Le Mahâbhârata (traduction Ballin)/Volume 1/notesdessections2et3

Traduction par Ballin, L..
Paris E. Leroux (1p. 439-445).

NOTES RELATIVES AUX SECTIONS


DE L’ENTRÉE DANS L’ÉTANG ET DU COMBAT À LA MASSUE




1. Çl. 1693. Le texte que j’ai sous les yeux, porte : Jayena… Cape. Je jure par la victoire. C’est un serment que l’on ne comprend pas bien. Le traducteur anglais dit : Par mes méditations silencieuses. Je me demande s’il n’a pas eu un autre texte que le mien entre les mains, ou, s’il n’a pas lu : Japena, au lieu de : Jayena ; mais, dans tous les cas, sa version semble plus satisfaisante que celle que j’ai cru devoir adopter par respect pour le texte.

2. Çl. 1859. Il y a, dans la traduction anglaise, toute une phrase, formant les versets 39-41 du chapitre 32 de cette traduction dont je ne trouve pas trace dans le texte que j’ai sous les yeux. Voici cette phrase : « En le voyant armé de sa massue, ressemblant à une montagne avec ses sommets ou à Roudra lui-même porteur de la lance, jetant des regards de colère sur les êtres vivants, ils virent le chef des Bharatides répandre autour de lui un éclat pareil à celui du brûlant soleil dans le ciel. Tous les êtres jugèrent que ce tourmenteur des ennemis, porteur de grands bras, lorsqu’il se tint, la massue sur l’épaule en s’élevant hors de l’eau, ressemblait au dieu de la mort lui-même, armé de son bâton. Tous les Pâñcâlas pensèrent que ton fils ressemblait à Çakra, porteur de la foudre, ou à Hara, porteur de son trident. »

3. Çl. 1870. Encore une phrase formant le verset 53 du chapitre 32 de la traduction anglaise, dont je ne trouve pas trace dans mon texte : « Que les dieux, dans le ciel, me voient combattre, à moi seul, dépourvu d’équipement et même d’armure, et sans armes ».

4. Çl. 1923. Voici le premier demi çloka : Prāṇān Çriyañca râjyañca mohṣye te’dya suyodhanaṃ. Le sens de mohṣye Prāṇān ne peut guère être que : « Je délivrerai du fardeau de la vie ». Dès lors, cette phrase ne peut pas s’adresser à Youdhishthira dont Bhîmasena est le frère et le partisan. Je n’ai pas trouvé le verbe muc construit avec deux accusatifs ; malgré cela j’ai supposé, ou qu’il en était ainsi, ou qu’il y avait dans le texte un anusvara de trop, suyodhanam au lieu de suyodhana. J’ai adopté la première hypothèse.

5. Çl. 1942-1943. Entre ces deux çlokas il y a, dans la traduction anglaise, toute une tirade formant les versets 54-57 du chapitre 33, qui ne figure pas dans le texte que j’ai sous les yeux. Le traducteur anglais a dû avoir à sa disposition un texte différent du mien. Remarquons en passant, qu’ayant réuni deux chapitres en un seul, le chapitre 33 de la traduction anglaise répond au chapitre 34 du texte. Voici la traduction de ce passage ainsi interpolé :

54. « Tu n’as le droit de me faire aucun reproche pour les mauvais procédés de ma part, auxquels tu as fait allusion.

55. C’est dans l’exercice de mon droit que je vous ai fait habiter dans les bois, servir dans la demeure d’autrui, vous cacher sous des déguisements.

56. Vos amis aussi ont été tués. Nos pertes sont égales. Si ma chute doit avoir lieu dans ce combat, cela sera très honorable, ou bien, peut-être, le temps en sera la cause.

57. Avant ce jour, je n’ai jamais été vaincu sur le champ de bataille, en combat régulier. Si tu triomphes de moi par fraude, ton infamie durera éternellement. Cet acte, que tu auras commis, sera, sans aucun doute, injuste et honteux. »

6. Çl. 1966. Dans ce çloka, on trouve, pour désigner Râma, l’épithète sitaprahhas, celui qui a un éclat blanc. J’ai pensé que l’auteur faisait allusion à la légende, d’après laquelle Râma et son frère Krishna avaient être produits d’un cheveu blanc et d’un cheveu noir du dieu Vishnou, ce qui avait fait donner son nom à Krishna (noir).

