Le Décaméron (1350-1354)
Traduction par Francisque Reynard.
G. Charpentier et Cie, Éditeurs.


TABLE DES MATIÈRES


LE DÉCAMÉRON.
Dans laquelle, après que l’auteur a expliqué pour quelle cause il advint que différentes personnes dont il est parlé ci-après se réunirent pour causer entre elles, on devise, sous le commandement de Pampinea, de ce qui plaît le plus à chacun. 
 5
Nouvelle I. — Ser Ciappelletto trompe un saint moine par une fausse confession, et meurt. Après avoir été un très méchant homme pendant sa vie, il passe pour un saint après sa mort, et est appelé San Ciappelletto. 
 21
Nouvelle II. — Le juif Abraham, poussé par Jeannot de Chevigné, va à la cour de Rome, et voyant la dépravation des gens d’église, il retourne à Paris et se fait chrétien. 
 31
Nouvelle III. — Le juif Melchissedech, avec une histoire de trois anneaux, évite un piège dangereux que le Saladin lui avait tendu. 
 35
Nouvelle IV. — Un moine ayant commis un péché digne d’une très grave punition, échappe à la peine qu’il avait méritée en reprochant adroitement la même faute à son abbé. 
 37
Nouvelle V. — La marquise de Montferrat, au moyen d’un repas uniquement composé de poules, et avec quelques paroles gracieuses, réprime le fol amour du roi de France. 
 40
Nouvelle VI. — Un brave homme confond par un bon mot la méchante hypocrisie des gens de religion. 
 43
Nouvelle VII. — Bergamino, en contant une nouvelle concernant Prismasso et l’abbé de Cluny, critique honnêtement un trait inaccoutumé d’avarice chez messer Can della Scala. 
 45
Nouvelle VIII. — Guiglielmo Borsiere, avec quelques mots polis, perce jusqu’au vif messer Ermino de Grimaldi sur son avarice. 
 49
Nouvelle IX. — Le roi de Chypre, piqué au vif par une dame de Gascogne, devient homme d’énergie, de pusillanime qu’il était. 
 51
Nouvelle X. — Maître Albert de Bologne fait honnêtement rougir une dame qui avait voulu lui faire honte de ce qu’il était amoureux d’elle. 
 52
Dans laquelle sous le commandement de Philomène, on devise de ceux qui, après avoir été molestés par diverses choses, sont, au delà de leur espérance, arrivés à joyeux résultat. 
 58
Nouvelle I. — Martinello feint d’être perclus et de recouvrer la santé sur le corps de saint Arrigo. Sa fourberie ayant été reconnue, il est battu, mis en prison, et en grand danger d’être pendu. Finalement il en échappe. 
 58
Nouvelle II. — Renauld d’Asti ayant été dévalisé, arrive à Castel-Guiglielmo où il reçoit l’hospitalité d’une dame veuve. Après avoir été dédommagé de toutes ses pertes, il retourne chez lui sain et sauf. 
 62
Nouvelle III. — Trois jeunes gens ayant dissipé leur avoir, tombent dans la misère. Leur neveu revenant désespéré chez lui, fait la rencontre d’un abbé qui se trouve être la fille du roi d’Angleterre, laquelle l’épouse, répare les pertes de ses oncles et les rétablit dans leur premier état. 
 67
Nouvelle IV. — Landolfo Ruffolo ruiné se fait corsaire. Pris par des Génois, il fait naufrage et se sauve sur une caisse pleine de pierreries. Il est recueilli à Gulfe par une brave femme et retourne chez lui plus riche qu’avant. 
 74
Nouvelle V. — Andreuccio de Pérouse, venu à Naples pour acheter des chevaux, éprouve dans une même nuit trois graves accidents ; il se tire de tous les trois et retourne chez lui avec un riche rubis. 
 78
Nouvelle VI. — Madame Beritola, ayant perdu ses deux fils, est trouvée sur une île déserte avec deux chevraux. Elle va en Lunigiane où l’un de ses fils, entré au service de son seigneur, est surpris avec la fille de celui-ci et mis en prison. Reconnu par sa mère, il épouse la fille du seigneur, et son frère ayant été retrouvé, ils reviennent tous en leur premier état. 
