Le Mahâbhârata (traduction Ballin)/Volume 1/Chap47

Traduction par Louis Ballin.
Ernest Leroux, éditeur (1p. 313-325).


CHAPITRE XLVII


LÉGENDES SARASVATIENNES


Argument : Énumération et description des Mères à la suite de Skanda. Dons faits à Skanda par les dieux. Il combat les ennemis des dieux, les poursuit à la montagne Krauñca qu’il fend avec sa lance. Les Daityas sont défaits. Joie des dieux. Sainteté du tîrtha Taijasa. Varouna y a été sacré. Bala le visite.


2619. Vaiçampâyana dit : « Ô roi, écoute la mention que je vais te faire, ô héros, de la multitude des Mères, suivantes de Koumâra, destructrices des troupes des adversaires.

2620. Ô Bharatide, entends le nom des glorieuses et excellentes Mères, entre lesquelles les trois mondes sont en partage.

2621. Prabhâvatî (brillante), Viçâlâkshî (qui a de grands yeux), Pâlitâ (grise), Gostani (qui a des mamelles de vache), Çrimati (magnifique), Bahoulâ (nombreuse), Bahoupoutrikâ (qui a beaucoup d’enfants),

2622. Apsoujâtâ (née dans les eaux), Gopâli (protectrice des bœufs), Vrihadambalikâ, Jayâvati (victorieuse), Mâlatikâ (fleur de jasmin), Dhrouvaratnâ (qui a des joyaux solides), Bhayankarâ (effrayante).

2623. Vasoudâmâ (dont la guirlande est un trésor), Soudâmâ (qui a une belle guirlande), Viçokâ (sans chagrin), Nandini (joyeuse), Ekacoudâ (qui n’a qu’une mèche de cheveux), Mahâcoudà (qui a de grandes mèches), Cakranemi (jante de roue), ô Bharatide.

2624. Outtejanî (qui allume), Jayatsenâ (dont l'armée est victorieuse), Kamalâkshî (qui a des yeux de lotus), Çobhanâ (belle), Çatrunjayà (victorieuse des ennemis), Krodhanâ (irritée), Çalabhi (sauterelle), Kharî (ânesse).

2625. Mâdhavî (printannière), Çoubhavaktrâ (qui a un beau visage), Tîrthaseni (qui a pour corps un tîrtha), ô Bharatide, Gîtapriyâ (aimable par ses chants), Kalyânî (excellente), Roudraromâ (qui a le poil effrayant), Amitâçanâ (qui mange sans mesure).

2626. Meghasvanâ (qui a la voix du tonnerre), Bhogavatî (qui a des anneaux de serpent), Soubhroû (aux beaux sourcils), Kanakâvatî (dorée), Alâtâkshi (dont les yeux sont des tisons), Viryavatî (héroïque), Vidyoutjihvâ (dont la langue est la foudre), ô Bharatide.

2627. Padmàvatî (hibiscus mutabilis), Sounakshatrâ (née sous une bonne étoile), Kandarà (caverne), Bahouyojanâ (qui suit de nombreux chemins), Santânikà (flûte), Kamalâ (fleur de lotus), Mahâbalâ(très forte).

2628. Soudâmâ (qui a une belle guirlande), Bahoudâmâ (qui a de nombreuses guirlandes), Souprabhâ (très éclatante), Yaçasvini (glorieuse), Nrityapriyâ (qui aime la danse), ô Indra des rois, Çatoloûkhalamekhalâ (qui a cent mortiers pour ceinture).

2629. Çataghantâ (qui a cent grelots), Çatânandâ (qui a cent plaisirs), Bhaganandâ (dont le plaisir est le bonheur), Bhâvinî (belle femme), Vapusmati (belle), Candraçilâ (aimable comme la lune), Bhadrakâlî (qui a un heureux destin), ô Bharatide.

