LE MANDARA
(EXTRAIT DU CATALOGUE.)


Au milieu de la salle japonaise est un grand socle, sur lequel on a placé le fac-similé du Mandara de Kooboo-Daïshi dans le temple Too-dji. Cette reproduction a été faite avec beaucoup de soin par Yamamoto, sculpteur de Kioto.

Mandara veut dire ensemble complet. Il représente le symbolisme de l’univers, personnifié par les principaux Bouddhas.

Il y a, suivant les sectes, des Mandaras plus ou moins compliqués. Celui de la secte Sin-gon se compose de mille soixante et un personnages dont soixante et un seulement se préoccupent de la marche de l’univers.

Au ixe siècle, Kooboo-Daïshi plaça dans le temple de Too-dji un Mandara simplifié, composé de dix-neuf personnages : c’est celui qu’on a fait reproduire.

Il se compose de trois groupes.

Pour en comprendre le sens, il faut savoir que les Bouddhas ont trois manières d’être :

1° Pouvoir de se perfectionner, quoique déjà Bouddha ;

2° Pouvoir de descendre à l’état de Boutsats, et de s’incarner dans les êtres, pour sauver les âmes par la douceur et la persuasion ;

3° Pouvoir de se transformer en Mio-ô ou Tembou, et d’agir contre les passions par la force et la peur.

Le groupe du milieu représente au centre Daï-Niti-Niouraï, le grand Niti (Niti, lumière, le grand Nitou), perfection par excellence. — L’index de sa main droite représente l’intelligence qui traversent domine les cinq éléments représentés par les cinq doigts de la main gauche.

Quatre émanations principales et quatre émanations secondaires.

Les quatre principales sont des Vertus (pouvoirs) de Dai-Niti, personnifiées par des êtres devenus Bouddhas.

Ashikou (celui de devant) représmite la toi uiiissaute : le premier pas dans la croyance est le plus important ; c’est une des quatre grandes vertus. La main gauche ferme le poing enserrant l’extrémité du vêtement : indice de volonté : la main droite est ouverte et penchée vers la terre pour attirer les êtres : geste de charité.

Ho-Shio (à gauche) avait, de son vivant, admirablement réglé sa conduite. Il personnifie la seconde vertu de Daï-Niti, qui est de vivre parfait. Il tient aussi son poing gauche fermé, et sa main droite, les trois doigts levés (comme fnnt les évêques chrétiens), représente les trois manières d’être des Boud dhas. Quelquefois les cinq doigts sont levés et représentent Daï-Niti et ses quatre vertus.

Amida (derrière) prêche et dirige. — Il représente le pouvoir d’expliquer les lois divines : c’est l’éloquence basée sur le raisonnement. Amida fa, sans, Minda, ie, éternel. Aminta Aminti) présidant à l’ouest, région funéraire, joue dans certaines sectes un grand rôle vis-à-vis des âmes. Le Swastica, la croix éclatante que les Bouddhas portent sur la poitrine, lui est consacrée. — Il tient la main gauche (les éléments — l’univers), réunie par le bout des doigts à la main droite (sa propre nature, son âme), ce qui symbolise l’identification des êtres avec Amida : c’est presque l’âme universelle.

Fokou-ou-Joo-Djou (à droite) sauve les hommes par tous les moyens possibles. Son poing gauche est fermé. Sa main droite horizontale, la paume en l’air, est placée sur sa poitrine, indiquant la ferme volonté de son cœur de sauver l’univers, comme il s’est sauvé lui-même. Dans certaines sectes Sakia Mouni est assimilé à Fokou-ou-Joo-Djou.

Les quatre émanations secondaires, placées entre les quatre précédentes, dérivent de ces dernières et les aident à assister Daï-Niti dans toutes les parties du Hokaï (le ciel bouddhique).

Le groupe de gauche représente la transformation en Tembou du groupe central.

