Le Théâtre d’hier/Edouard Pailleron/Le dramaturge et le psychologue

II

LE DRAMATURGE ET LE PSYCHOLOGUE.


Il ne faut demander au monde que ce qu’il peut donner. On voit d’ordinaire que, par une loi d’universelle compensation, les idées fécondes sont les trouvailles de la misère, les aubaines du génie affamé, qui braconne et prend les inventions à la pipée. L’atmosphère des salons est un peu tiède aux poussées de sève des plantes vigoureuses. Mais, en revanche, nul milieu n’est plus favorable aux natures distinguées et déliées, qui spontanément y prospèrent en un discret épanouissement. L’esprit de finesse y est dans l’air. Ce qu’exige d’industrieuse subtilité l’élaboration des petites fêtes et des petites intrigues, on ne s’en saurait douter, à distance, ni combien aux jeux innocents se prodiguent les intentions ingénieuses et raffinées. Tout n’en est point perdu. De temps en temps naît un Marivaux ou un Pailleron, qui, doué d’un naturel talent, et avec un bagage de connaissances plus solides, croît parmi ces minutieuses gentillesses, et en fait instinctivement son profit.

« J’ai pris, dit la Préface du Monde où l’on s’ennuie, dans les salons et chez les individus, les traits dont j’ai fait mes types. Mais où voulait-on que je les prisse ? » Nulle part ailleurs, en vérité, puisque c’était pour M. Pailleron le terrain le plus commode à ses facultés d’artiste, et le plus conforme à ses goûts. Du monde il a l’ingéniosité, qui est la propre marque de sa fantaisie. Ingénieux, il l’est par un penchant de nature dans sa manière d’observer, d’imaginer, et jusque dans l’invention, même lorsqu’elle soulève des souvenirs ou sollicite les rapprochements. Il apporte la discrétion d’un galant homme dans ses emprunts, et aussi dans son originalité. On a pu lui reprocher, sans trop d’injustice, de s’être longtemps attardé aux reprises d’idées déjà traitées par d’autres, et ajouter, avec quelque raison, qu’il s’est sevré sans hâte du lait classique, dont il fut nourri. N’y a-t-il pas quelque outrecuidance à débuter d’emblée par le génie ? Pour ses coups d’essai, il lui a suffi de mettre en scène quelques actes d’un motif toujours gracieux, et de rajeunir quelques proverbes d’une application un peu détournée : ce qui est le fin du fin en matière de délicatesse mondaine. Petite pluie, Le Mur mitoyen, Le dernier Quartier sont moins des titres de pièces que les mots de subtiles et limpides charades, qui s’organisent derrière le paravent, aux jours où l’on pille la garde-robe.

Et voyez les charmantes ressources de l’ingéniosité d’esprit. Il semblerait que l’idée suffit à une jolie scène, sans plus ; et il en rencontre plusieurs, le plus souvent très jolies, si bien que, la pièce terminée, la compagnie a sur les lèvres, avec l’illusion flatteuse de l’avoir deviné, le mot de ce jeu spirituel, qui en est l’occasion et la solution. Oui, le mot y est, au commencement, au milieu, à la fin, amené d’une méthode usitée dans les devinettes, et qui consiste à jeter en plein jour, au bon endroit, l’idée, la maxime ou le dicton, autour duquel le reste n’est que fine et industrieuse broderie. Et ce piège familier aux amusements de société devient véritablement un procédé de théâtre, surtout lorsqu’il ne s’agit plus d’une saynète sans prétention. « Mais c’est le monde où l’on s’ennuie, cela », ou :

« Ma tante, savez-vous ce qu’est un faux ménage ? »


ou encore, avec plus d’insistance, à proportion que le sujet est plus épineux : « Comprenez donc, ma tante, qu’elle n’est pas au point… que c’est… enfin qu’elle n’a pas l’étincelle… Connaissez-vous la machine électrique ? » C’est-à-dire, pour clairement parler : « Vous brûlez, ma tante, vous brûlez ; attendez quelques scènes, et vous y êtes. »

