Le Messianisme chez les Juifs/Deuxième partie/Chapitre 3

CHAPITRE III

ESCHATOLOGIE MESSIANIQUE HISTORIQUE.


Les victoires de Judas Macchabée avaient surexcité à la fois le sentiment religieux et le sentiment national. Or c’étaient les deux appuis du messianisme ancien. On devait donc s’attendre à voir renaître plus vives les espérances traditionnelles. Elles reparaissent en effet, mais d’abord sous une forme collective qui ne met pas l’accent sur la personne du Messie. Il s’écoula un assez long temps avant qu’elle se dégageât nettement de la pénombre où l’avait laissée Daniel. Celui qui lui avait apparu, semblable à un homme, représentait-il seulement le peuple saint ou le chef surnaturel du règne de Dieu ? On finit par s’arrêter à la seconde alternative, qui représente bien le sens des passages, mais peut-être d’abord pensa-t-on surtout à l’élite des saints, aux héros des guerres macchabéennes, aux Assidéens, qui étaient appelés à accomplir l’œuvre messianique. Il était très naturel de leur donner pour chef le Messie, mais où prendre ce Messie ? On ne pouvait ni exclure les Asmonéens qui portaient le poids de la guerre et dont l’autorité allait grandissant, ni donner à l’un d’eux ouvertement le titre de Messie, au mépris de la tradition, ni même l’attendre d’une famille qui n’avait rien de commun avec la race de David. Il restait la ressource de regarder leurs triomphes comme un messianisme commencé, et, pour ne pas se taire complètement sur le Messie, de l’annoncer rapidement ou dans des allégories voilées.

Ces différents traits sont ceux du livre des Jubilés, des Testaments des douze patriarches, de l’allégorie des semaines et du livre des songes dans Hénoch.

Nous citons ici le livre des Jubilés, quoiqu’il ne soit pas proprement une apocalypse. Les traits de ce genre littéraire n’y manquent pas et ce qui regarde l’avenir, révélé à Moïse, a bien ce caractère. Il semble que, d’après l’auteur, qui écrivait probablement sous Jean Hyrcan, le messianisme a déjà commencé. M. Charles a bien noté qu’il suivra une progression de bien en mieux[1].

26 Et dans ces jours les enfants commenceront à chercher les lois, et à poursuivre les commandements et à retourner dans les sentiers de la justice. 27 Et les jours commenceront à se multiplier et à augmenter parmi ces fils des hommes, de génération en génération, et de jour en jour, jusqu’à ce que leurs jours approchent de mille ans, et atteignent même un chiffre plus élevé que celui d’auparavant[2]. 28 Et il n’y aura pas de vieillards, ni personne qui ne soit satisfait de ses jours, car tous seront comme des enfants et de jeunes hommes. 29 Et ils achèveront tous leurs jours et vivront en paix et en joie, et il n’y aura ni Satan, ni aucun mauvais destructeur, car tous leurs jours seront des jours de bénédiction et de salut. 30 Et dans ce temps le Seigneur guérira ses serviteurs, et ils se relèveront et verront une grande paix, et repousseront leurs adversaires, et les justes verront et seront reconnaissants et se réjouiront pour toujours et à jamais, et verront (s’accomplir) tous leurs jugements et leurs malédictions sur leurs ennemis. 31 Et leurs os reposeront dans la terre, et leurs esprits auront beaucoup de joie, et ils sauront que c’est le Seigneur qui exécute le jugement et fait grâce à des centaines et à des milliers, et à tous ceux qui l’aiment.

Certes on n’accusera pas l’auteur de désespérer de son temps. Il y voit déjà l’aurore d’une époque encore plus fortunée. Au lieu de renvoyer le bonheur après le jugement qui remettra tout dans l’ordre, il le place hardiment en deçà, au cours d’une histoire déjà commencée. Le jour du jugement ne disparaît pas complètement de la perspective : il demeure à l’horizon[3], mais simplement comme un événement plus notable de l’histoire, après quoi le messianisme évoluera sans fin[4]. « Et le Seigneur apparaîtra aux yeux de tous, et tous sauront que je suis le Dieu d’Israël et le père de tous les fils de Jacob, roi sur le mont Sion pour toute l’éternité ».

A cette époque, cependant, on ne pouvait faire abstraction complètement de l’au-delà et négliger les âmes des morts. Aussi l’auteur a-t-il soin de nous dire que les esprits des défunts se réjouissent du bonheur des vivants ; mais on ne voit pas que les morts ressuscitent pour en jouir. Les méchants, spécialement ceux qui répandent le sang ou s’en nourrissent, les idolâtres, iront au Chéol, lieu de la damnation dans les ténèbres[5].

Cette ère de bonheur terrestre, dans les conditions actuelles améliorées, peut bien être nommée un messianisme historique ; on serait tenté de le qualifier de collectif. Pourtant il fallait un Messie. L’auteur est embarrassé : les promesses faites à l’héritier de David sont formelles, et cependant les Asmonéens sont là. Il s’en tire en maintenant vaguement les assurances données à Juda. C’est un Messie bien atténué qui figure dans la bénédiction transmise par Isaac. Il dit à Juda : « Tu seras un prince, et un de tes fils, sur les fils de Jacob. Que ton nom et le nom de tes fils aille et pénètre chaque pays et chaque région. Alors les Gentils trembleront devant ta face, et toutes les nations seront ébranlées » [6]. Mais Lévi, béni le premier, est beaucoup mieux traité : « Ils (tes fils) seront princes et juges et chefs de toute la race des fils de Jacob ; ils proféreront la parole du Seigneur en droiture, et ils prononceront tous ses jugements en droiture. Et ils déclareront mes voies à Jacob et mes sentiers à Israël. La bénédiction du Seigneur sera mise dans leur bouche, pour bénir toute la race du bien-aimé » [7]. C’est donc en somme Lévi qui a la meilleure part, Lévi, c’est-à-dire le sacerdoce, dans la lignée des Asmonéens devenus les chefs d’Israël.

On entend la même note dans les Testaments des douze patriarches[8], qu’il faut discuter un peu plus longuement, à cause des controverses récentes suscitées par ce livre. On l’a tenu longtemps pour un ouvrage chrétien ; mais, depuis quelques années, l’accord paraît s’être fait sur ce point qu’il est d’origine juive, quoique saupoudré d’interpolations chrétiennes sur le nombre desquelles on n’est pas fixé. M. Charles semble avoir démontré solidement que l’original a été écrit en hébreu et, pour le fond, dès le temps de Jean Hyrcan[9] (135 à 104 av. J.-C.). Ce bloc primitif était tout à la louange de Lévi, c’est-à-dire des grands-prêtres Asmonéens. Plus tard, de 70 à 40 av. J.-C., on y joignit des morceaux écrits dans un style tout différent, hostiles au sacerdoce, et dont nous n’avons pas à nous occuper en ce moment[10].

En supposant acquise cette distinction de deux sources juives, il reste encore assez de difficultés, car les interpolations chrétiennes s’étendent partout, et il est à peu près impossible d’en mesurer la portée. Le système adopté par MM. Charles et Bousset[11] consiste à éliminer uniquement ce qui est évidemment d’origine chrétienne, d’une façon claire et pour ainsi dire technique ; encore M. Charles regarde-t-il comme juifs des passages qu’on retrouve en substance dans le Nouveau Testament, en supposant, à tort selon nous, que c’est Jésus ou S. Paul qui sont les imitateurs. Il est cependant possible que l’interpolateur chrétien n’ait pas procédé seulement par l’addition de petites phrases, et, dans un ouvrage où les passages chrétiens sont nombreux, il est plus sage de déclarer chrétien ce qui se retrouve dans les évangiles ou dans S. Paul que de leur supposer un initiateur de génie inconnu jusqu’à présent.

