H.-L. Delloye (3 - Parisp. 45-57).

III.

Un menuet.

La voluptueuse se rend au plaisir des sens, la délicate au charme de sentir son cœur occupé, la curieuse au désir de voir.
(Le Sylphe, p. 239)

Au coup léger que la main d’un jeune homme, sortant de sa chaise, imprima à la porte d’un vieil hôtel situé sur le quai d’Anjou, le concierge se hâta d’ouvrir.

Mlle Agathe est-elle levée ? dit une voix aussi douce que l’aurait pu être celle d’une femme.

— Oui, monsieur le marquis, à telle enseigne qu’elle arrose déjà la-haut ses fleurs.

Et le vieux Glaiseau, le doigt levé vers la terrasse ombragée à ses appuis de rhododendron et de touffes d’iris, montrait au jeune homme Mlle Agathe, un arrosoir à la main.

La cour de cet hôtel était resserrée entre quatre grandes murailles froides et grises ; l’herbe y poussait ; il n’y avait que du bois rangé en étage sous les remises. La maison formait l’angle du quai, elle regardait la Seine.

— N’est-elle pas matinale, mademoiselle ! murmura Glaiseau ; déjà levée ! Elle a eu pourtant de la lumière dans sa chambre toute la nuit.

Sans perdre de temps à considérer Agathe, le jeune homme monta l’escalier, dont la rampe de fer était semée à intervalles égaux de soleils et de lyres comme les escaliers du règne de Louis XIV.

Amortissant ensuite le bruit de ses pas et s’insinuant avec adresse par un corridor qui aboutissait à la terrasse, il surprit Agathe, dont la main blanche relevait la tige de quelques œillets courbés par la pluie.

Elle, parut troublée, soit qu’elle n’eût pas entendu le coup de marteau, soit que la présence de ce visiteur inattendu l’arrachât en cet instant à quelque dialogue matinal avec ses fleurs.

— Vous ! de retour, monsieur Maurice ! je vous croyais à Brevannes pour tout le mois !

— Et moi aussi, je le croyais, répondit-il en secouant la tête avec tristesse, cependant je suis ici !

— Vous n’avez donc pas chassé ?

— Une fois, pour exercer seulement ma meute. Vous ne m’en voudrez pas d’être venu, continua-t-il en lui baisant la main avec une rougeur qui monta jusqu’à son front, je m’ennuyais !

— Ah ! vous vous êtes ennuyé ! Tant mieux, reprit-elle en sautant de joie et en arrachant avec une étourderie charmante la feuille d’un petit rosier qu’elle brouta du bout de ses lèvres minces, il n’y a donc pas que moi qui m’ennuie !

— Glaiseau m’a dit que vous aviez veillé toute la

nuit. Vous avez lu ? Je vois à travers vos carreaux des livres et une bougie sur votre table…

— Une recluse fait ce qu’elle peut.

— Quel ouvragé lisiez-vous ?

— Si vous tenez à le savoir, j’ai lu Peau d’âne.

— C’est un conte charmant pour ceux qui aiment les contes.

— Il m’a fait pleurer celui-là ; c’est mon histoire.

— Voulez-vous que je sois le prince ?

— Du tout, monsieur, vous savez nos conventions. Écoutez, vous êtes le seul homme qui mettiez le pied ici, mais j’ai votre parole, je ne serai à vous que lorsque je vous aurai dit : « Maurice, je vous aime ! »

Et cela n’est pas encore venu, reprit-elle en mettant la main sur son cœur, avec une sorte d’assurance qui fit tressaillir Maurice.

Il y eut quelques instans de silence entre eux.

Le soleil devenant trop vif, Glaiseau apporta un parasol ; Agathe poussa la porte de sa chambre.

Il y avait là un clavecin ouvert et des livres ; plusieurs bougies éteintes entouraient la table, comme après une longue veillée. Agathe, bien qu’elle fût pâle, était divine de beauté.

