Un jeune homme devant une maison en rondin semble parler. Un homme plus grand et imposant à son côté tient un fouet.
Un jeune homme devant une maison en rondin semble parler. Un homme plus grand et imposant à son côté tient un fouet.
Qu’on tue cette bête malfaisante ! criait Stéphane.


CHAPITRE X

L’APOLOGUE DU SAUVAGEON. LE PAUVRE M. GRATITUDE. LA VENGEANCE DE MANDARIN.


Le village et la maison seigneuriale de la Mouldaia sont situés de l’autre côté de cette montagne des Moineaux, du haut de laquelle Napoléon contempla, en 1812, l’incendie de Moscou. La maison seigneuriale, de vastes proportions, mais composée de bâtiments juxtaposés, tous bâtis en rondins de bois, s’élevait à mi-côte d’une de ces collines dont les croupes ondulées coupent la monotonie des vastes plaines russes.

On y arrivait par une longue allée de tilleuls, superbes de frondaison à cette époque de l’année, et quand les voitures s’arrêtèrent dans la cour, toute la population du village, qui y était réunie en habits de fête, salua l’arrivée de ses seigneurs par trois salves d’exclamations joyeuses.

C’est que les Alénitsine, depuis deux générations au moins, n’avaient pas fait peser sur leurs serfs un de ces rudes jougs dont le martyrologe du peuple russe garde le souvenir. Lors de l’émancipation des mougiks, les intérêts pendant entre le village et la maison seigneuriale, s’étaient traités loyalement, sans procès devant les tribunaux du district, et le comte Pavel avait aidé de ses conseils la liberté inexpérimentée de ses anciens serfs, devenus ses tenanciers.

Aussi la cour de la Mouldaïa était-elle pleine de vieillards à longues barbes blanches, à joues rosées, à petits yeux bleus souriants et naïfs comme des yeux d’enfants ; d’hommes faits, trapus et robustes, dont les cheveux plats, séparés par une raie presque médiane, tombaient en mèches irrégulières plus bas que leurs oreilles. Ils étaient tous vêtus de cette sorte de blouse longue à manches demi-larges qui est le vêtement d’été des mougiks, et du pantalon serré sous le genou par la tige de hautes bottes de cuir. Leurs ceintures violemment sanglées au dessus des reins, et le flot de rubans rouges attaché au côté droit des bonnets qu’ils agitaient en l’air, étaient destinés à fêter l’arrivée de leurs seigneurs.

Du côté des femmes, tresses brunes, rousses et blondes, diadèmes orientaux pailletés d’argent, chemises de toile à larges manches brodées de rouge, jupes de cachemire couleur bluet, coquelicot ou vert-pré, tout un assemblage de nuances gaies et tendres sur le fond duquel papillonnait l’essaim de nombreux enfants presque nus, jolis comme de petits Jésus en cire, et au cou desquels pendait uniformément une croix de bois.

La comtesse salua ce petit peuple, venu là pour lui faire honneur, commanda pour lui une distribution de vivres et de kwass, et n’entra dans la maison seigneuriale qu’après avoir adressé quelques paroles cordiales aux plus vieux de l’assistance.

Mlle Mertaud, qui s’était promis naïvement de faire le lendemain le tour du domaine, reconnut que ce lui serait chose impossible en découvrant, des fenêtres de la chambre qui lui était assignée, un passage d’une immense étendue, fermé à l’horizon par le sombre rideau d’une forêt de sapins dont les pyramides, échancrées d’aiguilles irrégulières, se dentelaient sur l’éther transparent d’un ciel de juin. Çà et là, dans la plaine, se dressaient les coupoles rustiques des églises de divers villages, autour desquelles se groupaient des isbas (maisons de paysans) à toit fleuri de mousses et de folles graminées. Les champs de blé et d’orge, les potagers, les prairies, présentaient comme sur une immense palette, toutes les nuances de vert, depuis le vert tendre jusqu’à celui qui se teint d’aurore et d’orange. Le miroir clair de plusieurs étangs reflétait l’ardent rayonnement du soleil, et plus près de la maison seigneuriale, au bas du coteau, sous un rideau de saules découronnés, dont le feuillage gris était entre-mêlé aux lances vigoureuses d’une haie de roseaux, la Moskova déroulait ses eaux, d’un bleu plus vif que l’azur du ciel moscovite.

