Le Roman de Miraut/Partie 2/Chapitre 6

5 Le Roman de Miraut 7





CHAPITRE VI

Un soir que le grand François de la ferme des Planches s’en était venu au village avec sa chienne, il y eut, parmi toute la gent canine mâle du pays, une grande perturbation.

Sans doute le fermier ne lit que traverser le pays sans presque s’y arrêter et sa chienne ne fit aucune station, mais bientôt, devant les seuils où ils dormaient, sur les fumiers où ils quêtaient, derrière les maisons où ils rôdaient, les Azors dressèrent le nez, humèrent à petits coups, reniflèrent longuement, puis joignirent les oreilles arrondissant les quinquets et, prenant le vent, vinrent tous, à la queue leu leu, tomber sur le sillage odorant qui les avait si profondément émus.

Rien ne les retenait : fidélité au logis ou au maître, soif et faim, sentiment du devoir ou de l’honneur : ah bernique ! Tom, de l’épicier, abandonna la boutique ; Berger, qui devait repartir à la pâture, lâcha d’un cran son troupeau de vaches ; Turc, du Vernois, quitta la voiture du meunier ; Miraut plaqua froidement, si l’on peut dire son maître Lisée ; le roquet de l’abbé Tâlet planta là toute idée de religion et de pudeur, et jusqu’au Souris de la vieille Laure qui s’évada lui aussi de sa cuisine protectrice et prit, les yeux hors de la tête et bavant de désir, le chemin des Planches.

Tous les cabots des fermes environnantes rôdaillaient déjà autour de la maison et d’autres des villages voisins, prévenus on ne sait comment, arrivaient encore à toutes jambes, le nez. au vent et le cou tendu, tirant une langue d’un demi-pied.

Seul, le vieux Samson du moulin de Velrans, trop vieux et ayant reçu tout dernièrement de Turc, son ennemi, une raclée terrible au cours de laquelle il avait eu l’oreille horriblement déchirée, avait jugé prudent de rester chez lui. Encore n’était-on pas très sûr que, dans sa maison retirée, située à pins d’une heure de la ferme des Planches, il avait pu être touché par la nouvelle odorante qu’une chienne se trouvait en folie dans son canton.

François n’était pas encore à deux cents mètres du village que déjà Turc, Miraut, Tom et Berger, pour ne citer que les plus forts, arrivés bons premiers, le Manquaient à droite et à gauche en jetant sur sa chienne des regards non dissimulés de concupiscence et de convoitise.

— Allons, bon ! ragea-t-il, car il ne s’était encore aperçu de rien ; allons ! cette vache-là va encore se faire emplir si je n’y fais pas attention. Mais je vais la barricader sérieusement. Et arrachant une trique à la haie du chemin, il la brandit de façon significative, en prenant un air menaçant, afin d’empêcher les suiveurs de venir trop près. François n’ignorait pas qu’il faut très peu de temps à un vieux praticien pour se mettre en batterie et perpétrer l’acte d’amour. Turc pour cela était connu long et large. S’il est des chiens timides qui meurent puceaux, lui n’était fichtre pas de cette catégorie ; les autres, pour être moins réputés, n’en étaient pas moins des gaillards hardis et entreprenants, sauf toutefois Miraut qui n’avait point trop encore, au su du public, fait ses preuves.

Dès qu’il arriva à la maison, François fit rentrer la chienne la première, menaça d’un geste de son béton les galants désappointés, mais pas découragés, qui le regardaient attentivement et sans avoir le moins du monde, l’air de vouloir s’enfuir.