Mais tout n’est pas d’origine chrétienne. Nous avons un point de repère solide, c’est la comparaison, quand elle est possible, avec le livre des Jubilés ; or elle porte surtout sur la suprématie de Lévi, qui est bien un élément juif, et qui suffirait, à elle seule, à établir que l’ouvrage est antérieur au christianisme et date du temps des Asmonéens. De là son importance.

Elle serait hors de pair, s’il était vrai, comme le prétend M. Charles, qu’il témoigne d’un bouleversement complet dans l’évolution des idées messianiques. Selon ce savant distingué, qui s’est appliqué plus que personne à l’étude des Testaments, pendant trente ou quarante ans l’espérance d’un Messie descendu de Juda fut abandonnée en faveur d’un Messie descendu de Lévi. On pourrait même tracer le tableau des prérogatives de ce Messie : « Il serait exempt de péché (T. Jud. xxiv, 1) ; il marcherait dans la douceur et la droiture (T. Jud. xxiv, 1) ; établirait un nouveau sacerdoce sous un nom nouveau (T. Lév. viii, 14) et serait aussi un médiateur pour les Gentils (T. Lév. viii, 14 corrigé) ; il serait également prophète du Très-Haut (T. Lév. viii, 15) ; roi sur toutes les nations (T. Rub. vi, 11.12 ; T. Lév. viii, 14) ; combattrait contre les ennemis nationaux d’Israël et contre Béliar et les puissances du mal (T. Rub. vi, 12 ; T. Lév. xviii, 12 ; T. Dan v, 10), et délivrerait les captifs faits par lui, à savoir les âmes des saints (T. Dan v, 11) ; ouvrirait le Paradis aux justes (T. Lév. xviii, 10 ; T. Dan {sc|v}}, 12), et donnerait aux saints à manger de l’arbre de vie (T. Lév. xviii, 11). Bien plus, il donnerait aux fidèles le pouvoir de fouler aux pieds les esprits mauvais et de lier Béliar (xviii, 12), qui serait jeté dans le feu (T. Jud. xxv, 3), et le péché serait aboli (T. Lév. xviii, 9)[12] ».

Si cette esquisse de M. Charles était exacte, on y reconnaîtrait l’image la plus fidèle de Jésus-Christ, sauf les guerres nationales, et il faudrait s’étonner de rencontrer à cette date une conception si ferme d’un Messie investi d’une mission religieuse si haute, plus encore que du transfert de l’espérance de Juda à Lévi. Il y aurait là un phénomène aussi intéressant qu’isolé, mais tout à fait inexplicable, si on ne veut se contenter d’une explication obvie : Le tableau comprend des traits empruntés aux interpolations chrétiennes. Cet élément perturbateur éliminé, il ne reste plus de Messie lévitique, mais seulement l’affirmation du grand rôle joué par Lévi dans la personne des Asmonéens, par Lévi regardé avec Juda, et avant lui, comme l’instrument du salut national et religieux, et, tout au plus, mais cela est fort douteux, l’esquisse d’un grand prêtre extraordinaire, revêtue de couleurs messianiques. D’après l’auteur, le salut, commencé par les victoires des Macchabées, sera complet lors de la venue de Dieu sur la terre pour la juger ; on compte surtout sur les princes grands-prêtres, que l’on exalte, mais sans oublier tout à fait les promesses faites à Juda, et cette eschatologie est tout à fait semblable à celle du livre des Jubilés, ce qui est sa meilleure garantie d’authenticité.

De tout cela il importe de fournir la preuve.

La prééminence de Lévi ne peut être contestée, en présence des textes nombreux qui le font passer avant Juda, et elle ne peut, selon toute vraisemblance, provenir d’une pensée chrétienne. « Dieu a donné le pouvoir à Lévi, et à Juda avec lui » [13]. Siméon dit à ses fils : « Qu’ils ne pourront prévaloir contre Lévi, parce qu’il combattra la guerre du Seigneur et vaincra toute votre armée » [14]. Le patriarche ajoute : « Obéissez à Lévi et à Juda parce que c’est d’eux que le salut se lèvera pour nous » [15]. Dan prévoit que dans l’avenir ses fils seront infidèles au Seigneur, irrités contre Lévi, et engagés dans la lutte contre Juda. Mais ils seront impuissants, car l’ange du Seigneur sera le guide des deux tribus, qui seront toute la consistance d’Israël[16].

Un peu plus loin, dans ce même Testament de Dan, Juda est placé avant Lévi, mais il ne s’agissait originairement que d’une tribu, et il faut plus probablement effacer Juda[17], car c’est ordinairement Lévi qui conduit la guerre. Dans le Testament de Nephtali, Lévi n’est pas seulement nommé le premier ; il est comparé au soleil, et Juda à la lune ! douze rayons sont sous leurs pieds[18]. Aussi le patriarche recommande-t-il à ses enfants de s’unir à Lévi et à Juda[19]. Gad annonce comme les autres patriarches que le salut viendra des deux mêmes tribus, qu’il faut donc leur rendre honneur. Juda est nommé avant, mais on peut se demander si c’est bien l’ordre original[20], d’autant que dans le Testament de Joseph, et dans le même contexte, Lévi reparaît le premier[21].

Il y a plus ; tandis que Lévi est béni par le Seigneur lui-même, c’est seulement l’ange de la face qui bénit Juda[22].

On a remarqué combien de fois reparaît cette pensée que le salut se lèvera sur Israël par Lévi et par Juda. Si cette phrase avait une origine chrétienne, on pourrait, à la rigueur, l’entendre du sacerdoce de Jésus-Christ, uni à son titre royal davidique. Encore est-il que la doctrine de l’épître aux Hébreux, suivie par tout le christianisme primitif, marque plutôt l’extinction du sacerdoce lévitique que la fusion des deux titres. Cette fusion au contraire s’est opérée dans Israël lorsque les grands-prêtres Asmonéens sont devenus les princes de Juda et les véritables chefs de la nation. D’ailleurs ce sont bien, nous l’avons vu à propos de Nephtali, les tribus qui sont visées, non un héros, sorti par hypothèse des deux tribus, et le salut d’Israël ce sont les guerres conduites par Lévi.

Le caractère belliqueux de ce sacerdoce est encore mieux marqué dans le Testament de Lévi. Lévi est glorifié pour avoir tiré vengeance de Dina contre les Sichémites, Si le sacerdoce lui est accor_dé, à lui et à sa race, c’est en récompense de ce haut fait, comme le livre des Jubilés le dit encore plus expressément[23]. La prise de Sichem, cette cité des sots[24], fut aussi l’un des principaux exploits de Jean Hyrcan. Il y a là une concordance qui ne peut être fortuite, qui date notre livre, et explique la glorification de Lévi, comme guerrier et comme prêtre.

Jusqu’ici nous sommes pleinement d’accord avec M. Charles. Faut-il le suivre encore lorsqu’il range parmi les gloires promises à la tribu sacerdotale un Messie-roi, selon le thème traditionnel, changé seulement en cela qu’il n’est plus fils de David, mais descendant de Lévi ? Nous ne le croyons pas, parce que tous les passages allégués ne peuvent avoir ce sens si on retranche les interpolations chrétiennes, qu’on a toujours le droit de supposer dans cet ouvrage, et si on maintient les textes contre des corrections peu justifiées. On trouvera en note la discussion de tous ces cas[25], sauf le plus important sur lequel il faut insister ici.

