Œuvres poétiques François de MaynardAlphonse Lemerre, éditeur (p. 60-82).


A nymphe, aussi tost que la peur
Eut pris son vol loing de son cœur,
Sortit de ce prochain bocage
Dessous l’escorte de l’amour,
Pour voir repoindre le doux jour
Du bel œil roy de son courage.


Mais quand, par le traict de ses yeux
Lasché par mille et mille lieux,
Elle ne vit pas la lumière
De son cher soleil éclipsé,
Son cœur de douleur traversé
Fit de son œil une rivière.

Puis, croisant tristement les bras
Avec un pitoyable hélas !
Elle dit : – ô parque ennemie
Des douces blessures d’amour,
Pourquoy prolonges-tu mon jour,
M’ostant la cause de ma vie ?

Et toy, Amour, qui sçais comment
Je tiens en mon cœur chèrement
Le feu que mon âme dévore,
Que ne viens-tu me secourir,
Me faisant premier que mourir
Revoir le soleil que j’adore ?

N’aguère, je l’avois treuvé,
Et à peu, hélas ! Espreuvé
Le doux bien qui part de sa veuë,
Quand on l’escarte ; mais, ô dieux,
Où ? En quel lieu ? Si c’est aux cieux,
Faites que le regret me tué.


Mais, jaloux, voudriez-vous pas
Donner à mon cœur le trespas
Pour finir mes peines cruelles ?
Car las ! Vous vous mocquez de moy ;
Mais, pour voir mon prince et mon roy,
Amour me prestera ses aisles.

J’iray comme un aigle volant
Vers mon soleil estincelant
Pour qui mon âme est afolée ;
Et, si vous venez contre moy,
Amour, qui nous donne la loy,
Ira conduisant ma volée

Je te verray donc, mon soucy,
Pour qui je fais sous mon sourcy
Ruisseler un fleuve de larmes,
Rien ne m’en sçauroit empescher ;
Car, Amour faict tout tresbucher
Dessus la pointe de ses armes.

Hélas ! Que si je vais tardant
De courir à mon occident,
C’est pour payer à ta mémoire
Les hommages de ton amour ;
Car sans toy la clarté du jour
M’est une ombre funeste et noire.

Alors la nymphe se plaignit,
Et de ses pleurs presque estaignit
De ses yeux la flamme adorée.
Puis, allant d’un pas languissant
Dessus un tertre verdissant,
Elle s’assit toute esplorée ;

D’où contemplant les tristes bois,
Où son cher Philandre autrefois
L’avoit rendue une déesse,
Elle apperçeut près d’un ruisseau
Ombragé de maint arbrisseau
Un berger dessus l’herbe espaisse.

Soudain, son œil charmé d’amour
Le creut le soleil de son jour ;
Si bien que, pleine d’espérance,
Elle dévala un pied prompt,
Portant, dépeinte sur le front,
Une douce resjouyssance.

Mais las ! En lieu de son flambeau
Qui la deut tirer du tombeau,
Dissipant l’angoisseuse peine
Qui tristement la consumoit,
Ce fut Lyridan qui dormoit
Dessous la frescheur d’un vieux chesne.


Tristement alors soupirant,
Son œil soudain doux esclairant
Mouillé de larmes devint sombre ;
Comme le soleil radieux
Quand sa sœur oppose à nos yeux
L’obscurité de sa noire ombre.

Puis, ayant l’œil de pleurs voilé,
Dressant au séjour estoilé
Sa triste et langoureuse veuë,
Après maint souspir soucieux,
Elle dit : – rendrez-vous, ô dieux !
Mon attente tousjours deceuë ?

Je ne verray donc plus celuy
Qui seul peut changer mon ennuy
En des joyes incomparables ;
Et plus j’iray vous réclamant,
Plus vous serez injustement
A ma prière inexorables ?