Cependant, pour amuser les plus impatients, l’auteur s’ingénie à trouver d’agréables accessoires ; il a, comme M. de Casteljac, avec plus d’esprit et de fantaisie, des figures nouvelles à chaque saison, c’est à savoir la prison de l’amour, les cerceaux enchantés, et la tête de bœuf : je veux dire la scène de l’éventail pf ! pf ! des sonnettes drelin ! drelin ! du tonnerre brum ! brum ! de la poupée couic ! couic ! de la machine électrique, de la robe noire, de la serre et de l’indique-fuite. Si vous prétendez qu’il y a plus d’artifice que d’art à fourrager ainsi dans le magasin de la Comédie Française, je vous répondrai que ces artifices, au moins, ne sont pas coûteux, qu’ils n’affichent point des prétentions excessives, qu’ils sont peut-être simplement un effort aimable de réalisme à bon marché, que Molière lui-même n’a pas dédaigné ces petits moyens, et que j’ai vingt raisons de croire que M. Pailleron rend au monde ce que M. de Casteljac lui a prêté.

D’où il suit qu’il n’apporte au théâtre qu’un rare talent d’amateur ? Je ne dis pas cela. Mais sans doute n’est-il point impertinent de croire que ses premiers efforts ont révélé quelque chose d’approchant, pas plus qu’il n’était inutile de rappeler d’où procèdent les qualités très personnelles, qu’il a heureusement développées plus tard. Il a su fouiller davantage le champ de ses observations, mais le travail de l’invention ne lui a vraiment réussi que dans ce coin du monde, pour lequel il était fait, et où naturellement il avait pris position. Il y a découvert des régions mal connues, mitoyennes, peu définies, et, sans labeur apparent, il a excellé à les peindre. « Je constate que c’est ici un de ces salons, où, sous le voile des convenances, on se cherche et l’on se trouve… quelque chose d’hybride, que le cadastre moral n’a pas classé encore, et qu’on ne peut désigner que par cette périphrase significative : le Monde où l’on s’amuse. » Il s’y est orienté sans peine, et, à mesure qu’il en maniait les travers avec plus d’aisance, il en attrapait les ridicules, qui tiennent à des nuances infinies, avec plus de sûreté et de finesse. Il est vrai que ces voyages d’exploration l’ont rarement égaré en des milieux, moins accessibles ceux-là, où le vice fait les frais de la comédie, — et dont on n’a raison que par une observation âpre et une vigoureuse indignation, qui n’appréhendent ni les violences ni les coups d’éclat. Là, les manèges de la coquetterie constituent un danger social, et il faut, quoi qu’on en ait pu dire, plus que de la clairvoyance pour les dévoiler, et plus que du talent pour en faire justice. Celui qui, le premier, a mis le pied dans le demi-monde, n’avait pas le droit de s’arrêter à des nuances : il a dû faire sauter les masques. M. Pailleron excelle à les soulever. Cela suffit à sa complexion plus mesurée, à son tempérament plus réservé. Il a pris goût à noter, avec leurs ridicules à peine saisissables pour d’autres, les variétés du monde, où l’on s’amuse et où l’on s’ennuie. Et de nuance en nuance il s’est engagé, non sans coquetterie, dans les menus problèmes d’une psychologie assez neuve, qui est l’agrément de son esprit.

« Mon cher, les dramaturges psychologues, qui se préoccupent de l’homme, ne sont jamais descendus dans les profondeurs de ses puérilités. Une analyse trop fine demande trop de détails ; l’action n’a pas le temps d’attendre… C’est l’âge ingrat, un âge de transition, indécis, ténu, et de diagnostic difficile, l’âge ingrat, Gontran, où notre petit nom devient plus jeune que nous, où la redingote noire serait peut-être trop longue, mais où le veston est déjà trop court. »


C’est le triomphe de l’analyse psychologique et dramatique : car veuillez remarquer que l’auteur excuse sa description en même temps qu’il la précise, qu’il la lance et l’engage dans le train de la scène, que la phrase même, d’une coupe élégante et à la dernière mode, n’a rien d’une exposition sermonneuse, et qu’il se peut bien faire qu’en ce moment nous saisissions le point précis où l’homme de théâtre se distingue de l’homme du monde, où le talent ne suffirait plus, sans le don.

