H.-L. Delloye (3 - Parisp. 21-44).

II.

Le Palais-Royal.

C’est un jeune homme qui a les épaules larges et de la taille, un nègre d’ailleurs un homme noir !
(La Bruyère.)

Les courses de Vincennes étaient finies ; la brillante voiture qui avait pris le chevalier à son hôtel rentrait le soir au Palais-Royal…

Sous le vestibule du grand escalier se tenaient six laquais à livrée rouge qui, dès que le roulement du carrosse se fit entendre, quittèrent bien vite les jeux de cartes et les dés qu’ils maniaient entre eux sur les banquettes de velours…

Le suisse frappa de sa canne à pommeau d’argent les dalles luisantes du feu des lanternes, et l’équipage, précédé de deux piqueurs nègres à cheval, de la maison d’Orléans, entra sous la voûte…

Le carrosse de Mme de Montesson tourna comme un gant sous ces murailles, mené qu’il était par un cocher athlétique, poudré à frimas, et dont la tête eût dépassé l’impériale d’un carrosse du temps de Louis XIV. Il couvrait les glaces de ses deux larges basques galonnées et brodées ; c’était un gros buveur très-ami de M. Collé, il s’appelait Chamoran.

Madame de Montesson occupait le fond de la voiture avec Mme de Blot ; sur le devant étaient MM. de Valence, de Brancas et de Saint-Georges, tous la tête nue.

Il ne faut pas oublier un carlin à grelots d’or, nommé Tircis, très-surveillé sur le strapontin de gauche par Mme de Montesson, depuis un certain naufrage qu’il avait fait dans un des bassins de Saint-Assise…

Sur le strapontin qui se lève à droite, il y a également une forme indécise, oblongue, qui se tient collée contre la glace du carrosse, c’est M. Nollot, le maître de harpe de Mme la marquise.

Les candélabres à trois branches soulevés par les laquais éclairent tout ce monde doré à la descente du carrosse… Tircis pousse un cri, M. Nollot lui a marché, sur la patte ; c’est le troisième méfait du pauvre maître de harpe, qui, pendant les courses, a commis déjà deux erreurs, celle de parler beaucoup trop des livres de Mme de Genlis, et pas assez des peintures à l’huile de Mme de Montesson.

On traverse la galerie, dans laquelle il n’y a rien d’inusité ce jour-là ; elle est plus riche en tableaux que ne le sera jamais celle de. M. de Calonne. Les femmes comme les hommes se ressentent des fatigues de la course ; tout ce que cinq ou six heures de toilette peuvent laisser d’ennui sur le visage pèse sur cette compagnie. Les croisées donnant sur le jardin sont ouvertes ; autant il y a de silence dans cette vaste galerie précédant tous les salon, autant le bruit des voix et des instrumens emplit les feuillages verts et les cafés.

Entre toutes les autres, une voix pure et fraîche s’élève ; elle est accompagnée d’une guitare dont les notes arrivent à l’oreille avec les frais bruissemens des jets d’eau et les odorantes senteurs de la grande pelouse.

— C’est Alsevédo qui chante, dit Saint-Georges, écoutons-le !

Un clair de lune ravissant blanchissait alors les allées ; il n’y avait qu’une ruasse noire au milieu du jardin, c’était le cirque du Palais-Royal.

De la fenêtre où la compagnie se trouvait placée le regard embrassait le cadre illuminé des bâtimens, dont les belles lignes rappellent celles des Procuraties de Venise. Un ciel d’un bleu vif, troué çà et là de scintillantes étoiles, semblait sourire amoureusement au jardin, où couraient des lueurs mystérieuses. Vus de ce balcon, les quinconces régulièrement taillés semblaient une bande de soie verte sur laquelle sautaient quelques linottes et des pinsons assez hardis pour écouter les chanteurs du haut de ce trône aérien.

Il était difficile de se défendre contre le charme enivrant de pareille soirée… Une brise tiède et fine dérangeait mollement les écharpes de toutes ces femmes assistant à ces représentations improvisées, dont Saint-Georges et Garat prirent eux-mêmes leur part à des temps moins éloignés. À juger des objets par la sensation qu’ils soulèvent, ce jardin rempli de filles d’Opéra et de Galathées peu curieuses de se cacher, devait jeter dans l’âme d’un jeune homme naïf de singuliers étonnemens. La foule s’y portait, les femmes y donnaient le ton ; ce n’était partout que marchés clandestins, témérités permises, parfums, lasciveté folle. Mlles Duthé ; Guimard, Sophie Arnould, que vous aviez vues involontairement la veille au Wauxhall ou au Colysée, s’y promenaient en robes flottantes, avec d’énormes bouquets et des poudres odorantes à leurs cheveux, répandant ainsi autour d’elles l’arôme d’une cassolette. Laissant au boulevard du Temple et aux bourgeois les parades de saltimbanques et les fantoccini de Carlo Perico ; elles allaient entendre jouer de la harpe, du violon ou de la guitare dans cette trop célèbre allée où la voix fougueuse de Camille Desmoulins, succédant à tant de murmures amoureux, devait retentir plus tard près les charmilles devenues le palladium des nouvellistes.

Le bruit des cuillères cessa bientôt sur les tables du jardin ; les dégustateurs de sorbets écoulaient les sons purs d’Alsevédo chantant une romance d’Albanèze.

