Le Coureur des bois (Gabriel Ferry)/II/XI

Librairie Hachette et Cie (2p. 145-155).

CHAPITRE XI

OÙ BARAJA, QUI A SEMÉ LE VENT, CONTINUE À RÉCOLTER LES TEMPÊTES.


Laissons pour un instant les assiégés faire un énergique appel à tout ce que les fatigues et l’habitude des dangers avaient développé en eux de force physique, de courage moral et de fécondité d’esprit, pour préciser plus nettement les dangers qui les menacent et grossissent au milieu du silence obstiné gardé par les assiégeants, derrière les rochers où ils s’abritent.

Cinq Indiens, c’est le nombre auquel la carabine des chasseurs et l’embuscade de la plaine les a réduits, dépouillés de leurs coiffures de plumes et de leurs manteaux flottants de peaux de bison, le corps à moitié nu, sont couchés derrière leur rempart ; et leurs yeux, brillant du désir de la vengeance, épient ardemment, à travers les tiges des buissons, le moindre mouvement de l’ennemi.

En face d’eux s’élève le sépulcre indien avec ses ornements funèbres et ses créneaux de rochers, dont les interstices ne laissent rien voir. Le vent agite quelques herbes sèches au sommet de l’éminence où sont blottis les trois chrétiens ; les rameaux de sapins se balancent lentement au-dessus d’eux. Nul vestige de corps humain n’est visible ; aucun canon de fusil ne luit au soleil, et cependant les Apaches savent qu’à la moindre imprudence de leur part, de cette plate-forme déserte en apparence, jaillira soudain un éclair qui portera la mort avec lui.

Au-dessus d’eux le vieux renégat blanc et Sang-Mêlé, tous deux assis, leur longue et pesante carabine à leur côté, tous deux fumant la pipe indienne au fourneau de terre rouge, jettent de temps à autre un regard sinistre sur Baraja, pâle et inquiet.

Aux terreurs que lui inspirent ses formidables protecteurs se joint l’inquiétude que lui cause la découverte probable du merveilleux gîte d’or.

Baraja avait vu le dernier Indien frappé par la balle du vieux coureur des bois tomber au milieu du vallon, et il tremblait que, dans les convulsions de son agonie, l’Apache n’eût écarté les branches qui en couvraient la surface. Tant que son secret lui appartenait, pensait-il, sa vie était en sûreté, parce qu’il était un allié indispensable ; mais que du haut du rocher un coup d’œil révélât au farouche métis l’emplacement réel du trésor, sa fourberie devenait évidente, et peut-être alors Sang-Mêlé se ferait-il un jeu cruel de rendre aux Indiens la victime qu’ils regrettaient, et dont l’existence serait pour lui désormais inutile.

Le malheureux tremblait à la fois pour sa vie et pour son trésor.

« Écoutez, Visage-Pâle, dit enfin le métis avec tout l’orgueil de la race indienne, Main-Rouge et moi nous avons voulu jusqu’à ce moment, en abandonnant les Indiens à leurs seules ressources, leur laisser sentir qu’ils ne sont ni de force ni de taille à lutter contre ces trois blancs ; mais le moment approche où nous allons faire voir à ces coquins la différence qui existe entre des milans et des aigles. N’est-ce pas vrai, ce que je dis là ? ajouta Sang-Mêlé en répétant en anglais à Main-Rouge ce qu’il venait de dire à Baraja.

– Assurément, répondit le vieux renégat blanc avec un sourire féroce, mon fils et moi nous assisterons au supplice de l’insolent drôle qui veut jeter notre langue aux corbeaux. »

Sang-Mêlé continua :

« Bien avant que le soleil soit couché, dit-il en le montrant, ces trois chasseurs désarmés imploreront ma pitié ; mais mes oreilles seront sourdes, ne l’oubliez pas, l’ami. »

Baraja s’inclina silencieusement et le cœur serré.