7. Çl. 1968. L’auteur dit que le combat a lieu entre les deux fils de Dhritarâshtra. Douryodhana était bien le fils de ce roi, mais Bhîmasena n’était que son neveu.

8. Çl. 1969. Depuis le commencement du livre de Çalya, le dialogue avait lieu entre le roi Dhritarâshtra et son cocher Sañjaya, qui lui racontait la destruction de son armée et la mort de son fils. Ici les interlocuteurs changent. Le brahmane Vaiçampâyana raconte au roi Janamejaya tout le Maliâbbârata, pour le purifier du meurtre d’un brahmane, dont il s’était involontairement souillé, et il reprend ici la parole. Cette sorte d’interpolation va durer près d’un millier de Çlokas, et contiendra le récit de plusieurs légendes de la rivière sacrée la Sarasvati.

9. Çl. 1981. Le mot tîrtha veut dire : « bain sacré ». Comme cette expression va revenir à chaque pas pendant plusieurs centaines de Çlokas, nous emploierons dorénavant dans ce sens, le mot sanscrit lui-même.

10. Çl. 1988. Le mot ritvij désigne une classe particulière de prêtres, nécessaires dans les sacrifices.

11. Çl. 2013. Daksha, fils de Brahma, un des Prajâpatis ou créateurs.

12. Çl. 2040. Le texte est mal numéroté. De 2031 on saute à 2040, sans qu’il y ait de lacune apparente.

13. Çl. 2062, 2063. Le mot udapâna veut dire : fontaine. Le dictionnaire de Saint-Pétersbourg le donne comme le nom d’un village, mais non d’un tîrtha.

14. Çl. 2166. Je n’ai pas trouvé dans le dictionnaire de Saint-Pétersbourg, le mot bâhlikhilya. Au mot vâlikhilya on renvoie à vâlakhilya, où l’on trouve enfin que c’étaient certains petits rishis, de la hauteur du pouce.

15. Çl. 2205. Il y a lieu de distinguer ici, Gaya, roi de la ville de Gayâ, et les Gayas, habitants de cette ville.

16. Çl. 2211. Le traducteur anglais ne rend pas le premier demi çloka 2211. Il explique, dans une note, que ce demi çloka est certainement une interpolation.

17. Çl. 2240. Je n’ai pas adopté pour Smayâdikam, le sens donné par le dictionnaire de Bôhtlingk, qui, cependant, fait allusion à ce passage même du Mahâbhârata. La signification indiquée par le dictionnaire, impliquerait que le rishi entend justifier pleinement son action, puisqu’il dirait au dieu, que ce qu’il a fait était conforme à sa dignité. Comme au çloka suivant, il demande à Mahâdeva, que ses mérites ascétiques n’en soient pas diminués, il me semble plutôt qu’il reconnaît avoir eu tort, et qu’il plaide les circonstances atténuantes. J’ai donc fait de smayâdikam, un mot composé : ayant pour premier l’étonnement, causé par l’étonnement.

18. Çl. 2259. Au çloka précédent, il y avait que la gêne que la tête du rakshasa causait au rishi, l’empêchait d’aller aux tirthas. Nous voyons ici qu’il les visite tous. Il y a donc, entre les deux çlokas 2258, 2259, une contradiction manifeste. Pour la lever, trois opinions sont admissibles : 1° une faute d’impression à 2258, et, au lieu de dvijatirna çaçâka ha, lire : dvijatiçca çaçcâka ha ; 2° supposer que, dans le çloka 2258, l’impossibilité ne fût que relative, et dire : ne put pas (facilement)… C’est le parti qu’a adopté le traducteur anglais ; 3° voir deux temps distincts, le premier, pendant lequel il est empêché d’aller aux tîrthas, et ensuite un autre temps pendant lequel cela lui est possible. La présence de tadâ (alors), dans le çloka 2258, semble plaider en faveur de cette dernière hypothèse, que j’ai adoptée, mais non sans reconnaître tout ce qu’elle a de hasardé.

19. Çl. 2420. Le sens que j’ai donné se rapproche de celui du traducteur anglais. Ce qui m’a engagé à adopter cette interprétation, c’est que, dans le dictionnaire de Saint-Pétersbourg, on trouve en un seul mot le mot yonidoṣa avec cette signification ; mais j’avoue qu’il m’eût semblé au moins aussi satisfaisant d’y voir une allusion au malheur que les rakshasas avaient d’être nés d’une mère rakshasa.