Les portes refermées, ils rôdèrent d’abord assez loin de la ferme, tournant de tous les côtés, repassant plusieurs fois aux mêmes endroits, examinant avec soin, guettant les issues, portes, fenêtres et lucarnes, notant les points faibles de la forteresse, cherchant à déterminer l’endroit précis où la chienne pouvait bien être enfermée. Ils se croisaient, se rencontraient, s’arrêtaient fixe, droit sur leurs pattes, dédaignant de se reconnaître, se jugeant sommairement selon leur taille et leur force et le plus souvent, au bout d’un instant, passaient sans desserrer les mile boires, sans même froncer le nez, continuant individuellement leurs recherches et investigations. La proie amoureuse était loin encore et ils n’avaient point, en effet, trop lieu de se disputer avant l’heure ce qu’ils n’étaient que fort peu certains d’obtenir. Ils faisaient pourtant deux cercles bien tranchés d’assiégeants : au centre et le plus rapprochés de la ferme, les gros, les grands, les forts : Turc le doyen, Miraut le hardi, Tom le joyeux, Berger le taciturne, quelques inconnus des métairies environnantes ou des villages circonvoisins ; plus éloignés, les petits, les mesquins, les roquets, non moins ardents ni acharnés que leurs camarades, mais craignant à plus d’un titre les coups de crocs et les raclées des premiers.

François, de temps à autre, sortait pour vaquer à sa besogne. Comme il ne manquait, à chaque occasion, de proférer à leur adresse des injures et de leur faire des gestes menaçants, ils n’osèrent point, tant qu’il fît jour, se rapprocher de la maison ; mais avec la nuit, le silence et les ténèbres, ils s’avancèrent peu à peu et cernèrent tout à fait la demeure. Les distinctions et les barrières avaient disparu entre eux également : roquets, moyens et molosses se trouvèrent réunis et confondus dans le même désir du siège à faire de cette place forte bien défendue, pour en conquérir la châtelaine, dame commune de leurs pensées.

Toutes les ouvertures de la maison de François furent tour à tour et par chacun des galants minutieusement visitées, sondées, vérifiées, senties, reniflées ; mais le patron, qui savait à quoi s’en tenir, avait eu soin de faire lui-même, avant de se coucher, la tournée des portes et fenêtres, poussé tous les verrous, fermé toutes les trappes, bouclé tous les guichets, s’était assuré que rien ne clochait non plus dans la fermeture des fenêtres et que ne manquait aucun carreau.

Il avait cependant, comme trop petite et infranchissable, négligé de fermer l’ouverture en carré qui se découpait dans le bas de la porte d’écurie et par laquelle, chaque matin, les poules sortaient pour aller aux champs.

Cette circonstance favorisa tes roquets. Tour à tour, ils essayèrent de s’introduire par l’ouverture en question, mais elle était décidément trop étroite et, l’un après l’autre, ils durent tous y renoncer. Pourtant Souris qui, très mal vu et très poltron, se trouvait au dernier rang, s’avança lui aussi pour tenter l’aventure. Il était si mince qu’il passa facilement la tête et les pattes de devant dans le guichet, le bas du poitrail touchant le seuil ; mais très enhardi par ce léger avantage, il lira en avant de toutes ses forces et les lianes aplatis, le ventre comprimé, les pattes de derrière totalement allongées, il réussit tout de même à s’introduire tandis que les camarades, au dehors, furieux de ce succès, écoutaient, grognaient et reniflaient au trou, redoutant que la chienne se trouvât là et, faute de grives on mange des merles, se laissât faire par ce méprisable animal.

Mais la bête n’était pas là. Prudent, François l’avait séquestrée dans une pièce inoccupée du rez-de-chaussée et qui n’avait, pour toute ouverture, en dehors de la porte intérieure de communication, qu’une fenêtre scellée dans le mur et assez élevée au-dessus du sol pour prévenir, croyait-il, toute tentative des assiégeants, si lestes et si bien découplés qu’ils fussent.

Souris, dans la place, fureta avec ardeur, mais ne trouva rien. Malheureusement pour lui, son manège inusité, ses trottements étourdis, ses reniflements trop bruyants émurent dans leurs cages les lapins, réveillèrent les poules elle coq qui gloussèrent et piaillèrent, et les vaches et les bœufs, eux aussi, étonnés et agacés de ces frôlements, se levèrent en secouant leurs chaînes et en meuglant avec fureur.