Le métis lança au Mexicain un regard farouche, et reprit :

« Si donc alors je m’aperçois que vous m’avez trompé, si là-haut je ne trouve pas le trésor que vous m’avez promis, les tourments auxquels je vous ai soustrait, les tortures qu’endureront ces chasseurs, seront douces comme la rosée du ciel après un jour brûlant, en comparaison du supplice que je vous infligerai…, moi-même.

– Quoi ! s’écria alors avec angoisse le malheureux Mexicain, dont tous les nerfs tressaillirent au seul souvenir du sort qui l’avait un instant menacé entre les mains des Indiens, si par hasard ce n’était pas là-haut que se trouvât le trésor, si je m’étais trompé d’emplacement ?… »

Main-Rouge avait mal compris Baraja, et ses yeux étincelèrent de rage. Il dégaina son couteau.

« Ainsi, dit-il d’une voix sourde, vous avouez nous avoir sciemment trompés… Ah ! il n’y a plus de trésors !

— Silence, trafiquant de chevelures indiennes, s’écria à son tour le métis d’une voix tonnante. L’âge trouble votre intelligence. Cet homme ne dit point que le trésor n’existe pas. Et puis, que vous importe ? ajouta-t-il ; qui vous dit que je consentirai à le partager avec vous ? Ah ! dit en rugissant le renégat, vous ne partagerez pas avec moi, fils d’une louve indienne ! Eh bien… »

Les deux bêtes féroces se mesurèrent un instant de l’œil, comme si la lutte sacrilège qu’avait racontée Pepe allait se renouveler.

« Allons, allons, dit le métis, qui était peut-être le seul au monde qui eût pris de l’ascendant sur le farouche Américain, si je suis content de vous, je vous jetterai quelques os à ronger ; mais je prendrai la part du plus fort, entendez-vous ? »

Le vieux renégat gronda sourdement et n’ajouta plus rien ; puis Sang-Mêlé se recoucha en aspirant la fumée de son calumet.

Quand le métis eut secoué les dernières cendres de sa pipe, il se leva lentement, comme le tigre qui s’étire après son sommeil, aux premières teintes du crépuscule du soir, et flaire le vent, prêt à se mettre en chasse.

« Il est temps d’en finir, dit-il au vieux Main-Rouge, qui, après l’orage qui avait été près d’éclater, était retombé dans une apathie complète. Voyons si la mort de trois des leurs aura éteint ou ranimé la soif de la vengeance dans l’âme de nos alliés.

– Ils n’en seront que plus obstinés à vouloir leurs trois ennemis en vie, répondit l’Américain ; vous le savez comme moi, et qui peut prévoir quand nous pourrons parvenir à nous en rendre maîtres ? Le temps presse, et mon avis est que, sans tant de façons, nous fassions en sorte de les tuer le plus tôt possible.

– Vraiment ! reprit Sang-Mêlé d’un air moqueur ; la soif de l’or vous talonne, c’est fort bien ; mais comment vous y prendrez-vous pour faire sortir ces renards de leur terrier et les tuer sans tant de façons ? »

Le renégat chercha quelques moments une réponse satisfaisante à la question de son fils, et, faute d’en trouver une, il garda le silence.

« Vous voyez, continua Sang-Mêlé, que vous n’en viendrez pas facilement à bout sans l’aide de ces Indiens, et voilà pourquoi je veux savoir s’ils persistent dans leur projet d’amener à leur chef ses trois ennemis pieds et poings liés. Quoique, pour mon compte, je préférerais la moindre parcelle de l’or que nous promet ce loup-cervier blanc à tout le sang contenu dans les veines de ces trois chasseurs…

– Sang-Mêlé est dans un de ses jours de clémence, interrompit ironiquement le brigand américain ; qu’il en soit à votre fantaisie et à celle de ces… Indiens ; mais finissons-en. »

Sans plus tarder, le métis toucha du doigt l’un des guerriers sauvages couchés au-dessus de lui. L’Indien se retourna et descendit. C’était celui qui s’était désigné lui-même sous le nom de Chamois. Il fixa sur Sang-Mêlé deux yeux ardents dans lesquels se lisait un ressentiment sombre, qu’on eût été embarrassé d’attribuer à la défiance plutôt qu’au mécontentement, et qui exprimait peut-être l’un et l’autre.

