Le Sonnet de la jambe

L’IdoleAlphonse Lemerre, éditeur (p. 28-29).




LE SONNET DE LA JAMBE





Comme pâlit la joue au baiſer de l’amant,
Une inviſible lèvre a touché la peau roſe
Aux chevilles ; le ſang glorieux les arroſe
Sans que leur neige en ſoit moins blanche ſeulement.

Voici qu’un peu plus haut le divin gonflement
De la chair ſemble un marbre où la fève eſt encloſe.
Le genou ſouple règle à ſon gré chaque poſe
Et conduit l’action du pas ferme & charmant.


C’eſt la vigueur & c’eſt l’élan des chaſſereſſes ;
Ou, dans le geſte propre aux plaſtiques pareſſes,
La détente du grand repos oriental.

Et l’on ſonge à Diane, au front ceint de lumière,
Parmi ſes nymphes, près des ſources de criſtal,
La plus ſvelte, la plus ſuperbe & la première.