Le Foyer et les Champs/Au coin du feu

Le Foyer et les ChampsSociété centrale de librairie catholique (p. 47-48).

Au coin du Feu.


La nuit tombe. L’ainée assise à la fenêtre
Tricote un petit bas pour son frère cadet,
Puis ne voyant plus clair, allume le quinquet
Dont la douce lueur dans la chambre pénètre.

Sa sœur, plus jeune, lit, près du feu flamboyant,
Un livre à tranches d’or où l’on parle de fées,
Et parfois à son front sent monter des bouffées
Quand les enfants sont pris par un ogre effrayant !…

Dans sa cage de fer, qu’un feuillage environne,
La tête sous son aile, un canari s’endort ;
Et la grande pendule en marbre, à filets d’or,
Mêle au bruit de l’haleine un tic-tac monotone.


Un garçonnet écrit un devoir de calcul,
En comptant sur ses doigts ; c’est sa plus forte branche !…
Mais voilà que soudain son encrier s’épanche,
Le papier blanc se tache, et le travail est nul.

Ensuite c’est le père, épuisé d’une course,
Qui leur donne à chacun un baiser amical ;
Tombe sur un fauteuil, et lit dans son journal
Les nouvelles du jour et les taux de la bourse.

Et tandis que la mère aux regards ingénus
Endort son dernier né, d’une vieille romance,
Près du chérubin blond la levrette s’avance
Et lèche, en grelottant, ses deux petits pieds nus !…