Le Correcteur typographe (Brossard)/volume 2/16/01

Imprimerie de Chatelaudren (2p. 411-442).


I

EMPLOI DES GRANDES CAPITALES


On, met, une grande capitale[1] :

1. Au mot commençant une phrase :

Le procès-verbal est accepté…

2. Après les points d’interrogation, d’exclamation, de suspension, quand ces points terminent la phrase :

Vous Voyez que notre programme est chargé. Pourrons-nous le mener à bien ? Je m’en sens la force morale, mais en aurais-je la force pécuniaire ? Enfin, qui vivra verra.
xxxx — Que Dieu vous la garde, Monsieur ! Maintenant je vais partir… Auparavant je voudrais écrire quelques mots à l’adresse de ceux qui me sont si chers… Je puis être tué en duel…

On écrira, au contraire, en employant le bas de casse :

Après lui avoir posé cette question : « Voulez-vous nous dire la vérité ? » ils le mirent en état d’arrestation.
xxxx Est-il donc si nécessaire de crier : « Hélas ! hélas ! » alors que vous n’avez pas su éviter cette catastrophe ?
xxxx Mais là… tout près… ce pli tentateur qui contenait le double…


parce que la phrase n’est pas terminée après le point d’interrogation, le point d’exclamation ou les points de suspension.

Dans certains cas, on doit mettre une grande capitale après une virgule qui tient lieu de deux-points :

La foule criait, d’une part, Vive le Roi ! d’autre part, Vive la Reine !


et parfois aussi en l’absence de toute ponctuation, lorsqu’on rapporte des paroles :

La foule criait Vive le Roi !

3. Au premier mot d’un alinéa, que celui-ci commence ou non la phrase[2] :

La Société, aujourd’hui reconnue d’utilité publique, accorde à ses membres les avantages suivants :
xxxx Indemnité à l’occasion des funérailles ;
xxxx Secours immédiat aux veuves et aux orphelins ;
xxxx Secours mensuel…

4. Dans une énumération, au premier mot de chaque alinéa, précédé de chiffres ou de lettres d’ordre[2] :

Parmi ces derniers, les avantages les plus appréciés et les plus considérables sont :
xxxx 1° Les secours en cas de maladie ;
xxxx 2° L’assurance en cas de décès :
xxxx a) Au profit de la femme ;
xxxx b) À l’égard des enfants…

5. Après les deux-points, au premier mot d’un discours direct, ou supposé, d’une citation même non accompagnée de guillemets :

Gardez-vous de dire : À demain les affaires sérieuses !
xxxx Il entreprit sa généreuse tâche, guidé par le précepte dont il avait fait sa devise : « Aide-toi, le Ciel t’aidera. »

La grande capitale ne doit pas être employée, si dans la phrase les deux-points sont un simple signe de ponctuation ne précédant ni discours ni citation.

6. Au premier mot d’un vers[3] :

Romains Il marchait d’un pas dégagé
Romains Et faisait sonner sa sonnette…
Romains et vous, Sénat, assis pour m’écouter,
Quel droit vous a rendus maîtres de l’Univers ?…
Quel droit voUne blanche maison
Quel droit voEn fait tout l’horizon.

7. Dans les index, les catalogues, les tables des matières, au premier des mots transposés, entre parenthèses ou non, après le terme alphabétique :

Végétaux (Origine des), 40.
Animaux (Division des), 70.
Homme (Étude de l’), 95.

a) La préposition, l’adverbe, l’adjectif qualificatif prennent la capitale dans ce même cas :

Sainte-Odile (À l’ombre de), 75.
Guerre (Autour de la Grande), 85.

Cependant Daupeley-Gouverneur, sans énoncer la règle, donne plusieurs exemples dans lesquels le premier mot transposé comporte simplement une lettre bas de casse initiale[4].

b) Si le premier mot transposé est la préposition de ou les articles contractés du, des, employés comme particules accompagnant un nom propre, la lettre initiale d est bas de casse :

Ségur (de), littérateur 
 80

c) Nombre d’auteurs recommandent le bas de casse pour les articles le, la, les, transposés entre parenthèses :

Iliade (l’), 225.
Provinciales (les), 252.

d) Il semble peu rationnel d’appliquer cette même règle aux articles indéfinis un, une, non plus qu’aux articles contractés au, aux, des (sauf, pour ce dernier, quand il est employé dans le sens indiqué au paragraphe b ci-dessus), pour lesquels la grande capitale est préférable :

Héloïse (Une Nouvelle), 25.

8. Le texte des inscriptions épigraphiques se reproduit généralement en grandes capitales :

xxxxHIC JACET
S. MARTINVS TVRON. EP.
xxxxANNO DOMINI…


divinité


Sont considérés comme noms propres et dès lors prennent une lettre grande capitale initiale :

9. Le nom de Dieu et de Jésus-Christ, ainsi que les mots, noms ou adjectifs, qui ont le même sens, la même signification, et qui désignent Dieu ou la divinité :

le Créateur, l’Alpha et l’Oméga (Je suis),
le Maître du monde, l’Éternel,
la Providence, l’Incorruptible,
le Seigneur, l’Immanent,
le Très-Haut, l’Invisible,
l’Agneau divin, l’Oint du Seigneur

Le mot dieu, dieux, appliqué aux divinités païennes, ou employé dans un sens général ou commun, s’écrit avec un bas de casse :

Mars était dans l’antiquité le dieu de la guerre.
xxxx Tout lui était indifférent, hormis son fils dont il avait fait un dieu.

10. Dans certains ouvrages, ecclésiastiques et religieux notamment, les pronoms personnels, les pronoms et adjectifs possessifs, lorsqu’ils désignent Dieu ou déterminent et suppléent des objets lui appartenant ;

Dieu Très-Haut, nous intercédons auprès de Vous…

À l’instar de cette coutume, certains auteurs prétendent écrire avec une grande capitale nombre de noms dans des ouvrages spéciaux. Ainsi dans un ouvrage sur la féodalité un littérateur utilisera une grande capitale pour les mots roi, reine, duc, marquis, comte, vicomte, baron, chevalier et tous autres de même valeur. En cette matière la flatterie ou la passion politique ou religieuse est toujours mauvaise conseillère et il est bon de prendre garde même à ses suggestions les plus anodines.

11. Les noms déterminatifs sous lesquels on désigne l’Esprit-Saint, la sainte Trinité, la vierge Marie et la plupart des saints :

la Mère de Dieu,xxxxxxxxxx le Précurseur.

12. Les noms de nombre de fêtes religieuses modernes :

Pâques, Pentecôte, Toussaint,
Ascension, Noël, Assomption,


alors que les désignations des fêtes religieuses païennes sont considérées de plus en plus comme noms communs et s’écrivent avec une lettre bas de casse :

lupercales, matronales, terminales,
ambarvales, saturnales, quirinales.

13. Les noms des divinités païennes désignées nommément, c’est-à-dire sous leur nom particulier :

Mars, Jupiter, Vénus,
Apollon, Mercure, Vulcain,
les Grâces, les Parques, Saturne


noms propres


Il est de règle ou d’usage de mettre une grande capitale :

14. À la lettre initiale de tous les noms propres : noms, prénoms, surnoms ou pseudonymes de personnes, de chefs ou de souverains :

Jacques, Auguste, Théodore,
Jean, Pierre, Félix,
Alexandre, Louis, Emmanuel,
Louis XIV, Léon XIII, Charlemagne

15. Aux nombres numéraux ordinaux qui accompagnent les noms de personnes ou de personnages souverains (rois, ducs, empereurs, papes, etc.), et servent à les distinguer plus particulièrement dans l’ordre successif :

Charles VII, Humbert Ier, Nicolas II,
François Ier, Léon XIII, Pie X.

16. Aux substantifs ou aux adjectifs employés comme surnoms après ou avant un nom propre :

Léopold le Sage, le Grand Mogol,
Louis le Bien-Aimé, le Grand Turc.

