Le Pirate (Montémont)/Chapitre XXV

Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, volume 16p. 277-284).

CHAPITRE XXV.

le cimetière.


J’aime ces ruines antiques : nous ne les parcourons jamais sans mettre le pied sur quelque respectable histoire. Très certainement là, dans cette cour ouverte, maintenant exposée aux injures de la tempête, gisent quelques hommes qui aimèrent si bien l’Église, et la dotèrent si généreusement, qu’ils croyaient que le cloître aurait abrité leurs os jusqu’au jour du grand jugement… Mais toute chose finit ; églises et cités, puisqu’elles ont comme nous des maladies, doivent mourir aussi comme nous mourons.
Webster. La duchesse de Malfi


L’église ruinée de Saint-Ninian avait joui dans son temps d’une grande célébrité ; car l’arbre vigoureux de la superstition, qui avait jeté ses racines dans toute l’Europe, n’avait pas manqué de les étendre jusque dans cet archipel éloigné ; les îles Shetland avaient, dans les temps catholiques, leurs saints, leurs reliquaires et leurs reliques qui, quoique peu renommés ailleurs, attiraient l’hommage et commandaient le respect des simples habitans de Thulé. Leur dévotion à cette église de Saint-Ninian, ou, ainsi qu’on l’appelait dans la province, Saint-Ringan, située au bord de l’Océan, et servant en beaucoup d’occasions à guider vers le rivage les barques qui venaient de la pleine mer, était particulièrement invétérée et se rattachait à une foule de cérémonies superstitieuses et de croyances ridicules : en conséquence, le clergé réformé pensa n’avoir rien de mieux à faire que de défendre toute célébration du service divin en ce lieu, comme tendant à entretenir l’adoration des saints, idolâtrie à laquelle tenaient les gens simples et grossiers d’alentour, ainsi qu’à d’autres erreurs de l’Église romaine.

Après que l’église de Saint-Ninian eut été ainsi dénoncée comme un siège d’idolâtrie, et dépouillée de tout caractère sacré, le culte public se porta sur une autre église. Le toit du petit édifice, d’architecture antique et grossière, fut arraché avec plomb et solives et l’intérieur, désert, fut abandonné à la merci des éléments. La furie des vents que rien n’arrêtait et qui mugissaient le long d’une plaine nue de sables mouvants, car le sol ressemblait à celui des environs de Jarlshof, combla bientôt la nef et les ailes. Au nord ouest, côté le plus exposé au vent, les tourbillons poussèrent contre les murailles, jusqu’à plus de moitié de leur hauteur, des monceaux de sable par dessus lesquels les combles du bâtiment, avec le petit beffroi construit à l’angle oriental de l’église, s’élevaient dans l’affreuse et triste nudité d’une ruine précoce.

Pourtant, abandonnée comme elle l’était, l’église de Saint-Ringan conservait encore quelques restes des anciens hommages qui lui étaient autrefois rendus. Les grossiers et ignorants pêcheurs de Dunrossness observaient une pratique dont ils avaient eux-mêmes oublié l’origine, et dont le clergé protestant tâchait vainement de les éloigner… Lorsque leurs barques se trouvaient dans un extrême péril, ils avaient coutume de vouer un awmous, c’est-à-dire une offrande, à saint Ringan ; et quand le danger était passé, ils ne manquaient jamais de s’acquitter de leur vœu en se rendant seuls et secrètement à la vieille église ; et là, quittant leurs souliers et leurs bas à l’entrée du cimetière, ils faisaient trois fois le tour des ruines en suivant le cours du soleil ; à la fin du troisième tour, celui qui accomplissait un vœu jetait son offrande, consistant ordinairement en une petite pièce d’argent, à travers les grillages d’une fenêtre délabrée, percée dans un des murs de côté, et puis se retirait en se gardant bien de regarder derrière lui avant d’être hors des limites du terrain jadis consacré ; car on croyait que le squelette du saint recevait l’offrande dans sa main décharnée, et montrait son horrible tête de mort à la fenêtre par où on la jetait.

