Le Livre des petits enfants (Hauman)/La lumière

Louis Hauman et compagnie Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 25-26).


LA LUMIÈRE.


Un soir on vit un homme marchant droit et paisible dans l’obscurité au milieu d’une place. Il portait sur sa tête une lumière solidement plantée dans son chapeau.

Plusieurs se mirent à rire en passant près de lui ; car ils s’aperçurent qu’il était aveugle.

— La lumière est-elle faite pour les aveugles ? demandèrent-ils en se moquant.

— Ce n’est pas pour moi que je l’ai placée ainsi, répliqua tranquillement l’aveugle : c’est pour vous, que je ne vois pas, et qui me voyez mieux au moyen de cette lumière. Vous pouvez éviter ainsi le choc de ma rencontre, en passant de deux pas de moi qui me jetterais sur vous et qui vous blesserais peut-être. J’imite la Providence qui place toujours un indice aux dangers qu’elle sème devant l’homme. Moi, je suis le danger : ceci en est le phare !

Ils s’éloignèrent tous en disant : — Cet homme est sage.

Ne vous moquez jamais d’une chose avant de l’avoir comprise.