Des sujets si délicats veulent être mis en œuvre avec dextérité. M. Pailleron compose adroitement, avec aisance, sans qu’on puisse soupçonner l’effort. Il ménage, plutôt qu’il ne prépare les effets. Il promène l’intrigue en des détours ravissants, qui ne sont jamais hors-d’œuvre ; et le mouvement de la pièce, rarement précipité, est presque toujours sensible et accéléré, sans arrêt ni recul. Le fil, comme l’idée, en est parfois si ténu et délié, qu’on le croit rompu, juste à l’instant qu’il se dévide, onduleux et souple. À y regarder de près, on découvre un art étudié, peu apparent, avec une assimilation très aisée des progrès en tous genres, qu’a faits le métier dramatique depuis plus de cent ans. Nul ne s’est mieux approprié la manière de Marivaux, l’adresse de Beaumarchais, et aussi, avec d’élégantes précautions et des tempéraments judicieux, la tirade lyrique et sentimentale du drame. D’autres ont construit des machines plus solides et d’une logique plus saillante peut-être ; personne ne s’entend davantage à faire évoluer en un espace restreint, parmi des situations délicates, sans confusion ni fausse manœuvre, un groupe de personnages très divers, qui ne semblent d’abord réunis que par le hasard d’une réception ou à la faveur d’une fête intime. Il arrive souvent, à la scène, même dans les œuvres des plus grands, que, malgré l’illusion d’optique, on remarque de l’embarras ou de l’apprêt dans le va-et-vient du salon, je ne sais quoi d’artificiel qui gâte le tableau : soit que deux à deux les personnages s’entretiennent, par intervalles, pour ne gêner pas la causerie du groupe voisin, soit que tous parlent à la fois, et que les mots d’esprit semblent monter des dessous du théâtre, soit enfin que, par un procédé aussi commun et choquant, il y ait tout près de la rampe un truchement, qui fait par tirades les honneurs de la soirée, discourant sur les mœurs et les caractères des gens qu’il présente, à la façon dont le manager montre ses bêtes. Ou se lasse vite de la collection et du boniment. M. Pailleron y met plus de formes. Il a écrit deux ou trois scènes, où il donne vraiment l’impression du monde, malgré le nombre des personnages, qui parlent à leur tour et à propos. À peine le premier acte est-il quelquefois surchargé, un peu long sans longueurs ; on ne se résignerait à en rien perdre, mais encore en voudrait-on retrancher quelque chose. À cette réserve près, la mise à la scène est d’une habileté subtile, preste, harmonieuse, et assez sobre pour donner aux grandes pièces de l’auteur un air de modernité classique. Voilà bien des qualités séduisantes.

Et je crains que la renommée, qui l’a traité en mère passionnée, ne lui ait été injuste par quelque endroit et ne l’ait un peu jugé à fleur d’originalité. Peut-être, après tout, a-t-il le tort d’être original avec trop de discrétion, et de voiler d’un art trop spirituel ce qu’il y a de plus neuf dans son théâtre. Il a été frappé de la façon très nouvelle, dont se noue aujourd’hui l’intrigue dans le monde, et du scepticisme à la mode dont s’y assaisonne la galanterie. Pendant longtemps, hier encore, la comédie a vécu sur la déclaration classique, à grand renfort de douceurs, à beaux souvenirs du répertoire. Avec plus d’éclat lyrique dans le drame, plus d’abandon sentimental dans le mélodrame, des gestes expressifs, des cris rencontrés : on en était encore à la tirade cent fois refaite de Molière. Les personnages de M. Alexandre Dumas (ils sont les premiers qui aient nettement rompu avec ces traditions d’un autre âge. Ils y mettent tout leur tempérament et y ajoutent un certain air entendu. Ils ont une façon à eux de déclarer qu’ils ne se déclarent point, ou de saluer l’arche, sans tomber à genoux, ou de s’agenouiller sans saluer. À part ceux qui ont le foie trop gros, et qui s’engagent à fond dans l’aventure, ils sont experts à esquiver les préliminaires, à moins que, comme Jean Giraud, ils ne les suppriment, argent comptant.