Le Testament de Lévi contient deux psaumes. Le premier se tient complètement dans la ligne du sacerdoce lévitique, tel que l’entendaient les Juifs[26]. Il n’offre donc aucun intérêt spécial. Il n’en est pas de même du second, véritable hymne en l’honneur du sacerdoce nouveau, et, à ce qu’il semble, d’un certain grand prêtre qui en posséderait éminemment toutes les prérogatives[27]. D’après M. Charles, il s’agit de Jean Hyrcan, représentant le Messie lévitique de l’avenir[28] ; d’après M. Bousset, le poème n’est pas proprement messianique, et cependant il décrit un grand prêtre messianique investi d’une puissance surnaturelle[29].

Voici ce morceau, assurément très remarquable.

Après une description sévère des vices des prêtres, l’auteur annonce que Dieu mettra fin au sacerdoce. Puis le psaume commence[30].

2.Et alors le Seigneur suscitera un prêtre nouveau,
auquel seront révélées toutes les paroles du Seigneur,

et c’est lui qui fera le jugement de vérité sur la terre pendant longtemps.

3.Et son astre se lèvera au ciel comme celui d’un roi,

éclairant la lumière de la connaissance, ’comme le soleil éclaire le jour’[31],

et il sera glorifié dans la terre entière.
4.Il brillera comme le soleil sur la terre,
et fera disparaître les ténèbres de dessous les cieux,
et toute la terre sera en paix.
5.Les cieux tressailleront de son temps,
et la terre sera dans la joie,
et les nuées dans l’allégresse ;

[et la connaissance du Seigneur se répandra sur la terre comme l’eau des mers[32]

et les anges de la face du Seigneur trouveront leur allégresse en lui.
6.Les cieux seront ouverts[33],
et du temple de la gloire[34] viendra sur lui la sanctification,
avec la voix paternelle, comme d’Abraham à Isaac.
7.Et la gloire du Très-Haut sera prononcée sur lui,

et l’esprit d’intelligence et de sanctification reposera sur lui [dans l’eau][35].

8.
Car il donnera en vérité et à jamais la grandeur du Seigneur à ses fils,

et on ne lui succédera pas de génération en génération jusqu’à la fin[36].

9.
Et sous son sacerdoce, les Gentils en grand nombre auront la connaissance sur la terre.

Et ils seront éclairés par la grâce du Seigneur,
[tandis qu’Israël diminuera dans l’ignorance,
et sera dans les ténèbres et le deuil][37].
Durant son sacerdoce, le péché disparaîtra,
et les pécheurs cesseront de mal faire,
[et les justes se reposeront en lui].
10.Et il[38] ouvrira les portes du paradis,
et écartera l’épée dirigée contre Adam.

11.Et il donnera aux saints de manger de l’arbre de vie[39],
et l’esprit de sainteté sera sur eux.
12.Et Béliar sera emprisonné par lui[40],
et il donnera à ses enfants de marcher sur les esprits mauvais[41].
13.Et le Seigneur sera dans l’allégresse à cause de ses fils,
et il se complaira en ses bien-aimés jusqu’à la fin.
14.Alors Abraham tressaillera et Isaac et Jacob,
et je serai dans la joie, et tous les saints revêtiront la justice.

Il serait imprudent de s’appuyer sur le rythme pour discerner les interpolations. Au début on dirait que les stiques vont trois par trois ; à la fin ils sont rangés deux par deux.

Faut-il admettre, avec M. Charles, que le héros du poème est Jean Hyrcan, salué comme prêtre, comme roi, et comme prophète ? On lui accordait de son temps ces trois prérogatives[42]. Le poète ferait même au verset 6 une allusion très spéciale à la révélation qu’il eut dans le temple, pendant que ses fils combattaient Antiochus Cyzicenus[43]. Mais M. Bousset a reconnu dans ce passage bien des traits chrétiens. Si on enlève « les cieux ouverts » et « la voix paternelle » qui rappellent si clairement le baptême de Jésus, il n’y a plus de révélation. Par ailleurs le temple peut très bien être le ciel.

Le sacerdoce sans successeurs[44], la conversion des Gentils et la réprobation des Juifs, Béliar enchaîné, les mauvais esprits foulés aux pieds, sont autant de traits chrétiens.

Le reste ne détonnerait pas dans une hymne chrétienne, même l’hommage rendu par Lévi au prêtre éternel descendu de Juda ; cependant il est plus naturel de rattacher le début (2-5) et la fin (13-14) au livre juif. Il resterait encore la glorification du sacerdoce nouveau, paré d’un éclat royal, et orné de teintes messianiques, la joie du Seigneur qui se complaît désormais dans ses fils, les enfants d’Israël, avec l’annonce voilée de la résurrection des patriarches. C’est précisément ce qu’on peut attendre d’un juif de cette époque : les temps prospères sont inaugurés par la dynastie asmonéenne, prélude de la manifestation suprême du Seigneur.

Qu’il y ait là comme une tentative de dériver les anciennes promesses en faveur de la dynastie régnante, on ne saurait le nier, et cela pouvait paraître d’autant plus légitime que les prophètes n’avaient pas expressément rattaché au fils de David toutes les splendeurs de l’avenir.

Mais on ne pouvait, sans se heurter à la tradition, transporter le Messie d’une tribu à une autre. Il nous semble même, contrairement à M. Charles, que le Messie descendu de Juda n’est pas absent de la source primitive des Testaments, et c’est là une nouvelle ressemblance avec le livre des Jubilés. Nous croyons en effet reconnaître à propos de Juda le même phénomène d’une esquisse juive développée dans le sens chrétien, avec cette seule différence de pure forme, qu’ici les interpolations chrétiennes se trouvent au début. Pour les réduire à leur minimum, nous traduisons d’après la traduction grecque de la version arménienne dans Charles[45].

1.Et après cela se lèvera l’astre de paix, du soleil de justice,
et il conversera avec les hommes dans la douceur et la justice.
2.Et les cieux s’ouvriront pour lui,
et les bénédictions du père saint se répandront sur lui,
et lui répandra sur nous l’esprit de grâce.
3.Et vous lui serez en adoption de vérité,
et vous marcherez selon ses préceptes, premiers et seconds.
4.Alors montera de moi un germe[46].
5.Et il restaurera le sceptre de mon règne,
et de notre racine s’élèvera une tige[47],
6.Et il en montera une verge de justice pour les nations,
pour juger et sauver tous ceux qui invoquent le Seigneur[48].

M. Charles a parfaitement remarqué qu’il y a là deux messianismes juxtaposés, et qui ont chacun leur début. Entraîné par son interprétation du psaume lévitique[49], auquel ces premiers versets ressemblent si étroitement, il croit distinguer d’abord le Messie issu de Lévi. Le second Messie viendra de Juda, mais, parce que M. Charles ne veut point le voir paraître sous Jean Hyrcan, il imaginera d’attribuer le second morceau à une époque postérieure.

En réalité le début, où l’allusion au baptême de Jésus est si évidente, confirme ce que nous avons dit des interpolations chrétiennes du psaume lévitique. L’adoption des disciples, après qu’ils ont reçu l’esprit de grâce, est nettement paulinienne. Au contraire, à partir du verset 4 commence l’annonce d’un Messie dont les traits sont empruntés à Jérémie, à Isaïe et à Joël, sans rien qui sorte de l’Ancien Testament, ni qui se rapproche des Psaumes de Salomon.