2630. Rikshà (ourse), Ambikâ (petite mère), Nishkoutikâ (qui habite dans les bosquets), Vâmâ (gauche), Catvaravâsini (qui habite dans les carrefours), Soumangalâ (très propice), Svastimatî (heureuse), Bouddhikâmâ (qui a l’amour de la sagesse), Jayapriyâ (amie de la victoire).

2631. Dhanadâ (qui donne la richesse), Souprasâdâ (très favorable) et Bhavadâ (qui donne l’être), ô maître des hommes, Edî, Bhedî, Samedi et Vetâlajananî (mère de Vetâla).

2632. Kandoûti (démangeaiser), Kâlîkâ (la noire), Devamitrâ (amie des dieux), ô Bharatide, Vasouçri (dont la beauté est un trésor), Kotirà (coccinelle), Citrasenà (qui a une armée brillante) et Acalà (immobile), ô Bharatide.

2633. Kukkutikâ (poule faisanne), Çankhalikâ, Çakounikâ (oiseau femelle), ô roi, Koundârilvâ, Kaukoulikâ, Koumbhikâ (cruche) et Çatodarî (qui a cent ventres).

2634. Outkrâthinî, Jalelâ (qui fait des libations d’eau), Mahâvegâ (très rapide), Kankanâ (qui a la forme d’une bague), Mahâjavâ (très rapide), Kantakinî (épineuse), Praghâsâ (gloutonne) et Pôutanâ (spectre).

2635. Keçayantî (chevelue), celle qu’on nomme Trouti (atome), Kroçanâ (qui crie), Taditprabhâ (qui a l’éclat de l’éclair), Mandodarî (dont le ventre est flasque), Moundi (qui a la tête rasée), Kotarâ (ipomœa turpenthum) et Meshavâhinî (qui porte un bélier).

2636. Soubhagâ (heureuse), Lambinî (suspendue), Lambâ (pendante), Tamracoûdà (qui a un chignon rouge), Vikâçinî (ouverte), Oûrddhvavenîdharâ (qui porte des tresses de cheveux liées en haut), Pingâkshî (qui a les yeux jaunes rougeàtres), Lohamekhalâ (qui a une ceinture de fer).

2637. Prithouvaktrâ (qui a une large bouche), Madhoulikâ (moutarde noire), Madhoukoumbhâ (qui a une cruche de miel), Pakshâlikâ, Matkounikâ, Jarâyou, Jarjarânanâ (qui a la face percée).

2638. Celles qu'on appelle Dahadahâ, Dhamadhamâ, ô roi, Khandakhandâ, ô Indra des rois, Poûshanâ, Manikouttikâ.

2639. Amoghâ (qui ne se trompe pas), ô Kourouide, Lambapayodharâ (qui a les mamelles pendantes), Venouvînadhayâ. Pingâkshî (qui a les yeux rougeâtres), Lohamekhalâ (qui a une ceinture de fer).

2640. Çaçoloûkamoukhî (qui a la face d’un lièvre ou d’un hibou), Krishna (noire), Kharajanghâ (qui a des jambes d’âne), Mahâjavâ (très rapide), Çiçoumâramoukhî (qui a la face d’un dauphin du Gange), Çvetâ (blanche), Lohitâkshî (qui a les yeux rouges), Vibhîshanâ (effrayante).

2641. Jatâlikâ (qui a des tresses de cheveux), Kâmacarî (qui se meut librement), Dîrghajihvâ (qui a la langue longue), Balotkatâ (douée de force), Kàlehikâ, Vâmanikâ et Moukoutà (diadème) ; ô Bharatide.

2642. Lohitâkshî (qui a des yeux rouges), Mahâkâyâ (qui a un grand corps), Haripindâ, ô roi, Ekatvacâ (qui n’a qu’une peau), Soukousoumâ (bien fleurie), Krishnavarnâ (qui a la couleur noire) ; ô Bharatide.