17. Aux noms patronymiques, formés du nom d’un chef de race donné à ses descendants, parce que ces noms sont employés comme noms propres :

les Abassides, les Habsbourgs, les Sassanides,
les Capétiens, les Mérovingiens, les Valois.

18. Les noms des dynasties conservent la grande capitale, même lorsqu’ils sont précédés du nom du peuple sur lequel ces dynasties ont régné :

les Francs Mérovingiens,xxxxxxxxxxles Turcs Osmanlis.

Mais, lorsque ces noms sont précédés d’un nom commun, ils deviennent adjectifs qualificatifs et s’écrivent avec un bas de casse :

la race capétienne, les califes abassides.
la dynastie mérovingienne,

19. Aux noms de personnes (auteurs, peintres, sculpteurs célèbres), précédés d’un article, utilisés pour désigner l’ensemble ou une seule de leurs œuvres (ces noms prennent la marque du pluriel, le cas échéant) :

des Raphaëls,xxxxxxxxxxdes Elzévirs.

Vous avez là de fort beaux Plantins (pour : Vous avez là de fort belles éditions de Plantin).

20. Aux noms propres précédés de l’article, lorsqu’on entend désigner exclusivement la personne (le nom est alors invariable) :

les Socrate,xxxxxxxxxxles Catilina,xxxxxxxxxxles César.
xxxx Les plus redoutables conventionnels, les Robespierre, les Marat…
xxxx Les plus savants des hommes, les Newton, les Pascal, les Pasteur ont été aussi les plus religieux.
xxxx Parmi les personnages des comédies de Molière, les Tartufe, les Amphytrion et les Misanthrope sont de sentiments, de goûts, d’esprit et d’éducation si disparates…

Toutefois, si l’expression, au lieu de désigner le personnage, rappelle seulement le mérite, la qualité, le défaut de l’homme, de l’animal ou de l’être inanimé dont on emprunte le nom, le mot doit s’écrire avec une lettre bas de casse initiale :

C’est une mégère ;
Voici le meilleur amphytrion que je connaisse ;
Un mentor dévoué est un don des dieux ;
Le tartufe est un être méprisable ;


parce que, dans ce cas, l’écrivain ne désigne plus Amphytrion, Mentor ou Tartufe, mais envisage seulement les vertus ou les vices dont firent preuve ces personnages et que possède un autre individu.

21. Aux allégories personnifiées, ou plutôt aux noms de choses inanimées ou métaphysiques, auxquelles on attribue la figure, les sentiments, le langage des personnes réelles :

La Vérité sort de son puits.
L’Amour est un dieu malin.
La Fortune est aveugle.
Le Hasard est un dieu parfois bienfaisant.
Le glaive et la balance sont les attributs de la Justice.

À cette même règle il faut assimiler l’usage qui s’est établi d’écrire avec une grande capitale initiale les expressions ou les noms symbolisant une qualité, une vertu, ou rappelant un fait remarquable :

La tombe du Soldat inconnu est, chaque jour, l’objet d’un pieux pèlerinage.
xxxx Aux plis du drapeau sont inscrits les mots : Honneur et Patrie, qui ont conduit tant de générations à la victoire.

22. Aux noms des planètes, des constellations et signes du Zodiaque :

le Bélier, la Petite Ourse, le Lion,
le Cygne, le Bouvier, le Scorpion,
le Dragon, les Gémeaux, le Taureau,
la Grande[5]
laOurse,
l’Écrevisse, la Vierge,
la Balance, le Chariot,
le Soleil, la Lune, la Terre.

Dans un travail étranger à l’astronomie ou à la cosmographie, les mots soleil, lune et terre s’écrivent avec une lettre initiale bas de casse.

23. Aux appellations données aux vents par les Anciens, qui écrivaient celles-ci avec une majuscule en personnifiant, et en déifiant au besoin, les choses désignées :

Africus, Borée, Notus,
Aquilon, Eurus, Zéphir.
Auster, Favonius,

Mais ces mots s’écrivent avec un bas de casse si rien dans la phrase ne peut faire penser qu’ils sont personnifiés :

les alizés, le mistral, le simoun,
l’aquilon, la mousson, le siroco.
les autans,

24. Aux animaux ou monstres imaginaires dont il est fait mention dans la mythologie :

Cerbère, la Méduse,
Charybde, le Minotaure.

Si on applique ces mots à un animal sans faire aucune distinction particulière, ils deviennent noms communs et dès lors doivent s’écrire avec une lettre initiale bas de casse :

un basilic, un hippogriffe, un hippocentaure,
un griffon, une hydre, un onocentaure,
une harpie, un lynx, un sphinx.
un phénix, un cerbère,

25. Aux noms ethniques et géographiques, comprenant :

a) Les noms de peuples :

les Allemands, les Romains, les Russes,
les Africains, les Français, les Italiens,
les Américains, les Grecs, les Turcs.

1° Si le nom de peuple se compose de deux mots indispensables, ou dont l’ensemble est inséparable, pour une désignation exacte, les deux mots s’écrivent avec une lettre initiale grande capitale :

les Bituriges Cubes, les Tartares Mongols,
les Tartares Mandchoux, les Arabes Bédouins,
les Francs Saliens, les Volces Tectosages.

Toutefois, lorsque le second de ces noms sert à indiquer la position géographique, le lieu qu’occupe un peuple par rapport à un autre, il devient adjectif qualificatif et s’écrit avec un bas de casse :

les Gaulois cisalpins ;


il en est de même si le nom désigne la province, l’État d’où le peuple est originaire :

les Américains boliviens,xxxxxxxxxxles Canadiens français,


ou la puissance à laquelle ils sont soumis[6] :

les Polonais russes,xxxxxxxxxxles Cosaques russes.

2° Les adjectifs dont il s’agit employés seuls sont considérés comme noms propres ; ils prennent alors la capitale initiale :

les Cisalpins,xxxxxxxxxxles Transalpins.

3° Dans le cas où deux noms de peuples ont été réunis pour former un mot composé et où la division a été maintenue, chacune des parties du nom composé est écrite avec une grande capitale initiale :

les Anglo-Saxons,xxxxles Tchéco-Slovaques,xxxxles Austro-Hongrois.

Mais ce même nom composé employé comme adjectif s’écrit avec un bas de casse :

la race anglo-saxonne, le royaume serbo-croate.
l’empire austro-hongrois,

On écrit de même avec une lettre bas de casse les noms propres qui, entrés dans la composition d’un mot, deviennent noms communs :

un anglomane, un gallophobe, un barème,
un voltmètre, un ampèremètre, un dédale,


et aussi :

un prie-dieu,xxxxxxxxxxun lever-dieu[7].

b) Les noms géographiques de divisions politiques, de contrées, de fleuves, de montagnes, d’îles, de villes, de départements, etc. :

Europe, Loire, Rhin,
Alpes, Seine, Russie,
Elbe, Paris, Orne.

Si un nom propre de ville, de lieu, de monument est accompagné d’un, deuxième nom, employé soit pour distinguer le premier nom d’un autre semblable, soit pour rappeler l’idée du lieu, le nom ajouté s’écrit avec une grande capitale et s’unit au premier par une division (l’article conserve le bas de casse et est accompagné d’une division avant et après) :

Bar-le-Duc, Sainte-Marie-aux-Chênes,
Choisy-le-Roi, Brie-Comte-Robert,
Fontonay-aux-Roses, la cathédrale Notre-Dame de
xx Paris.
Villeneuve-le-Comte,

On rencontre fréquemment un nom d’État, de pays, de province, de contrée, de mer, de fleuve, de montagne, etc., modifié par un adjectif : cet adjectif peut s’écrire avec une grande capitale ou avec un bas de casse :

1° On écrira avec un bas de casse tout adjectif qualifiant un nom et indiquant à quel peuple, à quelle nation, un État, une contrée appartiennent :

l’Empire français, les États autrichiens,
l’Empire germanique, la Pologne autrichienne ;

désignant la situation d’une étendue de pays par rapport à une autre :

la basse Seine, la Champagne pouilleuse,
la haute Égypte, la haute Bretagne,
l’Afrique orientale, la basse Normandie,
la Guinée supérieure, la basse Loire,
l’Europe centrale, le haut Nil ;


la position géographique d’une contrée au delà, en deçà d’un fleuve, d’une montagne :

la Gaule cisalpine,xxxxxxxxxxla Bourgogne transjurane ;


une époque ou une période historique, littéraire :

la troisième République,xxxxxxxxxxla Renaissance française ;

2o Les adjectifs se rapportant à un nom sous-entendu et employés isolément pour désigner une région prennent la capitale :

les peuples de la Cisalpine,xxxxxxxxxxla IIIe Lyonnaise.