A une époque plus basse, le Messie davidique paraît dans une tout autre lumière. Ici, comme dans les Jubilés, il ne s’agit que du descendant de Juda, ordinairement placé à côté de Lévi, et au second rang. L’auteur ne voulait, ni offenser ses princes en exaltant le fils de David, ni rompre complètement avec la tradition en passant absolument sous silence les glorieuses espérances de Juda.

Il est encore fait une place au Messie né de Juda dans le testament de Joseph. La vision qu’on y raconte est si incohérente qu’on n’oserait en proposer l’explication, mais il est assez clair que le quatrième bœuf, qui représente Juda, voit d’abord ses deux cornes grandir de façon à devenir le rempart des troupeaux, et enfin une autre corne pousser entre les deux autres[50]. Les deux cornes naturelles paraissent signifier le secours donné par Juda à tout Israël au moment des guerres macchabéennes ; la corne surnuméraire doit représenter le Messie, selon une métaphore déjà connue[51]. On dirait que dans cette vision les cerfs se transforment en brebis, puis en bœufs ; elle serait donc dans le goût de l’allégorie d’Hénoch[52], avec le même souci de faire figurer le Messie, mais sous le voile d’un symbole.

C’est tout, car nous ne pouvons faire entrer en ligne les annonces par trop évidentes de l’Incarnation. Elles figurent ordinairement dans les endroits où est prédite la venue de Dieu sur la terre, pour expliquer que Dieu viendrait dans la chair.

Primitivement on ne songeait qu’à une théophanîe qui inaugurerait le monde futur. Voici un passage caractéristique, où la distinction se fait sans trop de peine[53].

Jérusalem ne sera plus vouée à la désolation,
et Israël ne sera plus captif,
parce que le Seigneur sera au milieu d’elle [conversant avec les hommes], et le Saint d’Israël régnera sur elle [dans l’humilité et la pauvreté et celui qui croira en lui régnera sur les hommes en vérité].

De même[54] :

Jusqu’à ce que le Très-Haut visite la terre, et qu’il vienne, lui-même [comme un homme parmi les hommes, mangeant et buvant] et brise la tête du dragon sur l’eau ; lui-même sauvera Israël [et toutes les nations, Dieu jouant le personnage d’un homme].

Mais voici un passage où la venue de Dieu est franche de tonte interpolation ; c’est Lévi qui parle[55] :

Et il m’a dit : Lévi, je t’ai donné les bénédictions du sacerdoce, jusqu’à ce que je vienne habiter au milieu d’Israël.

Le salut n’est point encore transporté au ciel ; en d’autres termes, l’eschatologie n’est donc point encore transcendante. C’est à peu près celle du début du livre d’Hénoch[56]. On ne saurait la qualifier comme simplement cosmique, puisque nous avons rencontré des traces non équivoques de Messianisme dans la période purement historique où l’on a déjà conscience d’être entré. La résurrection sera placée entre deux, marquée par la transformation des acteurs du drame. Mais nous aurons à revenir plus loin sur ce point spécial.

Après beaucoup d’hésitations, nous rattachons à cette époque, plutôt à cause des allusions au temps que par une analogie totale, l’allégorie des semaines dans Hénoch. Cette vision, comme toute la littérature relative à Hénoch, met fortement en vedette le jugement. Les destinées du monde comprennent dix semaines. Les sept premières vont jusqu’au temps de l’auteur. Les trois dernières sont trois semaines de jugement. Il est donc progressif, et chaque semaine doit avoir une durée notable, d’autant qu’on sait incidemment que la dixième a sept parties. Le premier jugement est exercé par le glaive, mis entre les mains des justes pour châtier les pécheurs[57] :

12 Et ensuite, il y aura une autre semaine, la huitième ; ce sera celle de la justice ; une épée lui sera remise pour qu’il soit fait jugement et justice des oppresseurs, et les pécheurs seront livrés aux mains des justes. 13 Et vers la fin (de la huitième semaine), ils (les justes) acquerront des maisons à cause de leur justice ; et une maison sera élevée pour le grand Roi, dans une splendeur éternelle.

Le second jugement sera le jugement de l’humanité et de la terre ; le troisième, le jugement des anges[58],

avec un ciel nouveau.

Et après cela (viendront) des semaines nombreuses qui s’écouleront innombrables, éternelles, dans la bonté et dans la justice, et dès lors le péché ne sera plus nommé jusqu’à l’éternité.

Par son terme, cette eschatologie est cosmique et transcendante ; mais le début vise une ère de prospérité qui paraît être celle des guerres macchabéennes, aboutissant à la fondation d’un royaume fidèle à Dieu. C’est ce royaume qui est la maison du grand Roi ; on pourrait cependant l’entendre d’une reconstruction du Temple. Quoi qu’il en soit, si c’est bien là du messianisme historique, il est encore plus collectif que celui des Jubilés. Les exécuteurs du jugement, ceux qui préparent le bonheur des justes, sont les Israélites fidèles armés de glaives. Cette petite apocalypse, très apparentée au début d’Hénoch, et cependant animée d’une ardeur guerrière, pourrait dater des premiers temps macchabéens. Elle ne fait aucune place au Messie personnel.

Il paraît, mais presque seulement pour la forme, un peu comme dans les Jubilés et les Testaments, dans une partie toute voisine du livre d’Hénoch qui doit être de la même époque, peut-être un peu plus récente[59]. Hénoch raconte à son fils Mathusala toute l’histoire du monde qu’il a vue en songe, depuis Adam, taureau blanc, jusqu’au Messie, figuré aussi par un taureau. Cette longue et fastidieuse allégorie qui met en présence les brebis d’Israël et les divers animaux sauvages de la Gentilité ressemble à Daniel comme un devoir de maître d’école à une page de génie, mais enfin elle s’en inspire.

Les patriarches sont des taureaux, les Israélites des brebis. Noé et Moïse deviennent des hommes pour fabriquer l’arche et le tabernacle. Les Égyptiens sont des loups, les Assyriens et les Chaldéens des lions et des tigres ; les sangliers sont les Édomites ou les Samaritains. Il y a cependant une théorie fort originale, celle des soixante-dix pasteurs auxquels sont confiées les brebis. Ce sont de mauvais pasteurs qui en tuent plus qu’il ne serait nécessaire, c’est-à-dire qu’ils font périr des innocents. Ces pasteurs sont en même temps des puissances et des époques ; en d’autres termes déjà des Éons, les maîtres auxquels Dieu a abandonné la direction du monde, en attendant qu’ils soient jugés. Cette conception très pessimiste de la Providence, reléguée très haut dans le ciel, est bien éloignée de la confiance des prophètes envers leur Dieu. L’auteur estime que les Israélites ont souffert beaucoup plus qu’ils n’ont mérité. Leurs maîtres étrangers, plus coupables qu’eux, n’auraient pu commettre ces crimes sans une permission d’en haut ; pour ne pas accuser le Seigneur d’injustice, on rejette la faute sur les esprits célestes dévoyés. Ces soixante-dix pasteurs qui représentent aussi probablement des semaines d’années sont subdivisés en deux périodes de trente-cinq, puis en sous-périodes de douze et de vingt-trois. Le point de départ est le même que dans Daniel, mais le point d’arrivée est plus récent[60].

Quoi qu’il en soit du détail inextricable, à un moment où les brebis étaient devenues aveugles, il leur naît des agneaux.

