Le Poulailler/Chapitre23

Librairie agricole de la Maison rustique (p. 214-218).

CHAPITRE XIII

Race malaise.



COQ.


PROPORTIONS ET CARACTÈRES GÉNÉRAUX.

Le corps moins volumineux que celui du Cochinchine, taille plus élevée que dans toutes les autres races ; chair médiocre, lourde, serrée, compacte et dense ; plumes allongées et étroites, collant sur le corps ; cuisses, jambes et pattes fortes et allongées ; épaules saillantes ; queue grêle et courte ; crête triple et très-épaisse ; peau rouge ; bec et pattes jaunes.


POIDS, PROPORTIONS ET CARACTÈRES PARTICULIERS.

Poids. — 5 kilogrammes.

Taille. — 0m.75 de la tête sous les pattes.

Corps. — Conique, large en avant et diminuant jusqu’à la partie postérieure, qui devient pointue. Cette forme est si fortement déterminée, le plumage est tellement glissant et collé sur l’animal, qu’il est difficile de le retenir dans les mains, dont il s’échappe au moindre mouvement. Le corps est très-incliné de haut en bas, et le dos, qui est sensiblement bombé, forme un angle de 45 degrés. Les cuisses sont longues, fortes et épaisses, ainsi que la jambe ou pilon. Il n’y a pas d’espèce qui ait autant de chair aux ailes et à la poitrine (pectoraux, filets). L’apparence du corps ne fait pas pressentir son poids. Les ailes sont tenues très-haut et très-serrées contre les flancs, ce qui rend les épaules extrêmement larges.

Tête. — Forte, courte et conique, aplatie sur le crâne et très-large d’un œil à l’autre. C’est dans cette espèce que la partie rouge charnue qui enveloppe toute la tête est le plus apparente.

Crête. — Épaisse, en un seul lobe, de la catégorie des crêtes triples, recouvrant la base du bec et s’arrêtant au milieu du crâne.

Barbillons. — Moyen.

Oreillons. — De longueur proportionnée aux barbillons.

Joues. — Larges et nues, présentant une grande surface rouge.

Bec. — Court et conique, extrêmement fort et courbé par-dessus, de couleur jaune clair.

Œil. — Sinistre, ayant l’apparence de celui de l’aigle. Extrêmement enfoncé dans l’orbite, et recouvert par des arcades sourcilières tellement développées que, lorsque l’animal est vu de face, l’œil disparaît complètement. Le regard est toujours sauvage et menaçant.

Iris. — Jaune aurore.

Pupille. — Noire.

Patte, canon de la patte. — Très-long et très-fort, de couleur jaune clair éclatant.

Doigts. — Forts, longs et bien onglés, de même couleur que la patte.


ALLURE, MŒURS ET PHYSIONOMIE.

Le coq malais est un de ceux qu’on peut hardiment compter au nombre des coqs de combat. Son allure est celle d’un animal inquiet et querelleur ; sa physionomie est cruelle, impatiente, féroce. Il porte la tête haute ; son cou droit et mince fait ressortir la forme anguleuse de ses épaules ; son corps, très-élevé en avant et porté sur de longues jambes, se termine par une queue grêle, horizontale, composée de plumes courtes, étroites et pointues.

Quoique charnu et gros de corps, son plumage est tellement serré et collant, qu’il semble maigre auprès des autres espèces, et que la chair apparaît en plusieurs places, comme aux articulations des ailes qui forment les épaules, au jabot, etc.


DESCRIPTION DU PLUMAGE.

Les plumes, de nature toute particulière, sont très-allongées, très-étroites, sans duvet, serrées et plaquées au corps comme des écailles de poisson. Elles semblent vernies et sont très-glissantes.

Il y a des malais de beaucoup de couleurs, mais les principaux types sont :

La variété blanche, couleur la plus estimée par beaucoup d’amateurs, pour le bel effet que produisent, dans une réunion de coqs et de poules de cette variété, le blanc pur du plumage, le jaune vif du bec et des pattes, et le rouge qui entoure la tête ;

La variété noire, dont le coq est toujours marqué de roux aux épaules, quoique le reste de son plumage soit noir, et dont la poule est toute noire ;

La variété rousse, dont le plumage est d’un roux ardent au camail, aux lancettes et aux grandes plumes de l’aile, d’un roux foncé acajou aux épaules, au poitrail et aux cuisses, d’un roux plus sali aux flancs, à l’abdomen et aux jambes, et d’un vert brillant au recouvrement des ailes et à toute la queue. La poule de cette variété est entièrement rousse, avec des teintes rosées par places dans toutes les variétés. Les plumes du camail sont courtes et font paraître le cou très-allongé. La queue est grêle et courte.

La poule malaise a les mêmes caractères que le coq, dont elle partage les habitudes batailleuses. Elle a comme lui la forme conique, le maintien féroce, l’œil enfoncé et cruel.

Les plumes du camail, extrêmement courtes et comme collées sur le cou, donnent à cette partie une apparence trés-mince, qui fait, encore plus que chez le coq, ressortir la proéminence des épaules ; elle pèse de 3 kilogrammes à 3 kilogrammes 1/2 ; pond en assez grand nombre des œufs dont la coque jaunâtre est très-solide, couve bien et mène bien ses petits.

OBSERVATIONS GÉNÉRALES SUR L’ESPÈCE.

Les Anglais estiment beaucoup cette race, dont ils se servent dans les croisements pour donner du poids aux races destinées à la consommation.

Je crois qu’il faut en user avec une grande discrétion, surtout quand on possède le cochinchine et le brahma. C’est le malais que les marchands vendent maintenant sous le nom de coq du Brésil, sous celui de coq du Gros-Morne, qu’on a dernièrement envoyé à la Société d’acclimatation sous celui de coq de la Réunion, et qu’un amateur, membre de cette Société, voudrait, sous prétexte d’une différence qu’il a peine à rendre appréciable, désigner sous le nom de Malaca.

Somme toute, en dehors de la question de curiosité, l’espèce est inutile, et ses mœurs féroces en font un habitant impossible au milieu de nos volailles indigènes.

Il faut se défier de ces différentes étiquettes que mettent les marchands à des produits semblables à ceux déjà connus, et qu’ils parviennent à faire passer pour des nouveautés.

Les détestables animaux connus sous les noms fallacieux de poules du Gange, poules du Bengale, poules russes ou américaines, etc., etc., sont des produits dégénérés ou mêlés, issus du vrai malais, dont ils n’ont aucun des avantages, et dont ils possèdent tous les défauts.