— Je le vois, Maurice, vous allez m’accuser, mais il faut bien que je me fasse un monde la nuit, je n’en vois aucun pendant le jour. Ma cousine de Montesson m’a cloîtrée dans cette triste solitude. Pourquoi cela ? En vérité, je ne sais. Par malheur, je dépends d’elle. En ce pays-ci, il n’y a pas à présumer que je rencontre autre chose que des siècles ambulans, des fantômes du temps passé ; tenez, j’ai cru voir danser cette nuit sur mon balcon des ringraves, des collets montés, des vertugadins et des bourgeois de Louis XIII !…

La marquise vous a depuis peu, je crois, donné des maîtres ?

— Sûrement ; mais ce sont encore des naturels de ce quartier, des gens de l’Isle que je déteste à la mort ! Il n’y en a qu’un de supportable, M. Abeille, mon maître à danser, le plus drôle de corps ! oh ! il sait Paris sur le bout du doigt ! L’heureux homme ! lui, du moins, il va à la cour !

— Cette existence vous pèse, chère Agathe ; vous l’avouerai-je, moi, ajouta Maurice en la regardant avec tendresse, elle me rassure.

— Que voulez-vous dire, ne suis-je donc pas à plaindre ?

— À plaindre, chère Agathe ! parce que vous ne pouvez aller au Palais-Royal ! Vous ne savez pas, vous ne pouvez savoir de quels dangers vous y seriez entourée ; vous si belle, si jeune ; vous que je suis prêt à demander demain pour femme si vous le voulez !

— Mais vous ne savez pas non plus, vous, monsieur, dit-elle en croisant ses bras d’un air sérieux devant Maurice ce que c’est que d’être reléguée au quai d’Anjou, de se pencher vers la Seine tous les matins pour voir son éternel miroir ! J’ai tout ce qu’il me faut dans cette maison, je le sais ; mais enfin je ne suis pas venue de Saint-Malo pour ne voir ni Paris ni ma cousine ! Quand j’étais petite fille, ma cousine me souriait en m’appelant son Agathe ! Aujourd’hui, son carrosse s’arrête au bout de ce quai, elle vient causer quelques secondes avec Glaiseau ; et si elle monte ici, c’est pour me parler de me faire carmélite. Carmélite ! ne le suis-je pas depuis deux, mois ?

— Vous avez raison de vous plaindre de votre parente, Agathe ; mais pourquoi tant regretter ses fêtes ?

— On dit qu’il y a chez elle de si belles comédies !

— Il y a du moins chez elle, reprit Maurice avec un dédain marqué, le fonds d’une excellente comédienne.

— Avez-vous idée de semblable chose, je vous le demande ? m’interdire sa maison !

— Je vous avoue, Agathe, que je ne vous comprends pas.

— Si vous ne me comprenez pas, monsieur, alors vous ne comprenez pas que le bruit de la musique flatte l’oreille, que la rose enivre, qu’une jeune fille ait plaisir à s’entendre dire qu’elle est belle ! Vous ne comprenez donc pas le bal ? dites-moi, le bal, que je n’ai jamais vu, le bal, que je n’ai lu que dans les livres ! Je ne vois que vous, Maurice, et M. Abeille, mon maître à danser, et Glaiseau, qui, je ne veux pas savoir pourquoi, vous obéit. Maurice, vous êtes heureux, vous allez du moins à la cour !

— À la cour de Versailles, une fois par an, c’est possible ; au Palais-Royal jamais ! J’ai appris que dans mon absence, ma mère, qui revient elle-même d’Angleterre, avait fait par lettres des démarches près de Mme de Montesson, son amie ; Agathe, j’ai juré sur la mémoire de mon père de ne rien devoir à cette femme… Je hais l’intrigue comme vous haïssez la solitude !

C’est cela, toujours vos idées créoles ! Vous croyez que le monde doit être à vos pieds, vous regrettez vos esclaves de Saint-Domingue ? Savez-vous, Maurice, qu’il vous prend parfois des sauvageries étranges ? Vous boudez le monde, vous le fuyez ; moi, je ne désire qu’une chose, voir ce monde, dont vous ne voulez rien m’apprendre !

