évêque et aux chanoines, lorsque, étant monté avec eux sur la tour de Mirabel, vous leur montriez de loin les domaines d’Agde, de Marseillan, de Florensac, que vous mettiez entre leurs mains. Trente-sept ans, si je ne me trompe, se sont écoulés depuis lors. Pendant ce long intervalle vous avez eu sans doute à vous louer de la conduite de vos donataires ; car leur reconnaissance a eu le temps d’être mise à l’épreuve. »

« Mon Dieu ! » répondit Atton en hochant la tête, « ce n’est pas de cela qu’il s’agit en ce moment. Il est trop vrai que, la donation une fois faite, je me suis vu assailli de mille besoins imprévus. Dans les premiers temps les secours ne m’ont pas manqué, grâces à l’obligeance de la bonne dame Agnès de Montpellier, qui maniait l’argent de son mari le comte Guillaume. Celui-ci très-habile négociant m’a prêté à deux reprises, moyennant un honnête intérêt, des sommes assez considérables, en prenant pour gage quelques-uns de ces domaines concédés au clergé(10).

« Or, je ne puis oublier que ces donataires y ont consenti d’assez mauvaise grâce et par une sorte de nécessité. Mais depuis qu’eux et moi nous avons transporté notre hommage à Simon de Montfort, ou plutôt depuis que le chanoine de Gênes est devenu évêque d’Agde, je dois l’avouer, il ne m’a plus été possible de rien obtenir par emprunt ou autrement de ce que j’avais cédé à l’Église ; ma détresse est maintenant devenue si grande, qu’en venant solliciter de mon arrière-neveu une sauvegarde pour le chapitre, je mettrai encore plus d’instance à obtenir de lui qu’il m’aide à contracter un nouvel emprunt, au moyen duquel ma subsistance soit assurée pendant le peu de jours qui me restent à vivre. »

Trencavel, ne sachant que répondre, semblait interroger par ses regards son conseiller Raimbaud, qui, prenant la parole, dit au vieillard : « Le seigneur vicomte ne peut ignorer qu’en fait d’emprunts la science des chevaliers est très-bornée ; avant la croisade nous avions la ressource des juifs. Maintenant que les chrétiens de Cahors et de Montpellier ont pris leur place, il n’y a plus de crédit que pour les chapelains. Mais j’imagine un expédient qui peut satisfaire à la fois à vos deux demandes.

« La ville d’Agde est probablement occupée à l’heure présente par la petite armée de Gaucelin de Servian. Si le seigneur Étienne consent à y accompagner le vicomte Atton, il obtiendra facilement de son fils toutes les immunités et garanties qui peuvent assurer le repos des chanoines, et pourtant exiger d’eux qu’il soit prélevé sur les biens dont ils sont en possession une indemnité proportionnée aux besoins et à la dignité de leur donateur. »

Ce conseil fut approuvé de tous. Le vieux Atton sourit à l’idée de se retrouver, après une longue privation, maître de quelques deniers, et Étienne de Servian lui offrit de l’accompagner à Agde sans aucun délai.

« Faites savoir à ces chanoines, » lui dit Raimbaud, « qu’ils doivent songer à apaiser le ressentiment du jeune comte de Toulouse, envers lequel ils se trouvent accusables de félonie, pour s’être faits les vassaux de l’usurpateur de ses domaines. »

Étienne reçut, en partant, l’ordre de faire diriger les troupes de Gaucelin sur St.-Tibéri, où Trencavel lui-même irait les joindre pour attaquer le château.


NOTES
DU LIVRE VINGTIÈME.
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(1) Ce fut en 1220, que Raymond le jeune et Roger Bertrand, fils du comte de Foix, défendirent Castelnaudary, contre Amauri de Montfort. Guy, frère d’Amauri et comte de Bigorre, y fut blessé à mort et fait prisonnier. Il eut deux filles de la comtesse de Bigorre, Pétronille de Comminge.

Hist. de Langued., t. 3, p. 215.

(2) J’aurais dû relever plutôt une erreur du troubadour, qui confond en une seule personne le moine Pierre de Vaucernay, historien de la croisade, et l’abbé de ce monastère Guy qui se fit nommer évêque de Carcassonne ; il est probable que l’écrivain était de l’ordre inférieur, et que Guy appartenait à la classe où on avait coutume de choisir les prélats.

(3) Bernard de Rochefort fut chassé une seconde fois de son évêché par Louis VIII, en 1226, et fut encore remplacé par une créature de Montfort, Clarin, qui avait été chancelier de ce seigneur.

Hist. du Langued., pag. 360.

(4) Guy de Lévis ne se flatta pas en vain, et fut, de tous les barons descendus du nord de la France, celui qui s’établit le mieux dans le midi. Ses descendans y ont conservé de grands domaines jusqu’à la fin du dernier siècle. Ces biens acquis par une révolution politique ont été perdus par une autre, après un intervalle de plus de six siècles.

(5) Conrad, évêque de Porto, fut envoyé comme, légat dans la province en 1219. Ce fut en 1220, qu’il fut obligé de quitter Béziers et de se réfugier à Narbonne.

Id., pag. 315.

(6) Étienne de Servian était le plus puissant des seigneurs de la contrée après les Trencavels ; il tenait en fief des vicomtes de Béziers, Servian, Montblanc, Bastide et Combas, et d’autres domaines situés à Pouzolles, Alignan, Abeillan, Spondeillan, St.-Nazaire, Puimisson, Cassan et Roujan.

Voy. son acte d’abjuration. Hist. de
Langued., t. 3, preuves, p. 220.

(7) St.-Tibéri, village célèbre par son riche monastère de l’ordre de St.-Benoit, autrefois Cessero, ville gauloise, et depuis l’une des Mansions de la voie romaine, dans l’itinéraire d’Antonin, cette Mansion est appelée araura sive Cessero.

Voy. Danville, Notice de l’ancienne Gaule.

(8) Les ruines d’une grande tour se voient encore sur les restes d’un monticule volcanique, auprès du village de Valros. En 1199, Raimond Roger Trencavel céda ce poste ou fort à Étienne de Servian, en se réservant la haute justice.

Prœdictum vero podium seu gardam affrontat ex una parte in cammino discurrente de Biterri ad Pedenacium, ex alia in cammino discurrente de S.-Tiberio ad S-Mariam de fraxino.

Preuves de l’Hist. de Langued., t. 3, p. 187.

Les ruines de cette église champêtre, appelée Ste .-Marie des Fresnes, ont achevé de disparaître à la fin du dernier siècle.

(9) Bernard Atton succéda en 1159 à son père qui avait obtenu le vicomté d’Agde de son frère ainé, Raymond Trencavel I. Il fit en 1187, par devant l’autel de N.-D. du Grau, un acte par lequel il se donnait pour chanoine à l’église St.-Étienne d’Agde, et cédait son titre à l’évêque Pierre et à ses successeurs, avec tout ce que son père et lui avaient possédé dans toute l’étendue du diocèse.

Hist. de la ville d’Agde, pag. 45.

(10) Cette dame Agnès de Montpellier savait placer avec avantage l’argent que son mari retirait du commerce. On lit dans l’acte d’emprunt de l’an 1189, que le domaine de Marseillan servit de gage à un prêt de 10,000 sous melgoriens, sur laquelle somme Agnès retint d’abord 1000 sols pour les intérêts, pro pignore.

Hist. d’Agde, pag. 49.


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