« Que veut El-Mestizo à l’Indien qui regrette trois de ses frères ? demanda le guerrier.

– Savoir une chose qui m’embarrasse, dit Sang-Mêlé : c’est de trouver le moyen de prendre vivants ces trois guerriers blancs, dont les mains sont si rouges du sang indien. Un nuage qui obscurcit l’esprit de Sang-Mêlé l’empêche d’en trouver un ; il faut tuer les trois blancs.

– Il y a un moyen. Pendant que nous chasserons là dans la plaine, pendant que nous mangerons la chair des élans ou des daims, tandis que la fumée de notre venaison montera jusqu’au sommet du rocher où sont les trois blancs, la faim s’assiéra au milieu d’eux.

– C’est bien long, reprit le métis ; les Apaches auront à compter plusieurs jours et plusieurs nuits.

– Ils les passeront.

– Les heures de Sang-Mêlé et de Main-Rouge sont précieuses ; leurs affaires les appellent au delà de ces montagnes. Ils ne peuvent rester plus longtemps que jusqu’au prochain soleil. Le Chamois ne trouve-t-il pas de meilleur moyen que la faim ?

– Mon frère indien en trouvera un, parce qu’aux qualités de l’Indien il joint l’esprit subtil des blancs, à qui rien n’est impossible. El-Mestizo l’a promis, il n’a qu’une parole.

— Le Chamois, reprit le rusé métis, n’a qu’une parole aussi, et il a dit : « Le Chamois consent à sacrifier sa vie et celle de ses guerriers pour prendre les trois blancs vivants. »

– Le Chamois n’a qu’une parole, » reprit noblement l’Indien.

Sang-Mêlé parut réfléchir quelques minutes, quoique son plan fût tout fait d’avance. Il avait craint un instant de n’avoir pour alliés, en dépit des fanfaronnades du Chamois, que des hommes pusillanimes, et il s’applaudit au fond de l’âme du courage mâle et sans faste qu’il trouvait dans l’un des guerriers qui l’accompagnaient. La pensée que le sang indien dût seul couler pour satisfaire sa cupidité était loin aussi de lui déplaire.

« Mon esprit est maintenant sans nuage comme le ciel, mes yeux voient clairement les trois chasseurs entre les mains de leurs ennemis ; mais trois guerriers parmi mes frères ne les verront pas, car la mort s’arrêtera sur eux.

– Sang-Mêlé, dont l’esprit est si subtil, n’aurait pas dû en laisser déjà tuer trois autres, dit l’Indien d’un ton de reproche.

– Sang-Mêlé ne commande pas à son esprit, il attend ses inspirations quand elles veulent venir. Je dis encore : trois guerriers doivent laisser ici leurs ossements.

– Qu’importe ? dit héroïquement l’Indien, l’homme est né pour mourir. Qui sont ceux d’entre nous qui ne reverront plus leur village ?

– Le sort en décidera, répondit le métis.

– Bon, il n’y a plus de temps à perdre, ou l’Oiseau-Noir trouverait que ses guerriers ont été bien longs à se décider à mourir. »

Alors le Chamois fit part à ses compagnons des intentions du métis, et tous, avec plus ou moins d’empressement, mais sans exception, acceptèrent la terrible proposition qui leur était faite.

Restait à connaître le plan du métis.

Ce plan, que l’adresse justement célèbre de Main-Rouge et Sang-Mêlé, jointe à l’héroïsme de leurs alliés, rendait d’une exécution aussi facile que terrible, le lecteur le connaîtra plus tard et pourra en juger. Disons en attendant qu’après l’avoir exposé, le métis s’appuya d’un air théâtral sur le canon de sa carabine, comme s’il eût voulu provoquer une explosion de joie de la part de ses sauvages auditeurs.