A ceste plainte, le berger
Estonné se leva léger
Et, voyant la nymphe esplorée,
Qui, depuis sa verte saison,
Retenant son cœur en prison,
Estoit en son ame adorée,


Luy dit : – belle nymphe, quel dueil
Trouble le serain de ton œil,
Et faict ainsi plaindre ton âme ?
Quelle perte afflige ton cœur ?
Amour, sans doute, ton vainqueur,
T’embrase de sa douce flamme.

– vrayment, berger, je ne puis point
Nier que mon cœur soit espoint
Du traict d’une si belle veuë,
Que, quand je vois l’astre des cieux,
Le doux souvenir de ses yeux
Soudain par le regret me tuë.

Mais, que te sert de le sçavoir,
Dit-elle, n’ayant le pouvoir
De donner à mon mal remède ?
Car, Philandre tant seulement
Pourroit porter allégement
Au dueil qui pour luy me possède,

Si la mortelle cruauté
Du fier destin ne l’eust porté
Au dedans du rivage blesme ;
Si bien qu’estant si loing de luy
Je vois qu’un éternel ennuy
Rendra mon infortune extreme.


Tout mal trouve sa guérison.
Celuy qui languit en prison,
Despoüillé mesme d’espérance
De sortir de captivité,
Se voit remis en liberté
Au temps que le moins il y pense.

Ainsi, dit-il, ce triste dueil,
Qui jà pousse en l’ombreux cercueil
Vostre âme de douleur attainte
Semble estre réduit en tel poinct,
Qu’enfin le temps ne puisse point
Rendre sa violence estainte.

Mais, comme la clarté du jour
Chasse du céleste séjour
La nuit sombrement estoilée,
Ou comme le flot orgueilleux
Repousse le flot sourcilleux
Qui gronde en la plaine salée,

Ainsi faisant, que vostre cœur
Brusle d’une nouvelle ardeur,
L’ingrate flamme qui vous ronge,
Ira comme un feu s’esteignant,
Sur lequel on va espreignant
La liqueur d’une moite esponge.


Vous en perdrez le souvenir,
Sans qu’il puisse plus revenir
Troubler vostre âme bien heureuse.
De moy il me souvient fort bien
D’avoir eu sous un beau lien
Ma vie autrefois langoureuse ;

Mais, quand la mort me l’eut ravy,
Mon cœur à son joug asservy
Luy-mesme deslia sa chaîne,
Et ne voulant, en sa prison,
Perdant l’espoir de guérison,
Conserver une ingrate peine.

Tout suit les loix du changement :
Depuis la terre au firmament,
Les saisons mesmes nous l’apprennent.
Il est vray que l’homme estant mort
Ne revient plus à nostre bord ;
Mais elles tous les ans reviennent.

A quoy bon, te rongeant de dueil,
Faire une source de ton œil
Pour pleurer la mort de Philandre ?
Quand tu te plaindrois nuict et jour,
D’un si triste et profond séjour,
Il ne sçauroit ta plainte entendre.


Lors qu’Amour se fait nostre roy,
Il nous imprime avec sa loy
Un espoir de la jouyssance,
Et comment espérer, hélas !
De jouyr de ce qui n’est pas
Autre part qu’en la souvenance ?

Or, comme lors que le soleil,
Montant du point de son resveil,
Poursuit sa luisante carrière,
Le jour paroist étincelant,
Et quand la nuict le va célant,
Il perd sa luisante lumière :

Ainsi, tandis que de nos yeux
L’object doucement gracieux
Vit en ceste basse demeure,
Nous devons aymer sa beauté ;
Mais la mort nous l’ayant osté
Il faut qu’avec luy l’amour meure.

Il est vray que, comme au couchant,
Quand le soleil se va cachant,
Un peu de lumière estincelle :
Tesmoignage du jour qui fuit,
Pour céder à l’ombreuse nuict
Qui mille songes vains recelle ;


Ainsi, quand l’object amoureux
Obéyt au sort rigoureux,
Il laisse dans nostre pensée
Le souvenir de son amour,
Qui foible ne doit plus d’un jour
Retenir nostre ame enlassée.

