Le Nouveau chatouilleur des dames/Lettre I

Le Nouveau chatouilleur des dames traduction de New Ladies tickler
Traduction par Anonyme.
Imprimerie de la société cosmopolite (p. 7-13).

ÉMILIE À LUCIE.


LETTRE I


J e crois que tu aurais pitié de moi si tu pouvais voir le triste état où je suis réduite et les expédients auxquels je suis forcée d’avoir recours pour apaiser les désirs si naturels à notre âge. Combien je soupire après le moment où je me retrouverai avec toi de retour à la pension, afin de pouvoir reprendre nos douces habitudes et nous livrer sans contrainte à ces joyeux et folâtres ébats qui depuis le commencement de notre liaison ont été pour moi, non moins que pour toi, je n’en doute pas, la source de tant de délices !

Ici, bien que j’y aie retrouvé les lieux où s’est passée mon enfance, tout me semble étrange et nouveau. Il n’y a personne à qui je puisse parler à cœur ouvert et confier mes désirs et mes petits chagrins. Ma tante, quoique amicale à mon égard, demeure réservée ; quant à Henry, de la société duquel je m’étais promis un si grand plaisir, il est absent et je ne puis même entretenir l’espérance de le voir arriver pour le moment.

Aussi, je voudrais bien que nous fussions de nouveau chez Miss Birch, dans notre petite chambre confortable quoique les leçons fussent souvent ennuyeuses et fatigantes et que les corrections infligées par notre digne maîtresse fussent souvent plus rigoureuses que nos pauvres petits derrières ne l’eussent désiré, mais cela même n’était pas sans quelque charme et puis, comme nous savions nous dédommager, une fois bien en sûreté dans nos lits où nous nous glissions tour à tour pour nous procurer ces plaisirs délicieux dont tu m’as donné l’idée et que nous avions coutume de pousser aux dernières limites que notre imagination échauffée pouvait concevoir pour satisfaire notre ardent besoin de jouissance !

N’ayant d’ailleurs pas d’événements à te conter pour le présent et ne prévoyant guère en avoir, je pense ne pouvoir mieux faire que de remplir ma promesse de te donner quelques détails sur nos faits et gestes avant que je n’allasse te rejoindre à la pension ; c’est à leur occasion que j’avais cru pouvoir t’annoncer d’avance quelque intéressante communication pendant mon séjour, mais cet espoir, je dois le dire, ne s’est malheureusement pas réalisé.

Tu sais que j’ai été élevée par ma tante lady Lovesport et que j’ai vécu auprès d’elle jusqu’à l’âge de dix ans ; c’est alors que j’ai été envoyée en pension. Comme tu connais Lady Lovesport et que tu as pu juger à quel point elle est belle et distinguée, il est inutile de te faire son portrait, d’autant plus que j’aurai, par la suite, l’occasion de parler de sa personne. En revanche, tu ignores peut-être qu’elle a été mariée très jeune à un homme riche mais fort âgé, avec lequel elle n’a point été heureuse. Son mari, toutefois, sentant qu’il lui devait quelque compensation, lui légua presque toute sa fortune, mais en lui imposant pour condition de ne pas se remarier. Lorsqu’il mourut, ma tante put ainsi mettre d’accord son intérêt avec son désir de ne pas se soumettre à l’autorité d’un second époux et depuis son veuvage, elle a toujours mené une vie fort agréable. Comme ses revenus sont considérables, elle tient sa maison sur un grand pied, aucune facilité ne lui manque pour se passer toutes ses fantaisies et j’ai de bonnes raisons pour croire qu’elle n’hésite pas à chercher son plaisir partout où elle pense pouvoir le trouver.