Il est si bien admis parmi nous que la Russie est le pays des glaces et des neiges, qu’elle ne saurait être belle l’hiver sous son manteau de neige, sous sa lune éclatante, sous ses cieux profonds et piquetés d’étoiles brillantes, que la chaleur excessive de ses étés et sa superbe végétation étonnent toujours les Occidentaux. Ce paysage charma donc Suzanne et chacun jouit de sa surprise. D’ailleurs elle arrivait à la Mouldaïa dans les plus heureuses dispositions. L’aventure d’Axinia lui avait prouvé que Stéphane n’avait pas la nature foncièrement mauvaise qu’elle avait craint de trouver en lui. Cette âme orgueilleuse se montrant capable de retours généreux, Mlle Mertaud n’était pas loin d’accuser des travers de son élève le milieu qui l’entourait, plutôt que lui-même.

Rien, en effet, n’est si funeste aux enfants riches, dont l’inexpérience ignore les devoirs et les nécessités de la vie, que le droit de tout faire et de ne rien faire. Ce droit que leur laisse l’aveugle tendresse de leurs parents, développe en eux, avec cent travers, l’inévitable ennui de la toute-puissance. C’est ce que Mle Mertaud s’avisa de faire comprendre à Stéphane, sous une forme imagée, à propos d’un arbuste de sa serre.

C’était dans les premiers jours de leur installation. Stéphane lui montrait un pêcher qu’il avait rapporté de Moscou trois ans auparavant, et qui avait pous avec la rapidité des arbustes soumis à une chaleur factice. D’après les ordres de Stéphane, qui aurait trouvé au-dessous de lui d’écouter les avis experts du jardinier, on avait laissé croître l’arbrisseau en toute liberté sans lui adjoindre un tuteur et sans diriger la pousse de ses branches.

Jusque-là il n’avait rien produit que des feuilles, ce qui avait été attribué à sa jeunesse ; mais en arrivant à la Mouldaïa, Stéphane avait tenu à faire à Mlle Mertaud les honneurs de l’arbre fruitier français. Elle ne put s’empêcher de rire en arrivant devant ce pêcher qui lui rappelait si peu les espaliers trop symétriques, mais très-productifs de nos jardins. C’était une sorte de sauvageon assez fort de pied, très-fourni de branches et de feuilles, mais ébouriffé et tout tordu. Le tronc fléchissait, entraîné par la poussée surabondante des branches qui, à droite, retombaient et traînaient presque à terre.

Stéphane ayant défendu qu’on le dirigeât, qu’on le contrariât jamais, le pêcher se perdait au milieu d’un massif de fougères ; sur ses feuilles éparpillées, quatre ou cinq pétales de fleurs languissaient tristement.

« Quelles belles feuilles, n’est-ce pas ? dit Stéphane tout glorieux à Mlle Mertaud.

— Beaucoup trop, répondit-elle en souriant, et presque point de fleurs. Vous n’aurez de fruits ni cette année ni les suivantes, je le crains. Votre jardinier n’entend rien à l’éducation des plantes exotiques.

— Eh quoi ! demanda Stéphane, y aurait-il une éducation aussi pour les plantes ?