Cette règle soulève une des questions les plus controversées et les plus obscures de l’emploi des grandes capitales ou du bas de casse. Il est fort difficile de poser a priori une règle donnant l’orthographe à suivre : il est en effet parfois impossible, si ce n’est par l’usage et au moyen de documents sérieux qui ne sont généralement pas à la portée des correcteurs, de connaître quel est le nom exact du pays et si le mot accolé est un adjectif qualificatif.

À l’encontre de la règle énoncée au paragraphe a ci-dessus, on met une grande capitale à l’adjectif précédant ou suivant un nom propre :

a) Lorsque par cet adjectif l’expression est devenue en quelque sorte une division administrative ou politique de pays :

l’Asie Mineure, l’Arabie Heureuse,
l’Arabie Pétrée, les Hauts Plateaux ;

b) Lorsque l’adjectif et le nom propre sont réunis par une division :

la Grande-Bretagne,xxxxxxxxxxles Pays-Bas,xxxxxxxxxxle Haut-Oubanghni ;

c) Nombre de correcteurs et d’auteurs prétendent avec raison qu’il faut écrire :

le plateau Central, la mer Rouge, le mont Blanc,
l’océan Atlantique[8], la mer Noire, la forêt Noire,
les montagnes Rocheuses, le cap Vert, le fleuve Jaune.

à l’encontre de quelques écrivains qui imposent l’orthographe discutable :

le Mont-Blanc,xxxxxxxxxxla Forêt-Noire,


alors qu’ils acceptent sans discussion :

la mer Rouge,xxxxxxxxxxla mer Noire.

Le mot océan, employé au singulier, sans qualificatif ni déterminatif, et désignant de manière générale l’étendue des mers, se compose avec une lettre initiale grande capitale :

Le navigateur perdu sur l’Océan met toute sa confiance en Dieu.

Au pluriel, ce même mot s’écrit avec une lettre initiale bas de casse :

L’immensité des océans ne peut se comparer qu’à…

L’emploi de la capitale et, le cas échéant, du trait d’union peut aussi être préconisé pour distinguer la région politique, ainsi que la différence d’altitude, par analogie avec la différence de latitude :

le Midi de la France,xxxxxxxxxxles peuples du Midi,xxxxxxxxxxl’Amérique du Sud ;
J’ai voyagé pendant quatorze mois à travers l’Orient ;


et aussi dans les circonstances suivantes :

le groupe des armées du Nord-Ouest,xxxxxxxxxxla gare du Nord ;


mais le bas de casse doit seul être utilisé lorsqu’il s’agit des points cardinaux, exprimés en entier :

Le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest.
xxxx Une habitation exposée au nord est généralement froide et humide.

Les points cardinaux écrits en abrégé sont représentés par la capitale initiale du mot :

Le vent qui soufflait du N.-E. rendait la mission plus périlleuse[9].

26. Lorsque, malgré l’usage, on introduit une division dans un nom propre commençant par anti ou pseudo, les deux capitales sont de rigueur[10] :

Anti-Liban, Anti-Lucrèce, Pseudo-Philippe.
Anti-Taurus, Pseudo-Epiphahe,

27. Aux noms sous lesquels sont désignés certaines époques, soit civiles, soit politiques, nombre de faits historiques, maints noms de grandes guerres ou de batailles :

la Jacquerie, la Saint-Barthélemy,
la Renaissance, la Révolution (de 1793),
les Cent Jours, la guerre de Cent Ans,
la journée des Dupes, la Grande Guerre,
les Vêpres siciliennes, la bataille des Dunes,
la Réforme, la journée des Harengs,
la Fronde, la bataille des Dames.

28. Aux noms des anciens régiments de France :

L’armée comprenait les cuirassiers et le régiment de Chartres-Cavalerie, massés l’un à côté de l’autre.
xxxx Dillon prenait le commandement d’une armée qu’on renforça des régiments Empereur-Dragons et Archiduc-Joseph-Hussards, troupes menées, le 11, par le général…

Dans une publication du Ministère de la Guerre faite à l’occasion de l’Exposition de 1900 et intitulée : Historique des corps de Troupe de l’armée française, on trouve les orthographes suivantes :

Mazarin-Frnnçais, Dauphin-Dragons,
Carignan-Sallières, Mestre-de-Camp-Général,
Royal-Catalan, Le Roi,
Catalan-Mazarin, Royal-Vaisseaux,
Salm-Salm, Légion de Clermont-Prince,
Royal-Comtois, régiment d’Infanterie-Dau-phiné
xxxx (Dauphiné-Infanterie),
Royal-Hesse-Darmstadt,
La Sarre,
La Fère, régiment d’Infanterie de Graville
xxxx (Graville-Infanterie),
Chevau-Légers-Lanciers,
Condé-Cavalerie,
régiment de Dragons du Roi,
xxxx de la Reine,
régiment de Cavalerie de Chartres
xxxx (Chartres-Cavalerie).
Bourbon-Dragons,
Colonel-Général,

Mais, si on indique avant le nom le numéro du corps ou de l’arme, parce que ce corps comporte plusieurs régiments, la capitale initiale est utilisée exclusivement au nom du personnage qui en était le chef :

le 3e chevau-légers-lanciers, le 5e régiment d’infanterie
xxxx du Roi.
le 2e régiment de dragons de
xxxx la Reine,

29. Aux noms de classes, ordres, familles, genres, espèces, etc., dans les travaux de zoologie, géologie, minéralogie[11] et botanique :

Protozoaires, Néocomien, Mammouth,
Vertébrés, Monocotylédones, Ombellifères.
Insectes, Phanérogames,

Les noms spécifiques prennent la capitale s’ils dérivent d’un nom propre ; au cas contraire, ils s’écrivent avec une lettre bas de casse :

Rosa Gallica,xxxxxxxxxxAraucaria imbricata.


titres de civilité, titres honorifiques


On met une grande capitale :

30. Aux noms de civilité, tels que Monsieur, Madame, Mademoiselle, Monseigneur, Messieurs, Mesdames, Mesdemoiselles, etc., exprimés en entier et employés seuls en parlant à une personne.

a) Les termes Monsieur[12], Madame[13], Mademoiselle, désignant des membres de la famille royale, conservent toujours une grande capitale initiale et ne s’abrègent jamais :

Le comte d’Artois, frère de Louis XVIII, fut le dernier qui porta le titre de Monsieur.
xxxx On connaît l’apostrophe célèbre de Bossuet : « Madame[13] se meurt ! Madame est morte ! »
xxxx La fille de Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII, est la première des princesses qui voulut être appelée Mademoiselle.

b) Le mot Monsieur prend une grande capitale initiale, lorsqu’il rappelle le titre donné à un évêque sous l’ancien régime, ou encore le nom attribué au bourreau.

c) Dans les suscriptions le mot Monsieur conserve toujours la grande capitale initiale :

À Monsieur le Maire de la ville de Tours,
xxxx À Monsieur le Président de la République.