— Qu’ai-je à vous en dire, Agathe, sinon que son souffle empoisonné vous tuerait ? Je suis jeune, je ne manque ni de plaisirs ni d’amis, eh bien ! sans vous, tous ces plaisirs et ces amis ne me sont rien. Ce toit retiré, si triste pour vous, a pour moi un parfum de tutelle et de mystère ineffable : il vous garde, il vous défend ! Si je vous disais que je ne l’ai quitté si brusquement l’autre fois que parce qu’il me fallait m’y débattre contre mon cœur ! Vous rappelez-vous ce jour où nous avons feuilleté tous deux un cahier de Cimarosa à ce clavecin ? vous étiez belle comme un lis, votre chant divin m’apportait des joies charmantes ; Glaiseau écoutait ; il avait allumé toutes les bougies du salon !… C’était une fête que nous nous donnions à tous deux ; là je n’avais, Agathe, ni distraction ni jalousie, je ne voyais que vous ; votre mitaine était, à cette soirée-là, de ruches roses… Nulle autre main que la mienne ne l’effleura, nul autre souffle que le mien ne passa sur votre front. Oh ! quand je vous contemplai le corps à demi renversé sur cette chaise où vous êtes, et tenant vos doigts posés encore sur les touches du clavecin, je fus prêt a rompre le serment sacré auquel je dois mon admission près de vous ; ma tête brûlait, je n’avais plus ma raison ! La seule présence de Glaiseau me rappela bientôt à moi-même ; je sentis qu’il fallait élever entre nous deux une barrière, ce même soir je partis ! Hélas ! la solitude est mauvaise à ceux qui aiment ; me voilà revenu, Agathe, vous savez pourquoi !

— Vous êtes revenu, monsieur, pour me faire danser ce menuet, à défaut de mon pauvre maître à danser qui est malade. C’est un menuet nouveau, et M. Abeille le trouve charmant. Vous voyez que vous n’aurez pas quitté Brevannes et vos amis pour rien.

Voyant qu’il la regardait toujours avec des yeux supplians et ne se mettait guère en devoir de satisfaire son caprice :

— Allons, reprit-elle en agitant la sonnette de la cheminée, Glaiseau me donnera la main pour danser ; vous, monsieur, songez à l’air, voici le violon de M. Abeille.

Maurice avait un talent réel sur cet instrument ; seulement une timidité innée chez lui l’empêchait de le faire valoir devant un cercle. Il prit le violon de M. Abeille, et joua le menuet. La danse octogénaire de Glaiseau formait le contraste le plus étrange avec celle d’Agathe, dont le pied charmant frappait en cadence le parquet avec des frôlemens de soie délicieux. Maurice ne pouvait se lasser de la contempler, tant la perfection de ses formes était admirable…

Mlle Agathe de La Haye comptait dix-neuf ans. Ce qu’elle avait de plus divin dans sa personne, c’était certainement la bouche, qui décrivait à la lettre et en miniature l’arc de l’amour. La blancheur de son teint prêtait un charme réel à cette bouche ornée d’un sourire exquis et meublée de dents charmantes. Ses bras étaient délicieusement veinés, on y voyait circuler le sang ; l’odeur de sa peau égalait celle d’un parfum. Sous les tresses de poudre qui se déroulaient à son cou et couraient à ses épaules, un peintre eût cru découvrir une tête de Mignard, tant la pureté des lignes dépassait les formes coquettes des autres têtes de l’époque. En un mot, elle était régulièrement belle, d’une beauté inattaquable même à l’œil d’une rivale.

Aussi en la voyant rien que sur son pastel, envoyé du fond de la Bretagne à Mme de Montesson, le duc d’Orléans lui avait dit :

— Marquise ! vous avez là un morceau de roi dans votre famille !

Mme de Montesson est la dame des belles cousines, avait ajouté prétentieusement M. de Carmentel en lui rendant le portrait.

À dater de ce jour, le parti de rigueur à prendre vis-à-vis Mlle Agathe de La Haye, qui venait, à la suite de la mort de sa mère, implorer la tutelle de sa cousine, avait été celui du bannissement.