En un monde plus restreint, M. Pailleron a poussé aussi loin l’observation, et il a gardé plus de mesure. Les hommes se disent, avant de se prononcer : « Des anges, toutes des anges, trop d’anges dans les familles », et ils appréhendent d’être plaisants ; les femmes ont une maxime, qui les met en garde contre les surprises du cœur : « Hon, musiciens ! » et elles craignent d’apprêter à rire ; et c’est l’effroi du ridicule qui couvre leurs déclarations d’un ridicule exquis. Les mots ne viennent pas, ou ils abondent ; la phrase ronfle, ou elle s’arrête court ; on s’embrouille à vouloir tout dire, ou l’on ne dit rien par la peur de se livrer ; on cherche un subterfuge, on prend des détours, on s’écarte, on n’y est plus, lorsqu’il n’y a qu’un verbe qui serve, qui est sur le bout des lèvres, et qui lui-même est devenu comique. Et M. Pailleron, par pure malice, complique encore cette gêne d’une ruse de circonstance, qui rend la situation plus fausse ; adieu l’aplomb, l’expansion, ou la poésie, quand Bob se met à aboyer, l’intempestif Bob, l’incrédule chien du logis[1], à qui, par précaution, il eût fallu d’abord plaire. Pauvre M. Gillet, vous n’y êtes pour rien ; ce sont les gens du monde (et M. Pailleron le leur fait payer) qui, pour suivre le train du siècle, ont fait la sincérité si ridicule et l’amour tant difficile. Et toutes les scènes de ce genre sont piquantes, neuves, d’un goût parfait.

On en trouverait ailleurs de plus modernes, si modernes qu’elles pourraient bien être en avance. Tous les beaux cavaliers de Gyp, qui n’ont qu’un mot : « Je vous adore », m’ont tout l’air de simplifier à l’excès le fond de la langue. M. Pailleron a l’esprit de n’être pas si désolant. C’est le trait commun à toutes les scènes analogues de son théâtre, que la nature a raison de l’artifice, et qu’une pointe de sentiment suffit à réveiller les cœurs que la mode, l’étiquette ou le bel air ont endormis. Aux grandes phrases des virtuoses il oppose, sans déclamation ni sensiblerie, la douce mélodie de l’âme qui chante ou qui pleure, par un besoin de nature, et qui exhale sa jeunesse un peu attristée parmi ces esprits forts et ces cœurs tacticiens, qui évoluent comme à la parade. « Oh ! je la connais, allez, ma vie, et depuis longtemps, depuis le jour où ma mère est morte… Pauvre petite »[2] ! Dans toutes les grandes pièces de M. Pailleron il y a un morceau de ce genre, d’une touche aussi légère, d’une poésie à peine indiquée, d’une sensibilité contenue, qui à l’amour habillé de formules, à la passion teintée de scepticisme, aux travers les plus neufs, les plus mondains, les plus raffinés, les plus ridicules oppose sans éclat le contraste d’un cœur simple, réservé, et à la mode changeante l’éternelle jeunesse. Molière aussi se plaisait à ces échappées de sentiment.