C’est la formation du parti des Israélites fidèles qui se distingue de la classe dirigeante de la nation, séduite par l’hellénisme. Alors des corbeaux, les Syriens d’Antiochus Épiphane, s’acharnent contre ces agneaux[61] ; mais il leur pousse des cornes, et même une brebis a une très grande corne. Ce n’est pas Judas Macchabée mais plutôt Jean Hyrcan, car on ne pouvait pas dire avec tant de confiance du temps de Judas que les corbeaux n’avaient pas de pouvoir sur lui[62]. Il y a cependant encore beaucoup à craindre de la coalition des ennemis. Enfin Dieu intervient miraculeusement ; la terre s’entrouvre et les ennemis sont précipités. Le glaive aux mains des brebis fait le reste. Le trône de Dieu est placé dans le pays de délices, la Palestine. Les étoiles sont condamnées, puis les pasteurs, puis les brebis aveugles qui sont jetées dans l’abîme du feu, à droite de la maison. Cette maison, Jérusalem et son temple, est reléguée au sud ; une autre prend sa place, apportée toute faite, et le Seigneur des brebis l’habite. Ceux qui avaient été tués ou dispersés reparaissent ; ce serait donc la résurrection si l’on pouvait s’en tenir au texte éthiopien[63], et même les bêtes des champs et les oiseaux du ciel y seraient admis, après avoir imploré les brebis auxquelles ils obéissent. Lorsque tout est terminé, il naît un taureau blanc avec de grandes cornes, le Messie. Tout le monde se transforme en taureau, pendant que le Messie est représenté par un taureau sauvage[64]. On est revenu à l’âge d’or des patriarches, sous la présidence du Messie. Ce Messie, on l’a remarqué, ne paraît que pour jouir du triomphe ; il ne vient pas du ciel, mais naît parmi la communauté régénérée. C’est un ornement dû à la tradition prophétique, ce n’est pas un Sauveur. Les Gentils ne sont point exclus du salut. Toutefois ce sera à la condition d’obéir aux Juifs. On leur offre sans doute le sort imposé par Jean Hyrcan aux Iduméens qu’il contraignit à recevoir la circoncision[65]. Aussi cet universalisme n’empêche pas le caractère très nationaliste de tout le système, beaucoup plus marqué que dans le début d’Hénoch. Dieu intervient miraculeusement, mais le glaive des justes et de leurs chefs joue un grand rôle, avant comme après, et ces justes sont les Israélites fidèles. Le Messie lui-même n’est que la plus haute personnalité du peuple. L’emploi de l’allégorie permettait de ne pas le désigner autrement. Cette obscurité voulue dispensait l’auteur de concilier la tradition davidique avec les prétentions des Asmonéens.

Jean Hyrcan a seulement une très grande corne. Chacun pouvait préciser à sa fantaisie les origines du taureau blanc ; personne ne pouvait reprocher à l’auteur de manquer de respect envers la dynastie régnante ou de fidélité à la tradition.

Mais ce qu’il y a peut-être ici de plus significatif, c’est que l’accent de la prophétie porte sur la période messianique terrestre et presque naturelle. La transformation ultime n’est indiquée que par un trait, et on dirait qu’ici, comme dans le livre des Jubilés, qui date de la même époque, il y a seulement passage du très bien à quelque chose de plus parfait encore, dans la même ligne idéale.

On retrouve un messianisme semblable dans l’un des plus anciens morceaux des poésies attribuées aux Sibylles, le troisième livre. Le plus considérable des passages eschalologiques du IIIe livre[66] est une description des espérances nationales des Juifs, telles qu’ils souhaitaient les faire connaître aux Gentils, au moment où ils avaient encore confiance dans la réalisation de leurs rêves de gloire, sous le règne de Jean Hyrcan[67].

En voici l’analyse, d’après Alexandre[68].

Après l’expédition d’Antiochus en Egypte, on avertit les Gentils, instruits par leurs malheurs, de se convertir au culte du vrai Dieu (616 ss., 624 ss.). Dans ce cas on promet au genre humain une admirable félicité. Dans le cas contraire, on annonce la vengeance de Dieu (632), dessinée sous les plus sombres couleurs (633 ss.). Pendant que d’affreuses calamités, la peste, les incursions des barbares, les massacres, la stérilité des champs demeurés incultes, tous les maux fondent sur la terre (633 ss.), un roi viendra envoyé par Dieu « du soleil », c’est-à-dire de l’orient plutôt que du ciel[69], qui arrêtera la guerre par les conseils de Dieu, livrera au carnage quelques-uns des peuples en lutte, et créera des alliances avec les autres, relèvera la nation juive et lui rendra tous les biens[70].

Cependant toutes les nations ne sont pas encore détruites ou soumises, car les rois s’unissent de nouveau et s’entendent pour attaquer la nation sainte, la ville et le temple (660 ss.). Alors éclatera la dernière colère du Dieu tout-puissant ; il fera pleuvoir sur les nations impies le feu et la foudre, détruira leurs villes, et laissera les cadavres sans sépulture (669 ss.). Désormais les Juifs seront à l’abri de toute défaite (702 ss.). Instruits par leur exemple, tous les autres peuples accèdent à la vraie religion et adorent le roi immortel (715 ss.). Cet état de choses sera le dernier et éternel. Ce sera un véritable royaume<refΚαὶ τότε δʹ ἐξεγερεῖ βασιλήϊον εἰς αἰῶνας πάντας ἐπʹ ἀνθρώπους, κ. τ. λ. (767 s.).</ref>, à la manière des empires, du dernier empire de Daniel; il sera subordonné au règne du grand roi, c’est-à-dire de Dieu, auquel on offrira des sacrifices[71].

Alexandre avait bien raison de conclure :

Nous ne trouvons là aucune mention du jugement dernier, tel que nous l’attendons ; pas l’ombre du bonheur éternel en dehors de ce monde, ou de peines éternelles dans l’enfer. Tout est contenu dans un cercle terrestre et corporel. Comme les Prophètes, notre auteur emploie souvent le mot de jugement, mais ce jugement de Dieu c’est la ruine des nations, la vengeance et le triomphe des justes ou des Juifs, c’est en particulier le jugement du glaive[72] ; c’est moins une catastrophe totale et soudaine qu’une série de péripéties, avec tout le branle-bas accoutumé dans ces sortes de descriptions, les combats des rois et des peuples entre eux, les épées de feu, les torches ardentes tombant du ciel, le soleil obscurci, les météores brillants dans l’air, les combats aériens de fantassins et de cavaliers[73].

Il n’est pas inutile de noter en passant que ces prodiges inouïs ne sont pas les précurseurs de la fin du monde, mais les pronostics de la paix définitive. Tout aboutit à un idéal de bonheur terrestre. Le Messie vient de l’Orient ; il extermine certains ennemis, mais il fait la paix avec les autres. Il n’est pas Fils de Dieu[74] ; ce sont les Juifs qui sont les fils de Dieu[75]. C’est l’idéal d’un roi juif, mais rien ne le rattache expressément à la souche des Asmonéens. Comme dans la vision d’Hénoch, ses origines demeurent dans le vague.

