Le Parnasse contemporain/1866/Avril
AVRIL
Ils me diront, — pauvres fous, —
Que la terre se réveille,
Que les vents soufflent plus doux,
Qu’un ange, de sa corbeille,
Fait tomber des fleurs sur nous.
Ils me diront qu’au cerveau
Montent, comme les fumées
D’un vin étrange et nouveau,
Mille senteurs bien aimées,
Et que c’est le renouveau.
Hélas ! je leur répondrai :
J’ai froid, fermez bien ma porte,
Jamais je ne vous croirai.
Pour moi, depuis qu’Elle est morte,
Le printemps est enterré.