2643. Kshourakarnî (dont les oreilles sont des rasoirs), Catoushkarnî (qui a quatre oreilles), Karnaprâvaranâ (qui se sert de ses oreilles comme d’un manteau), Catoushpathaniketâ (dont la demeure est dans les carrefours), Gokarni (qui a des oreilles de bœuf), Mahishânanâ (qui a un visage de buffle).

2644. Kharakarnî (qui a des oreilles d’âne), Mahâkarnî (qui a de grandes oreilles), Bherisvanamahâsvanâ, Çankhakoumbhaçravas et la très forte Bhagadâ (qui donne le bonheur).

2645. Ganâ (troupe), Souganâ (qui a de belles troupes), et aussi Bhîni, Kâmadâ (qui donne ce qu’on désire), Catoushpatharatâ(qui se plaît dans les carrefours), Bhoûtitîrthâ (dont les tîrthas sont la prospérité), Anyagocarâ (qui a d’autres domaines),

2646. Paçoudâ (qui donne des bestiaux), Vittadâ (qui donne des richesses), Soukhadâ (qui donne le bonheur), Mahâyaças (très glorieuse), Payodâ (qui donne du lait), Gomahishadâ (qui donne des bœufs et des buffles), et Souviçâlâ (très grande), ô Bharatide.

2647. Pratishthâ (qui se tient ferme), Soupratishthâ (qui se tient très ferme), Rocamànâ (brillante), Sourocanâ (très claire), Naukarnî (dont les oreilles sont des navires), Çivakarnî (qui a des oreilles pures), Vasoudâ (qui donne des trésors), et Manthinî (qui ébranle).

2648. Ekavaktrâ (qui a un seul visage), Megharavâ (qui a la voix du tonnerre), Meghamâlâ (qui a une couronne de nuages), Virocanâ (éclairante). Ô excellent Bharatide, celles-là et d’autres nombreuses Mères,

2649. Par milliers, étaient les suivantes de Kârtikeyu. Elles affectaient des formes diverses. Elles avaient, (selon les cas), des ongles longs, de longues dents, de longs museaux, ô Bharatide.

2650. Elles étaient puissantes, douces, nubiles, bien parées, magnanimes, et prenaient les formes qui leur plaisaient.

2651. (Elles avaient) des membres décharnés (ou bien étaient) blanches, (ou) semblables à l’or, d’autres ressemblaient à un nuage noir et étaient couleur de fumée, ô excellent Bharatide.

2652. (Quelques-unes avaient) l’éclat du soleil, étaient heureuses, avaient les cheveux longs, des vêtements blancs, (ou bien) portaient des tresses nouées en haut, avaient des yeux jaunes, des ceintures pendantes,

2653. Le ventre, les oreilles, les mamelles pendantes, les yeux rouges cuivré, le teint rouge cuivré, (ou) avaient les yeux verdâtres.

2654. Comblant les vœux, allant où bon leur semble, elles sont toujours réjouies et ont une grande force. Elles sont de la nature de Yama, de Roudra, de Soma (ou) de Kouvera,

2655. De Varouna, de Mahendra, du Feu, ô tourmenteur des ennemis, (ou bien) du Vent, de Koumâra, de Brahma, ô excellent Bharatide,

2656. De Vishnou, du Soleil, de Varâha (Vishnou sanglier). Elles ont une grande force. Leur beauté égale celle des Apsaras, elles ravissent le cœur.

2657. Elles ont la voix (aussi mélodieuse que) Parapoushtâ (femelle du coucou indien). Leur prospérité égale celle de (Kouvera) Dhanada (donneur desrichesses). Elles égalent Çakra en héroïsme dans les combats et sont brillantes comme le feu.

2658. Elles inspirent constamment la crainte aux ennemis, dans les combats, prennent les formes qu’il leur plaît et possèdent la rapidité du vent.