 88
Nouvelle VII. — Le Soudan de Babylonie envoie sa fille en mariage au roi de Garbe. Celle-ci, par suite de nombreux accidents, tombe dans l’espace de quatre années aux mains de neuf hommes qui l’emmènent en divers pays. En dernier lieu, rendue à son père comme pucelle, elle est de nouveau envoyée au roi de Garbe. 
 99
Nouvelle VIII. — Le comte d’Angers, faussement accusé, s’enfuit en exil et laisse ses deux enfants en Angleterre. Revenu incognito, il les trouve en bonne situation, va comme palefrenier à l’armée du roi de France, et, reconnu innocent, est rétabli dans son premier état. 
 116
Nouvelle IX. — Bernabo de Gênes, induit en erreur, perd son argent et ordonne de tuer sa femme innocente. Celle-ci se sauve et entre, sous des habits d’homme, au service du Soudan. Elle retrouve celui qui a trompé son mari, le fait punir, et ayant repris ses habits de femme, elle revient avec son mari à Gênes. 
 129
Nouvelle X. — Paganino de Monaco enlève la femme de messer Ricciardo da Chinzica, lequel, ayant appris où elle est, va la redemander à Paganino. Mais elle ne veut pas retourner avec lui, et messer Ricciardo étant mort, elle devient la femme de Paganino. 
 140
Dans laquelle, sous le commandement de Néiphile, on devise de ceux qui, par leur adresse, ont acquis ce qu’ils avaient longtemps désiré, ou qui ont recouvré ce qu’ils avaient perdu. 
 149
Nouvelle I. — Masetto de Lamporeschio s’étant fait passer pour muet, devient jardinier d’un couvent de nonnes qui finissent toutes par coucher avec lui. 
 152
Nouvelle II. — Un palefrenier couche avec la femme du roi Agilulf. Ce dernier s’en aperçoit, retrouve le coupable et lui tond une mèche de cheveux. Le tondu tond à son tour ses camarades, et se tire ainsi de sa male aventure. 
 157
Nouvelle III. — Sous prétexte de confession et de pureté de conscience, une dame énamourée d’un jouvenceau pousse un moine, sans que celui-ci s’aperçoive de la supercherie, à lui faciliter le moyen de voir son amant. 
 161
Nouvelle IV. — Don Felice enseigne à frère Puccio comment il deviendra bienheureux en faisant une certaine pénitence. Pendant que frère Puccio fait cette pénitence, don Felice se donne du bon temps avec la femme de celui-ci. 
 169
Nouvelle V. — Le Magnifique donne son palefroi à messer Francesco Vergellesi, sous condition de parler seul avec sa femme. Celle-ci ne répondant pas, il fait lui-même la réponse, dont l’effet ne tarde pas à s’ensuivre. 
 173
Nouvelle VI. — Ricciardo Minutolo aime la femme de Filippello Fighinolfo. Sachant qu’elle était jalouse de son mari, il lui dit que Filippello a un rendez-vous le jour suivant dans une maison de bain avec sa femme à lui. La dame ne manque pas d’y aller et, croyant être avec son mari, elle couche avec Ricciardo 
 178
Nouvelle VII. — Tedaldo irrité contre une sienne maîtresse, part de Florence. Il y revient quelque temps après sous un déguisement de pélerin : il parle à sa maîtresse, lui fait reconnaître son erreur, sauve la vie de son mari qui était accusé de l’avoir tué, le réconcilie avec ses frères, et jouit, en paix des faveurs de la dame. 
 185
Nouvelle VIII. — Ferondo avale une certaine poudre et est enterré comme mort. Tiré du sépulcre par l’abbé qui jouit de sa femme, il est tenu par celui-ci en prison, et on lui fait croire qu’il est dans le purgatoire. Une fois ressuscité, il élève comme sien un fils que l’abbé avait eu avec sa femme. 
 198
Nouvelle IX. — Giletta de Narbonne guérit le roi de France d’une fistule. Elle demande pour mari Beltram de Roussillon, lequel l’ayant épousée contre sa volonté, s’en va de dépit à Florence. Là, il fait la cour à une jeune fille et couche avec Giletta, croyant coucher avec elle. Il en a deux fils : pour quoi, par la suite, la tenant pour chère, il l’honore comme sa femme. 