Partant, si le roy de ton cœur
A suivy le destin vainqueur
Sous la tombe poudreuse et sombre,
N’espère plus de le revoir ;
Les larmes n’ont pas le pouvoir
De rappeler ça haut une ombre.

Il est vray, tu luy dois des pleurs
Pour le loyer de ses ardeurs,
Mais, ne les rends point éternelles.
Le ciel ne te punira point
Si ton cœur, par amour espoint,
Se brusle en des flames nouvelles.

– cela se pourroit aisément,
Si le suject de mon tourment
N’eust quant et luy trainé mon âme,
Que par amour il possédoit,
Et mon cœur la sienne gardoit
Pour asseurance de sa flame.


Si bien, dit-elle, qu’autre amour
Ne peut en moy faire séjour.
– de quelle erreur es-tu charmée ?
Belle nymphe, hélas ! Je te plains !
Mais pour toy mes regrets sont vains,
Comme en vain tu es consumée.

Mais las ! Dit-il, voy quelle erreur
Vient bander les yeux de ton cœur
Pour l’empescher de voir ta perte,
Et faire qu’en fin, de ce deuil
Qui pousse ta vie au cercueil,
Ton âme ne soit plus couverte.

Si ton Philandre ne vivoit
Que par ton âme qu’il avoit
En son cœur par amour enclose,
Hé ! Nymphe, tu ne vivrois point,
Depuis ce déplorable point
Que sa journée au soir fut close.

Tu serois dedans le tombeau,
Et ne verrois plus le flambeau
Qui nous esclaire en ce bocage ;
Car sans esprit on ne vit pas.
Si donc Philandre est au trespas,
Son âme en a faict le voyage.


Elle est en la plaine des morts,
Et la tienne anime ton corps :
Que si tu tiens rien de Philandre,
C’est seulement l’affection
Dont ta douce perfection
Le sceut en ses forests esprendre.

– mais, dit-elle, pourrois-je bien,
M’attachant d’un autre lien
Au joug d’une prison nouvelle,
De mes premiers chaisnons sortir,
Et de l’eau d’oubly amortir
Une flame si douce et belle ?

Ha ! Lyridan, il ne se peut,
Amour d’un si doux miel me peut
En ma gloire si peu durable,
Que mesme il n’est point dans les cieux
De nectar si délicieux,
Ni heur à mon bien comparable.

– nymphe unique en ta fermeté,
Je louë bien ta loyauté
Qui sacrifie mille larmes
Au souvenir de ton vainqueur ;
Mais je blasme aussi ta douleur
Qui ternit tes amoureux charmes.


Tes yeux doux, aimables soleils,
De ton teinct les attraicts vermeils
Sont-ils coupables de sa perte ?
Que s’ils ne causent point ton dueil
Pourquoy donc des pleurs de ton œil
Rends-tu leur beauté si couverte ?

Dieux, hélas ! Pouvez-vous bien voir
Ce portraict de vostre pouvoir
S’aller de tristesse destruire,
Et que son œil, astre d’amour,
Nous prive du bien de son jour
Pour aller au tombeau reluire ?

De tous ceux qui sont icy bas,
Tant soient-ils plains de doux appas,
Aucun object ne m’est aymable,
A l’esgal de cette beauté,
Pour qui perdre sa liberté
Est une victoire honorable.

Ouy, Florize, il est vray, tes yeux
Si beaux, si doux et gracieux
Ont dès longtemps espris mon âme,
Et je n’ay eu de volonté,
Sinon d’offrir à leur beauté
Mon cœur embrazé de leur flame.


Mais cent fois en voulant parler,
Ou ma langue penduë en l’air
Par le respect, et par la crainte
N’a peu discourir de mon dueil,
Ou les tristes pleurs de mon œil
M’en ont fait avorter la plainte.

Ores l’excez de mon ardeur
Qui contre-lute la froideur
Dont ton âme est environnée,
Force ma langue d’exprimer,
Que si je vis c’est pour aymer
Ta beauté d’attraits coronée.