Foudo-Sama (Fou, sans, do, mouvement inébranlable, stable). — Transformation de Daï-Niti. — Sous cette forme il dirige les hommes par la terreur et par les supplices au besoin.

Le rocher indique la stabilité, le feu indique les passions. Il sait être calme et inflexible au milieu des sentiments violents de l’humanité.

Il y a quelquefois une cascade sous ses pieds, car ses adeptes ont l’habitude de se mortifier par des douches.

Le sabre qu’il tient doit détruire les passions. La poignée à trois pointes est faite avec l’instrument sacré qui représente les trois manières d’être des Bouddhas.

La corde attache les mauvais esprits.

La coiffure à huit mèches (quatre Bouddhas et quatre Bousats) est réunie en tresses sur le côté comme la coiffure d’Horus. Les quatre émanations de Foudo-Sama sont des transformations en Mio— ô des quatre vertus de Daï-Niti.

Fukou-ou-Joo-Djou Niouraï se transforme en Go-san-zé (celm de devant), se donne huit bras, saisit des armes terribles, et, pour le bon exemple, terrasse un malheureux couple dont l’histoire est navrante : Daï-Dizaïten, le mari, avait toutes les passions ; sa femme Ou-Mako, toutes les curiosités, surtout le goût des sciences et des connaissances religieuses autres que le bouddhisme ; aussi Go-san-zé la remet à sa place sans merci.

Amida se transforme en Daï-itokou (derrière), enfourche un taureau vert, symbolisme de l’être qui a perdu la bonne la voie, et s’élance, armé de toutes pièces, à la poursuite des méchants.

Ashikou devient Kon-go-ia-sha, s’entoure de serpents qu’il sait charmer ; et marche, terrible, plus persévérant que jamais.

Ho-Sho devient Goun-dari, multiplie ses bras, mais les arme surtout d’objets religieux. Il fait des bonds énormes pour écraser les lotus, emblèmes du cœur de l’homme, qu’il fait ainsi épanouir de force.

Le groupe de droite. Han Gnia. — Troisième division des livres bouddhiques. — C’est un livre, et c’est un dieu, dieu de lumière et d’iutelligence, dieu de démonstration et de persuasion. — Il est facile de retrouver sous ce mythe des traces du lumineux Agni (ignis) et des rapports avec l’hiéroglyphe latin Agnus, qui représente l’Agneau resplendissant couché sur le livre sacré (Emile Burn(.)ut’, Science des religions).

Autour de ce dieu se tiennent : Mirokou (devant) Quanon (derrière), Mondjou (gauche), Fouguen (droite). Les deux derniers, disciples de Salvia-Mouni, et qu’on représente ordinairement avec ce Bouddha : Fouguen sur l’éléphant, et Mondjou sur le lion.

Mirokou tient la pagode aux cin({ forim’s représentant les cinq éléments : l’espace, l’air, le feu, l’eau et la terre.

Quanon tient dans la main gauche la fleur entr’ouverte du lis d’eau (cœur de l’homme prêt à s’épanouir dans la perfection), et a la main droite ouverte l’index et le pouce réunis, signe de charité.

Mondjou tient dans sa main gauche le pedum (crosse, bâton pastoral), et a la main droite ouverte, posée sur la jambe droite, ce qui signifie qu’il exaucera les désirs que les êtres forment pour leur salut.

Fouguen tient dans sa main gauche le lotus ouvert sur lequel repose le livre Daï-Han-Gni, ce qui indique que ce livre saura ouvrir le cœur des hommes ; et a sa main droite comme Quanon, ouverte pour attirer les êtres par la charité.

Aux angles les quatre points cardinaux terrassant les démons ennemis de la religion bouddhique :


Bishamon (Est), figure bleue ;
Koumokou (Sud), tigure rouge ;
Djikokou (Ouest), ligure verte ;
Sootsho (Nord), tigure couleur de chair.