— Assurément ; si on ne les dressait pas à l’aide d’une discipline raisonnée, elles retourneraient toutes à l’état sauvage. C’est l’histoire universelle. Abandonnés à leur seul instinct, tous les êtres, plantes, animaux et… hommes poussent d’ordinaire, à tort et à travers, comme l’a fait votre pêcher. Aussi voyez ce qu’il est devenu : il ne vous donnera jamais un fruit mangeable. Vous l’avez, en le laissant à lui-même, condamné à être aussi peu utile qu’agréable. Vous avez voulu pour lui la liberté absolue : en voici les résultats. Si l’on avait émondé toutes ces branches parasites qui ont été les exubérances folles de la séve, si surtout on lui avait donné une direction, un directeur habile…

— Un directeur ! nous y voici, et je sens d’ici la leçon. C’est un apologue assez clair… Allons ! puisque ce pêcher n’est bon à rien, je vais le faire arracher tout à l’heure.

— Stéphane, dit Mlle Mertaud en souriant, remarquez que si j’ai fait un apologue, c’est vous qui l’avez complété en y ajoutant sa moralité. Est-ce qu’il n’est pas aussi honteux à un jeune homme qu’à un pêcher de n’être bon à rien ? que penseriez-vous d’un jardinier qui eût exécuté votre sentence s’il s’était agi d’un autre être que d’un arbuste ?… Que diriez-vous d’un gouverneur qui, à la place d’un homme civilisé, vous rendrait une brute ?

— Vous avez raison, quant au savoir, répondit vivement Stéphane après avoir réfléchi. Je travaillerai désormais, car j’aurais horreur d’être un sot ; mais me soumettre, obéir… cela me serait impossible ! Je saurai me diriger moi-même.

— Mon enfant, lui dit la gouvernante, l’avez-vous su jusqu’ici ? et d’où vous vient votre meilleure résolution si ce n’est dans la leçon que l’aspect de ce pêcher vous a donnée ?

— Je ne suis pas un pêcher, » répliqua Stéphane qui coupa court ainsi à la conversation.

Cependant Stéphane tint parole : de ce jour data pour lui l’adoption d’un nouveau genre de vie ; il s’appliqua à ses études, y prit goût par conséquent ; mais il resta tout aussi fidèle à la réserve qu’il avait faite dans son entretien avec sa gouvernante.

Les heures de travail passées, il commandait à tout le monde à la Mouldaïa aussi bien qu’à Moscou, s’irritait avec autant d’âpreté qu’auparavant de la résistance que lui opposait Mlle Mertaud, et entraînait parfois Arkadi dans des escapades que celui-ci regrettait ensuite, mais auxquelles son naturel prime-sautier le poussait. Mais s’il suivait son cousin lorsqu’il s’agissait d’une furtive promenade en bateau sur la Moskova, d’une course à cheval à travers bois et plantations, Arkadi cessait d’être son second dès que les caprices de Stéphane avaient pour but de blesser la dignité des gens de leur entourage. Ainsi, malgré sa propension à la raillerie, il ne s’associait jamais aux mystifications que son cousin faisait subir journellement à leur professeur de latin que sa timidité et sa déférence pour la famille Alénitsine empêchaient de se plaindre de ces inconvenances.

C’était un fils de pope élevé, à l’Académie de Moscou par les soins du comte Pavel ; il remplissait à la Mouldaïa les fonctions d’intendant, et faisait l’intérim des professeurs de Moscou pendant le séjour de la famille à la campagne.

Si Mlle Mertaud adressait à Stéphane des remontrances à ce sujet, il lui répondait que rien au monde ne saurait lui faire respecter M. Gratitude. C’était le sobriquet français qu’il avait donné au fils du pope, tournant ainsi en ridicule la touchante preuve de reconnaissance que celui-ci donnait en rappelant à tout propos les bienfaits dont l’avait comblé le comte Pavel. Ce brave garçon était si pénétré de ces bons sentiments qu’il faisait des prodiges d’activité pour que sa nouvelle tâche ne nuisît pas à ses fonctions d’intendant, et qu’il arrivait parfois du bout du domaine, haletant et poudreux, tout mouillé de sueur, par la hâte qu’il avait mise à courir afin de ne pas manquer l’heure de la leçon. Stéphane l’accueillait d’un air rogue et répandait de l’eau de Cologne autour de la table de travail pour annuler, disait-il, l’odeur de fumier et de poussière que, selon lui, le maître de latin apportait avec lui.