Ce lieu était d’autant plus effrayant pour les esprits faibles et ignorants, que les vents, toujours furieux et infatigables, qui d’un côté de l’église menaçaient d’ensevelir les ruines sous le sable, et même l’avaient déjà amoncelé en si grande quantité que le mur et les arcs-boutants avaient presque disparu, semblaient, d’un autre côté vers le sud-est, s’acharner à découvrir les tombeaux de ceux qu’on y avait placés pour l’éternel repos : après une tempête violente, les cercueils, et quelquefois les cadavres même qu’on avait enterrés avec peu de précaution, se montraient, spectacle épouvantable, aux yeux des vivants !

C’était vers ce lieu jadis fréquenté par les fidèles, que Mertoun père se dirigeait alors, quoiqu’il n’y fût pas amené par les idées religieuses ou superstitieuses qui conduisaient ordinairement le Shetlandais à l’église de Saint-Ringan. Il était entièrement exempt des terreurs ridicules du pays, et même la vie retirée et sauvage qu’il menait, fuyant toute société humaine, lors même qu’elle était assemblée pour le service divin, faisait penser qu’il errait du plus fatal côté, et rejetait les doctrines de l’Église loin d’y croire.

Au moment où il arrivait sur le rivage de la petite baie sur le bord de laquelle les ruines sont situées, il ne put s’empêcher de faire halte un instant, et de remarquer que l’endroit qui devait influer sur les sentiments humains, avait été choisi avec beaucoup de jugement pour asseoir une maison religieuse… Par devant s’étendait la mer, dans laquelle deux caps, formant les extrémités de la baie, projetaient leur chaussée gigantesque de roches d’un grès noir ; sur leurs pentes, les mouettes, les courlis et autres oiseaux de mer apparaissaient comme des flocons de neige, tandis que, sur les étages inférieurs des rocs, se tenaient de longues rangées de cormorans placés les uns à côté des autres, comme des soldats en bataille rangée : c’étaient là les seuls êtres vivants qu’on aperçût en ce lieu. La mer, sans être soulevée par la tempête, était assez troublée pour se précipiter contre ces caps avec un bruit pareil à celui du tonnerre lointain, et les vagues, qui s’élevaient en nappes d’écume jusqu’à la moitié de ces roches de grès, formaient un contraste aussi frappant que terrible.

Entre les extrémités de ces deux chaînes de rocs, roulait, à l’instant où Mertoun visitait ce lieu, une masse large et épaisse de nuages qu’un œil humain ne pouvait pénétrer, et qui, bornant la vue et ne permettant pas aux regards de s’étendre au loin sur l’Océan, donnait une représentation assez exacte de la mer dans la vision de Mirza, dont l’étendue était cachée par des vapeurs, des nuages et des tempêtes. Le terrain, qui s’élevait depuis le rivage par une pente escarpée, ne permettait pas d’apercevoir l’intérieur du pays, et semblait voué à une nudité éternelle ; des bruyères chétives et rabougries, entremêlées de ces grands joncs qui couvrent toujours un sol sablonneux, étaient les seuls végétaux que l’œil y découvrait. Sur une éminence naturelle et située sur le bord même de la baie, éminence qui n’était assez éloignée de la mer que pour n’être pas à portée des vagues, s’élevaient les ruines à moitié ensevelies que nous avons déjà décrites, entourées par une muraille ébranlée, délabrée et moussue ; ce mur, éboulé en plusieurs endroits, servait encore à séparer l’enceinte du cimetière des terrains environnants. Les mariniers qui étaient jetés par hasard dans cette baie solitaire, prétendaient que parfois ou voyait l’église pleine de lumières, et, dans cette circonstance, ils avaient coutume de prédire des naufrages et des morts sur mer.

Lorsque Mertoun approcha de la chapelle, il s’arrangea peu à peu, et peut-être sans beaucoup de préméditation, de manière à éviter d’être vu lui-même, jusqu’à ce qu’il se trouvât sous les murs du cimetière, et il y arriva par le côté où le sable, enlevé par les tourbillons, laissait, comme nous l’avons vu, les sépultures à découvert.