Mon cœur blessé de ce doux soin
(ainsi le ciel m’en soit tesmoin)
Ne respire que la tristesse,
Attendant que dans ta prison
Qui tient captive ma raison
La vie, ou la douleur me laisse.

De toy, doux suject de mes maux,
Dépend la fin de mes travaux
Et un commencement de gloire,
Si ton cœur armé de desdain
Ne se veut obstiner en vain
De languir pour une ombre noire.


Ayant ainsi dit, il se teut,
Et la triste nymphe receut
Une si douce playe en l’âme,
Par le doux traict de la pitié,
Qu’elle eut presque autant d’amitié
Comme luy d’amoureuse flame.

Elle dissimula pourtant,
Et ne voulut pas à l’instant
Déceler sa nouvelle prise ;
Estimant que le beau lien
De Philandre méritoit bien
D’avoir plus longtemps sa franchise.

Toutes fois elle répliqua :
– lorsque la parque suffoqua
Celuy qui me rendoit heureuse,
Amour, cause de mon tourment,
Blessa mon cœur si vivement
Que depuis j’en vins langoureuse,

Et ce dueil ne se peut dompter.
Que si je pouvois surmonter
Sa puissance à mon heur fatale,
Je consentirois que ton cœur
Fust du mien le second vainqueur
Allumé d’une flame esgale ;


Mais, Lyridan, je ne le puis ;
Doncques mes éternels ennuis
Ne trouveront point d’allégeance.
– fuyez donc, dit-il, loing de moy
Ô vaine et trop ingrate foy,
Et toy, ô trompeuse espérance !

Las ! Il me faut perdre le jour
Pour adorer l’astre d’amour
Dont le mespris me vient abbatre.
Ô dieux, mais seroit-ce point vous
Qui, points d’un envieux courroux,
Punissez mon cœur idolatre ?

Il est vray, je vay l’adorant,
Mais qui ne l’iroit honorant
D’un autel, de vœux et d’un temple
Erigé par affection,
Puisque de la perfection,
Il est le seul parfaict exemple ?

Si je meurs, ô dieux immortels !
Je béniray les traicts mortels
Dont l’âme me sera ravie :
Et iray loüant le destin
De m’avoir jusques à la fin
Ourdy une si lourde vie.


Et toy, Florize, seul object
Qui peut tenir mon cœur subject
Au joug de ta beauté divine,
Encore que ta cruauté
Desdaignant ma fidélité,
A me nuire tousjours s’obstine,

Si seras-tu dans ma prison,
Et par amour et par raison,
L’idole en mes vœux réclamée.
Mon œil ne cognoistra que toy ;
Et mon âme sous autre loy
Ne sera jamais enflamée.

Ainsi dit Lyridan espris,
Puis s’esloigna de sa cypris,
Qui captive encore de Philandre
Dès le jour qu’elle le perdit
Constante un temps se deffendit,
Puis au joug nouveau s’alla rendre,

Non toutes fois sans réclamer
Celuy qui la sceut enflamer,
Et dire d’une voix pleureuse ;
– dieux, pourquoy me deffendez-vous
D’aymer un souvenir si doux,
Que par luy seul je suis heureuse ?


Philandre, doncques ton bel œil
Qui luit aux ombres du cercueil
Ne sera plus cher à mon âme,
Ha ! Que dis-je, ne le crains pas ;
Car les glaces de ton trespas
N’esteindront point en moy sa flame.

Encore qu’un nouveau vainqueur
Possède par amour mon cœur,
Ta chere et douce souvenance
Ne partira pourtant de moy ;
Mais, ô dieux, en changeant de loy
N’offencé-je pas ma constance ?

Hé ! Mais comment donc retenir
Ton agréable souvenir,
Comme l’object de ma pensée,
De qui part ma gloire, et mon bien,
Si le ciel d’un autre lien
Veut rendre mon âme enlassée ?

