Traduction par Hurtaud.
Lethielleux (p. 109).


CHAPITRE II

(32)

Comment les fruits de cet arbre sont aussi variés que le sont les péchés : et tout d’abord le péché de la chair.

Les fruits de cet arbre qui donnent la mort sont aussi variés que les péchés eux-mêmes. Il en est qui servent de pâture aux bêtes : tels sont ceux que commettent ces hommes qui vont se roulant tout entiers, esprit et corps, dans la fange des voluptés charnelles, à la façon des pourceaux. O âme vile, où donc est ta dignité ! Tu avais été faite sœur des anges, te voilà devenue une brute grossière !

Si grande est la misère de ces pécheurs, que non seulement Moi, qui suis la pureté même, je ne les puis souffrir, mais que les démons eux-mêmes dont ils se sont faits les amis et serviteurs, ne peuvent voir commettre tant d’obscénités. Aucun péché n’est plus abominable que celui-là et n’éteint davantage la lumière de l’intelligence. Les philosophes eux-mêmes, — non par la lumière de la grâce qu’ils n’avaient pas, mais par celle que la nature leur donnait, — ont connu que ce péché dégradant obscurcissait l’intelligence, aussi gardaient-ils la chasteté et la continence pour mieux étudier. Et pareillement renonçaient-ils aux richesses, afin que le souci des richesses n’occupât point leur cœur. Ce n’est point ce que fait l’ignorant et faux chrétien qui a perdu la grâce par sa faute.