Là, regardant par une des brèches que le temps avait faites au mur, il aperçut la femme qu’il cherchait livrée à une occupation qui se rapportait bien aux idées vulgairement reçues sur son caractère, et qui d’ailleurs était passablement surprenante.

Elle travaillait au bas d’un monument grossier, dont un côté représentait l’effigie imparfaite d’un chevalier, tandis que de l’autre on voyait un bouclier avec des armoiries, mais trop dégradées pour être intelligibles ; cet écusson était attaché à l’un des angles, contrairement à la coutume moderne, qui les place droits et de face. Au pied de cette tombe, on croyait, et Mertoun l’avait entendu dire, que reposaient les os de Ribolt Troil, un des ancêtres les plus reculés de Magnus, et guerrier fameux pour ses hauts faits d’armes dans le quinzième siècle. Norna de Fitful-Head semblait occupée à enlever le sable qui recouvrait la tombe de ce guerrier, travail facile dans un endroit où il était si léger ; aussi était-il évident qu’elle aurait bientôt réussi à achever ce qu’avaient commencé les tourbillons, et à découvrir entièrement les os qui gisaient là enterrés. Tout en travaillant, elle murmurait un chant magique ; car sans vers runiques on n’accomplissait aucune des cérémonies superstitieuses du Nord. Nous avons peut-être conservé trop d’exemples de ces incantations ; mais nous ne pouvons nous abstenir d’essayer encore de traduire celle qui suit :

Sous cette pierre Troïl dort :
Là dort tant de vertu guerrière.
Grâce aux vents, l’asile de mort
N’est plus caché sous la poussière.
Troïl, quel guerrier, toi vivant,
Eût osé toucher ton armure ?
Voilà qu’une femme, un enfant,
Peut insulter ta sépulture !
Pourtant, ne sois point en courroux :
Respectant le tombeau que j’ouvre.
J’y coupe humblement, à genoux,
Un peu du plomb qui te recouvre.
Pour l’œuvre, en ma main a brillé

Le couteau, druidique emblème ;
Le fer ne l’a point éveillé :
Troïl, tu n’es plus toi-même !

Merci, vaillant Troïl, merci !
Ce don aura sa récompense :
De ces lieux l’orage banni
Va céder devant ma puissance.
Le vent laissera tes vieux os
Dormir en paix, je le le jure,
Et bercera ton long repos
Par un doux et lointain murmure.

Pendant que Norna chantait les premières strophes, elle acheva de découvrir une partie du cercueil de plomb qui renfermait les os de l’ancien guerrier, et coupa, avec beaucoup de précaution, même avec une apparence de crainte religieuse, un morceau de ce métal. Elle rejeta alors le sable sur le cercueil avec un air respectueux ; et avant qu’elle eût fini son chant, il ne restait aucune trace qui indiquât que les secrets de la tombe avaient été violés.