Cependant il domine l’horizon des derniers temps. Le rôle du Messie personnel s’affirme de nouveau. Ceux qui l’auraient cherché dans la lignée des Asmonéens eussent évidemment dévié les anciennes espérances. Qu’elles fussent déçues par la conduite de ces princes et leur ruine, il ne s’ensuivait pas nécessairement qu’elles dussent s’évanouir ; elles pouvaient renaître plus ardentes, mais en se rattachant cette fois plus explicitement à leur point d’appui naturel, la maison et la race de David. C’est la voie que suivit le Pharisaïsme et qui trouve son expression très ferme et très nette dans les psaumes de Salomon[76]. L’apocalyptique n’y entra jamais ; elle préféra se frayer d’autres routes en spéculant sur les origines mystérieuses et surnaturelles du Messie.

  1. D’après Charles, The book of Jubilees, xxiii, 26-31.
  2. Au temps des patriarches.
  3. x, 17 ; xxiii, 11.
  4. i, 28 ; cf. i, 23 ; l, 5.
  5. vii, 29 ; xxii, 22.
  6. xxxi, 18.
  7. xxxi, 15.
  8. Voir surtout l’édition grecque de Charles et sa traduction commentée indiquée plus haut, p. 38 ; cf. RB., 1908, p. 442 ss.
  9. Nous n’oserions être aussi précis que M. Charles qui fixe l’époque de 109 à 106 avant Jésus-Christ.
  10. D’après M. Charles (Traduction, p. lvii), ces additions sont : Lev., x, xiv-xvi ; Jud., xvii, 2-xviii, 1 ; xxi, 6-xxiii, xxiv, 4-6 ; Zab., ix ; Dan, v, 6-7 ; vii, 3 (?) ; Nepht., iv ; Gad, viii, 2 ; Aser, vii, 4-7. Ce n’est pas le lieu d’entrer dans une discussion détaillée. On verra plus loin que, d’après nous, Jud., xxiv, 4-6, appartient au fond primitif.
  11. Dans deux articles importants de la Zeitschrift für die neut. Wissenschaft, 1900, p. 141-175, 187-209.
  12. The Testaments..., p. xcviii.
  13. Rub., vi, 7 : τῷ γὰρ Λευὶ ἔδωκεν ὁ Θεὸς τὴν ἀρχὴν [καὶ τῷ Ἰούδᾳ μετʹ αὐτοῦ] ; on peut admettre avec M. Charles que les mots entre crochets sont interpolés.
  14. Sim., v, 5 : Ἀλλʹ οὐ δυνήσονται πρὸς Λευὶ ἀντιστῆναι, ὅτι πόλεμον Κυρίου πολεμήσει καὶ νικήσει [πᾶσαν] παρεμϐολὴν ὑμῶν.
  15. Sim., vii, 1 : Καὶ νῦν, τέκνα μου, ἐπακούσατε τοῦ Λευὶ καὶ τοῦ Ἰούδα… ὅτι ἐξ αὐτῶν ἀνατελεῖ ἡμῖν τὸ σωτήριον, – cf. Lév., ii, 11 : Καὶ διὰ σοῦ καὶ τοῦ Ἰούδα ὀϕθήσεται Κύριος τοῖς ἀνθρώποις. Mais, à la rigueur, ce passage pourrait être une allusion à l’Incarnation.
  16. Dan, v, 4 : Ἐγὼ οἶδα ὅτι ἐν ταῖς ἐσχάταις ἡμέραις ἀποστήσεσθε τοῦ Κυρίου, καὶ προσοχθιεῖτε τῷ Λευί, καὶ πρὸς τῷ Ἰουδὰ παρατάξεσθε, ἀλλʹ οὐ δυνήσεσθε πρὸς αὐτούς· ἄγγελος γὰρ Κυρίου ὁδηγεῖ ἑκατέρους, ὅτι ἐν αὐτοῖς στήσεται ὁ Ἰσραήλ. Ce trait a une portée particulière. Ceux qui soutenaient l’origine chrétienne des Testaments expliquaient l’association de Lévi et de Juda du double caractère sacerdotal et royal de Jésus-Christ, d’après le fragment de saint Irénée, qui, s’il est authentique, dérive plutôt des Testaments : Ἐξ ὧν ὁ Χριστὸς προετυπώθη καὶ ἐπεγνώσθη καὶ ἐγεννήθη· ἐν μὲν γὰρ τῷ Ἰωσὴϕ προετυπώθη· ἐκ δὲ τοῦ Λευὶ καὶ τοῦ Ἰούδα κατὰ σάρκα ὡς βασιλεὺς καὶ ἱερεὺς ἐγεννήθη (Fragm. XVII, éd. Stieren, I, 836-837, ap. Charles). Mais ici, il n’est fait allusion qu’aux tribus comme groupes, et ce temps où la force d’Israël est dans Lévi et dans Juda ne peut être que le temps des Macchabées.
  17. Dan, v, 10 : Καὶ ἀνατελεῖ ὑμῖν ἐκ τῆς ϕυλῆς [Ἰούδα καὶ] τοῦ Λευὶ τὸ σωτήριον Κυρίου αὐτὸς γὰρ ποιήσει πρὸς τὸν Βελίαρ πόλεμον. La guerre contre Béliar a un aspect moins chrétien que l’enchaînement de Béliar, cependant le passage est bien mêlé.
  18. Nepht., v, 4 : Καὶ ὄντος τοῦ Λευὶ ὡς ὁ ἥλιος… καὶ Ἰούδας ἐγένετο λαμπρὸς ὡς ἡ σελήνη, καὶ ἦσαν ὑπὸ τοὺς πόδας αὐτῶν δώδεκα ἀκτῖνες.
  19. Nepht., viii, 2 :… ἐντείλασθε τοῖς τέκνοις ὑμῶν ἵνα ἑνοῦνται τῷ Λευὶ καὶ τῷ Ἰούδα.
  20. Gad, viii, 1 :… ὅπως τιμήσωσιν Ἰούδα καὶ Λευὶ ὅτι ἐξ αὐτῶν ἀνατελεῖ [ὑμῖν] Κύριος σωτηρίαν τῷ Ἰσραήλ.
  21. Jos., xix, 11. Le texte restitué d’après l’arménien, plus pur d’interpolations chrétiennes : Καὶ ὑμεῖς, τέκνα μου, τιμήσατε τὸν Λευὶ καὶ τὸν Ἰούδαν ὅτι ἐξ αὐτῶν ἀνατελεῖ ἡ σωτηρία τοῦ Ἰσραήλ. On ne fait pas état de Jud., xxi, 2-4, où la suprématie du sacerdoce est si clairement indiquée, parce que ce passage ne se trouve pas dans la version arménienne. Juda est censé dire que Dieu ne lui a donné que la royauté, ce qui est terrestre, mais à Lévi le sacerdoce, c’est-à-dire les choses du ciel. On dirait de la querelle du Sacerdoce et de l’Empire !
  22. Jud., xxv, 2 : Καὶ ὁ Κύριος εὐλόγησε τὸν Λευί, ὁ δʹ ἄγγελος τοῦ προσώπου ἐμέ.
  23. Jubilés, xxx, 18.
  24. Lév., vii, 2 : Ἔσται γὰρ ἀπὸ τῆς σήμερον ἡ Σύκημα λεγομένη πόλις ἀσυνέτων… Cf. Sir. i, 26.
  25. Rub., vi, 7-12 : 7. Τῷ γὰρ Λευὶ ἔδωκεν ὁ Θεὸς τὴν ἀρχὴν [καὶ τῷ Ἰούδᾳ μετʹ αὐτοῦ…] 8. Διὰ τοῦτο ἐντέλλομαι ὑμῖν ἀκούειν τοῦ Λευί, ὅτι αὐτὸς γνώσεται νόμον Θεοῦ, καὶ διαστελεῖ κρίσιν καὶ θυσιάσει ὑπὲρ τοῦ Ἰσραὴλ μέχρι τελειώσεως χρόνων ἀρχιερεὺς Χριστός, ὃν εἶπεν ὁ Κύριος… 10. Καὶ πρὸς τὸν Λευὶ ἐγγίσατε ἐν ταπεινώσει καρδίας [ὑμῶν], ἵνα δέξησθε εὐλογίαν ἐκ τοῦ στόματος αὐτοῦ. 11. Αὐτὸς γὰρ εὐλογήσει τὸν Ἰσραὴλ καὶ τὸν Ἰούδαν· ὅτι ἐν αὐτῷ ἐξελέξατο Κύριος βασιλεύειν ἐνώπιον παντὸς τοῦ λαοῦ. 12. Καὶ προσκυνήσατε τὸ σπέρμα αὐτοῦ, ὅτι ὑπὲρ ὑμῶν ἀποθανεῖται ἐν πολέμοις ὁρατοῖς καὶ ἀοράτοις. Καὶ ἐν ὑμῖν ἔσται βασιλεὺς αἰώνιος. – Ce passage très important peut s’entendre de deux façons. Si Juda est authentique au v. 7 – et il n’y a pas de raison de le rejeter, puisque Juda est souvent nommé après Lévi, – le pouvoir est partagé, Lévi a le sacerdoce, Juda la royauté. Ce qui milite pour ce sens, c’est qu’au v. 11 ἐν αὐτῷ doit se rapporter à Juda. On ne comprend pas, en effet, comment Lévi bénit Israël et Juda, parce que lui-même doit posséder la royauté : la bénédiction donnée à un autre, Israël réduit à Juda, explique comment Juda aura la royauté. C’est d’ailleurs ainsi qu’a compris le traducteur slavon qui a ajouté une longue interpolation pour appliquer au Christ la promesse royale faite à Juda. Dans ce premier sens, il est clair que le Messie ne vient pas de Lévi.

