Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume III/Fragments/XI


 
Traduction de James Darmesteter

Édition : Musée Guimet. Publication : Ernest Leroux, Paris, 1893.
Annales du Musée Guimet, Tome 24.


FRAGMENTS
Spécimens parsis
Namàzi Ormazd.


3.— NAMAZI ORMAZD

Prière à Orniazd.

t , Prière au Créateur Ormazd, brillant et glorieux ;qui connaît tout, savant ; puissant et qui rend puissant ; qui sait pardonner et qui pardonne ’ ; qui nous donne tout bien, nous conserve tout bien, qui écarte tout mal : 1. Cf. la fin de VAogemaidê (p. 166, §§ 106 sq). 2. Voir plus liant, p. cvii.

3. Avahlislthldr avak/ishài/is/tnigar ; avakhshiddr est traduit hamêsha bidùr u toujours éveillé », dans le F.exique Saciiau (p. 839,6) : c’est une erreur du lexicoiçraphe ou du manuscrit ; le mot et d’autres de la famille se retrouvent dans le Sliikan ijumàttt au sens de miséricordieux : avakhshniddr, raxàkartar ; avakhs/uiind. ksliamàpara ; avak/i$/iàis/mi, pralipAlana ; arnkhshàis/iii’igar, khslianiApara. Tir Andaz traduit les deux mots hakhshanda bakhs/idi/ish kumiDda, ce qui donne rétyniiiloi ;ie et la l ecture vraie des deux mots : ’dhakhshiddr, ’dbak/ishdyish nigar. Va initial du pelilvi pouvant être d aussi bien que a. 2. Roi majestueux, droit’ et victorieux ; créateur majestueux et pur. 3. Je remercie le Créateur Ormazd : je le remercie ea pensée, je le remercie en parole, je le remercie en action. 4. Merci à toi, ô Créateur, pour les bons jours qui sont venus : je te remercie pour les mauvais jours qui ne sont pas venus. 5. Je te remercie pour la beauté du ciel, pour la largeur de la terre, la longueur des rivières-, la hauteur du soleil^ les eaux qui courent, les plantes qui poussent, le soleil qui réchauffe, la lune qui éclaire, les étoiles qui sont dans le ciel, depuis la création jusqu’à ce jour et depuis ce jour jusqu’à la résurrection et la vie future.

6. Je te remercie, ô Créateur OrmazJ : je le rem ercie en pensée, je le remercie en parole, je te remercie en action. 7. Créateur, je te remercie de ce que tu m’as fait Iranien el delà bonne Religion- ; et de ce que lu m’as donné à présent" l’intelligence ’ el la mémoire ; lecœur% la clarté de l’œil, la main elle pied ; el de bons aliments, de bons vêtements el de toute chose bonne, à mon souhait. 8. Créateur, merci à toi en pensée, en parole, en action, mille fois chaque jour, mille fois mille !

1. salil « droit >> ; Tm Andaz : durust ii 7’dsl. 2. rûd (TA. et B. au lieu du niz de S.)-

3. Littéralement « que dans le ciel il y a beauté {ki andar âsmàn z’ivà), que la terre est en large, la rivière en long, le soleil en haut [zam’in fa pahnd, rûd fa drahnâ, khorsJùd fa bùlâ ; TA. supprime fa : « de ce que la terre est longue, etc. «). L’auteur de la prière s’est rappelé la formule zende : [Ashôish baêshaza] zem-irathai’iha dànudrajaùha, hvare-berezanha : zamik-pahndi, rût-drahndi, khorhsêd-bdld ; Yasna, LX, 4 ; cf. Yt. Xlll, 32).

4. ta iinrôz (S. ta Ortnazd).

5. kut ér uhû-din kard am. — La prière quolidienne du rituel juif conlienl celte formule : Bcui soit l’Éternel, notre Dieu, maître du monde, qui ne m’a pas fait naître idoldlre !

6. nin :zz aknûn (S. ntz).

7. Iiush (S. hushn).

8. S. et B. ont vavdrùm ; TA. a uàràm, « le repos », ce qui a peu de sens ici et semble une correction malheureuse, pour la forme vavàrûm, inconnue à l’éditeur. Il semble pourtant qu’il y avait un mol vdnhn slgniliant cœur ; car le vieux Yasna pehlvi de la Bodléiennc (J’) a la glose rf(7 pour le vdrùm’qm traduit l’énigmatique Cri’aleur Ormazd, je le remercie en peuséc, je te remercie en parole, je le remercie en action.