Les bêtes ne meuglent jamais pour rien, surtout la nuit. François, réveillé par leurs cris, pensa qu’il se passait a son étable quelque chose de sûrement pas ordinaire ou que l’une de ses hèles était peut-être malade. Il se releva, enfila son pantalon, chaussa ses sabots, prit d’une main une lanterne allumée, de Vautre saisit une trique et alla « clairer » ses vaches.

Entendant la sabotée. Souris, effrayé, jugea qu’il était grand temps de déguerpir et se précipita vers la porte. Mais le fermier le vit et, dans la demi-obscurité, ne sachant à qui il avait affaire, croyant peut-être que c’était une bête puante, fouine ou putois, qui venait à ses poules, il lui lança à toute volée sa trique dans les côtes et courut à sa poursuite.

Souris hurla de peur en entendant le ronflement du béton, car l’autre ne l’avait pas louché et, dans son trouble, dépassa la porte. Revenu bien vile en arrière, il engagea dans le guichet la tête et les pattes, croyant échapper, mais l’opération était difficile, la traversée laborieuse et François, baissant sa lanterne, reconnut un sale roquet qui se tortillait comme un ver pour ficher son camp.

Furieux, il le saisit un peu en arrière de la nuque, par la peau du dos, lui fit rebrousser chemin en le tirant à lui et l’emporta ainsi suspendu à sa cuisine après avoir toutefois barricadé avec un tronc de poirier l’ouverture dangereuse.

— Sacré bougre de salaud ! grognait-il, si c’est pas malheureux ! Ça n’est pas gros comme le poing et ça veut sauter des chiennes dix fois plus hautes que soi. Mais, sacré dégoûtant, lu n’arriverais seulement pas en te dressant à lui lécher le cul !

Nonobstant, Souris, toujours prisonnier, renâclant et soufflant, le corps autant que possible rattroupé, la queue entre les jambes, tremblait comme la feuille en se demandant ce qui allait lui arriver.

— Attends, nom de Dieu ! je vais t’apprendre, moi, à venir aux femelles, menaça le fermier.

Et l’azor provisoirement attaché au pied du buffet, il prépara un vieil arrosoir qu’il avait en réserve et se disposa, au moyen de nœuds savants où le fil de fer et la ficelle se mêlaient, à attacher à la queue du roquet cette ferraille sonnante. Quand ce fut préparé, saisissant le chien par le collier, il l’amena jusqu’au seuil de la porte qu’il ouvrit et le lança dans lu nuit avec un vigoureux coup de pied au derrière. Ensuite de quoi, il fit claquer son fouet fortement en hurlant à l’adresse des autres :

— Venez-y donc, tas de salauds, si vous voulez que je vous en fasse autant !

Sur ce, il referma la porte et regagna son lit. Aux claquements de fouet et aux coups de gueule de Souris suivis du charivari provoqué par l’arrosoir sonnant sur les cailloux, il y eut dans les lignes assiégeantes un silencieux et prompt et général mouvement de retraite.

Souris, traînant sa ferraille, après avoir couru un instant avec cette grosse caisse particulière qui lui battait les fesses, s’était arrêté bientôt, n’étant plus poursuivi, et essayait, des pattes et des dents, de désolidariser sa queue d’avec ce tintamarresque assemblage. Les autres, prudemment accourus, le regardaient et le flairaient ; mais l’attention qu’ils lui prêtèrent fut de courte durée, et, deux minutes plus tard, repris par leur désir et rassurés par le silence, ils étaient déjà revenus flairer les ouvertures et ronger les portes.

Toute la nuit, mais en vain, ils travaillèrent à cette besogne. Au petit jour, la sortie du fermier les décida prudemment à gagner le large, mais ils ne s’éloignèrent pas beaucoup. Insensibles à la soif et à la faim, nourris par leur seule fièvre amoureuse, ils rôdaient aux alentours, ne perdant pas de vue la maison, attentifs à toute sortie, prêts à s’élancer dès que paraîtrait la chienne. Pas un ne déserta ; cependant quelques-uns, las de rester debout ou de trotter en vain, s’étaient choisis derrière un mur ou un buisson un léger abri, et de là, couchés sur le ventre, les pattes allongées en une altitude héraldique, ils attendaient la tête droite, le nez frémissant, les yeux attentifs, prêts à bondir au premier bruit, h la première senteur, au premier signal intéressants.