Le pauvre M. Gratitude — les Russes sont grands donneurs de surnoms et celui-ci avait été vite adopté à la Mouldaïa — rougissait, essuyait sa face ruisselante, et subissait humblement cette avanie. Une fois la leçon commencée, sa réelle instruction et la clarté avec laquelle il s’exprimait après quelques minutes d’embarras, finissaient par imposer le respect, un respect momentané, à Stéphane.

Ce n’était pas seulement à M. Gratitude que Stéphane faisait sentir la supériorité de sa naissance et de sa position ; il n’y avait pas jusqu’à Axinia qu’il ne rebutât souvent par pur esprit de domination, car il l’aimait sincèrement, et s’il avait refusé de la voir autrefois, c’était par jalousie d’affection ; lorsqu’il l’avait fait chasser par Ermolaï, il ignorait la cause qui amenait cette pauvre femme à la maison Alénitsine. C’était son affection rancunière et égoïste qui l’avait emporté.

« Les seigneurs sont les seigneurs, qu’y a-t-il à dire lorsqu’ils daignent se fâcher contre nous ? » dit Axinia à Mlle Mertaud qui la trouva un jour pleurant pour une bourrade de Stéphane.

Ce fut dans ce mot naïf que la gouvernante recueillit le secret de la tyrannie que son élève exerçait sur tout son entourage ; c’était à qui plierait devant lui sans réagir jamais contre son humeur impérieuse, et il s’y livrait, sans retour sur lui-même, avec une bonne foi inconsciente qui ne lui permettait pas de comprendre les leçons que lui donnaient parfois des êtres moins dressés que ses mougiks ou ses valets à l’obéissance passive.

Selon la prédiction d’Arkadi, le chien chinois, Mandarin, s’était pris peu à peu d’aversion pour Stéphane ; son refuge habituel était la jupe de Mlle Mertaud, derrière laquelle il se retranchait dès que son maître, faisant claquer son fouet, l’appelait pour lui apprendre à sauter au cerceau, à rapporter et à faire l’exercice.

D’aimable caractère d’abord, cette bête, tour à tour choyée et malmenée sans raison, était devenue grognon et irascible ; mais elle n’avait jamais manifesté la plus légère velléité de révolte, lorsqu’un jour Stéphane imagina de se donner le spectacle d’un combat de chiens.

Il y avait justement au village un chien de Crimée, au poil gris en broussailles, à l’œil sanglant et farouche ; il le fit amener, attacher dans la cour et l’y laissa jeûner toute une journée ; le lendemain matin, après avoir excité Mandarin en lui montrant la bête étrangère, il fit lâcher celle-ci.

L’événement ne répondit pas à son attente. Mandarin, en chien de bonne maison, regarda dédaigneusement l’intrus, qui, de son côté, se prit à contempler le chinois avec l’admiration rustique d’un villageois mal attifé pour un citadin. Ce n’était pas l’affaire de Stéphane qui ne rêvait que bataille. Il appela Ermolaï et lui commanda d’apporter un quartier de viande cuite.

Mlle Mertaud, occupée dans sa chambre, entendit cet ordre et se mit à sa fenêtre pour savoir ce qu’il signifiait ; elle eut d’autant moins de peine à le deviner qu’elle se rappela que Stéphane avait fait fête devant elle à son cousin de cette lutte, dont celui-ci avait refusé d’être spectateur.

La gouvernante fut sur le point d’interdire à Stéphane ce jeu cruel ; mais elle avait si peu réussi jusqu’alors à le convaincre de la déraison de ses amusements, qu’elle résolut de n’intervenir qu’à la dernière extrémité. Elle descendit néanmoins, et se mit en observation derrière la porte vitrée du vestibule.