20. Çl. 2449. Le traducteur anglais ajoute ici une phrase qui ne se trouve pas dans le texte de Calcutta. Voici cette phrase : « Dans ce tîrtha, il y a un gigantesque arbre Açvattha. »

21. Çl. 2471. Ce çloka est extrêmement obscur, il s’agit de sciences relatives à la guerre qui sont personnifiées, le Dhanourveda, la science de l’arc qui renferme quatre padas (divisions), le Sangrâma, (la réunion des armes), avec le Sangraha ; le sens de ce mot est difficile à spécifier, étant donné qu’il s’agit d’êtres mythologiques. J’ai traduit par : l’enseignement de la manière de ramener les traits. On trouve ensuite le mot vâni. J’ai traduit par : « le roseau dont étaient faites les flèches. » C’est bien hasardé, mais j’avoue que j’ai été influencé par le sens fort concis, peut-être même un peu trop concis que le traducteur anglais a donné de ce çloka. Si je n’eusse pas adopté ce sens il eût fallu traduire ce mot par la déesse Sarasvatî, et on ne voit pas trop ce qu’elle viendrait faire dans ce passage.

22. Çl. 2535. Le texte porte Jvâlajihvâm. Ce doit être une faute d’impression pour Jvâlâjihvam ; cependant, je dois dire que Bôhtlingk donne Jvâlajihvâ comme un compagnon de Çiva, mais non de Skanda. Jyotis n’est pas non plus, dans ce dictionnaire, désigné comme un compagnon de Skanda.

23. Çl. 2543. Le texte porte Souvrata parmi les suivants donnés par Vidhâtar. Ce serviteur avait déjà été donné par Mithra. Le traducteur anglais change ce nom en celui de Souprabha. J’ai suivi son exemple.

24. Çl. 2687. Nous retrouvons ici, et nous verrons encore plusieurs fois, le mot çaktyastra. Ce mot désigne une arme magique qui, au çloka 2662, avait été donnée à Kârtikeya par Indra. J’ai traduit ce mot par celui de l’astra-lance : c’est une lance, puisque Kârtikeya la darde, mais c’est quelque chose de plus, puisque, quand elle est lancée, le tonnerre gronde et des milliers de piques tombent à sa suite.

25. Çl. 2702. L’auteur dit que la lance lui avait été donnée par Agni. Au çloka 2663, il avait dit qu’elle lui avait été donnée par Indra.

26. Çl. 2727. J’ai attendu la fin du chapitre, pour mettre cette note, qui concerne également le chapitre précédent. Dans les deux chapitres 46 et 47, l’auteur donne l’énumération des compagnons et des Mères à la suite de Skanda. Comme les noms propres, en sanscrit, ont, en général, une signification, je me suis efforcé de traduire ces noms, pour ceux des lecteurs qui pourraient se rencontrer n’ayant aucune notion de cette langue. Lorsque je me suis trouvé en présence de noms dont la signification ne me paraissait pas évidente, j’ai préféré m’abstenir ; mais, dans tous les cas, il est bien entendu que je ne donne que sous toutes réserves les traductions que j’ai indiquées et qui ne s’adressent, en aucune façon, aux lecteurs connaissant le sanscrit.

En outre, parmi les compagnons et les Mères à la suite de Koumâra, il y en a un certain nombre qui ne sont pas indiqués avec cette qualité, dans le dictionnaire de Bôhtlingk. Faire de chacun d’eux l’objet d’une note particulière, eût été multiplier inutilement ces notes. J’ai préféré les signaler en une seule fois ; les voici :

Suivants de Skanda : Koumoudamâlina, Jvâlajîhva, Jyotis, Bhîma, Outkroça, Anoucakra, Ativarcas, Oucchringa, Atiçringa, Ounmâda, Ânanta, Aksha, Samoudravega, Meshapravâha, Ânanda, Vâna, Çamboûka.

On ne trouve pas Sankramaka, mais on trouve Sankrama.

Au çloka 2543, nous avons, comme le traducteur anglais, substitué Souprabha au second Souvrata. On trouve bien Souprabha comme une Mère, à la suite de Skanda, mais non Souprabha, comme un suivant de ce dieu et seulement comme un dânava. De même, on ne trouve Bhoûtalonmathana, que comme le nom d’un dânava.

Mères : Ekacoudâ, Outtejanî, Santânikâ, Pratishthâ.