    Si l’on admet avec M. Charles qu’au v. 11 ἐν αὐτῷ doit s’entendre de Lévi, on voit bien que la royauté lui est promise en même temps que le sacerdoce. Les premiers Asmonéens mourront dans les guerres saintes, visibles et invisibles, car, dans les cieux, on a combattu pour eux, et peut-être aussi contre eux. Mais cette lignée royale n’aboutit à un roi éternel ou à un Messie, que dans le texte grec. L’arménien, qu’on reconnaît pour être moins retouché dans cette direction, a ἔσονται ἐν ὑμῖν βασιλεῖς αἰώνιοι, ce qui promet simplement la durée indéfinie à la dynastie, sans nuance messianique personnelle. Nous aurions donc seulement le messianisme collectif lévitique ou asmonéen, si on peut employer ces termes.

    Lév., viii, 14 : Ὁ δὲ τρίτος ἐπικληθήσεται αὐτῷ ὄνομα καινόν, ὅτι βασιλεὺς ἐκ τοῦ Ἰούδα ἀναστήσεται καὶ ποιήσει ἱερατείαν νέαν, κατὰ τὸν τύποπν τῶν ἐθνῶν εἰς πάντα τὰ ἔθνη. Pour trouver en cet endroit un sens messianique lévitique, M. Charles change ἐκ τοῦ, donné par tous les manuscrits grecs, en ἐν τῷ, la leçon de l’arménien équivalant soit à ἐκ τοῦ, soit à ἐν τῷ. Mais il est assez clair que βασιλεὺς… ἀναστήσεται est une interpolation chrétienne qui rompt le contexte, car il était question de trois séries de prêtres:la dernière, celle des Asmonéens, inaugure un sacerdoce nouveau (avant de prendre la dignité royale !), selon la manière des nations, c’est-à-dire, probablement, selon l’ordre de Melchisédec, type du sacerdoce des Gentils dans le Ps. cx.

    Jud., xxiv, 1-3. Le texte grec est manifestement chrétien. M. Charles ne peut le nier qu’en alléguant sa ressemblance avec Lév., xviii ; mais précisément l’origine de ce chapitre est fort douteuse. L’arménien, plus sobre, me paraît encore purement chrétien; qu’on en juge : Καὶ μετὰ ταῦτα ἀνατελεῖ τὸ ἄστρον εἰρήνης, τοῦ ἡλίου δικαιοσύνης καὶ συμπορεύσεται ἀνθρώποις ἐν πραότητι καὶ δικαιοσύνῃ. 2. Καὶ ἀνοιγήσονται αὐτῷ οὐρανοὶ καὶ ἐκχυθήσονται εὐλογίαι πατρὸς ἁγίου ἐπʹ αὐτῷ, καὶ αὐτὸς ἐκχεεῖ ἐφʹ ἡμᾶς πνεῦμα χάριτος. 3. Καὶ ἔσεσθε αὐτῷ εἰς υἱοθεσίαν ἀληθείας… ! D’ailleurs tout cela est dans le testament de Juda. Où M. Charles a-t-il pris que Verses 1-3 refers to the Messiah from Levi ?

    Dan, v, 10-13. Ce passage est un peu long pour être cité en entier. Les vv. 11 et 12 paraissent décidément chrétiens. Les vv. 10 et 13 font allusion aux guerres heureuses des Macchabées, couronnées par la présence du Seigneur. Ces deux versets ne mentionnent pas de Messie personnel.

    Jos., xix, 5-9. Ici le procédé de M. Charles est tout à fait radical. Tous les textes et les versions attribuent la prééminence peut-être messianique au quatrième animal, c’est-à-dire à Juda. Pour avoir Lévi, M. Charles met troisième. Tout le passage est d’ailleurs fortement interpolé.

    M. Charles n’a pas produit Lév., iv, 1-3, assez frappant au premier abord, parce que Lévi y est spécialement fils de Dieu et serviteur et ministre du culte dans un contexte qui débute par une description apocalyptique du jugement. Le sens général paraît être que les prérogatives de Lévi dureront jusqu’à ce moment, sans allusion à une personnalité distincte.