Agathe gémit d’abord en se voyant renfermée si étroitement dans cette prison dont le vieux Glaiseau venait d’être institué le geôlier, à titre de serviteur de Mme de Montesson. Elle regretta ses belles prairies de Bretagne, son port rempli de marins, ses amies, ses joies candides. La belle fille s’était fait de Paris une idée bien différente ! Pour se consoler les premiers jours, elle eut soin de se dire que cet exil ne pouvait durer ; la marquise, sa cousine, devait soutenir pour elle un procès. Agathe pensa qu’elle voulait sans doute ne l’installer au Palais-Royal qu’après le gain de sa cause. L’affaire était grave, Mlle de La Haye se trouvant, au préjudice d’autres parens, avantagée par le testament d’un de ses oncles, beau-frère de Mme de Montesson[1], et l’un des premiers, négocians de Saint-Malo, où la haute bourgeoisie date de très-loin. De ce procès dépendait la fortune de Mlle de la Haye : mais ce n’eût été qu’avec peine que la marquise de Montesson l’eût vu finir : il eût consolidé Agathe au cœur de Paris, peut-être même l’eût-il amenée au Palais-Royal. La seule crainte de se voir enlever le cœur du prince par cette belle cousine et de perdre ainsi le fruit de dix années de manège ne prescrivait-elle pas impérieusement cet exil ?

L’imagination d’Agathe ne tarda pas à franchir cette solitude ; une curiosité invincible la tourmentait. Son ingénuité ne pouvait prévoir le plan de Mme de Montesson ; elle demeura persuadée qu’elle lui avait déplu. En se comparant aux portraits de ce vieil appartement, elle se trouva pourtant fort digne de la cour et de sa cousine ; elle lut des romans dans la bibliothèque de l’hôtel ; il n’y en avait pas un qui ne lui donnât l’envie de se faire des ailes ! Quelque peu spiritualistes que fussent les auteurs de ces livres, il s’en rencontra, on le sait, plusieurs enclins à admettre les êtres surnaturels, à la condition, il est vrai, qu’ils deviendraient, au dénouement, réels et palpables. Le Sylphe de Crébillon fut composé dans ce but. En le parcourant comme un ouvrage qui lui tombait sous la main par aventure, Mlle de La Haye sentit qu’il lui fallait avant tout aimer un être plus fort qu’elle. Beaucoup de femmes évitent le joug et abhorrent la domination, Agathe, au contraire, se promit de ne rechercher qu’un maître. À la belle captive, l’image d’un amant n’apparut jamais que sous la forme d’un libérateur. Dans les brises que lui apportait la Seine, elle croyait entendre sa voix ; dans les bruits de la ville mourant à ce quai, elle distinguait son pas. Pervenche solitaire, enfouie loin des regards, elle avait échappé depuis deux mois à tout ce que Paris offrait de périls, mais aussi elle n’en avait reçu aucune joie. Son clavecin, ses livres et les visites de Maurice étaient les seules distractions de son ennui. Elle n’osait proposer à ce jeune homme un parti extrême, parce qu’il lui semblait n’en pas avoir lui-même conçu la pensée, la simplicité et la droiture de Maurice ne lui faisant pas envisager dans cette liaison un autre but que celui du mariage.

Un soir qu’il passait en chaise dans ce quartier éloigné, le jeune marquis Maurice de Langey avait poussé un grand cri en voyant Mlle Agathe avec M. Glaiseau sur la terrasse. Glaiseau avait servi M. de Boullogne, et nos lecteurs savent quels rapports existaient entre M. de Boullogne et Maurice. Après avoir bataillé avec le concierge l’espace de quelques jours, le marquis avait eu le plaisir de le voir se rendre à discrétion et se charger de remettre lui-même à Mlle Agathe une épître des plus pressantes. La candeur de ce billet avait ému le cœur d’Agathe ; il lui sembla (et elle ne s’abusait point) que son auteur était de ces hommes qui ne deviennent entreprenans que lorsqu’ils sont aimés. Elle n’hésita point à le recevoir : il y a certaines confiances qui honorent réciproquement ceux qui se les accordent. Le marquis de Langey vit donc Glaiseau lui ouvrir les portes de l’hôtel.

