Paul Ollendorff, éditeur (p. 45-46).

XVIII


Depuis que je connais les ruses de la vie,
Celles d’amour, car les autres ne comptent pas,
Maintenant qu’à dessein je reviens sur mes pas,
Je laisse le hasard à celui qui s’y fie.

Le désir d’être aimé pour soi-même, l’envie
De rencontrer l’amante absolue ici-bas,
L’espoir de retenir le bonheur dans ses bras
Sont des rêves d’enfant que rien ne justifie.


Mieux vaut dormir ou bien écouler les oiseaux,
Que d’embrouiller son cœur en de subtils réseaux,
Fussent-ils d’argent fin et de soie invisible.

Jusqu’au jour où, suivant son paisible projet,
Notre mère voudra nous choisir, infaillible,
La jeune fille pure à laquelle on songeait.