Le Mahâbhârata (traduction Ballin)/Volume 1/Chap13

Traduction par Ballin, L..
Paris E. Leroux (1p. 86-90).


CHAPITRE XIII


COMBAT DE ÇALYA


Argument : Combat de Çalya. Espérances de Douryodhona. Suite du combat de Çalya. La multitude de ses flèches couvre et obscurcit l’horizon.


656. Sañjaya dit : vénérable, Dharmarâja étant pressé par le roi de Madra, le Satyakide, Bhîmasena et les deux Pândouides fils de Mâdrî

657. Entourèrent Çalya avec leurs chars et l’attaquèrent. En le voyant seul, attaqué par de nombreux grands guerriers,

658. Le cri de : « très bien », fut poussé. Les Siddhas (sages) étaient très joyeux, et les mounis assemblés disaient : « c’est merveilleux. »

659. Bhîmasena ayant, dans le combat, percé d’un trait Çalya, dans son héroïsme transformé en çalyas (pointes de flèches), l’atteignit encore de sept.

660. Le Satyakide, voulant garantir Dharmarâja, couvrit le roi de Madra de cent (traits) et poussa un rugissement.

661. Nakoula, l’ayant percé de cinq et Sahadeva de sept, (celui-ci) l’atteignit encore de cinq.

662. Mais ce héros vigilant, écrasé dans ce combat par ces grands guerriers, tira son terrible et puissant arc qui lançait rapidement la mort.

663. Ô vénérable, Cayla atteignit le Satyakide de vingt-cinq (flèches), Bhîmasena de soixante-treize et Nakoula de sept.

664. Puis, ayant coupé avec une bhalla l’arc et le trait de l'archer Sahadeva, il l’atteignit (lui-même) soixante-treize fois dans la bataille.

665. Sahadeva prit un autre arc, y mit une corde et, à plusieurs reprises, frappa son oncle maternel, à la grande splendeur, de cinq

666, 667. Flèches semblables à des serpents, pareilles à un feu brûlant, et, très irrité, il perça son cocher d’un trait aux nœuds recourbés et l’atteignit (lui-même) de nouveau de trois autres. Bhîmasena (le perça) de soixante-dix, et le Salyakide de neuf flèches.

668. Et Dharmapoutra (Youdhishthira) en ficha soixante dans le corps de Çalya qui, blessé par ces grands guerriers, ô grand roi,

669-671. Laissa couler du sang de ses membres comme une montagne (produit) de la craie rouge. Mais, ô roi, il atteignit rapidement ces grands archers de cinq flèches chacun. C’était comme un prodige. Alors, ô vénérable, ce grand guerrier coupa, avec une bhalla de qualité supérieure, l’arc de Dharmapoutra avec sa corde. Mais le grand guerrier Dharmapoutra ayant pris un autre arc,

672. Couvrit de traits Çalya, ses chevaux, son cocher et son char. Celui-ci, enveloppé des flèches que Dharmapoutra (lui lançait) en combattant,

973. Atteignit ensuite Youdhishthira de dix traits aigus. Cependant Dharmapoutra étant tourmenté par ces flèches, le Satyakide, en colère.

674. Couvrit d’une multitude de traits le héros, roi des habitants de Madra, qui, avec une flèche kshourapra (à tête en rasoir) coupa le grand arc du Satyakide

675, 676. Et frappa chacun de trois flèches, ceux qui avaient à leur tête Bhîmasena. Irrité, le Satyakide lui envoya un très précieux javelot au manche doré, et Bhîsmasena une nârâca pareille à un serpent brûlant.

677. Nakoula lui envoya une lance, Sahadeva une massue brillante, et Dharmarâja, qui voulait tuer Çalya, (lui lança) une çataghnî.

678. Le roi de Madra arrêta cette multitude d’armes, lancées par ces cinq (héros), au moment même où elles tombaient (sur lui) .

