Charles Rozez (p. 18-19).

III. — Agriculture.

Plusieurs faits de folklore que l’on peut classer sous cette rubrique ont été donnés dans le chapitre précédent ; de même, d’autres seront mieus à leur place dans d’autres sections. Je réunis sous le titre spécial ceus qui suivent.

Labour et semailles.

258. Avant de labourer une terre, beaucoup de paysans se découvrent et disent une prière.

264. En Hesbaye, le semeur, en entrant dans le champ, jète une forte poignée de semence en disant : po lè mohon « pour les moineaus », ce qui doit garantir la moisson future de leurs pillages.

265. Pour que les oiseaus ne mangent pas les graines, on sème un jour de la semaine correspondant à celui de la Noël, par exemple, un vendredi en 1891 (Moha).

Moisson.

268. Avant de commencer la moisson, on célèbre une petite fête dite trinpèdj dè fâ « trempe des faus » dans laquelle on danse et on mange des œufs (Hesbaye).

270. Les premiers épis coupés sont placés le long d’une crois en bois et offerts au maître, si l’on fauche le seigle ; à la dame, si l’on fauche le froment (Moha).

272. On place dans la première gerbe des fleurs ramassées le jour de la Fête-Dieu sur le passage de la procession, ou un rameau de buis bénit, afin de préserver la moisson des souris.

273. Celui qui lie la dernière gerbe se marie avant deus mois. (Sinsin).

279. L’usage de se moquer de celui qui est le dernier à terminer sa moisson existe partout. Voici comment il se pratique dans deus villages :

À Sinsin, province de Namur, celui qui termine l’avant-dernier met au-dessus de son dernier char un mannequin de paille qui est appelé Dj’han l’nâhi « Jean le fatigué » et le char rentre au village suivi par les moissonneurs qui chantent sur un ton plaintif : N’âron-t jamê l’a-ou ? « N’auront-ils jamais fait l’août ? » ; puis ils vont planter le mannequin sur la terre du cultivateur en retard. À Paihle, près de Modave, ceus qui ont fini les premiers crient aus autres du haut d’une éminence en agitant un mouchoir au bout d’un bâton : Lè pôf piti-z ovrî dè tchèstya ! — N’âron jamé fê l’a-ou. — S’ sèron-t i ko magnî dè mohèt’ ! — Rimonté vo maro-n ! « Les pauvres petits ouvriers du château ! — Ils n’auront jamais fait l’août. — [Aus]si seront-ils encore mangés des moucherons. — Relevez vos culottes ! »