 206
Nouvelle X. — Alibech s’étant faite ermite, le moine Rustico lui apprend à remettre le diable en enfer. Elle devient ensuite la femme de Néerbale. 
 213
Dans laquelle, sous le commandement de Philostrate, on devise de ceux dont les amours eurent une fin malheureuse. 
 221
Nouvelle I. — Tancrède, prince de Salerne, tue l’amant de sa fille, et envoie à celle-ci le cœur de son amant dans une coupe d’or. La jeune fille boit du poison et meurt. 
 227
Nouvelle II. — Frère Alberto fait croire à une dame que l’ange Gabriel est amoureux d’elle, et se faisant passer pour l’ange Gabriel, il couche plusieurs fois avec la dame. Surpris par les parents de cette dernière, il se sauve de chez elle et se réfugie chez un pauvre homme qui, le lendemain, le conduit sur la place sous le déguisement d’un homme sauvage. Là ; il est reconnu, pris et mis en prison. 
 235
Nouvelle III. — Trois jouvenceaux aiment trois sœurs et s’enfuient avec elles en Crète. L’aînée tue son amant par jalousie ; la seconde lui sauve la vie en couchant avec le duc de Crète. Son amant l’ayant su, la tue et s’enfuit avec la sœur aînée. Le troisième amant et la troisième sœur sont accusés du meurtre ; ils sont mis en prison, corrompent le gardien et se sauvent à Rhodes, où ils meurent dans la misère. 
 243
Nouvelle IV. — Gerbino, malgré la parole donnée par son aïeul le roi Guiglielmo, attaque un navire du roi de Tunis pour enlever la fille de ce dernier. Celle-ci est tuée par ceux qui étaient sur le navire, Gerbino les tue tous, et a, à son tour, la tête tranchée par ordre de son aïeul. 
 248
Nouvelle V. — Les frères de Lisabetta tuent l’amant de celle-ci. Il lui apparaît en songe et lui montre l’endroit où il est enterré. Elle le retrouve, lui coupe la tête et l’enterre dans un pot de basilic sur lequel elle ne cesse de pleurer. Ses frères lui enlèvent le pot de basilic, et elle meurt peu après de chagrin. 
 253
Nouvelle VI. — L’Andreuola aime Gabriotto. Ils se racontent chacun un songe qu’ils ont eu ; après quoi Gabriotto meurt dans les bras de sa maîtresse. Pendant que celle-ci, aidée de sa servante, le porte chez lui, elles sont prises par les gens de la Seigneurie. Le podestat veut lui faire violence ; mais elle ne le souffre pas. Son père l’ayant appris, et son innocence ayant été reconnue, elle est mise en liberté. Ne voulant plus vivre dans le monde, elle se fait religieuse. 
 257
Nouvelle VII. — La Simone aime Pasquino ; ils se donnent rendez-vous dans un jardin. Pasquino s’étant frotté les dents avec une feuille de sauge, meurt. La Simone est prise, et voulant montrer au juge comment est mort Pasquino, elle se frotte les dents avec une feuille de sauge et meurt à son tour. 
 263
Nouvelle VIII. — Girolamo aime la Salvestra. Cédant aux prières de sa mère, il va à Paris ; quand il revient, il trouve la Salvestra mariée. Il pénètre en cachette chez elle et meurt à ses côtés. On le porte à l’église où la Salvestra meurt à son tour à côté de lui. 
 267
Nouvelle IX. — Messer Guiglielmo Rossiglione donne à manger à sa femme le cœur de messer Guiglielmo Guardastagno qu’il a tué et qu’elle aime. La dame l’ayant su, se jette par la fenêtre et se tue. Elle est ensevelie avec son amant. 
 271
Nouvelle X. — La femme d’un médecin met dans un coffre son amant endormi et qu’elle croit mort. Deux usuriers emportent le coffre chez eux. L’amant est découvert et pris pour un voleur. La servante de la dame raconte à la Seigneurie que c’est elle qui l’a mis dans le coffre volé par les usuriers, de sorte qu’il échappe à la potence ; les usuriers sont condamnés à l’amende pour avoir volé le coffre. 