  26. Ch. xiii, sauf le v. 5 qui est une interpolation chrétienne : « afin que ce vous soit un trésor dans le ciel » ; quand tout le reste ne parle que de la récompense terrestre.
  27. Lév., xviii.
  28. Charles, ad. h. l.
  29. Zeitschrift für die neut. Wissenschaft, 1900, p. 172. Les deux savants sont d’accord pour y trouver des interpolations chrétiennes. L’émondage de M. Bousset, beaucoup plus vigoureux, laisse subsister un fond dont on reconnaîtra plus volontiers qu’il peut être juif, mais nous allons dire qu’il faut aller plus loin encore dans la voie des retranchements. D’ailleurs M. Bousset reconnaît qu’après son travail d’élimination, So wie er dasteht, ist er nämlich nicht eigentlich messianisch. De plus, un peu effrayé de la sublimité de ce grand prêtre messianique, il propose de regarder Dieu comme le sujet de toute la fin (contre M. Charles et le contexte).
  30. Lév., xviii, 2 ss. La traduction d’après le texte grec de Charles. Les passages entre crochets sont ceux qu’il juge interpolés. On trouvera le grec aux appendices, texte I.
  31. Ἐν ἡλίῳ ἡμέρα. Le texte paraît corrompu ; la traduction est approximative.
  32. Is. xi, 9.
  33. M. Charles note très loyalement que les seuls passages vraiment parallèles sont Matth. iii, 16 s. ; Marc, i, 10 s. ; Luc, iii, 21 s.
  34. Le temple, en parlant du ciel, dans le Ps. xviii, 7, etc., et Test. Lév., v, 1.
  35. Ἐν τῷ ὕδατι, omis par quelques manuscrits et une recension arménienne, doit être une interpolation dans toute hypothèse.
  36. M. Charles entend que sa succession est assurée à sa descendance !
  37. Omis par quelques manuscrits grecs, mais se trouve dans le plus grand nombre et dans toutes les versions. Si c’est une interpolation, son auteur a bien saisi le rythme.
  38. Il est évident que le sujet est toujours le même ; ce n’est pas Dieu qui interviendrait sans qu’on puisse s’en douter.
  39. Cf. Apoc. xxii, 2.
  40. Cf. Apoc. xx, 2. 3.
  41. Cf. Luc, x, 19.
  42. Voir plus haut, p. 8.
  43. Cf. Josèphe, Ant. XIII, iii.
  44. Cf. Hébr. vii, 23 s.
  45. Jud., xxiv ; on trouvera le grec aux appendices, texte II.
  46. M. Charles indique ce verset comme interpolé, mais on n’en voit pas la raison. L’expression rappelle Jér. xxiii, et xxxiii, 15 d’après l’hébreu pour le germe ; les LXX avaient traduit ἀνατολή.
  47. Is. xi, 1.
  48. Joël, II, 32.
  49. T. Lév., xviii.
  50. Jos., xix, 6 : Καὶ τοῦ τετάρτου βοὸς ἀνέϐησαν τὰ κέρατα μέχρι τοῦ οὐρανοῦ καὶ ἐγένοντο ὡς τεῖχος τῶν ποιμνιῶν, καὶ ἐν μέσῳ τῶν δύο κεράτων ἐξεϐλάστησε ἄλλο κέρας.
  51. Ps. cxxxii, 17.
  52. Voir plus loin, p. 80 s.
  53. Dan, v, 13.
  54. Aser, vii, 3. Il semble que Siméon, vi, 5, est tout entier chrétien, car il s’agit du salut d’Adam, et non point seulement d’Israël. Et que penser de Nepht., viii, 3 ?
  55. Lév., v, 2.
  56. Voir plus haut, p. 60 ss.
  57. xci, 12 s. (Traduction de M. l’abbé Martin).
  58. xci, 17 (Trad. de M. Martin).
  59. lxxxv-xc.
  60. C’est la domination des Grecs qui est partagée en deux, et il nous semble que l’ordre n’est pas 23 + 12 + 23 + 12, mais 12 + 23 + 23 + 12. Il est impossible de faire coïncider ces chiffres avec l’histoire. De La captivité de Babylone à Cyrus (536) il y a environ 50 ans ; la domination des Perses jusqu’à Alexandre (332) a duré environ 204 ans. La Palestine a été soumise à Alexandre et aux Ptolémées environ 134 ans ; à partir de 198, elle est définitivement aux Séleucides.
  61. Un agneau est saisi par les corbeaux ; probablement Onias III (II Macch. iv, 33 ss.).
  62. L’auteur distingue assez bien les douze derniers pasteurs (xc, 17) des cinquante-huit précédents (xc, 5) (texte éth. à garder contre Beer) qui achèvent cinquante-huit époques. Si nous partons de l’an 110 (La prise de Samarie de 111 à 107 d’après Schürer) comme marquant le dernier assaut infructueux d’Antiochus Cyzicenus, douze semaines d’années nous font remonter à 194, époque où la Palestine est acquise aux Séleucides. Il reste 58 × 7 soit 406 ans qui nous reportent à 590, c’est-à-dire à peu près à la chute de Jérusalem.
  63. xc, 33. Voir plus loin, p. 126.
  64. D’après la correction généralement admise, on suppose que l’hébreu re’êm avait été transcrit ρημ, que le traducteur éthiopien aurait pris pour ῥῆμα, de sorte qu’il a traduit : « le premier au milieu d’eux devint la parole ». Dans ce cas la traduction « taureau sauvage » convient mieux que « buffle » (Martin, Gry, etc.), qui marquerait plutôt une déchéance. L’aurochs était le type de la force.
  65. Josèphe, Ant. XIII, ix, 1 ; Bell. I, ii, 6.
  66. Vers 573-808. Les passages 367-380 (prospérité) et 538-544 (châtiment) ont un caractère et surtout un cadre trop général pour qu’on puisse les faire rentrer dans l’eschatologie juive. penche pour une date plus basse, entre la composition du livre d’Hénoch et les psaumes de Salomon. Ce résultat ne peut être obtenu qu’en attribuant à une source antérieure le passage 608-615 qui fait allusion au septième roi d’Égypte de race grecque, Ptolémée Physcon (règne seul de 145 à 117 av. J.-C.). M. Geffcken considère aussi comme remontant à environ 140 av. J.-C. les passages 732-740, 762-766 (Komposition und Entstehungszeit der Oracula sibyllina, passim).
  67. M. Schürer admet la date de 140 av. J.-C, (Geschichte…, III, p. 434 ss.) ; M. Geffcken
  68. Oracula sibyllina, volumen alterum, p. 474 s. (Paris, 1856).
  69. Contre Alexandre.
  70. Καὶ τότʹ ἀπʹ ἠελίοιο Θεὸς πέμψει βασιλῆα,
    ὃς πᾶσαν γαῖαν παύσει πολέμοιο κακοῖο,
    οὓς μὲν ἄρα κτείνας, οἷς δʹ ὅρκια πιστὰ τελέσσας.
    Οὐδέ γε ταῖς ἰδίαις βουλαῖς τάδε πάντα ποιήσει,
    ἀλλὰ Θεοῦ μεγάλοιο πιθήσας δόγμασιν ἐσθλοις (652-656).

    Il n’y a pas lieu d’attribuer à ce grand roi une origine céleste pas plus qu’à cet autre roi, envoyé par le Dieu du ciel, et qui paraît être Cyrus: Καὶ τότε δὴ θεὸς οὐράνιος πέμψει βασιλῆα (v. 586).

  71. Τοῦτο τέλος πολέμοιο τελεῖ θεὸς οὐρανὸν οἰκῶν.
    Ἀλλὰ χρὴ πάντας θύειν μεγάλῳ βασιλῆϊ (807 s.).

  72. {{Poem|Καὶ κρινεῖ πάντας πολέμῳ θεὸς, ἠδὲ μαχαίρῃ, καὶ πυρὶ, καὶ ὑετῷ κ. τ. λ.
  73. Ἐν νεϕέλῃ δʹ ὄψεσθε μάχην πεζῶν <τε> καὶ ἱππέων (805). Cf. II Macch. v, 2.
  74. Le v. 776, υἱὸν γὰρ καλέουσι βροτοὶ μεγάλοιο θεοῖο, est regardé par Geffcken comme une interpolation chrétienne. Il est en tout cas tout à fait en dehors du contexte qui exige ναόν comme Alexandre l’avait vu, ou plutôt νηόν ou οἶκον.
  75. Υἱοὶ δʹ αὖ μεγάλοιο θεοῦ περὶ ναὸν ἅπαντες (772).
  76. On pourrait à la rigueur placer ici ces psaumes ; leur situation intermédiaire est la meilleure preuve qu’il n’y a point ici de cloisons étanches et que les mêmes idées se retrouvent sous tous les genres littéraires. Cependant ils appartiennent plutôt au rabbinisme.