679. Il coupa avec des bhallas le javelot envoyé par le Satyakide et la flèche garnie d’or lancée par Bhîmasena.

680. Adroit et majestueux, il coupa la terrible lance au manche doré, poussée par Nakoula,

681. Et arrêta par une multitude de traits la massue envoyée par Sahadeva ; puis, ô Bharatide, il coupa avec deux flèches la çataghnî du roi (Youdhishthira),

682. Et poussa un rugissement à la face des fils de Pândou. Le Çinien ne supporta pas (avec patience) que l’ennemi (remportât) la victoire dans le combat.

683. Le Satyakide rempli de colère, ayant pris un arc, atteignit le maître de Madra de deux flèches et son cocher de trois

684. Alors Çalya irrité, ô grand roi, les atteignit tous très grièvement de dix flèches, comme de grands éléphants (qu’on frappe) avec des aiguillons.

685. Ces grands guerriers, destructeurs de leurs ennemis, arrêtés dans la lutte par le roi de Madra, ne purent tenir en face de lui.

686. Alors le roi Douryodhana, à la vue de l’héroïsme de Çalya, considéra comme (déjà) tués les Pândouides, les Pâñcâlas et les Sriñyayas.

687. À ce moment, ô roi, le majestueux Bhîmasena aux grands bras, faisant le sacrifice de sa vie, combattait le roi de Madra.

688. Nakoula, Sahadeva et le Satyakide à la grande force, ayant entouré Çalya, le couvraient de flèches de tous côtés.

689. Le roi majestueux de Madra, entouré par ces quatre grands guerriers, (qui étaient) de grands archers les combattit.

690. roi, Dharmasouta (Youdhishthira), fils de Prithâ, tua rapidement, avec une flèche kshourapra, le gardien des roues (du char) du roi de Madra.

691. Ce grand guerrier, le héros gardien des roues étant tué, le très fort roi de Madra couvrait les soldats de flèches.

692. Mais alors, ô roi, Youdhishthira Dharmarâja voyant ses guerriers couverts (de traits) dans la bataille, réfléchissait (ainsi) :

693. « Comment donc cette grande parole du Madhavide (Vishnou-Krishna) serait-elle vraie ? Certes, il ne pourrait dans sa colère détruire mon armée dans le combat, ô roi. »

694. Alors, ô frère aine de Pândou, les Pândouides, pressant de tous côtés le souverain de Madra, l’attaquèrent avec leurs chars, leurs éléphants et leurs chevaux.

695. De même que le vent disperse les grands nuages, le roi dispersait la pluie de traits versée (contre son armée, et) où abondaient les armes de diverses sortes.

696. Alors nous vîmes dans le ciel, semblable à une nuée de sauterelles, lancées par Çayla, une multitude de flèches dont la pointe et la partie postérieure étaient dorées.

697. Ces flèches, lancées par le roi de Madra en tête de la bataille, semblaient voler ensemble comme des bandes d’oiseaux.

698. Ô maitre suprême des hommes, le ciel parut pour ainsi dire complètement rempli par les flèches ornées d’or décochées par le roi de Madra.

699, 700. On ne voyait plus aucun des Pândouides ni aucun des nôtres, la rapidité des flèches du fort roi de Madra produisant en cet endroit une grande obscurité . Et, à la vue de l'armée des fils de Pândou (semblable à) un océan troublé,

701. Les dieux, les gandharvas et les dânavas entrèrent dans un étonnement extrême. (Çalya), ô vénérable, ayant, de toutes parts, écrasé les (ennemis) de ses flèches,

702. En ayant à plusieurs reprises couvert Dharmarâja, criait comme un lion. Les grands guerriers des Pândouides, qu’il avait enveloppés (de traits) en combattant,

703, 704. Ne furent pas capables détenir tête au grand guerrier dans le combat. Les chars, ayant Bhîmasena comme front de bataille, et conduits par Dharmarâja, ne s’éloignaient pas dans le combat du héros Çalya brillant dans les batailles.