 274
Dans laquelle, sous le gouvernement de Fiammetta, on devise de ce qui est arrivé d’heureux à certains amants après plusieurs aventures cruelles ou fâcheuses. 
 285
Nouvelle I. — Cimon devient sensé en devenant amoureux, et enlève en mer sa dame Ephigénie. Il est mis en prison à Rhodes. Lisimaque l’en tire, et tous les deux enlèvent Ephigénie et Cassandre au milieu de leurs noces. Ils s’enfuient avec elles en Crète où ils les épousent, et, devenus riches, ils sont rappelés chez eux. 
 286
Nouvelle II. — Costanza aime Martuccio Gomito. Entendant dire qu’il était mort, elle monte de désespoir dans une barque qui est poussée par le vent à Suse. De là, elle s’en va à Tunis où elle le retrouve vivant. Elle se fait connaître à lui et l’épouse. Martuccio, devenu riche, s’en revient avec elle à Lipari. 
 295
Nouvelle III. — Pietro Boccamazza s’enfuit avec l’Agnolella. Il rencontre des voleurs ; la jeune fille fuit à travers une forêt et arrive vers un château. Pietro est pris par les voleurs et se sauve de leurs mains. Après divers accidents, il arrive au château où était l’Agnolella, et l’ayant épousée, il s’en revient avec elle à Rome. 
 300
Nouvelle IV. — Ricciardo Manardi est trouvé par messer Lizio da Valbona avec la fille de celui-ci. Il l’épouse et fait sa paix avec le père. 
 306
Nouvelle V. — Guidotto da Cremona laisse à Giacomino da Pavia une petite fille et meurt. Celle-ci devenue grande et demeurant à Faenza, est aimée par Giannole di Severino et Minghino dit Mingole qui se la disputent. La jeune fille est reconnue pour être la sœur de Giannole et épouse Minghino. 
 310
Nouvelle VI. — Gianni di Procida est trouvé avec une jeune fille qu’il aime et qui avait été donnée au roi Federigo. Tous deux sont liés à un pal pour être brûlés. Mais Gianni est reconnu par Ruggierri dell’Oria : il échappe au supplice et épouse sa dame. 
 315
Nouvelle VII. — Théodore, amoureux de Violante, fille de messer Amerigo, son seigneur, la rend grosse et est condamné à être pendu. Pendant qu’on le conduit au supplice en le fouettant de verges, il est reconnu par son père et mis en liberté ; après quoi il épouse Violante. 
 320
Nouvelle VIII. — Nastagio degli Onesti aimant une dame de la famille des Traversari, dépense toute sa fortune sans parvenir à se faire aimer. Sur les instances des siens, il s’en va à Chiassi. Là, il voit un chevalier donner la chasse à une jeune femme, la tuer et la donner à dévorer à deux chiens. Il invite à déjeuner ses parents et la dame qu’il aime, et celle-ci voit la même jeune femme subir le susdit supplice. Craignant qu’il lui en arrive autant, elle consent à prendre Nastagio pour mari. 
 325
Nouvelle IX. — Federigo degli Alberighi aime et n’est point aimé. Ayant dépensé tout son bien en prodigalités, il ne lui reste plus qu’un faucon qu’il donne à manger à sa dame venue chez lui pour le voir. Celle-ci apprenant cette nouvelle preuve d’amour, change de sentiment, le prend pour mari et le fait riche. 
 330
Nouvelle X. — Pietro di Vinciolo va dîner hors de chez lui. Sa femme fait venir un jeune garçon. Pietro étant revenu, elle cache le garçon sous une cage à poules. Pietro raconte qu’on vient de trouver chez Arcolano, avec lequel il soupait, un jouvenceau que sa femme y avait introduit. La dame blâme vivement la femme d’Arcolano. Par malheur, un âne pose son pied sur les doigts du garçon qui était sous la cage. Il crie, Pietro y court, le voit et reconnaît la fourberie de sa femme, avec laquelle il s’accorde pourtant afin de satisfaire sa vile passion. 