Stéphane était trop occupé pour la remarquer. Ermolaï lui avait apporté un gros morceau de viande, et il venait de le jeter à Mandarin, comptant que le chien de Crimée viendrait le lui disputer. Mais Mandarin était trop bien nourri pour se soucier de cette grossière pitance : il flaira la viande en fronçant ses narines et se coucha tout à côté sans y porter la dent. L’autre chien, qui s’était borné jusque-là à la mimique sournoise d’un intrus hésitant entre une prise de possession brutale et des désirs envieux, s’élança sur la viande, la happa et l’emporta en trois bonds à l’autre bout de la cour où il se mit à l’engloutir. Mandarin le regarda faire. Il digérait un meilleur déjeuner.

« Prends le fouet, Ermolaï, cria Stéphane, et empêche cet animal de manger.

— Votre Honneur, ces chiens de Crimée sont rageurs et brutaux.

— Je ne souffrirai pas que tu me répondes-prends le fouet. »

Ermolaï obéit, en se garant du mieux possible, et au moment où le chien, furieux, allait s’en prendre à la veste brodée du valet, Stéphane lui lança Mandarin sur le dos.

Ce fut une mêlée indistincte, mais courte, et, ce qui prouve dans les animaux plus de justice distributive que certaines gens ne pensent, c’est qu’après un assaut, de surprise plutôt que de colère, les deux bêtes se séparèrent, le chien de Crimée pour courir à son déjeuner si disputé, Mandarin pour se lancer contre Stéphane qui l’avait lancé sur un ennemi dangereux. Ce grief n’était pas le premier que Mandarin eût gardé dans sa mémoire de chien contre son maître ; aussi, excité comme il l’était, il perdit ses habitudes de patience et mordit Stéphane à la main.

Après cet exploit vengeur, Mandarin, déjà honteux de sa colère, alla se cacher en gémissant derrière Mlle Mertaud qui accourait.

« Qu’on le tue ! criait Stéphane en agitant sa main ensanglantée. Qu’on tue cette bête malfaisante !

— On ne tuera pas Mandarin, dit la gouvernante d’une voix ferme ; il ne l’a pas mérité. Le coupable, ce n’est pas l’animal, c’est vous. » Et elle se borna à recommander à Ermolaï de consigner Mandarin dans sa niche sans lui faire aucun mal.

Stéphane était furieux : son sang, son précieux sang coulait ! mais il avait besoin d’être pansé : il tendit sa main à Mlle Mertaud, qui la lui baigna dans de l’eau fraîche et l’entoura avec beaucoup d’adresse d’un bandage sans adresser à son élève aucune remontrance. De quelle utilité eussent été des paroles là où le fait lui-même était une leçon ?

Cette leçon eut même pour Stéphane une morale qui fut de plus longue durée que les souffrances de sa blessure. Quand la comtesse, alarmée du caractère de la morsure que son petit-fils avait reçue, se fut bien assurée que Mandarin n’était pas enragé, les honneurs du salon furent rendus au chien chinois.

Celui-ci reprit son train de favori, aux priviléges duquel son naturel aimable et enjoué le prédestinait ; il se remit à sauter dans les cerceaux que lui tendait Arkadi ; il rapporta les pelotons de laine et les journaux que lui lançait miss Suzanne ; il fit le beau devant les assiettes de gâteaux du thé ; mais en quelque joviale disposition qu’il fût, il ne vit jamais Stéphane s’approcher de lui sans faire entendre un grognement et sans courir se cacher sous quelque meuble, pour se mettre à l’abri des fantaisies cruelles du Petit roi.

Ce fut en vain que celui-ci chercha à l’amadouer ; à toutes ses caresses, Mandarin ne répondait qu’en secouant sa tête sans oreilles, en roulant ses gros yeux saillants ; puis il reniflait en ayant l’air de dire :

« Pas si bête que de me fier à toi ! »

Quel moyen de faire entendre raison à un animal qui redoute le présent en souvenir du passé ?