Il faut remarquer que le terme désignant la fonction, et suivant ou accompagnant le mot Monsieur, comme aussi tout autre titre de civilité ou honorifique, prend également la capitale initiale, s’il est utilisé à l’exclusion du nom propre du titulaire :

À Monsieur le Préfet d’Indre-et-Loire,
xxxx La parole est à M. l’Administrateur délégué ;


dans le cas contraire, ce terme se compose avec une lettre initiale bas de casse :

M. Louis Forest, administrateur délégué, fera prochainement une conférence…
xxxx À Monsieur Le Charpentier, préfet du Pas-de-Calais.

d) Dans ces mêmes suscriptions, le titre de civilité qui précède le nom de la personne agissant ou auteur, le mot désignant la fonction (si le nom propre n’est pas utilisé), prennent une grande capitale initiale :

Le Préfet du département de Maine-et-Loire,
à Monsieur le Maire…
Le Président du Conseil d’Administration de…
à Messieurs les Membres…

e) Dans les formules de politesse terminant les lettres, les circulaires, les placets, les termes de civilité non accompagnés du nom propre de la personne à laquelle on s’adresse prennent une grande capitale initiale :

Recevez, Monsieur, l’assurance des sentiments avec lesquels j’ai l’honneur…
xxxx Daignez agréer, Monsieur le Préfet, l’hommage de mon profond respect.
xxxx Je vous prie de croire, Monsieur et cher Client, à tout mon dévouement.

31. À la lettre initiale des abréviations représentatives des expressions qui précèdent[14] :

M., Mme, Mlle, Mgr.

32. Aux titres honorifiques, marques de respect, donnés aux chefs d’État, empereurs, impératrices, rois, reines, au Souverain Pontife, aux membres des familles impériales, royales ou princières, aux présidents, aux ministres, aux ambassadeurs et à certains dignitaires :

Sa Majesté, Sire, Votre Altesse,
Votre Majesté, Sa Sainteté, Son Excellence,
Vos Majestés, Votre Sainteté, Votre Excellence,
Leurs Majestés, Sa Grandeur, Vos Excellences.

a) Dans les encycliques, lorsqu’il s’agit du pape, parlant et agissant comme pontife suprême et représentant de Dieu, dans les discours qu’on lui adresse ou qu’il prononce, on met la grande capitale initiale aux pronoms qui le désignent et aux adjectifs possessifs qui le concernent :

Nous,xxxVous,xxxIl.

b) On utilise également la grande capitale initiale pour les pronoms et adjectifs elle, elles, lui, eux, la, leur, votre, lorsque ces expressions remplacent les mots Sa Majesté, Votre Majesté, leurs Majestés, dans les documents émanant des souverains et dans les lettres, les suppliques ou les placets qui leur sont adressés.

c) Il en est de même pour le pronom nous dans les décrets ou les lois promulgués par les souverains.

d) On écrit avec une grande capitale initiale à l’adjectif et au nom la formule Hautes Puissances contractantes, placée dans les traités internationaux avant les signatures des personnages intervenant à l’acte.

33. Les mots empereur, roi, sultan, président, ministre, etc., désignant les fonctions, s’écrivent avec une lettre bas de casse lorsqu’ils suivent les titres honorifiques des personnages :

Sa Majesté le roi de Grande-Bretagne, empereur des Indes.

a) On compose, toutefois, avec une grande capitale initiale, car il s’agit alors d’une sorte de personnification :

le jour des Rois,xxxxxxxxxxle livre des Rois,xxxxxxxxxxle Roi Catholique.

b) Les adjectifs impériale, royale, ducale, etc., se composent avec une lettre bas de casse[15] :

Sa Majesté impériale et royale Edouard VII,


parce qu’ils ne constituent pas un nom particulier au souverain dont on parle.

c) On écrira, au contraire, avec une grande capitale :

Sa Majesté Catholique le roi d’Espagne,
Sa Majesté Sacrée l’empereur d’Autriche,


car seul parmi les souverains, dans ses relations avec la Papauté, le roi d’Espagne peut employer l’adjectif catholique, joint à son titre ou à sa fonction, comme seul l’empereur d’Autriche le mot sacrée. L’adjectif est pour ainsi dire devenu nom propre avec le mot Majesté.


administrations, sociétés



On met une grande capitale initiale :

34. Aux mots État, Église et aux désignations de régime politique dans le sens absolu de gouvernement :

chemins de fer de l’État, la République française,
l’Église romaine, l’Empire britannique.

La République précéda le Directoire.
xxxx L’Empire suivit le Consulat.

Par une dérogation qu’il est difficile d’expliquer, certains auteurs écrivent avec une lettre initiale bas de casse :

la république d’Andorre, le grand-duché de Luxembourg ;
le royaume de Belgique,

en ces expressions les écrivains prétendent désigner non plus la forme du gouvernement, mais l’étendue de pays ; et ils formulent la règle suivante : « Les substantifs déterminant le régime de gouvernement d’un pays, d’un État, prennent la minuscule, s’ils sont accompagnés d’un nom propre déterminatif :

le royaume d’Italie,xxxxxxxxxxl’empire d’Abyssinie. »

35. Aux termes désignant une administration publique ou un service dépendant de l’État :

la Caisse des Dépôts et Consignations,
xxxx la Commission centrale des Appareils à vapeur,
xxxx le Service du Nivellement général de la France.

36. Aux expressions ministères, sous-secrétariats, directions, offices, commissariats et de manière générale, aux mots désignant une fraction ou une représentation du pouvoir politique, de l’État ou de la puissance publique ; nombre d’auteurs utilisent également la grande capitale initiale pour l’expression déterminative[16] :

le Ministère de la Guerre,
xxxx le Commissariat général d’Alsace-Lorraine,
xxxx le Sous-Secrétariat des Postes, Télégraphes et Téléphones,
xxxx l’Office des Pupilles de la Nation,
xxxx la Direction de l’Artillerie au Ministère de la Guerre.

37. Aux mots Chambre de commerce, Sénat, Chambre des députés, et, de manière générale, aux expressions désignant les corps de l’État :

La Chambre de commerce de la ville de Tours a célébré le centenaire de sa création…
xxxx Le Sénat et la Chambre des députés sont convoqués en session extraordinaire.
xxxx La Cour assistait en grande pompe à la réception.

38. Aux noms de groupes politiques, d’assemblées politiques historiques, d’associations de puissances, d’ordres de chevalerie :

les Alliés, la Gauche radicale,
la Triplice, la Droite,
la Petite Entente, le Conseil des Anciens,
l’Union démocratique, les Templiers.

39. Aux mots concile, convention, congrès, conférence, s’appliquant à des réunions, à des assemblées possédant une personnalité soit réelle, soit fictive, ou à des manifestations religieuses ou politiques d’un caractère général :

le Concile de Trente, le Congrès des Allumettiers,
le Concile de Nicée, la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul.
la Convention américaine,

Employés isolément sans déterminatif, prennent la grande capitale initiale : le mot Congrès, s’il désigne la réunion du Sénat et de la Chambre des députés ; le mot Convention, s’il rappelle l’assemblée politique de 1792 ou, en Amérique, les réunions générales des partis politiques :

le Congrès de Versailles.

40. Aux titres des sociétés, des établissements littéraires, scientifiques, artistiques, sportifs :

l’Académie des Beaux-Arts, la Ligue de l’Enseignement,
la Société des Auteurs et
xxCompositeurs de Musique,
l’Alliance française,
l’Académie des Sciences,
la Fédération française de
xxxx Rugby,
le Collège de France[17],
le Cercle de l’Épée.

À propos de cette règle deux remarques importantes sont à faire :

a) Tous les titres d’établissements littéraires ou scientifiques prennent une grande capitale initiale aux mots, même noms communs, constituant leur dénomination particulière ; on écrira ainsi :

l’École nationale supérieure des Mines,
xxxx l’École pratique des Hautes Études commerciales,
xxxx l’Institut d’Histoire et de Géographie,


parce que le titre de ces institutions, possédant une personnalité matérielle, est constitué exclusivement de mots indiquant l’objet propre de leur existence.

b) Par contre, lorsque le titre de l’établissement a été l’objet d’une dénomination constituée par un nom propre, ce nom propre seul prend la grande capitale :

l’école Massillon, le lycée Buffon,
le collège Stanislas, l’école primaire supérieure
xxxx Paul-Louis-Courier.
l’école Boulle,

c) Les mêmes règles s’appliquent aux dénominations de musées, de bibliothèques, d’académies, d’universités, etc. :

l’Académie des Beaux-Arts, l’académie Goncourt[18],
l’Institut de France, l’institut Pasteur,
les Archives nationales, les archives de la préfecture,
le Musée des Arts décoratifs, le musée Carnavalet,
la Bibliothèque nationale, la bibliothèque de l’Arsenal.