 335

Dans laquelle, sous le gouvernement d’Élisa, on devise de ceux qui, provoqués par quelque bon mot, ont riposté, ou qui, par une prompte réponse ou une sage prévoyance, ont évité perte, danger ou honte. 
 345
Nouvelle I. — Un cavalier engage madame Oretta à monter en croupe derrière lui, promettant de lui raconter une nouvelle. La dame trouvant qu’il raconte fort mal, le prie de la remettre à terre. 
 347
Nouvelle II. — Le boulanger Cisti fait d’un mot revenir messer Geri Spina de sa demande indiscrète. 
 348
Nouvelle III. — Monna Nonna de’Pulci, par une prompte répartie à une plaisanterie rien moins qu’honnête de l’évêque de Florence, lui impose silence. 
 351
Nouvelle IV. — Chichibio, cuisinier de Conrad Gianfigliazzi, par une prompte répartie change en rire la colère de Conrad, et échappe au châtiment dont ce dernier l’avait menacé. 
 353
Nouvelle V. — Messer Forese da Rabatta et maître Giotto, le peintre, revenant de Mugello, se moquent mutuellement de leur laide apparence. 
 355
Nouvelle VI. — Michele Scalza prouve à certains jeunes gens comme quoi les Baronci sont les plus anciens gentilshommes du monde et de la Maremme, et gagne un souper. 
 357
Nouvelle VII. — Madame Filippa, trouvée par son mari avec un sien amant, et appelée en justice, se sauve par une prompte et plaisante réponse, et fait changer la loi. 
 358
Nouvelle VIII. — Fresco invite sa nièce à ne pas se regarder en un miroir, puisque, comme elle le disait, les gens laids lui déplaisaient à voir. 
 361
Nouvelle IX. — Guido Cavalcanti injurie en termes polis certains chevaliers florentins qui l’avaient surpris. 
 362
Nouvelle X. — Frère Cipolla promet à des paysans de leur montrer la plume de l’ange Gabriel. Trouvant à la place de celle-ci des charbons, il leur dit que ce sont les charbons qui avaient fait griller saint Laurent. 
 364
Dans laquelle, sous le gouvernement de Dioneo, on devise des tromperies que les femmes, poussées par l’amour ou en vue de leur propre salut, ont faites à leurs maris, que ceux-ci s’en soient aperçus ou non. 
 376
Nouvelle I. — Gianni Lotteringhi entend frapper la nuit à sa porte et réveille sa femme. Celle-ci lui fait croire que c’est un fantôme. Tous deux vont le conjurer avec une prière, et le bruit cesse. 
 379
Nouvelle II. — Peronella entendant son mari rentrer, fait cacher un sien amant dans un cuvier que le mari venait justement de vendre. Elle lui dit qu’elle l’a vendu de son côté à quelqu’un qui est entré dedans pour voir s’il est en bon état. L’amant étant sorti du cuvier, le fait nettoyer par le mari pendant qu’il caresse la femme, puis le fait porter chez lui. 
 382
Nouvelle III. — Frère Renaud couche avec sa commère. Le mari le trouve dans la chambre de celle-ci, et tous deux lui font croire qu’ils conjuraient les vers de son petit enfant. 
 385
Nouvelle IV. — Tofano laisse une nuit sa femme à la porte de sa maison. La dame voyant que les prières sont inutiles, fait semblant de se jeter dans un puits et y jette une grosse pierre. Tofano sort de la maison et court au puits pendant ce temps, sa femme rentre dans la maison, le ferme dehors et lui dit des injures par la fenêtre. 
 390
Nouvelle V. — Un mari jaloux se déguise en prêtre et confesse sa femme. Celle-ci lui fait croire qu’elle aime un prêtre, lequel vient la trouver toutes les nuits. Pendant que le jaloux fait le guet pour surprendre le prêtre la dame fait venir par les toits un sien amant et se divertit avec lui. 
 393
Nouvelle VI. — Madame Isabetta, se trouvant chez elle avec son amant Leonetto, reçoit la visite de messer Lambertuccio qui l’aime. Son mari étant survenu sur ces entrefaites, la dame fait sortir de chez elle messer Lambertuccio avec un couteau à la main, comme s’il était à la poursuite de Leonetto qu’elle fait ensuite reconduire par son mari. 
