Le Sonnet de la nuque

L’IdoleAlphonse Lemerre, éditeur (p. 32-33).




LE SONNET DE LA NUQUE





Comme un dernier remous ſur une blanche plage
Que les flots refoulés ne peuvent pas ſaiſir,
Sur la nuque que mord le ſouffle du déſir,
Un friſſon de cheveux trace ſon clair ſillage.

Friſſon d’écume d’or, ſi vivante que l’âge
Se connaît à la voir, & qui ſemble choiſir
Les cols dont la beauté modelée à loiſir
A les perfections antiques d’un moulage.


En extaſe penché, j’aurai pour horizon
L’oreille à qui l’amour porte mon oraiſon,
L’oreille, bijou fait en roſe de coquille ;

Et ma bouche oſera baiſer l’éclat vermeil
Des minces cheveux fous brodés par le ſoleil,
Dont la confuſion étincelante brille.