41. Aux noms des syndicats, des compagnies, des trusts, des sociétés, des associations, des fédérations (les mots syndicats, compagnies, etc., prenant eux-mêmes, dans ce cas, la grande capitale) :

Le Syndicat ouvrier des Industries du Livre a été fondé en mai 1898.
xxxx Il est utilisé en France par la Société l’Éclairage électrique et aux États-Unis par la Compagnie Fort-Wayne.
xxxx Comme limites des températures admissibles, l’Association des Ingénieurs allemands a proposé d’admettre…

Les mots syndicat, société, association, etc., non accompagnés de la raison sociale, s’écrivent avec un bas de casse :

Le syndicat, association professionnelle reconnue et admise par la législation de tous les pays, n’est point une institution obligatoire.

42. Aux noms des réunions commerciales et artistiques d’un intérêt général : foire, exposition, salon, galeries :

la Foire de Lyon, le Salon de Peinture et de
xxxx Sculpture,
l’Exposition universelle de
xxxx 1900,
la Galerie Georges Petit.

Le mot Salon, employé dans le sens absolu de manifestation artistique, s’écrit avec une grande capitale initiale, même s’il n’est accompagné d’aucun déterminatif :

Il vient d’être reçu au Salon.

43. Aux titres des groupements agricoles, commerciaux, industriels, financiers, mutuels, etc.[19] :

le Crédit foncier,
les Forges et Chantiers de
xxxx Penhoet,
les Anciens Établissements
xxxx Decauville,
la Manufacture française
xxxx d’Armes et de Cycles de
xxxx Saint-Étienne,
l’Omnium français agricole,
le Secours Mutuel.

44. Aux noms des ordres monastiques, civils ou militaires (le mot ordre prenant souvent lui-même la grande capitale) :

l’Ordre de la Légion
xxxx d’honneur,
l’Ordre de la Jarretière,
l’Ordre de la Visitation

Si le titre des ordres religieux comprend les mots saint, sainte, et le nom du personnage sous la protection duquel ces ordres sont placés, ou encore le terme mont, et aussi le nom du lieu, de la ville où ils ont pris naissance, les mots saint, sainte, mont, etc., s’écrivent avec une grande capitale initiale et s’unissent au nom du lieu ou du personnage par une division :

l’Ordre de Saint-Benoît. la Réforme de Sainte-Thérèse.
l’Ordre du Mont-Carmel,

Souvent les mots ordre, règle, réforme, congrégation, sont supprimés ; et le nom ou l’adjectif conservés sont dès lors pris dans un sens absolu qui en fait de véritables noms propres ; il faut dès lors être très prudent pour l’emploi des capitales ou du bas de casse :

la Légion d’honneur, sortir des Mines,
la Jarretière, prendre le voile de
xxxx Sainte-Claire,
l’Académie,
l’Institut, l’habit de Saint-François,
la Faculté, un enfant de Saint-Ignace,
entrer à Polytechnique, un fils de Saint-François.

Le mot saint prend également la capitale et est suivi d’un trait d’union lorsqu’il forme une dénomination d’homme, de monument ou de voie publique :

duc de Saint-Simon, rue Saint-André-des-Arts.
église Sainte-Clotilde,

Il conserve la minuscule lorsque, précédant un nom de personne, il rappelle les honneurs religieux décernés à celle-ci :

saint Pierre, saint Jean-Baptiste Vianney.

45. À titre de complément à toutes ces règles, il faut ajouter :
xxxx Lorsque deux noms ou plus sont considérés comme une dénomination propre et que le second terme ou les suivants sont le complément déterminatif du premier, celui-ci seul prend la capitale :

l’Académie des inscriptions
xxxx et belles-lettres,
le Conservatoire des arts et
xxxx métiers.
le Conservatoire de musique,

a) Il faut observer, toutefois, que l’usage s’est établi, presque général, de déroger à cette règle posée en principe rigoureux par A. Tassis. Nombre d’auteurs et, disons-le bien vite, de correcteurs écrivent, — et cette manière de faire est défendable :

Académie des Inscriptions et
xxxx Belles-Lettres,
Conservatoire des Arts et
xxxx Métiers,
Académie de Peinture,


par analogie, faut-il croire, avec :

l’Ordre de la Toison d’or, l’Ordre de la Légion d’honneur.
l’Ordre de l’Aigle de fer,

b) Il est aussi des écrivains et des éditeurs qui exigent :

Il est allé au ministère de l’Instruction publique,


et d’autres qui demandent :

Il fait partie du Ministère de l’Instruction publique,


le mot ministère étant dans la première phrase mis à la place du mot palais, bâtiment, maison, et désignant dans la seconde une administration érigée en corps constitué, c’est-à-dire possédant une personnalité.

46. Lorsqu’une dénomination (propre ou commune), exprimée par plusieurs mots se présente sous forme elliptique, c’est-à-dire avec un mot essentiel supprimé[20], le ou les mots qui eussent été déterminatifs dans l’expression complète s’écrivent avec une lettre capitale si, à cause de l’ellipse, cette dénomination peut présenter une équivoque ou un non-sens :

Il est allé aux Arts et Métiers,
Il s’est rendu à l’Instruction publique,
Il est inscrit à la Monnaie,


pour :

Il est allé au conservatoire des arts et métiers,
Il s’est rendu au ministère de l’instruction publique,
Il est inscrit à l’administration des monnaies.

Suivant les règles posées par Tassis, la majuscule ne peut en effet être employée lorsqu’il s’agit d’une dénomination générale :

l’administration des postes, la halle aux blés,
l’administration des monnaies, le marché aux fleurs,
la caisse d’épargne, le marché au charbon,
la halle aux cuirs, le ministère des finances.
le ministère de l’intérieur,

Il est allé à l’administration des postes et télégraphes.
xxxx Il est allé à la caisse d’épargne.

Dans certains de ces cas, la démarcation à établir pour l’emploi ou non de la grande capitale est particulièrement difficultueuse et donne lieu à de fréquentes contradictions, comme le cas peut se présenter dans l’exemple :

Il est allé à l’administration des postes,


qui peut être interprété :

Il est allé à la poste,
Il s’est présenté au bureau de la poste,


aussi bien que :

Il est allé au siège central de l’administration des postes et télégraphes.

Aussi paraît-il préférable, à l’encontre des prescriptions de Tassis, de s’en tenir exclusivement dans la généralité des cas aux prescriptions du paragraphe 45, a, qui n’enlèvent rien à la clarté de la phrase.


titres d’ouvrages et dénominations d’objets


On met une grande capitale initiale :

47. Au titre d’un objet d’art, d’une peinture, d’une œuvre de sculpture :

la Descente de Croix de
xxxx Rubens,
le Jour et la Nuit de
xxxx Michel-Ange,
le Berger de Greuze, l’Accordée de Village.

48. Au titre d’un ouvrage, d’une fable, d’une ode, etc. :

le Misanthrope, le Loup et l’Agneau,
le Menteur, Faust.

À cette règle on doit rattacher celle qui prescrit la grande capitale initiale aux recueils juridiques, littéraires, religieux ou autres qui constituent une œuvre possédant une sorte de personnalité :

le Code civil, le Mémento Larousse,
le Code forestier, l’Ancien Testament.

a) Dans un titre on met autant de capitales qu’il y a d’ouvrages ou de personnages énoncés :

la Critique de l’École des
xxxx femmes
,
Louise ou la Réparation,
le Maître et le Valet.
le Loup et l’Agneau,

Toutefois, si l’énoncé du titre comporte une phrase entière, le premier mot seul prend la grande capitale :

Avez-vous lu le conte Comment l’esprit vient aux filles ?