 400
Nouvelle VII. — Ludovic découvre à madame Béatrice l’amour qu’il lui porte. La dame envoie son mari Egano à sa place dans le jardin, et couche avec Ludovic, lequel s’étant ensuite levé, va dans le jardin et bâtonne Egano. 
 403
Nouvelle VIII. — Un mari devient jaloux de sa femme. Celle-ci s’attache la nuit une ficelle au doigt de pied pour connaître quand son amant vient la trouver. Le mari s’aperçoit du stratagème ; il poursuit l’amant, et pendant ce temps la dame fait coucher à sa place, dans son lit, une autre femme qu’à son retour le mari bat et à qui il arrache les cheveux. Il va ensuite chercher les frères de sa femme ; ceux-ci, trouvant que ce qu’il leur a dit n’est point vrai, l’accablent d’injures. 
 408
Nouvelle IX. — Lidia, femme de Nicostrate, aime Pirrus. Celui-ci, pour croire à son amour, lui demande trois choses qu’elle fait toutes les trois ; en outre, en présence de Nicostrate, elle se satisfait avec Pirrus et fait croire à Nicostrate que ce qu’il a vu n’est point vrai. 
 414
Nouvelle X. — Deux Siennois aiment une dame commère de l’un d’eux. Le compère meurt et revient trouver son ami, selon la promesse qu’il lui avait faite, et lui raconte ce qu’il y a dans l’autre monde. 
 423
Dans laquelle, sous le gouvernement de Lauretta, on devise des tromperies que chaque jour les femmes font aux hommes, de celles que les hommes font au femmes, ou de celles que les hommes se font entre eux. 
 429
Nouvelle I. — Gulfardo obtient de la femme de Guasparruolo de coucher avec elle moyennant une somme d’argent. Il emprunte la somme au mari et la donne à la dame. Puis, en présence de cette dernière, il dit à Guasparruolo qu’il a rendu à sa femme l’argent prêté et celle-ci est obligée de dire que c’est vrai. 
 429
Nouvelle II. — Le curé de Varlungo couche avec Monna Belcolore. Il lui laisse en gage son manteau et lui emprunte un mortier. Quelque temps après il lui renvoie le mortier en lui faisant redemander le manteau qu’il dit lui avoir laissé en garantie. La dame rend le manteau en exhalant sa mauvaise humeur par un proverbe de circonstance. 
 432
Nouvelle III. — Calandrino, Bruno et Buffamalco vont dans la plaine du Mugnon chercher la pierre précieuse appelée l’Elitropia. Calandrino croit l’avoir trouvée. Il revient chez lui chargé de pierres. Sa femme l’ayant querellé, il entre en colère et la bat, puis il raconte à ses compagnons ce qu’ils savent mieux que lui. 
 436
Nouvelle IV. — Le prévôt de Fiesole aime une dame veuve dont il n’est point aimé. Il couche avec sa servante croyant coucher avec elle, et les frères de la dame, d’accord avec celle-ci, font de telle sorte que le prévôt est trouvé par son évêque couché avec la servante. 
 443
Nouvelle V. — Trois jouvenceaux tirent les culottes à un juge marquisan venu à Florence, pendant qu’il tenait l’audience sur son siège. 
 447
Nouvelle VI. — Bruno et Buffamalcco volent un cochon à Calandrino ; pour le retrouver, ils lui font une épreuve magique qui consiste à avaler des pilules de gingembre préparées pour les chiens, et dont le résultat est que c’est Calandrino qui a volé lui-même le cochon. Ils finissent par lui faire donner de l’argent pour qu’ils ne le disent pas à sa femme. 
 450
Nouvelle VII. — Un écolier aime une dame. Celle-ci amoureuse d’un autre le fait rester toute une nuit à l’attendre dans la neige. L’écolier, pour s’en venger, trouve à son tour le moyen de faire rester la dame toute nue, pendant une nuit et un jour, en plein mois de juillet, au sommet d’une tour exposée aux mouches, aux taons et au soleil. 