!). .Merci à loi, ô Créateur, de ce que lu m’as fait de la race des hommes’ ; 

de ce que lu- m’as fait enlendanl, parlant, voyant ; de ce que lu m’as créé ïiUre el non pas esclave’ ; de ce que lu m’as créé homme et non pas fomme^ ; de ce que lu m’as fait de ceux qui mangent en observant le nlj el non de ceux qui parlent en mangeant.

10. Prière aussi à toi, ô Créateur, de ce que je vois celte création : le ciel élevé, le soleil qui réchaufTe, la lune qui contient le germe du taureau’, le feu rouge, brûlant el resplendissant" ; la gloire du Roi el son riche trésor ; la terre fertile, l’eau qui va, les plantes qui poussent", arbustes, arbres et herbes’ ; la femme obéissante^ belle, glorieuse ; le fils populaire ’°, haut de taille, à la langue agile ", aimable, el qui fait ses prières ’- ; les amis, les voisins, les frères, les parents ’ qui réjouissent le cœur : el le vàrem, dans le H ; X, 14, ce qui prouve à loiit le moinsque l’on connaissait un mol vdrûm ayanl le sens de « cœur ».

1. kut aj :ihri mardumdn àfrid dm.

2. ul (S. ush).

3. ul (izàd brahhûd (S. uhrahhi’id) ani, ut na banda. 4. lit mard ddd am, na zan. — La prière quotidienne du rituel juif a ces formules : Béni soit l’Éternel, etc., fjuine m’a pas fait naître esclave.’ Béai soit l’Hternel, etc., qui ne m’a pas fait naître femme ! Ces formules se retrouvent déjà dans le Talmud, où elles sont attribuées à des rabbins du commencement du n° siècle. 5. Voir vol. Il, Vd. XXI, 8, note 28.

6. barhômand ^ farôg/tmand (Lexique S.vciial). 7. aris/inômand, dans les trois textes : arishn semble une corruption de orôdislm (hu-rôdis/oi) qui traduit huruthma (Yasna X, 4) el raodha (Hàdh. N. éd. Haug-Wesl, II, 23).

8. vdstar-j : ici S. seul a la bonne lecture ; T.. a vdsnar-j qui n’en diflTére que par un point diacritique (traduit giyd/i, herbe ; le zend vàstrem) ; B. a ôçlarj. 9. larsakdh ; c’est-à-dire farmdn burddr, « obéissant >» (T..). 10. anjamanî, qui a du succès dans l’assemblée (z. vyâkhnam, anjamanik Y. LI, 5).

11. s/iîv hùzvdn ; zend khshviwrem hizvâm (Y. L.KII, 4). 12. ni/dijishnôinand (= /"(ir ; adà kunanda ; T..). 13. dôstdn hamsdijagdn [brddardn ; manque dans S.) khvèsluin : répond à la série des Gàthas : airyaman, verezéna, hvaêtush fvol. I. 235, n. 2). plaisir des saveurs’ ; et une pensée qui ne désire que le bien ; et tous ces biens dont tu disposes, l’utilité^ la gloire, le bien-être, au sein desquels tu me fais vivre, en ce monde du bien, par ton secours -. 12. Que le Paradis soit leur part ! Que l’Immortalité vienne à leur àme ! Qu’ils se reposent dans le brillant Paradis ! mes père et mère, mes frères, sœurs, parents, amis, coreligionnaires, qui ont été et qui ont passé. Qu’à eux tous le Paradis soit leur part !

l.S. Que ce monde terrestre’ soit leur part ! Que les bonnes œuvres de ce monde soient leur part !

14. Que toute chose, — de pensée, de parole et d’action, — soit sur la bonne route, sur la voie de Dieu !

15. Ainsi plaise à Ormazd et aux Amshàspands : ainsi et plus encore ! Ainsi soit le désir de Dieu et des Amshàspands ! 1. S. et TA. lisent rdmishn kkâràm manis/m k/wcsh avdijast fvdnn ; B. supprime khàrdm et manishn et lit rdmishn khvêsh dvdiast frârûn, « le plaisir (qui jouit) de ses désirs honnêles ». ïtâmislm Khàrdm [Khdrôm) est le Génie qui donne leur saveur aux aliments.

’2. andar in gêhdn ashdyaômand (S. uashdyaomand) avîsk hadra [B. à ash hddare.) Le dernier terme est énigmatique : avîsh transcrit en pehlvi donne khvêsh ; hàdra, comme l’observe ingénieusement M. Sachau, peut être ayydr, d’autant plus que dans le Cithrem buyât (p. 148), il semble traduit par madad (Sachau, p. 8’23~. 3. Qu’ils retrouvent là-haut le secours des bonnes œuvres qu’ils ont faites sur la terre !