1° Nombre de correcteurs appliquent aux titres d’ouvrage la règle du premier alinéa du paragraphe 45, considérant que seul le premier mot est le terme générique, les noms suivants étant exclusivement déterminatifs :

Bulletin des lois,xxxxxxxxxxCours d’astronomie,

2° Cependant d’autres arguent que, dans les exemples cités, le premier mot est simplement une expression générale pouvant être appliquée à tous les recueils ou à tous les traités scolaires ; ils ajoutent que les termes lois et astronomie désignant le genre du bulletin et du cours sont les expressions propres, particulières, et qu’en cette qualité ils doivent être écrits avec une grande capitale initiale :

Bulletin des Lois, xxxxxxxxxxCours d’Astronomie.

3° Ces mêmes auteurs prenant prétexte de la règle formulée plus haut (n° 48, a) : « Dans un titre on met autant de capitales qu’il y a d’ouvrages ou de personnages énoncés :

la Critique de l’École des femmes, xxxxxxxxxxLouise ou la Réparation, »


font un rapprochement qui n’est pas sans valeur et écrivent avec quelque raison, comme au paragraphe 45, a :

Annales de la Brasserie et de la Distillerie,
Revue des Impôts et des Taxes.

Grâce à un exemple d’ordre technique il est aisé de discuter la question. Dans les titres, Manuel du Correcteur, Guide du Compositeur, on emploiera une grande capitale aux mots manuel et guide, comme aux termes correcteur et compositeur.
xxxx « Dans chacun de ces titres on remarque deux éléments principaux : 1° le sujet ; 2° l’objet, c’est-à-dire l’action ou la fonction.
xxxx « Dans Manuel du Correcteur, le sujet est Correcteur, personnage principal, qui obligatoirement prend la capitale. Il en est de même pour le titre Guide du Compositeur.
xxxx « L’objet de chacune de ces études, Manuel et Guide, identifie en quelque sorte celles-ci ; c’est leur raison d’être, leur propriété personnelle, qui dès lors obligatoirement doit recevoir la grande capitale[21]. »
xxxx Pour d’autres exemples, tels Revue des Impôts, Annales de la Brasserie et de la Distillerie, le raisonnement est identique : Revue et Annales sont les expressions propres, particulières aux journaux en cause ; ce sont les noms sous lesquels leurs fondateurs ont entendu les désigner. Les mots Impôts, Brasserie et Distillerie sont le sujet, le personnage inanimé, si l’on veut, dont on parle, autour duquel on s’agite et qui sert de base à toutes les études : il semble bien que ces personnages aient droit à une grande capitale, tout comme le mot École dans le titre la Critique de l’École des femmes, et les mots Chêne et Roseau dans l’énoncé de la fable le Chêne et le Roseau.

b) Lorsqu’un adjectif précède le substantif, cet adjectif prend également la capitale initiale :

la Jeune Fille timide,xxxxxxxxxxla Divine Comédie,xxxxxxxxxxla Folle Aventure.

Certains auteurs typographiques préconisent et quelques éditeurs exigent l’emploi de la capitale à l’article faisant partie intégrante du titre.

Le bas de casse est employé par Frey et Boucher, par E. Desormes, par L. Chollet, par Daupeley-Gouverneur, par J. Claye, E. Leclerc.

Par contre, Théotiste Lefevre, Jean Dumont, A. Muller et D. Greffier utilisent ou conseillent la grande capitale. Ce dernier auteur écrit à ce sujet[22] :

« Le premier mot d’un titre prend toujours la capitale :

J’ai vu jouer Les Femmes savantes. »

D’après certains, une anomalie existerait entre, le « principe de reproduire le titre dans toute son intégralité » et l’obligation de se « soumettre à la contraction de l’article » dans le cas suivant :

Le premier acte des Femmes savantes.

Ces objections paraissent un peu spécieuses. Les articles le, la, les, dans un grand titre, un faux titre ou un titre de départ, comportent une grande capitale initiale, parce qu’ils figurent au début d’une phrase, ou plutôt d’un membre de phrase, et l’obligation de la capitale tient à une raison d’ordre grammatical. Il ne semble point qu’il soit nécessaire, au cours de la narration ou du discours, de pousser à l’extrême le souci d’une reproduction dont le moindre inconvénient est parfois l’abus d’un nombre exagéré de grandes capitales venant fatiguer l’œil du lecteur, sans aucun souci ou gain de clarté.

Il faut remarquer, d’ailleurs, que si le bas de casse est conservé pour l’article simple le, la les, il est maintenu également avec l’article contracté du, des ; la seule différence est l’emploi de l’italique dans un cas, et dans l’autre celui du romain, emploi dont les règles ont été énoncées au chapitre précédent[23]. L’objection eût été peut-être de plus d’importance si les articles indéterminés un, une, avaient été mis en ligne de compte ; mais, dans ce dernier cas, il eût fallu envisager également la nécessité d’utiliser la grande capitale initiale pour les adverbes, les prépositions et les locutions diverses qui peuvent se rencontrer au début de l’intitulé d’un titre[24] :

En écrivant son roman si passionnant Au-delà de l’Atlantique, l’auteur ne songeait point que, quelques années plus tard, un de ses imitateurs, dans un volume similaire, Pour la plus grande France, soutiendrait une théorie…

49. Si, au lieu d’être accompagné d’un déterminatif, le nom est suivi d’un adjectif ou d’un participe, ces derniers s’écrivent avec une lettre bas de casse initiale :

les Précieuses ridicules,xxxxxxxxxxJérusalem délivrée.

50. Aux dénominations d’ouvrages littéraires, d’œuvres musicales, quand elles indiquent le titre d’un volume et qu’elles sont accompagnées du nom d’auteur ou d’éditeur[25] :

l’Encyclopédie de Diderot, le Nocturne de Fauré.
les Mémoires de Saint-Simon,

Mais, si ces mêmes dénominations s’emploient dans un sens général et indéterminé, elles deviennent nom commun et doivent s’écrire avec bas de casse[25] :

almanach, missel, fantaisie,
barème, monographie, idylle,
biographie, répertoire, marche,
commentaire, revue, mélodie,
dictionnaire, traité, nocturne,
encyclopédie, bagatelle, oratorio,
essai, barcarolle, prélude,
glossaire, berceuse, prière,
grammaire, cantilène, romance,
lexique, cavatine, sérénade,
manuel, concerto, solfège,
mémoire, exercice, valse.

On écrit sans majuscule :

Il vous récitera toutes les fables de La Fontaine ;
xxxx Il connaît à fond toutes les sonates de Beethoven ;
xxxx Il a étudié tous les aphorismes d’Hippocrate, la berceuse de Jocelyn, la sérénade du Barbier de Séville ;


les mots fables, sonates, aphorismes ne sont point, dans ce cas, des titres d’ouvrages.

51. Aux mots servant à désigner une statue, un monument ou tout autre objet en quelque sorte personnifié :

la fontaine des Innocents, la galerie des Glaces à
xxxx Versailles,
la statue du Lion de Belfort,
le palais des Doges[26], la tour des Vents[27].

52. Aux expressions indiquant le nom particulier d’un édifice Religieux, d’un établissement hospitalier, d’une salle de spectacle, enfin d’une construction :

la tour de l’Horloge, le temple de la Victoire,
le théâtre des Variétés, l’hôpital des Vieillards ;
le cirque d’Hiver,


l’expression composée de plusieurs mots s’écrit avec une grande capitale initiale à chacun de ces mots (sauf aux articles) qui sont réunis par une division :

l’hôpital des Quinze-Vingts, le théâtre du Petit-Palais,
la tour Saint-Jacques, l’asile des Enfants-Trouvés,
l’église Saint-Jacques-du-Haut-Pas, l’abbaye de la Grande-Trappe ;


les mots hôpital, tour, église, cirque, théâtre, temple, asile, abbaye, oratoire, etc., pouvant s’appliquer à tous les édifices de même catégorie, conservent la lettre initiale bas de casse.