Mertoun, placé derrière le mur du cimetière, la considérait pendant toute la cérémonie, non pas que cette femme ou la besogne qu’elle accomplissait lui imprimât la moindre vénération, mais parce qu’il savait qu’interrompre une folle dans un acte de folie, n’était pas le meilleur moyen d’obtenir d’elle les renseignements qu’elle pouvait lui donner. Cependant il eut le temps nécessaire d’observer son extérieur, quoique la figure de Norna fut à demi cachée par ses cheveux en désordre et par le capuchon de son noir manteau, qui n’en laissait pas voir plus qu’une druidesse n’en aurait montré pendant la célébration de ses rites mystiques. Mertoun avait souvent entendu parler de Norna ; il est même fort probable qu’il l’avait vue maintes fois, car elle se tenait aux environs de Jarlshof plus qu’en tout autre endroit, depuis qu’il y demeurait ; mais les contes absurdes qui couraient sur elle, l’empêchaient de donner son attention à une personne qu’il regardait comme folle ou fourbe, ou comme réunissant la folie à l’imposture. Mais alors que son attention était, par suite des circonstances, involontairement attirée sur cette personne et sa conduite, il ne put s’empêcher de reconnaître qu’elle était ou réellement enthousiaste, ou qu’elle répétait si admirablement son rôle qu’aucune pythonisse d’autrefois ne l’aurait surpassée. La dignité et la solennité de ses gestes, le ton de sa voix sonore, et pourtant expressif, dont elle conjurait l’âme du guerrier de qui elle osait troubler les restes mortels, ne manquèrent pas de faire impression sur lui, tout indifférent, tout insouciant qu’il paraissait être. Mais la singulière occupation de Norna ne fut pas plus tôt terminée, que, pénétrant avec quelque peine dans le cimetière, car il lui fallut enjamber les ruines délabrées du mur, il alla se présenter devant elle. Loin de tressaillir, ou de montrer la moindre surprise à son apparition dans un lieu si solitaire, elle dit d’un ton qui semblait annoncer qu’il avait été attendu : « Ainsi… vous m’avez enfin cherchée ? — Et trouvée, répondit Mertoun, pensant qu’il arriverait mieux aux renseignements qu’il voulait demander, en prenant un ton analogue au sien.

« Oui, répliqua-t-elle, vous m’avez trouvée, et dans un lieu où tout le monde doit se rencontrer… dans le sanctuaire de la mort. — Il est vrai, c’est là que nous devons enfin nous réunir tous, » reprit Mertoun en promenant ses regards sur cette scène de désolation, où les principaux objets qui frappaient la vue étaient des marbres à demi couverts de sable, et des pierres sépulcrales que les tempêtes avaient arrachées aux tombeaux, toutes chargées d’inscriptions et de sculptures représentant des emblèmes funèbres. « Ici, dans ce palais de la mort, doivent se rencontrer enfin tous les hommes : bienheureux les mortels qui entrent les premiers dans le port du repos ! — Celui qui ose désirer ce port, dit Norna, doit avoir sagement dirigé sa course dans le voyage de la vie. Je n’ose pas espérer un port si paisible ; et toi, l’oses-tu attendre ? la course que tu as fournie l’a-t-elle mérité ? — Ce n’est pas ce motif qui m’amène ; j’ai à vous demander quelles nouvelles vous pouvez me donner sur mon fils Mordaunt Mertoun ? — Un père demander à une étrangère des nouvelles de son fils ! Comment saurais-je la moindre chose sur son compte ? Le cormoran ne dit pas au héron : « Où sont mes petits ?» — Laissez cette inutile affectation de mystère : sur le vulgaire elle peut produire de l’effet ; avec moi elle n’aboutit à rien. Les paysans de Jarlshof m’ont dit que vous saviez ou pouviez savoir quelque chose sur Mordaunt, qui n’est pas revenu chez moi depuis les fêtes de Saint-Jean qu’il a passées au château de votre parent, Magnus Troil. Donnez-moi des renseignements, si en effet vous en possédez ; la récompense ne se fera guère attendre, s’il est en mon pouvoir de vous récompenser. — La surface ronde de la terre ne renferme rien qui puisse me récompenser du moindre mot que je jette dans l’oreille d’un être vivant ; mais quant à ton fils, si tu désires le voir en vie, rends-toi à la prochaine foire de Kirkwall, dans les îles Orcades. — Et comment s’y trouve-t-il ? je sais qu’il n’avait pas l’intention de s’y rendre. — Le torrent du destin nous entraîne sans rame ni gouvernail : vous n’aviez pas ce matin l’intention de visiter l’église de Saint-Ringan, pourtant vous y voilà ; vous n’aviez pas l’intention, il y a une minute, d’aller à Kirkwall, et pourtant vous irez. — Non, à moins que je n’en connaisse mieux la nécessité. Je ne suis pas, bonne dame, au nombre de ceux qui croient à votre puissance surnaturelle. — Vous y croirez avant que je vous quitte. Jusqu’à présent vous en savez peu sur mon compte, et vous n’en saurez pas davantage ; mais j’en sais beaucoup sur le vôtre, et pourrais d’un mot vous convaincre que je dis la vérité. — Convainquez-moi donc ; car à moins d’être convaincu, il est peu probable que je suivrai votre conseil. — Retenez donc bien ce que j’ai à vous dire touchant votre fils, autrement ce que je vous dirai touchant vous-même bannira toute autre pensée de votre mémoire. Vous irez à la prochaine foire de Kirkwall, et le cinquième jour de la foire, vers l’heure de midi, vous vous promènerez sous le portail de la cathédrale de Saint-Magnus ; et là vous rencontrerez une personne qui vous donnera des nouvelles de votre fils. — Il faut parler plus distinctement, bonne dame, » répliqua Mertoun d’un ton dédaigneux, « si vous désirez que je suive votre conseil. J’ai autrefois été trompé par des femmes, mais jamais aussi grossièrement que vous voudriez me tromper. — Écoute donc ! s’écria la vieille femme : le mot que je vais prononcer concernera le plus intime secret de ta vie, et fera tressaillir tes nerfs et tes os. »