 455
Nouvelle VIII. — Deux hommes mariés se fréquentent journellement ; l’un d’eux couche avec la femme de l’autre, lequel s’en étant aperçu, s’entend avec la femme du traître pour enfermer celui-ci dans une caisse sur laquelle ils prennent ensuite tous deux leurs ébats. 
 471
Nouvelle IX. — Maître Simon, médecin, ayant été conduit de nuit en certain lieu par Bruno et Buffamalcco pour faire partie d’une troupe qui allait en course, est jeté par Buffamalcco dans une fosse d’ordures et y est laissé. 
 477
Nouvelle X. — Une Sicilienne enlève par ruse à un marchand l’argent qu’il avait apporté à Palerme ; celui-ci y étant revenu et feignant d’y avoir apporté encore plus de marchandises que la première fois, emprunte de l’argent à la dame et lui laisse en paiement de l’eau et de l’étoupe. 
 491
Dans laquelle, sous le commandement d’Emilia, chacun devise comme il lui plaît et de ce qui lui agrée le mieux. 
 502
Nouvelle I. — Madame Francesca, aimée d’un certain Rinuccio et d’un certain Alessandro, et n’en aimant aucuns, s’en débarrasse adroitement en faisant entrer l’un dans un tombeau comme s’il était mort, et en faisant que l’autre aille l’en tirer, de sorte que ni l’un ni l’autre ne peuvent arriver à leurs fins. 
 503
Nouvelle II. — Une abbesse se lève en toute hâte et dans l’obscurité, pour aller surprendre au lit une de ses nonnes qu’on lui avait dit être couchée avec son amant. Étant elle-même couchée avec un prêtre, elle croit mettre sur sa tête son voile appelé psautier, et y met les culottes du prêtre ; ce que voyant la nonne accusée, elle l’en fait apercevoir, est absoute et peut tout à son aise rester avec son amant. 
 507
Nouvelle III. — Maître Simon, sur les instances de Bruno, de Buffamalcco et de Nello, fait croire à Calandrino qu’il est en mal d’enfant. Ce dernier, en guise de médecine, donne aux susdits compères des chapons et de l’argent et guérit sans accoucher. 
 510
Nouvelle IV. — Cecco Fortarrigo joue tout ce qu’il possède ainsi que l’argent de Cecco Angiulieri son maître ; puis il se met à courir en chemise après ce dernier, disant qu’il l’avait volé ; il le fait prendre par des paysans, revêt ses habits, monte sur son cheval et revient en laissant Angiulieri en chemise. 
 513
Nouvelle V. — Calandrino s’amourache d’une jeune fille. Bruno lui fait un talisman sous forme d’écrit, en lui disant qu’aussitôt qu’il en toucherait la jeune fille, celle-ci le suivrait. Calandrino ayant obtenu un rendez-vous, sa femme le surprend et fait grand tapage. 
 517
Nouvelle VI. — Deux jeunes gens logent chez un hôtelier. L’un couche avec sa fille, l’autre avec sa femme. Celui qui avait couché avec la fille couche ensuite dans le même lit que le père auquel il raconte tout, croyant le dire à son compagnon. Une dispute s’ensuit. La femme de l’hôtelier, étant allée dans le lit de la fille, arrange tout avec certaines paroles. 
 523
Nouvelle VII. — Talano dit Molese rêve qu’un loup déchire la gorge et le visage de sa femme ; il lui dit d’y prendre garde ; elle n’en fait rien, et la chose lui arrive. 
 527
Nouvelle VIII. — Biondello se joue de Ciacco en lui faisant faire un mauvais déjeuner ; de quoi Ciacco se venge cauteleusement en faisant battre Biondello. 
 529
Nouvelle IX. — Deux jeunes gens demandent conseil à Salomon, l’un pour savoir comment il pourrait être aimé, l’autre comment il pourrait corriger sa femme acariâtre. Il répond au premier d’aimer, et à l’autre d’allet au Pont-aux-Oies. 
 532
Nouvelle X. — Maître Jean, sur les instances de son compère Pierre, fait un enchantement pour changer la femme de celui-ci en jument. Quand il en vient à appliquer la queue, compère Pierre, disant qu’il n’y voulait pas de queue, gâte toute l’opération. 
 536
Dans laquelle, sous le gouvernement de Pamphile, on devise de ceux qui par libéralité ou par munificence, ont fait œuvre d’amour ou autre. 