Les églises tirent leur nom soit d’une abbaye, soit d’un ordre religieux, soit d’un saint quelconque sous le patronage duquel elles se placent : la division et la grande capitale doivent être employées à chaque nom et à chaque adjectif composant la désignation (l’article garde la lettre bas de casse) :

l’église Saint-Germain-des-Prés (tiré du nom d’une abbaye),
l’église Saint-Germain-l’Auxerrois (tiré du nom d’un saint),
l’église Saint-Jacques-du-Haut-Pas (tiré du nom d’une Congrégation religieuse),
l’église Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux (tiré du nom d’un Ordre religieux).

Nombre de saints ont reçu un qualificatif spécial destiné à les distinguer d’un homonyme ; il est certain que ce qualificatif fait partie intégrante du nom de l’église placée sous le vocable de ce saint et doit être réuni au nom principal par des divisions :

l’église Saint-Prançois-de-Sales,xxxxxxxxxxl’église Saint-François-de-Paule.

Mais on ne met aucune division quand le nom complément, placé après le nom principal (nom patronymique) de l’église, a simplement pour but de préciser la situation (localité) ou le quartier où elle est située, afin d’éviter une confusion entre les diverses églises ayant le même patron et, par suite, le même nom :

l’église Notre-Dame de Bercy, l’église Saint-Pierre de Montmartre,
l’église Notre-Dame d’Auteuil, l’église Saint-Pierre de Chaillot.

En résumé, le nom propre accompagné du mot saint devient nom composé et s’écrit avec une division ; le nom de lieu est séparé du nom propre composé par une espace.

53. Aux dénominations caractérisant, soit historiquement, soit figurativement, un lieu, un monument, un fait, une action, etc. :

le cap des Tempêtes, la querelle des Investitures[28],
pont de la Mort, mur des Fédères,
la tranchée des Baïonnettes[28], la vallée de la Vision.

54. Aux déterminatifs d’une dénomination, même si ce déterminatif est une abstraction personnifiée[28] :

le temple de la Concorde, le temple de la Raison.
le temple de la Paix,

55. Aux adjectifs dérivés d’un nom propre quand ces adjectifs désignent un monument :

la chapelle Sixtine,xxxxxxxxxxla bibliothèque Mazarine[29].

56. Aux expressions simples ou composées dénommant les jardins publics ou privés, les parcs, les squares :

le parc de la Faisanderie, le parc des Buttes-Chaumont,
le square de la Cité, le square de la Tour-Saint
xxxx -Jacques,
le jardin des Plantes[30],
le parc Montsouris,

57. Aux noms de rues[31], places, carrefours, quais, impasses, allées, avenues, cours, esplanades, faubourgs, barrières :

rue de l’Observatoire, barrière du Trône,
rue des Pigeons, allée des Enfants,
place des Aumônes, avenue des Gares,
carrefour de l’Horloge, cour des Miracles,
quai des Fleurs, cours de l’Intendance,
rue aux Cerfs, esplanade des Invalides,
impasse des Miracles, faubourg des Prêtres.

Si le nom est un adjectif, cet adjectif devient nom propre et prend la grande capitule :

rue Nationale,xxxxxxxxxxplace Royale.

Lorsque le nom est formé de plusieurs mots, noms ou adjectifs, tous prennent la capitale et sont réunis par une division (l’article soit simple, soit contracté, et la préposition de conservent la lettre initiale bas de casse) :

avenue des Champs-Élysées, rue Saint-Germain-des-Prés,
rue de la Halle-aux-Blés, rue du Faubourg-Saint-Denis
rue Saint-Jean-de-la-Chapelle, rue du Panier-Fleuri.

Une controverse s’est élevée entre quelques auteurs techniques pour l’emploi du trait d’union entre la préposition et le nom dans les expressions analogues aux suivantes :

rue de Montmorency,xxxxxxxxxxrue de Guise,

qui auraient dû, d’après certains, être écrites :

rue De-Montmorency,xxxxxxxxxxrue De-Guise,


la préposition de étant considérée comme faisant partie intégrante du titre, lorsque ce dernier rappelle le souvenir des familles de Montmorency et de Guise. Cette opinion est fort discutable : outre que le nom patronymique des familles dont il est question ici n’était point, à notre avis, de Montmorency, de Guise, la préposition de indique simplement la propriété, l’appartenance ; les Burchard ou Bouchard de Montmorency n’étaient, en définitive, que des Burchard auxquels appartenaient le château, la ville, le fief de Montmorency. Dans les expressions

rue de Montmorency,xxxxxxxxxxrue de Guise,


la préposition de peut d’ailleurs être considérée aussi bien comme déterminative ou euphonique (et adoucissant dès lors les termes rue Montmorency, rue Guise) que comme possessive.

58. Aux noms de vaisseaux :

Scorpion, la Champagne, la Touraine[32].

59. Aux noms de ballons, d’avions, d’aérostats :

Méditerranéen, Pax, France,
Montagnard, Djim, Dixmude.

60. Aux titres d’enseignes, noms d’auberges et d’hôtels, de maisons de commerce, qui se mettent en italique :

Aux Trois-Rois,xxxxxxxxxxÀ la Maison-Rouge.

Cette règle est, elle aussi, l’objet de controverses et d’objections nombreuses. Les rédactions même les plus normales d’enseignes peuvent en effet donner lieu à des interprétations dont le sens est fort différent, suivant l’appréciation des uns et la volonté des autres.
xxxx Ainsi tel correcteur écrira :

L’un des magasins les mieux achalandés de la ville est, sans contredit, l’Épicerie moderne ;


cet autre, féru d’une logique personnelle, exigera une orthographe différente :

Le propriétaire de l’Épicerie Moderne est un commerçant fort avisé.

Dans le premier exemple l’adjectif moderne est considéré comme un simple qualificatif qui opposera à une maison concurrente l’épicerie dont il s’agit ; dans le deuxième il est élevé au rang d’expression particulière, qui le fait l’égal d’un nom propre.

Pour cette dénomination et pour des désignations analogues, les deux opinions peuvent être soutenues avec quelque vraisemblance ; mais il est des circonstances où, suivant l’emploi de la grande capitale ou du bas de casse, le sens de l’expression est modifié, comme on l’a vu au début de ce chapitre. Ainsi dans les phrases :

La maison rouge qui forme le coin de la rue


et :

Il habite non loin de là, à la Maison-Rouge,


on ne saurait, sous peine d’occasionner de regrettables confusions, employer indifféremment, pour l’un ou l’autre des mots rouge, la grande capitale initiale ou la lettre bas de casse.

a) Dans les dénominations de fonds de commerce, le nom propre qui est devenu le titre de la firme ou la raison sociale prend seul une grande capitale initiale :

la fabrique de soieries Rose,xxxxxxxxxxla fonderie Talibot et Piat.

b) La grande capitale initiale est obligatoire aux noms communs qui, le cas échéant, constituent la dénomination spéciale du fonds de commerce ou d’industrie :

l’Imprimerie des Arts et
xxxx Manufactures,
les Imprimeries du Centre,
le café des Négociants.

c) La grande capitale initiale est de rigueur à l’adjectif faisant fonctions de déterminatif ou constituant à lui seul le nom particulier de l’établissement :

le café Français,xxxxxxxxxxl’hôtel Continental ;


cette règle, analogue à celle des paragraphes 55 et 57, est l’objet de nombreuses exceptions qui obligent, à composer :

le Café Français,xxxxxxxxxxl’Hôtel Continental.

d) L’adjectif précédant ou suivant un nom commun, et constituant avec ce nom la dénomination de l’industrie ou du fonds de commerce, s’écrit avec une grande capitale initiale et, fréquemment, est réuni par un trait d’union au nom commun composé également avec une grande capitale :

le Grand-Café, l’auberge du Cheval-Blanc,
Modern-Hôtel, l’auberge de la Grande-maison.
hôtel de la Croix-Blanche,

Toutes ces règles comportent d’ailleurs des particularités nombreuses, dont rémunération serait fort longue. Le correcteur doit étudier avec soin chacun des cas qui se présentent et ne prendre une décision contraire aux indications de l’auteur que dans les circonstances où aucun doute ne peut subsister.