Vers midi, François ayant, pour ses besoins, fait sortir la chienne, tout simultanément, comme mus par le même ressort, sautèrent sur leurs quatre pieds, se réunirent en un groupe compact et suivirent avec des yeux arrondis et brillants tous les pas et évolutions du maître et de la bête. Dès qu’ils furent rentrés, il y eut une ruée générale de tous ces mâles vers les lieux parcourus. Les museaux ardemment se précipitaient aux endroits où la chienne s’était arrêtée et ils léchaient, reniflaient, humaient, très excités, bougeant les narines, fronçant les sourcils, puis tour à tour levaient la patte pour lâcher un jet saccadé, se bousculant, se grognant des injures, se menaçant de leurs crocs afin de conquérir les bonnes places, lécher les premiers et compisser expressément le bon endroit.

Et la plupart, et tous restèrent là à rôdailler et à renifler sur cette piste humide jusqu’à ce que la nuit revint et que le même siège que la veille recommençât, sans Souris toutefois lequel, dégoûté à juste titre, était redescendu au village son arrosoir au derrière,’à la grande joie des gamins et à la grande colère de sa patronne. Lisée cette fois ne fut pas inquiet sur le sort de Miraut. Il savait que tous les chiens du pays manquaient à l’appel et connaissait la cause de leur absence.

— Il fait comme tous les autres ! songea-t-il. J’avais toujours pensé, depuis l’histoire de Bellone, qu’il serait porté sur la chose.

Cependant deux jours et trois nuits passèrent sans amener d’autre résultat que de faire partir, pour un temps au moins, les affamés et les timides ; mais les forts, les costauds, eux, restaient tous là, de plus en plus excités et furieux peut-être aussi d’être si longtemps tenus en haleine pour rien. Ils devenaient extrêmement audacieux et lorsque François sortait sa cagne,’comme il disait, malgré les menaces du bâton ils se rapprochaient chaque fois davantage. Ils se rapprochèrent si près même que Turc put hasarder quelque part un galant coup de langue, dont la femelle ne fut guère effarouchée, puisqu’elle détourna la queue de côté afin d’être parée pour toute éventualité.

Turc qui était, si l’on peut dire, un lapin et qui la connaissait, se porta de côté, levant carrément le train de devant et, tandis que François, un instant distrait par une voiture qui passait, ne faisait plus attention, pensant qu’il n’aurait pas le culot…

Il l’avait bel et bien ; mais cela ne faisait point l’affaire des camarades qui, furieux de cette préférence, se précipitèrent avec ensemble sur le galant et se mirent en devoir de lui rendre de concert les piles qu’il leur avait distribuées à tous en détail.

François profita du conflit pour rentrer sa chienne vivement, ensuite de quoi il revint, en amateur, assister à la bataille. Une mêlée terrible agitait ces sept ou huit mâles qui se secouaient à pleines gueules, mordant, grognant, hurlant, griffant et déchirant. Ceux qui avaient le dessous piaillaient, cherchant à pincer la gorge pour étrangler : ceux qui étaient dessus piétinaient de leurs pattes armées et tenaillaient avec une rage frénétique les vaincus. Ce n’était plus à Turc seulement qu’on en voulait : tous maintenant se détestaient ; la mêlée était devenue confuse : on lâchait un adversaire pour en attaquer un autre et il n’y avait pas de raisons pour que cela finit avant qu’ils ne fussent tous ou presque hors de combat. Au bout d’une heure, pas un n’était indemne ; certains boitaient, les muscles des pattes troués, les os meurtris ; d’autres saignaient et se léchaient ; d’autres, la mâchoire transpercée, les oreilles déchirées, se secouaient avec douleur ; Berger avait eu l’extrémité de la queue rasée net d’un coup de dent ; Tom une oreille décollée, s’écartait ; seul à peu près, dans cette affaire, Miraut, qui pourtant s’était toujours tenu au plus épais de la bataille et avait cogné et mordu en conscience, s’en lirait sans trop d’anicroches, un peu serré et froissé peut-être, mais n’écopant que de quelques coups de dents et insignifiantes déchirures à la cuisse.