Ceux-ci ne la firent pas attendre, et des hurlements de vengeance satisfaite, répétés par deux fois, accueillirent les dernières paroles d’El-Mestizo.

Par deux fois aussi les assiégés y répondirent.

Puis on procéda au tirage de la loterie de mort.

La passion du jeu est plus généralement répandue qu’on ne pense chez les peuplades sauvages d’Amérique. Elle est parfois si violente, que, malgré leur ardeur pour la chasse aux animaux ou la chasse à l’homme, elle l’emporte souvent sur leur soif de sang.

Plus d’une fois on a vu des guerriers en embuscade et près de surprendre leur ennemi le laisser échapper ou se laisser surprendre eux-mêmes au milieu d’une partie d’osselets, jeu favori des Indiens et qui chez eux fait l’office des dés.

Ce fut à cette espèce de jeu que l’on confia le soin de désigner les trois guerriers sur qui, d’après les paroles du métis, la mort devait s’arrêter, et il fut convenu que ce seraient les trois qui amèneraient le moins de points.

Le fatalisme des Indiens ne le cède en rien à celui des Orientaux, et la mort ne les effraie que bien rarement. Chez cette race extraordinaire, la lâcheté est exceptionnelle.

C’était une de ces occasions graves et imposantes où l’Indien affiche toujours le plus complet stoïcisme. Ici surtout les guerriers de l’Oiseau-Noir se trouvaient en présence d’un blanc (ils se plaisaient à regarder le métis comme un de leur race), ils tenaient à montrer une fermeté d’âme inaltérable, au moment où ils allaient procéder à un acte solennel et terrible.

Assis à terre, les jambes croisées, tenant sur leurs genoux la redoutable carabine réservée pour la dernière scène de ce drame sanglant, dont le sacrifice de la vie de trois Indiens allait être l’ouverture, le métis et Main-Rouge s’apprêtaient à marquer les points.

Le premier qui vint tenter les chances du sort fut le Chamois. Sa main remua les osselets et les fit rouler sur le sable. Ses yeux noirs suivirent ardemment leurs évolutions ; mais aucun muscle de sa face n’avait tressailli.

« Vingt-quatre ! le métis après avoir compté, tandis que le renégat, quelque peu plus clerc que ses sauvages compagnons, inscrivait ce chiffre sur le sable.

Dans l’impossibilité de faire revenir les quatre Indiens qui gardaient la plaine, sans les exposer à une mort certaine et inutile, ils avaient été naturellement exceptés du tirage.

Un second guerrier succéda au Chamois. À peine sa main daigna-t-elle agiter les osselets, ils roulèrent une seconde fois sur le sable.

Sept ! s’écria Sang-Mêlé.

– Les guerriers pleureront la mort de Cœur-de-Roc, dit l’Indien en faisant son oraison funèbre ; ils diront que c’était un brave. »

Chacun des osselets n’avait amené qu’un point, et son sort n’était pas douteux ; mais ayant ainsi parlé, l’Indien, par un effort suprême de sa volonté, contint les élans précipités du cœur qui n’avait plus longtemps à battre dans sa poitrine.

Pendant que le guerrier qui venait d’être mis si clairement hors de cause affectait avec un admirable courage une indifférence bien loin de son âme, le sort décidait de la même manière entre les autres. C’était la même gravité, le même silence. Chacun des Indiens tenait à ne pas le céder à l’autre en stoïcisme, et il fallait toute l’impitoyable dureté de cœur des deux témoins de cet héroïsme, pour ne pas se sentir ému à l’aspect de ces braves qui allaient mourir, offerts en holocauste au despotisme d’un chef et à la cupidité du renégat et de son fils.

Bien loin de là, les deux forbans des Prairies savouraient le plaisir de ce spectacle comme jadis les Romains aux fêtes sanglantes du cirque.