61. Aux chiffres romains exprimant les adjectifs numéraux accompagnant les mots : partie, tome, livre, titre, note, section, appendice, chant, acte, planche de gravures, arrondissement, armée, corps d’armée, année du calendrier républicain, épître, satire, psaume, fable, dynastie, olympiade, ode, chiffres généalogiques des souverains, numéros d’ordre de succession des papes et des grands hommes, millésimes des grands titres de volumes (lorsque l’auteur le désire)[33].

62. Aux chiffres romains accompagnant les noms de souverains, de princes, entrant dans la composition des noms de rues[34] :

avenue Nicolas-II,xxxxxxxxxxpont Henri-IV.

  1. Le lecteur retrouvera dans ces lignes la plupart des règles contenues en l’inestimable Guide du Correcteur d’Auguste Tassis. Grâce à la bienveillante autorisation de MM. Firmin-Didot et Cie, nous pouvons ainsi remettre sous les yeux des typographes les principes d’une « marche » dont la rédaction est ancienne, mais l’application toujours d’actualité. — Le Guide du Correcteur est en vente à la Librairie Firmin-Didot et Cie, rue Jacob, 56, Paris, VIe.
  2. a et b Cependant bon nombre d’auteurs, écrivains réputés, se refusent à admettre cette règle et demandent invariablement le bas de casse, lorsque l’alinéa, comme les exemples le font voir, ne commence pas la phrase.
  3. Il est bon de noter cependant la coutume que certains poètes modernes s’efforcent d’établir au sujet du renfoncement des vers et de l’emploi du bas de casse à leur début.
  4. Daupeley-Gouverneur, le Compositeur et le Correcteur typographes, p. 134.
    xxxx Par contre, Jean Dumont emploie la grande capitale, même s’il s’agit d’un article simple ou contracté (Vade-mecum du Typographe, 4e éd., p. 114, 32°).
  5. Toujours sans division.
  6. Les règles qui précèdent, empruntées au Guide du Correcteur, sont loin d’être rigoureusement suivies. Il est difficile parfois de discerner les raisons de l’emploi de la lettre capitale ou de la lettre bas de casse. Tassis ne craint pas de faire une allusion fort explicite aux incertitudes que fréquemment le correcteur éprouve en cette matière.
  7. Il faut remarquer, toutefois, que Larousse, dans son Grand Dictionnaire universel du xixe siècle, écrit : prie-Dieu, prier-Dieu, lever-Dieu.
  8. M. Jean Dumont apprécie de la manière suivante cet usage : « M. R. Desormes écrit : école des Mines, école Polytechnique et Conservatoire des Arts et Métiers. Nous ne partageons pas sa manière de voir, et nous écrirons : École des mines, École polytechnique, parce qu’il est impossible, par exemple, d’écrire : université Libre. » — Ceci est affaire de convention et d’appréciation personnelle, puisque M. J. Dumont écrit bien : océan Atlantique, qui ne nous semble pas plus bizarre que : université Libre. Il est certain, par contre, que l’expression l’Atlantique, même sans le mot océan, est rationnelle pour désigner une étendue déterminée des mers, alors que le mot Libre isolé du terme université n’est plus qu’un adjectif qualificatif sans valeur particulière.
  9. Ici l’abréviation est utilisée simplement pour montrer l’application de la règle.
  10. D’après Tassis.
  11. En minéralogie et en géologie, les minéraux gardent la minuscule (micaschiste, etc.).
  12. On sait, que, dans l’ancienne France, le mot Monsieur fut, jusqu’aux premiers Valois, exclusivement réservé au roi ; plus tard, chacun des princes de la famille royale fut désigné de ce nom jusqu’au jour où le fils aîné du roi eut seul le droit de porter ce titre.
    xxxx On continua cependant, mais en utilisant la préposition déterminative et possessive, à dire Monsieur de Condom, Monsieur de Meaux, pour désigner l’évêque de Condom on l’évêque de Meaux, et aussi Monsieur de Paris pour nommer le bourreau royal de Paris.
    xxxx Au moyen âge, les fidèles faisaient précéder le nom des saints de l’expression Monsieur ou Monseigneur : Monsieur saint Jean, Monseigneur saint Paul. Fréquemment le pape lui-même fut désigné de la sorte : « Monsieur Boniface, pontife romain, évêque et suzerain de Rome. »
  13. a et b Le titre de Madame était, avant 1793 réservé à la fille aînée du roi, ainsi qu’à celle du dauphin, et à la femme de Monsieur, frère du roi. Les filles de la maison royale étaient appelées Mesdames de France ; la fille de Louis XVIII et de Marie-Antoinette fut désignée du nom de Madame Royale. Napoléon donna à sa mère le titre de Madame Mère.
    xxxx Durant tout le moyen âge les saintes furent invoquées sous le nom de Madame : Madame sainte Anne. Plus tard, on attribua ce nom à une certaine catégorie de religieuses professes : Mesdames de l’abbaye de Longchamps.
  14. Voir le chapitre xviii, Abréviations (§ 26), au sujet de l’emploi des grandes capitales pour les mots abrégés.
  15. On a vu, cependant (p. 424, § 30, a, et note 3), que la capitale initiale doit être conservée dans les expressions Madame Royale, désignant une princesse royale, et Madame Mère.
  16. Voir, sur le même sujet, le paragraphe 45.
  17. Il s’agit ici d’une institution possédant en quelque sorte une personnalité non seulement morale, mais aussi matérielle.
  18. Ou écrit cependant très fréquemment l’Académie Goncourt, l’Institut Pasteur
  19. Dans la rédaction des procès-verbaux, des comptes rendus des séances ou des assemblées de ces groupements, l’usage s’est établi d’écrire avec une grande capitale initiale les mots Comité, Assemblée, Bureau, Conseil, quand ces expressions comportent l’idée de la représentation morale ou matérielle du groupement.
    xxxx Par une sorte d’analogie, fort sujette à caution et dès lors critiquable, cet usage a été étendu abusivement aux termes Président, Vice-Président, Trésorier, Secrétaire, Membre du Conseil, Administrateur.
  20. Voir, sur le même sujet, le troisième alinéa du paragraphe 44.
  21. D’après le Courrier du Livre, année 1921 (art. G. Marguerithe).
  22. D. Greffier, Règles de la Composition typographique, p. 32 (A. Muller, édit., Paris).
  23. Voir le chapitre xv, De l’Italique, p. 401 et suiv.
  24. Sur ce même sujet, voir le chapitre xv, De l’Italique.
  25. a et b D’après Tassis.
  26. Toutefois on écrira le Palais de la Nouveauté, le Palais des Marchands, lorsque ces expressions désigneront un établissement commercial ou industriel.
  27. Voir, sur ce même sujet, les paragraphes 77 et 78.
  28. a, b et c Ces cas sont analogues à ceux des paragraphes 21 et 27.
  29. L’usage s’est établi de composer :
    le Grand Palais,xxxxxxxxxxle Petit Palais.
  30. Cependant parfois dans certains ouvrages spéciaux les auteurs supposent que cette expression désigne une sorte de personnalité morale ou matérielle et écrivent avec une grande capitale initiale : le Jardin des Plantes.
  31. Voir, sur le même sujet, le paragraphe 62 et, dans le chapitre xvii, Nombres, le paragraphe 56.
  32. Voir, pour l’emploi de l’italique avec l’article le, la, les, chapitre xv, De l’italique (p. 401 et suiv.).
  33. Cette énumération est limitée à l’usage presque unanimement adopté jusqu’ici. — Voir également, sur ce même sujet, le chapitre suivant Nombres (chap. xvii, au paragraphe 56).
  34. Voir, sur cette même question, les paragraphes 15 et 57, ainsi que, dans le chapitre xvii, Nombres, le paragraphe 56.