2659. Douées d’une force, d’un héroïsme et d’une valeur incroyable elles habitent le creux des arbres et les carrefours,

2660. Les cavernes, les cimetières, les rochers et les sources. (Elles sont) chargées de divers ornements, parées de diverses guirlandes, vêtues de divers habillements,

2661. Portent des habits de diverses couleurs, parlent des langages divers. Celles-ci et d’autres nombreuses troupes destructrices des ennemis,

2662. Suivirent le magnanime (Kârtikeya), sur l’ordre du maitre du Tridaça. Alors l’adorable (Indra) Pâkaçâsana (qui punit Pâka), donna l’astraqui est la lance, (une lance magique)

2663, 2664. À Gouha (Skanda pour la destruction des ennemis des dieux, (avec) une bannière très bruyante, ornée de nombreux grelots, ayant une splendeur brillante et la couleur rouge du fils d’Aditi, ô excellent Bharatide. Paçoupati (Rendra seigneur de toutes les créatures) lui donna la grande armée de tous les êtres, ô tigre des rois,

2665. Terrible, ayant diverses manières de combattre douée d’ascétisme, d’héroïsme et de force, invincible ayant de grandes qualités, appelée l’armée Dhanañjayâ.

2666. Formée de trois dizaines de mille combattants d’une force égale à celle de Roudra, (cette armée) ne connut jamais (ce que c’était que) s’enfuir du combat.

2667. Vishnou donna la couronne Vaijayantî (de la victoire) qui accroît la force (des héros). Oumâ donna deux vêtements purs, brillants comme le soleil.

2668. La Gangâ, une divine cruche d’ermite, excellente source de nectar, et Vrihaspati offrit en présent un bâton à Koumâra.

2669. Garouda (donna) à son fils bien-aimé un paon à la queue bariolée, et Arouna, un coq combattant avec ses pieds.

2670. Le roi Varoima (donna) un fort et héroïque éléphant. Puis, le maître Brahma offrit une peau d’antilope noire à (Skanda) dévoué aux brahmanes.

2671. Et celui qui protège les mondes lui donna la victoire dans les combats. Ayant obtenu le généralissimat de l’armée des dieux, Skanda

2672. Resplendit comme un feu brillant, allumé, et, accompagné des suivants et des Mères,

2673. Il partit pour détruire les Daityas, remplissant de joie les héros des dieux. Cette terrible armée des Nirritis (voir Çl. 2530), avec ses bannières levées et garnies de grelots,

2674. Avec ses timbales, ses tambours, ses conques, ses armes et ses porte-étendards, resplendit comme le ciel étoile de l’automne.

2675. Alors, ces multitudes divines et ces troupes d’êtres divers, sans se troubler, firent retentir les timbales, les excellentes conques,

2676. Les tambours, les (instruments appelés) jharjharas, krakacas, gomoukhas, les (trompettes) govishânikas, âdambaras, dindimas et les (tambours) mahâsvanas (au grand bruit).

2677. Tous les dieux, accompagnés de Vâsava, louèrent Koumâra. Les dieux et les Gandharvas chantèrent et les troupes d’Apsaras dansèrent (en son honneur).

2678. Alors Skanda Mahâsena, satisfait, accorda aux dieux (l’accomplissement de) leurs désirs. « Je tuerai, (dit-il), en les combattant, les ennemis qui veulent nous anéantir. »

2679. En recevant la faveur que leur faisait celui-ci, le plus grand des immortels, les magnanimes dieux, l’esprit satisfait, considérèrent leurs ennemis comme tués.

2680. Quand cette promesse favorable eut été faite par le magnanime (Skanda), un cri de joie, poussé par tous les êtres, remplit les trois mondes.

2681. Et Mahâsena, entouré de sa grande armée, s’en alla combattre et tuer les Daityas, pour protéger les habitants du ciel.

2682. Vyavasâya (la décision), Jaya (la victoire), Dharma (le devoir), Siddhi (la perfection), Lakshmî (la prospérité), Smriti (la tradition sainte), se mirent à la tête des armées de Mahâsena, ô maître suprême des hommes.