Maurice avait alors vingt-trois ans. Il était beau de la beauté d’une femme ; mais aussi, élevé par elles, il était loin d’avoir gagné du côté de la force et du développement physique. La délicatesse du créole s’était accrue par toutes les habitudes et les raffinemens du luxe. Adulé par sa mère, encouragé par la faiblesse aveugle de M. de Boullogne, héritier d’un beau nom et pouvant prétendre à tout, il avait conservé l’orgueil traditionnel de son enfance. Son mépris pour les parvenus n’ayant rencontré que trop d’occasions de se produire, il en était résulté chez lui une sorte de misanthropie hautaine.

Pendant quelque temps, il avait pris la solitude et la campagne en une sorte d’amour : il chassait à Brevannes avec une assez belle meute… Dans ce château, le créole se trouvait du moins à l’aise ; il y implanta l’orgueil féodal des colonies. Le spectacle de la débauche parisienne et de la licence aristocratique l’avait bien vite, dégoûté de la capitale : sa constitution autant que sa fantaisie le portait d’ailleurs aux plaisirs doux et paisibles.

Il avait des talens, mais il les employait mal : il lui manquait la confiance dans ses forces. Loin d’être de son siècle, qui s’aventurait en toutes choses, Maurice redoutait l’éclat ; il n’eût été jaloux de réussir que pour une femme, une femme qu’il eût aimée comme il aimait en ce moment Agathe de La Haye.

L’excellence et l’élévation naturelle de son cœur ne lui avaient pas permis d’agiter encore en lui-même cette question :

Mlle Agathe de La Haye est-elle un parti ? Il se demandait avec plus de trouble et de frayeur :

— M’aime-t-elle ?

En ce moment encore, il la contemplait rayant la poussière de ce vieux parquet de son joli pied. Le menuet fini, elle quitta la main du vieux Glaiseau, et remercia Maurice.

— Ce menuet, dit-elle, vous a-t-il paru joli ?

— Assez… répondit Maurice ; quel en est l’auteur ?

— Un mulâtre, à ce que m’a dit M. Abeille…

— Un mulâtre !

Maurice tenait le cahier de musique en ses doigts, il le rejeta sur le parquet comme s’il eût été sali par son contact.

— Que faites-vous ? M. Abeille dit que c’est un homme charmant, M. le chevalier de Saint-Georges !

— Le chevalier, dites-vous ! un mulâtre chevalier ! Ah ! ah ! ah ! reprit Maurice en riant d’un air contraint, ceci est nouveau ; aux colonies nous ne reconnaissons pas ces chevaliers-là ! répétez-moi son nom ?

— Saint-Georges.

— Saint-Georges ! Mais en effet, poursuivit-il, et comme se parlant à lui-même, je crois me souvenir d’un nom pareil !… Quand j’étais enfant… oui… à Saint-Domingue…

— Je ne l’ai jamais vu, mais M. Abeille m’en a parlé… On le dit bien beau, reprit Agathe.

Maurice allait répondre, la conversation fut interrompue par Glaiseau, qui venait prévenir le marquis du retour de ses porteurs. Comme l’on dînait très-régulièrement à trois heures à l’hôtel du contrôleur général, et que M. de Boullogne avait fait prévenir Maurice qu’il eût à s’y rendre pour affaire, il prit à regret congé d’Agathe.

— À demain ! lui dit-il en soupirant.

Après lui avoir baisé la main comme de coutume, il sortit.

Penchée sur la terrasse, Agathe regarda la chaise du marquis tourner l’angle du quai d’Anjou. Rentrée dans sa chambre, elle trouva le menuet de Saint-Georges gisant à terre.

Elle le ramassa avec un soupir, l’essuya et le replaça sur le clavecin.

  1. Mme de Montesson avait nom Mlle Béraud de La Haye ; elle était fille d’un capitaine négrier de Saint-Malo, lequel capitaine faisait la traite pour le compte de M. de Chateaubriand.

    La marquise de Créquy disait d’elle : « Comme elle n’a pu réussir à être duchesse d’Orléans, elle a exigé que le duc d’Orléans se fit M. de Montesson »