 542
Nouvelle I. — Un chevalier sert le roi d’Espagne. Il croit en être mal récompensé ; sur quoi le roi lui prouve que ce n’est pas sa faute, mais bien celle de sa mauvaise fortune, puis il lui fait de magnifiques présents. 
 542
Nouvelle II. — Ghino di Tacco fait prisonnier l’abbé de Cluny et le guérit d’une maladie d’estomac ; puis il lui rend la liberté. L’abbé, de retour à Rome, réconcilie Ghino avec le pape Boniface et le fait nommer prieur de l’hôpital. 
 545
Nouvelle III. — Mitridanes, envieux de la générosité de Nathan, et étant allé pour le tuer, lui parle sans le connaître. Nathan lui indique le moyen d’atteindre son but, et Mitridanes va l’attendre, selon ses indications, dans un petit bois où, l’ayant reconnu, il a honte de son crime et devient son ami. 
 549
Nouvelle IV. — Messer Gentile de Carisendi, de retour de Modène, tire du tombeau où on l’avait ensevelie comme morte, une dame aimée de lui. Revenue à elle, cette dame accouche d’un enfant mâle, et messer Gentile la rend, elle et l’enfant, à Niccoluccio Caccianimico, son mari. 
 554
Nouvelle V. — Madame Dianora demande à messer Ansaldo un jardin aussi beau en janvier qu’au mois de mai. Messer Ansaldo, avec l’aide d’un nécromancien, le lui donne. Son mari lui accorde la permission de se mettre à la disposition de messer Ansaldo. Celui-ci ayant appris la générosité du mari, la relève de sa promesse, et de son côté le nécromancien, sans rien vouloir de lui, tient messer Ansaldo pour quitte. 
 560
Nouvelle VI. — Le roi Charles le Victorieux, étant vieux, devient amoureux, d’une jeune fille. Rougissant de son fol amour, il la marie honorablement ainsi qu’une de ses sœurs. 
 564
Nouvelle VII. — Le roi Pierre ayant appris le fervent amour que lui portait Lisa, va la voir pendant qu’elle est malade et la console. Puis il la marie à un gentil chevalier, la baise au front, et dès ce moment se proclame pour toujours son chevalier. 
 569
Nouvelle VIII. — Sophronie se croyant la femme de Gisippe devient celle de Titus Quintus Fulvius et part avec lui pour Rome où Gisippe arrive lui-même en pauvre état. Se croyant méprisé par Titus, il s’accuse d’avoir tué un homme afin de trouver la mort. Titus l’ayant reconnu, se déclare l’auteur du meurtre pour sauver Gisippe ; ce que voyant, le véritable coupable se dénonce lui-même. Sur quoi, tous sont mis en liberté par Octave, et Titus donne sa sœur pour femme à Gisippe et lui fait partager tout son bien. 
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Nouvelle IX. — Le Saladin, déguisé en marchand, est honorablement traité par messer Torello. Ce dernier, partant pour la croisade, fixe à sa femme un délai pour se remarier. Il est fait prisonnier et est conduit vers le Soudan en qualité de fauconnier. Le Soudan le reconnaît, se fait reconnaître par lui et le comble d’honneurs. Messer Torello tombe malade et est transporté en une nuit à Pavie par l’art d’un magicien. Il assiste aux noces qui se faisaient pour sa femme qui se remariait, est reconnu par elle, et rentre avec elle dans sa maison. 
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Nouvelle X. — Le marquis de Saluces, forcé par les prières de ses vassaux de prendre femme, afin de la prendre à sa fantaisie, épouse la fille d’un vilain de laquelle il a deux enfants qu’il fait semblant de faire tuer. Puis, donnant à croire à sa femme qu’il ne veut plus d’elle et qu’il a pris une autre femme, il fait revenir chez lui sa fille comme si elle était sa nouvelle femme, après avoir chassé la première en chemise. Quand il a vu qu’elle prenait toutes ces épreuves en patience, il la reconduit dans sa maison, la tenant pour plus chère que jamais ; il lui montre ses enfants devenus grands et l’honore et la fait honorer comme marquise. 
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