2683. 2684. Le dieu Gouha, la pique et la massue à la main, s’avança, en criant, avec cette terrible (armée), portant à la main des tisons enflammés, des massues, des pilons, des nârâcas, des lances et des javelots, couverte de vêtements et d’armures brillantes, et rugissant à la manière des lions sauvages.

2685. En le voyant, tous les fils de Diti, les Rakshasas et les Dânavas, tremblant de peur de toutes parts, s’enfuirent dans toutes les directions.

2686, 2687. Les dieux ayant à la main diverses armes les attaquèrent ; l’adorable, resplendissant et fort Skanda, irrité, les voyant fuir), lança sans interruption le terrible astra-lance 24 (sa pique magique), et développa sa propre ardeur, comme (le fait) le feu enflammé par les libations.

2688. Ô grand roi, l’astra-lance étant déchargé par Skanda à l’énergie démesurée, un météore enflammé tomba sur le sol de la terre,

2689. Et des orages très bruyants, aussi terribles qu’ils le seraient à l’occasion de la fin du monde, s’abattirent sur le sol, ô roi.

2690. Car, quand cette seule terrible pique eut été lancée par le fils du Feu, des dizaines de millions de lances tombèrent, ô excellent Bharatide.

2691. Alors l’adorable roi Mahâsena, joyeux, tua l’Indra des Daityas appelé Târaka, qui avait une grande force et un grand courage,

2692. Entouré de dix dixaines de mille Daityas, (tous) héros puissants, ô roi, et il abattit dans le combat Mahisha environné de huit padmas (trillions) (d’Asouras).

2693-2695. Il tua Tripàda environné de dix centaines de dizaines de mille (suivants). Le maître, avec ses serviteurs portant diverses armes à la main, tua Hradodara (dont le ventre est un étang), entouré de dix Nikharvas (1011) (de soldats). Les ennemis étant tués, les suivants de Koumâra firent un grand bruit. Pleins de joie, remplissant (de leurs cris) les dix directions de l’espace, ils dansèrent, bondirent et rirent, ô roi.

2696. Cependant, ô Indra des rois, l’ensemble des trois mondes fut alors épouvanté par les rayons de lumière que répandait de toutes parts l’astra-lance.

2697. Les Daityas furent brûlés par milliers et quelques autres ennemis des dieux, dispersés par les cris de Skanda et par sa bannière, furent tués.

2698. Quelques-uns, effrayés par le bruit des grelots, tombèrent sur le sol de la terre. Quelques-uns tombèrent la tête la première, couverts de leurs armures, la vie les ayant abandonnés.

2699. Ainsi le fort héros Kârtikeya, à la tête de sa grande armée, tua dans le combat, de nombreux ennemis des dieux, qui l’attaquaient.

2700. Mais le Daitya appelé Vâna, le très fort fils de Bali, étant allé à la montagne Kraunca, incommoda la multitude des dieux,

2701. Le très intelligent Mahâsena s’approcha de cet ennemi des dieux, qui était allé chercher un refuge à Kraunca, par peur de Kârtikeya.

2702. L’adorable Kârtikeya, animé d’une grande colère, fendit avec la lance qui lui avait été donnée par Agni 25 (le mont) Kraunca retentissant du cri des courlis,

2703. Bigarré de troncs de Çâla (vatica robusta). Les éléphants et les singes (qui le peuplaient) étaient effrayés, les oiseaux s’envolaient, les serpents s’enfuyaient

2704. Il résonnait (du bruit que font en courant), les troupes de (singes) golangoulas et d’ours, (d’autre part), il retentissait du bruit de la course des antilopes,

2705. Des Çarabhas qui s’enfuyaient, des lions qui prenaient soudainement la fuite. Cette montagne, réduite à un état déplorable, brillait cependant (d’une grande beauté).