Il ne restait plus qu’un Indien qui n’eût pas encore tenté les chances de vie ou de mort. Il n’était guère probable qu’il pût avoir la main aussi malheureuse que Cœur-de-Roc ; mais d’un autre côté, il était douteux qu’il amenât un nombre plus élevé que dix-sept, qui, avec sept et douze, complétait les trois plus bas points annoncés jusqu’alors.

Aussi, malgré tous ses efforts, l’Apache ne put-il s’empêcher de trahir par un tressaillement nerveux ce désir de la vie qui ne veut pas s’éteindre.

L’Américain fronça le sourcil, le métis plissa dédaigneusement les lèvres ; les Indiens firent entendre un sourd murmure.

Le guerrier suspendit sa main prête à lâcher les osselets, et, jetant autour de lui un regard triste et pensif :

« Il y a, dit-il, pour excuser sa faiblesse, il y a dans la hutte du Soupir-du-Vent une jeune femme qui n’y est que depuis neuf lunes, et le fils d’un guerrier qui ne voit aujourd’hui que son troisième soleil. »

Et l’Indien lâcha les osselets.

« Onze ! s’écria presque avec joie le vieux pirate, qui trouvait étonnant qu’on aimât sa femme et son fils.

– La douleur et la faim vont être les hôtes de la hutte du Soupir-du-Vent, » ajouta l’Indien d’une voix douce et musicale d’où lui venait son nom ; et il donnait ses dernières pensées aux deux êtres faibles à qui l’amour et la protection d’un guerrier allaient manquer à la fois.

L’Indien s’assit mélancoliquement à l’écart, et l’on ne s’occupa plus de lui.

Sang-Mêlé jeta du côté de son père un regard de triomphe et de supériorité auquel celui-ci répondit par un sourire de tigre en bonne humeur, car le sang allait couler sous ses yeux.

Comme, d’après le plan du métis, chaque sacrifice humain ne devait avoir lieu que l’un après l’autre, il fut convenu de laisser une seconde fois au sort le soin de désigner le tour de chacune des victimes. Le vieux forban semblait avide de prolonger les délicieuses émotions que ce jeu lui faisait goûter ; il avait été le promoteur de cette nouvelle décision du sort.

Ce fut au Soupir-du-Vent que demeura l’avantage ou, comme on l’aimera mieux, le désavantage de rester le dernier.

« Soyez tranquilles, enfants, dit l’Américain qui, par un reste d’orgueil que lui inspirait sa couleur, se piquait de ne pas employer dans ses discours les figures du langage indien, je me ferai un devoir de jeter vos cadavres dans le gouffre de la cataracte, et du diable si on est tenté d’y aller chercher vos chevelures. »

Baraja cependant était resté spectateur muet sans rien comprendre de tout ce qui venait de se passer. La langue indienne était de l’hébreu pour lui, et il cherchait vainement à deviner l’intérêt que les Apaches prenaient à cette partie d’osselets, improvisée au milieu des opérations du siège de la pyramide.

Deux sentiments luttaient en lui et l’absorbaient tout entier : la peur et la cupidité semblaient à l’envi obscurcir ses facultés. Vingt fois la peur lui conseilla d’avouer au métis que le trésor qu’il convoitait était presque à sa portée, et autant de fois la cupidité étouffa la parole sur ses lèvres. Puis enfin il prit le parti de ne rien dire.

Une idée qui à ses yeux conciliait tout vint luire à son esprit. Si les Indiens s’emparaient de la pyramide du Sépulcre, comme leur nombre le donnait à supposer, pendant que le métis et l’Américain en exploreraient le sommet, il lui serait facile, en ayant l’air de chercher aussi, d’entrer dans le val d’Or et d’y prélever une dîme suffisante pour s’indemniser de ses terreurs et de ses frais de campagne.

Mais il fallait s’assurer si les branches répandues sur la surface du vallon cachaient toujours son secret, et, quoique ce fût une dangereuse tentative, il se résolut à la faire.