27. Çl. 2833. Il y a là, dans la traduction anglaise, un passage que je ne trouve pas dans le texte. Voici ce passage : « Ces sacrifices furent tels, que tout y était d’une (abondance) excessive. On y amena des coursiers de toutes sortes. Les dons aux brahmanes furent abondants. »

28. Çl. 2837. Je ne vois pas la différence que l’auteur fait entre le Vâjimedha et l’Açvamedha.

29. Çl. 2960. Le texte porte navatirnava. Conformément aux indications de la grammaire de Whitney, j’ai, comme le traducteur anglais, rendu cette expression par : quatre-vingt-dix-neuf. Cela désigne un nombre grand, mais indéterminé. Dans son dictionnaire de mythologie indoue, Dowson dit qu’avec les os de Dadhika, Indra tua quatre-vingt-dix fois neuf Vritras. Il dit aussi qu’avec ces os, ce dieu déjoua les neuf fois quatre-vingt-dix stratagèmes des asouras.

Peut-être, par analogie, aurait-on pu traduire navatirnava par : neuf fois quatre-vingt-dix, étant toujours bien entendu que cela désigne un nombre indéterminé, mais grand.

30. Çl. 3094. Le texte de l’édition de Calcutta porte : tasmin deçe tvarighrne. Je n’ai pas trouvé, dans le dictionnaire de Saint-Pétersbourg, le mot tvarighrna ni les mots : arighrna, righrna, ni aucun mot qui y ressemble, en supposant une simple faute d’impression. On n’arrive pas à un meilleur résultat en essayant de le décomposer. Je me suis donc vu obligé de ne pas le rendre. Le traducteur anglais, qui dit avoir eu entre les mains un texte différent, le traduit par : non sablonneux.

31. Çl. 3344. Le texte porte : çirasyabhihatam, frappé sur la tête En réalité, dans tout ce qui va suivre, Râma ne fait pas allusion aux coups de pied, que Bhîmasena donne sur la tête de son ennemi abattu et semble avoir seulement en vue la déloyauté qu’il y a eu à le frapper aux jambes avec la massue. Le traducteur anglais s’est bien aperçu de la chose, et il dit : « En voyant ton fils frappé aux cuisses…… » Cependant, comme le texte ne me parait prêter à aucune obscurité, j’ai préféré le traduire tel qu’il est.

32. Çl. 3407. Le texte porte viduradronakrpagâṅgeyasrñjayais, par Vidoura, Drona, Kripa, le fils de la Gangas et les Srinjayas. Le traducteur anglais, au lieu de : les Srinjayas, dit : Saûjaya et j’ai adopté sa version, qui est conforme aux récits précédents, pensant qu’il y avait là une des nombreuses fautes d’impression, dont le texte fourmille.

33. Çl. 3418, 3421, 3423, 3424. Il est fait allusion à des événements racontés dans les livres précédents. Drona, ayant entendu dire qu’Açvatthâman avait été tué, croyant qu’il s’agissait de son fils, tandis qu’il s’agissait d’un éléphant portant le même nom, déposa les armes et périt.

Açvasena avait perdu toute sa famille, dans l’incendie d’une forêt allumé par Arjouna. Il s’introduisit sous la forme d’une flèche, dans le carquois de Karna, et fut lancé contre Arjouna, mais il n’atteignit pas son but et fut tué par le fils de Pândou.

Une des roues du char de Karna s’était enfoncée dans la terre, et c’est en essayant de la remettre en état, qu’il fut tué.

Karna avait obtenu d’Indra, en échange de l’armure céleste qu’il portait en naissant, une lance infaillible, qu’il destinait à tuer Arjouna ; mais, pressé par Ghatotkaca, il se servit de cette arme qui ne pouvait être employée qu’une fois. Ghatotkaca fut tué et Arjouna évita ainsi une mort certaine.

34. Çl. 3547. Le texte porte : nāpi varjitāh. Je pense qu’il faut lire : cāpi, au lieu de : nāpi ; le sens exige impérieusement cette correction.

Je ne me suis pas astreint à signaler les nombreuses fautes d’impression que j’ai rencontrées, parce qu’il eût fallu, pour cela, donner à ces notes presque autant de développement qu’au corps même de l’ouvrage, mais je crois que, quand, comme cela arrive pour le cas présent, une faute d’impression change, du blanc au noir, le sens d’un passage, il est utile de la mentionner.