Aussitôt elle murmura à l’oreille de Mertoun un mot dont l’effet sembla presque magique ; il resta muet et immobile de surprise, tandis qu’agitant lentement son bras, avec un air de supériorité et de triomphe, Norna s’éloigna de lui, tourna un coin de ruines, et disparut bientôt.

Mertoun ne chercha point à la suivre ni de près ni de loin. « Nous fuyons vainement notre destinée, » dit-il, lorsqu’il commença à se remettre ; et continuant sa route, il laissa derrière lui les ruines solitaires avec leur cimetière. Arrivé dans un endroit où il ne lui restait qu’un pas à faire pour perdre l’église de vue, il y jeta un dernier regard, et aperçut Norna enveloppée de son manteau, debout sur le faîte de la tour ruinée, et agitant à la brise de la mer quelque chose qui ressemblait à un pavillon blanc. Un sentiment d’horreur, pareil à celui qu’elle avait excité par son dernier mot, pénétra l’âme de Mertoun, et il marcha droit devant lui avec une vitesse extraordinaire, jusqu’à ce qu’il se fût de beaucoup éloigné de l’église de Saint-Ninian et de la baie de sable.

En arrivant à Jarlshof, l’altération de ses traits était si grande, que Swertha crut bien qu’il allait tomber dans un de ses accès de profonde mélancolie.

« Et pouvait-on s’attendre à mieux, pensait Swertha, puisqu’il s’est obstinée visiter Norna de Fitful-Head, quand elle était dans la terrible église de Saint-Ninian ? »

Mais sans donner d’autres preuves d’aliénation mentale qu’un sombre et profond abattement, M. Mertoun l’informa qu’il avait l’intention de se rendre à la foire de Kirkwall… chose si contraire à ses habitudes, que la femme de charge refusa presque d’en croire ses propres oreilles. Bientôt après, il écouta avec insouciance les rapports que lui firent les différentes personnes envoyées à la recherche de Mordaunt, par mer et par terre, et qui toutes revenaient sans nouvelles. La tranquillité avec laquelle il apprit ce mauvais succès convainquit Swertha que Norna lui avait annoncé que les recherches seraient infructueuses.

Le village fut encore plus surpris lorsque le tacksman, M. Mertoun, comme entraîné par quelque résolution subite, fit ses préparatifs pour visiter Kirkwall durant la foire, quoiqu’il eût jusque-là évité soigneusement tous ces lieux de réunion. Swertha se mit en campagne pour pénétrer ce mystère, mais vainement, et elle prit une alarme très vive sur le sort de son jeune maître. Mais sa peine s’adoucit beaucoup lorsqu’elle reçut une somme d’argent, assez modique, mais qui sembla un trésor à la vieille femme, somme que son maître lui remit entre les mains en lui apprenant qu’il avait pris une place pour se rendre à Kirkwall dans une petite barque appartenant au propriétaire de l’île de Mousa.