Un cœur ne se divise pas,
Quoy donc ? Parce que le trespas
M’a ravy ta douce lumière,
Je dois esteindre mon amour,
Et comme tu quittas le jour
Délaisser ma flame première ?


Je ne le puis sans t’offencer :
Mais aussi n’avoir qu’un penser
Et un souvenir pour remède
Au mal que je souffre pour toy,
C’est trop peu ; car mon triste esmoy
Toutes autres langueurs excéde.

Et où trouver l’allégement
Que ton mortel esloignement
Ravit à ma vaine espérance,
Sinon en un nouveau désir,
Qui faisant naistre un doux plaisir
Dissipe mon aigre souffrance ?

Doncques j’iray liant ma foy
Au joug d’une nouvelle loy
Pour chasser mon triste martyre :
Mais ne m’en blasme point, hélas !
Car mon cœur ne te laisse pas,
Ains la mort de toy le retire.

Amour (quand il eut triomphé
De ce souvenir estouffé
Dessous une flamme nouvelle)
Devant la nymphe tremoussant,
Alla de son gosier poussant
Mainte chanson doucement belle.


Elle dit : – flamboyant soleil
Hastant la carrière au sommeil
Fuy les esclairs de ceste veuë,
Dont les rayons et clairs et beaux
Pourroient de leurs charmes jumeaux
Rendre ta liberté vaincuë.

Les dieux au ciel en sont touchez,
Et mesmes les esprits cachez
Dessous leurs tombes oublieuses,
Parmy les glaces de la mort,
Ressentent l’amoureux effort
De leurs flames victorieuses.

A tant se teut le dieu ailé
Flatant d’un discours emmielé
La nymphe aveugle à sa misère,
Puis revola dedans les cieux
Où voyant banqueter les dieux
Il plia son aisle légère.

Près de luy Jupin se logea,
Et doucement l’interrogea
S’il avoit point faict de conqueste,
Lors Amour, prenant son carquois,
Dit : voy ce traict qui peut au bois
Rendre à moy toute ame sujecte


Un autre à cesluy-cy pareil
Vient de tesmoigner au soleil
Que peut sa pointe inévitable.
Par luy la fermeté d’un cœur
Esteignant sa première ardeur
Est devenuë ores muable.

Lors Jupin, regardant Cypris,
Dit avec un grave sous-ris :
– si ton fils, ô belle escumière,
Est ainsi que l’air inconstant,
C’est par ce qu’il va imitant
L’humeur de sa source première.

A ces paroles tous les dieux
D’un applaudissement joyeux
Remplissent la sale estoilée :
Et Venus mesme en sous-riant
Advoua que son orient
Venoit de la plaine salée.

On vit alors estinceler
Mille brillans esclairs en l’air,
Dont la nymphe en fut estonnée ;
Car l’air était pur et serain,
Mais amour dissipa soudain
Ceste crainte en son ame née.


Elle s’en alla pour revoir
Celuy dont le vainqueur pouvoir
Avoit mis son cœur en servage,
Et lui dire qu’enfin ses yeux,
Par leurs charmes victorieux,
S’estoient faits roys de son courage.

Par trois fois pourtant le soleil,
Sortant du point de son resveil
Pour esclairer aux yeux du monde,
Ouyt sa langoureuse voix
Et tristement parmy les bois
L’apperceut errer vagabonde,

Sans qu’elle peust revoir celuy
Qui devoit chasser son ennuy ;
Mais enfin le ciel favorable
Luy fit revoir son doux object,
Dont le cœur à sa loy subject
Souffroit un mal incomparable.

L’esgal ardeur de leurs désirs
Consuma lors par les plaisirs
D’une flame chastement saincte
Les soupirs, les sanglots, les pleurs,
Et les soucieuses langueurs,
Dont ils avoient leur ame atteinte.


Dès lors Lyridan fut heureux,
Et son cœur jadis langoureux
Vesquit en sa belle déesse.
Ce que Florize désira
Pour cela seul il respira,
Plain d’heur, et libre de tristesse.