2706. Les Vidhyâdharas (génies porteurs de la science) qui habitaient ses sommets, s’envolèrent, et les Kinnaras (musiciens célestes, à corps d’homme et tête de cheval), effrayés, s’élevèrent en l’air au bruit de la chute de la lance.

2707. Alors les Daityas, aux guirlandes et aux ornements bariolés, s’enfuirent, par centaines et par milliers, de l’excellente montagne devenue brûlante.

2708, 2709. Les suivants de Koumâra les vainquirent et les tuèrent dans le combat. Plein de colère, cet adorable (Skanda) se hâta de tuer (Vâna), fils de (Bali), roi des Daityas, avec son (frère) puiné, comme le maître des dieux (tua) Vritra, et Pâvaki (Skanda, fils du feu, tueur des héros ennemis) fendit Kraunca avec sa lance.

2710. Le très fort (dieu, tantôt) se séparait en plusieurs (des formes qui lui appartiennent), (tantôt) se présentait sous une forme unique. La pique qu’il lançait dans la bataille lui revenait incessamment dans la main.

2711. À partir de cette époque, et ensuite, Pâvaki posséda ce pouvoir. Par l’accroissement de son héroïsme, par son énergie, sa gloire et son bonheur,

2712. Kraunca fut fendu par lui, et les Daityas furent tués par centaines. Puis cet adorable dieu, ayant détruit les ennemis des dieux,

2713. Honoré par les divinités, arriva au comble de la joie. Alors, ô roi, les tambours et les trompettes résonnèrent, ô Bharatide.

2714. Par centaines et par milliers, les épouses des dieux lancèrent une abondante pluie de fleurs sur le dieu maître des Yogins.

2715. Un vent salutaire, qui possédait un parfum divin, souffla. Les Gandharvas et les Maharshis réjouirent ce dieu par leurs sacrifices.

2716. Quelques-uns pensèrent que ce roi était fils de Pitâmaha (et crurent) que Sanatkoumâra (l’antique Koumâra) avait eu Brahma pour matrice, et était l’aîné de tous (les êtres),

2717. Ou bien quelques-uns le dirent fils du grand roi (Indra), quelques-uns, fils du dieu du feu, d’Oumâ, des Pléiades, de la Gangâ.

2718. Des centaines et des milliers dirent que ce très puissant dieu, qui a une, deux ou quatre formes, était roi des Yoffins.

2719. Ô roi, tout ce sacre de Kârtikeya t’a été raconté. Ecoute aussi (l’explication de) la grande sainteté du meilleur des tîrthas de la Sarasvatî.

2720. Les ennemis des dieux étant tués, Koumâra rendit l’excellent tîrtha, pour ainsi dire, un autre monde d’Indra, ô roi.

2721. Le maître, fils du Feu, qui s’y tenait, distribua les souverainetés et donna l’ensemble des trois mondes à ceux dont le premier est celui à qui il donna le commandement des Nairritas (Kouvera).

2722. Ainsi cet adorable, (qui fut) l’Antaka (destructeur) de la race des Daityas, fut sacré, dans ce tîrtha, généralissime de l’armée des dieux, ô grand roi,

2723. Le tîrtha dans lequel Varouna fut sacré roi des eaux par la multitude des dieux, est appelé Taijasa, ô excellent Bharatide.

2724. S’étant baigné dans cet excellent tîrtha et ayant adoré Skanda, le Lângalin donna aux brahmanes de l’or, des vêtements et des ornements.

2725-2727. Le Lângalin Madhavide, le plus grand de ceux de la tribu de Yadou, tueur des héros ennemis, ayant passé la nuit en cet endroit, honoré cet excellent tîrtha et touché l’eau, fut joyeux et eut l’esprit satisfait. Je t’ai raconté tout ce que tu m’as demandé, et de quelle manière l’adorable Skanda fut sacré par les dieux assemblés 26