L’IdoleAlphonse Lemerre, éditeur (p. 30-31).




LE SONNET DU PIED





Je veux, humiliant mon front & mes genoux,
Proſterné devant toi comme on eſt quand on prie,
Sous le ciel de tes yeux qui font ma rêverie,
Baiſer pieuſement tes pieds petits & doux.

J’étancherai, gardant tout mon déſir pour vous,
La grande ſoif d’aimer qui n’eſt jamais tarie,
O petits pieds, tréſor dont la beauté marie
La roſe triomphale & claire au lys jaloux.


Vous avez des friſſons ſubtils comme les ailes ;
Non moins immaculés que les mains & plus frêles,
A peine vous poſez ſur notre ſol impur.

Peureux, lorſque ma lèvre amoureuſe vous touche,
Je crois ſentir trembler, au ſouffle de ma bouche,
Des oiſeaux retenus captifs loin de l’azur.