Cette échauffourée refroidit notablement les enthousiasmes et la plupart des combattants se retirèrent ; de toute la bande restèrent Turc, acharné tout de même, malgré une patte en lambeaux qui avait abondamment saigné, et Miraut qui eut bien soin d’ailleurs, ainsi que son rival, de se dissimuler derrière de vagues buissons pour se soigner en paix.

Le fermier s’aperçut bientôt que tous les assiégeants fichaient le camp ; du moins il le crut, n’ayant pas remarqué les deux fanatiques qui veillaient malgré tout.

Il se réjouit de la chose qui lui permettait de laisser sa chienne sortir un peu. Immédiatement il alla la chercher dans la chambre où elle ne tenait pas en place, pleurant et grognant, pour l’amener devant la porte où elle devrait rester sous sa surveillance.

Il se mit à scier du bois et la fit se coucher dans un petit coin, sur de la sciure, à l’abri d’un tas de bûches.

L’autre, qui avait meilleur nez que son maître, éventa tout de suite les deux galants et, filant subrepticement sans crier gare, rejoignit aussitôt Miraut, qui se trouva être le plus proche de la maison. Mais prudemment, avant d’en venir aux actes, les deux amoureux mirent plusieurs centaines de mètres ainsi que quelques haies protectrices entre eux et le patron.

Cependant Turc avait vu lui aussi et bientôt il fut là. Fort de son habitude et d’un droit qu’il croyait bien consacré, il se prépara, sans même prendre garde à Miraut, à recommencer le coup qui lui avait si mal réussi l’heure d’avant. Un tel toupet n’était pas pour faire plaisir ùàcelui-ci, et il le lui fit bien voir en ad¬ ministrant à l’invalide, que sa patte mettait dans un état d’infériorité notoire, une de ces piles magistrales, une volée de coups de crocs telle que Turc, boitant plus que jamais, bien vaincu et dépossédé de son antique privilège, se sauva à une centaine de pas, tandis que Miraut, triomphant, jouissait enfin devant lui d’une victoire si laborieusement conquise et si patiemment attendue.

Courbé sur son chevalet, au bout de quelques instants, François, ayant jeté un coup d’œil sur sa chienne, ne vit plus que la place où elle était couchée.

— Sacrée garce ! jura-t-il, je parie qu’elle leur court après ; pourvu qu’il ne soit pas resté un de ces salauds-là aux alentours ! Et sans perdre de temps, il partit à sa recherche, un bâton à la main.

Ce ne fut qu’au bout d’un quart d’heure qu’il découvrit le couple, attaché cul à cul, attendant stupidement que cela voulût bien se détacher.

Il poussa un juron furieux et se précipita. Les deux prisonniers sexiproques, effrayés, tirèrent chacun de son côté et se décollèrent.

— Bougre de cochon ! grommela-t-il en s’élançant sur Miraut qui ne l’attendit point.

Mais songeant qu’il était arrivé trop tard, qu’il n’y avait plus rien à faire, que tout était consommé, pris d’admiration malgré tout pour ce gaillard qui l’avait si bien roulé :

— Oh ! et puis, merde ! ajouta-t-il. Puisque tu as commencé, continue tant que tu voudras. Je ne vois pas pourquoi vous vous en priveriez plus que le reste de l’humanité. C’est égal, fripouille, dans deux mois il faudra que je m’appuie la corvée d’assommer la progéniture. Tu pourrais pas les bouffer ou les noyer toi-même comme… oh quoique !…

Et philosophiquement, François les laissa à leurs amours, et Miraut, avant tanné Turc et grandi par une telle victoire, eut la suprématie et fut le coq de tout le canton.