Mes premières années furent très heureuses. Ma tante était toujours pleine de bonté pour moi, et bien que je fusse strictement tenue à mes devoirs, aussi longtemps que j’étais attentive et diligente, on me témoignait la plus grande douceur. Mais chaque fois qu’il m’arrivait de ne pas me conformer à ce qui était exigé de moi, mon pauvre derrière était certain d’en porter la peine. C’était toujours ma tante qui se chargeait elle-même de me châtier, et lorsqu’il y avait lieu de m’administrer une correction, elle me conduisait dans une petite pièce attenante à sa chambre à coucher, m’étendait sur ses genoux et relevant mes jupes, me donnait assez sévèrement la verge sur les fesses nues. Dans ces occasions, je me débattais de toutes mes forces, m’imaginant qu’à me démener de la sorte, je ferais croire que je souffrais plus que cela n’était le cas en réalité et que j’attendrirais ainsi le cœur de ma tante ; les coups, pensais-je, seraient ainsi moins rudes que si j’étais restée couchée sur ses genoux comme un morceau de bois, sans témoigner que je sentais la correction. Quoiqu’il en soit, il arrivait ordinairement que grâce à ma résistance, en même temps qu’aux efforts de ma tante pour me retenir sur elle, ses jupes se relevaient complètement, de sorte qu’avant d’avoir achevé de me fouetter, elle finissait par avoir les cuisses aussi nues que les miennes, et que je me trouvais étendue avec le ventre et les cuisses collés contre sa personne également découverte. Je ne pouvais alors m’empêcher d’admirer la grâce et la beauté de ses charmes, tout en m’étonnant de la profusion de jolis poils frisés qui embellissaient l’endroit secret fréquemment offert à ma vue et si différent de la petite fente dénudée qui commençait chez moi, à exciter ma curiosité.

Mais ce n’est pas seulement pendant les corrections qu’elle m’infligeait que j’avais le loisir de contempler les beautés de ma tante. Sa résidence, comme tu le sais, se trouve située au bord de la mer. À une courte distance de la maison, il y a une baie écartée qu’entourent de tous côtés des rochers en saillie, de sorte que l’accès n’en est possible que par notre propriété. On avait construit là un pavillon de bain et nous avions l’habitude de nous y rendre chaque jour, lorsque le temps était beau. Pendant les étés chauds, nous y allions souvent sans être accompagnées de personne. Nous mettions ordinairement nos costumes de bain, mais il arrivait souvent qu’après avoir joué et folâtré quelque temps avec moi, Lady Lovesport se mettait en colère, ou du moins feignait de l’être, à propos de quelque bagatelle que j’avais pu commettre ; elle arrachait alors rapidement quelques petites branches aux jeunes bouleaux qui croissaient sur le rivage et me forçant à quitter mes vêtements, se mettait à essayer sur mon derrière cette verge improvisée.

Mais, dans ces occasions, elle le faisait toujours par manière de jeu et sans intention, évidemment, de me faire mal. Il lui arrivait même d’ôter son propre costume qui gênait ses mouvements et de s’armer d’une verge, tandis qu’elle me permettait d’en faire autant. Nous nous pourchassions alors dans l’eau ou sur le sable fin et quand l’une de nous était parvenue à attraper sa compagne, elle ne manquait pas de fustiger vigoureusement la fugitive sur les fesses et sur les cuisses, avec les branches vertes et tendres.

Comme nous pratiquions ce jeu fréquemment, je finis par remarquer que ma tante choisissait toujours pour cela un emplacement situé exactement en face d’un épais bosquet qui dépassait un peu le rivage ; elle fixait, en outre, de chaque côté du bois, une limite qu’il n’était pas permis de franchir, en sorte qu’en nous poursuivant l’une l’autre, nous étions toujours obligées de passer tout près de la lisière des arbres. Une fois même, je fus quelque peu effrayée d’avoir cru y remarquer un léger mouvement comme si quelqu’un avait passé à travers les buissons, mais ma tante se moqua de moi et me dit que ce n’était qu’un lièvre sautant dans le bois ; en même temps elle se mit à me fouetter si rudement que je pensai à bien autre chose. Cette aventure m’engagea cependant à surveiller le bosquet et j’eus encore, à diverses reprises, la certitude d’avoir remarqué la même agitation dans les branches. Une fois même, je fus à peu près sûre, dans le rapide coup d’œil que je pus jeter sur lui, d’avoir entrevu la figure d’un jeune homme du voisinage dont la famille était très liée avec ma tante et qui lui-même était un hôte assidu de notre maison. Mais je n’avais aucune envie de m’exposer de nouveau à la correction que m’avait attirée mon observation précédente, de sorte que je n’en soufflai pas un mot à ma tante. Je ne pouvais, en outre, m’empêcher de remarquer comme une chose singulière que lorsque nous revenions après nous être livrées à nos ébats accoutumés, nous étions à peu près certaines de trouver déjà notre voisin à la maison ou de le voir arriver peu de temps après nous.

Mais cette lettre est, je pense, assez longue comme cela ; adieu donc pour aujourd’hui,

Émilie.