À deux reprises, M. Pailleron a voulu sortir de son milieu, et entrer dans les grands courants du vice. Il faut reconnaître qu’alors il a forcé sa nature, sinon son talent, et qu’Hélène, tragédie bourgeoise, et aussi les Faux ménages, ont d’autres défauts que celui de rappeler Gabrielle et la Dame aux Camélias. Bon gré mal gré, on ne peut que souscrire à la critique de J.-J. Weiss, et en retenir, quoi qu’on en ait : « que l’auteur n’est point à l’aise avec les mœurs vicieuses, qu’il n’est pas plus fait pour prendre en leur exacte mesure les dérèglements que les fougues sublimes, et que sa main si adroite s’alourdit, quand elle y touche. » Ce qui ne veut pas dire qu’il y manque d’esprit ou que son talent l’abandonne : l’homme qui a de l’un et de l’autre, en a partout. Mais jetez-le dans un monde qui n’est pas le sien ; ses qualités ne feront point qu’il n’y soit dépaysé. Il y reste gentleman, mais il n’est plus chez lui : l’habit est trop élégant et la verve trop discrète. Même des Faux ménages ce qui plait le plus n’est sans doute pas ce qui a coûté davantage à l’auteur, mais plutôt ce que dans cette société, où il s’égare, il apporte de lui-même : un parfum d’honnêteté originelle, avec un sens inné de toutes les élégances. En deux ou trois scènes il a prodigué les traits d’une observation instinctive, qui accuse plus de froissements que d’étude. Il en veut à ces compagnies de rencontre, de singer la famille, l’honnêteté, et jusqu’à la distinction. Il ne leur pardonne pas de s’efforcer à la respectabilité, et d’affecter les belles manières. Ces éducations postiches l’assomment, et il en note les moindres travers. Rien que des demi-noms dans ce demi-monde : Mme Ernest, Mme Henri, Mme Armand ; et que de simagrées, de pudibonderies, de réticences vulgaires, de protestations excessives, de démonstrations gauches, et d’équivoques inévitables ! Le général valétudinaire s’y rencontre avec le Monsieur, qui a deux femmes, l’une, qui se meurt, hélas ! et l’autre qui, grâce à Dieu, va fort bien. Ce n’est que papotage, embrassades, politesses, façons entre filles qui n’étaient point nées façonnières.

Venez, Charles. — Madame ! — Oh ! non, pas la seconde. — Non, Madame. — Après vous. — C’est comme dans le monde.


J’avoue que je donnerais sans trop de regret la thèse de la pièce et, avec elle, les tirades sur la rédemption pour la première scène du quatrième acte entre Fernande, qui inaugure son deuil, et Mme Ernest qui la réconforte de son mieux. Mais le mal est irréparable. Avoir traîné ce pauvre général jusqu’à la mairie, avoir été à deux doigts de s’appeler Mme de Vory, et, faute d’un « oui » que l’apoplexie a coupé net, rester Fernande, comme devant, et teindre en noir, en grand noir, la robe blanche, et du bonheur échafaudé, de la famille entrevue, de la noblesse rêvée ne retenir que les écus par testament,

(Ah ! je l’entends encor demandant ses pastilles !)


et n’avoir pas même un gage d’amour, un porte-respect (le pauvre homme !), pas même le nom, un souvenir (pauvre général !), pas même veuve ! Là, M. Pailleron a tout son jeu en main. Je soupçonne que, s’il n’a pas hésité à installer la maîtresse du fils dans la maison maternelle, c’était moins par un coup d’audace que par l’intime conviction que la vertu, même acquise et très méritoire, ne soutient pas la comparaison avec l’honnêteté traditionnelle et simple de la famille. Oui, Esther est une bonne âme, qui a droit à l’estime, et qui en achète la faveur ; mais je distingue aussi qu’elle ne comprend rien, quoi qu’elle en dise, au charme pur de la jeune fille qui est sa rivale, ni à cette chaste inconscience, ni à cette fière honnêteté de race, qui croit dans les vieilles maisons, à l’ombre de l’orme centenaire que l’aïeul a planté.

« Votre honneur, dit M. Poirier à son gentilhomme de gendre, n’est pas fâché que ma probité paie ses dettes. » Et M. Poirier paie, sans distinguer la nuance. Tout le théâtre de M. Pailleron, même dans ses pièces contestables, est fait de ces nuances-là.

  1. L’Étincelle.
  2. La Souris.