La voix du chanteur manquait d’étendue, mais le sentiment en était divin. L’intelligence et le goût suppléaient chez lui à la faiblesse des moyens ; il n’annonçait pas avec affectation les consonnes de la gorge ou des lèvres avant de les prononcer, il avait ce goût du chant qui fit une merveille de Garat.

Mme de Montesson l’écoutait avidement… Passionnée pour la musique, se piquant de bien juger et rivale en fait de harpe de Mme de Genlis, elle s’écria :

— Quel dommage, Saint-Georges, que votre violon ne soutienne pas le chant d’Alsevédo !

Saint-Georges ne répondit que par une légère inclination de tête, qui fit voler une partie de sa poudre dans les yeux de M. Nollot. En sa qualité de professeur de harpe, M. Nollot abominait le violon.

— Voyez donc, mesdames ! voilà M. de Lauraguais avec M. de Guines ! dit M. Nollot en les montrant tous deux sous la fenêtre à Mme de Montesson, qui se pencha vers Mme de Blot avec un mouvement marqué de dépit ; nouvelle maladresse du pauvre Nollot : il oubliait que M. le comte de Guines avait été fort avant dans les bonnes grâces de Mme de Montesson et que depuis son mariage avec le duc d’Orléans, on évitait de prononcer son nom devant elle. M. de Valence, qui se trouvait dans le même cas, comprit fort bien, et pour réparer la sottise de M. Nollot :

— Parbleu ! M. de Lauraguais, dit-il, passe bien fièrement, mesdames ! Ne dirait-on pas qu’il a gagné ce matin ; et pourtant, vous le savez, il a perdu contre M. le comte d’Artois !

— Et moi, j’ai gagné ! dit avec une impudence rayonnante M. de Vannes à Saint-Georges, en lui frappant sur l’épaule familièrement. Mon ami, mon cher ami, c’est à vous que je dois cela !

M. de Vannes était aussi splendidement vêtu qu’il avait paru râpé le matin même à Saint-Georges. La vie de certains joueurs est faite ainsi, un composé de misère et d’éclat. En sa qualité de lieutenant de dragons et de cadet noble de Saint-Malo, il était toléré de Mlle Béraud de la Haye, fille elle-même d’un capitaine négrier de Saint-Malo, veuve à cette heure du marquis de Montesson, et devenue duchesse d’Orléans, sans que son mariage avec le duc fût avoué ostensiblement.

— Son altesse est-elle revenue de l’Opéra ? demanda étourdiment M. de Vannes à M. de Brancas.

Le vieux de Brancas, qui desserrait rarement les lèvres, se les mordit pour lui répondre sèchement :

— Elle y est.

— Vous verrez que le bon prince m’empêchera ce soir de prendre mon laitage et mes rôties, dit Mme de Blot d’un air d’amadryade plaintive. M. de Valence, j’engraisse a vue d’œil, au lieu de diminuer : c’est désolant ! Mlle Bertin ose prétendre cependant que je maigris !

« Savez-vous, chevalier, continua-t-elle en se retournant vers Saint-Georges, dont les regards ne quittaient pas le jardin, savez-vous que vous, avez là un habit étourdissant ? Je commence à croire que si l’on ne peut avoir votre brodeur, c’est que vous l’occupez exprès toute l’année, afin qu’il ne travaille pas pour d’autres ! Mais qu’est-ce ? vous semblez avoir de l’ennui.

Elle s’était rapprochée insidieusement de cette fenêtre. Mme de Montesson ne l’avait pas entendue, par bonheur ; sans cela, et sur ce seul mot d’ennui, Mme de Blot courait grand risque d’être en défaveur pour huit grands jours.

Oserais-je vous demander ce que vous regardez là ? dit Mme de Blot au chevalier.

Saint-Georges ne répondit pas ; mais, comme s’il eût ressenti une émotion violente, tous les muscles de son visage se contractèrent.

— C’est bien elle ! c’est elle ! murmura-t-il en renfermant la fenêtre.

— Monseigneur ! annonça la voix claire d’un Valet de chambre en ouvrant avec fracas les portes de la galerie.

Le duc d’Orléans rentrait en effet de l’Opéra. Il parut peu surpris de trouver ses familiers ordinaires dans la galerie. La fraîcheur qui régnait en cet endroit était suave… Il se jeta pesamment sur un fauteuil que venait d’avancer M. Nollot. Le fauteuil poussa un cri.

— Malheureux Tircis ! s’écria la marquise, monseigneur va l’écraser !

— Rassurez-vous, madame de Mon tesson ; il est vivant, il jappe et pourra faire, encore sa partie dans les concerts de harpe de M. Nollot.

N’est-ce pas, Tircis ? reprit-il en cassant pour le carlin une dariole qu’il tira de sa poche et dont il lui donna la moitié. — Je suis exterminé de l’Opéra, bien qu’on ait repris Daphnis et Églé[1]… continuat-il en bâillant.

— Nous écoutions Alsevédo, monseigneur, dit en s’avançant doucereusement la marquise de Montesson, qui lui présenta sa boîte.

— J’ai une triste nouvelle à donner à Mme de Blot, marquise, le lait de son souper a été lampé par un insidieux matou, M. Chouzin, le chauffe-cire du garde des sceaux, qui était venu ce soir de Versailles à pied, faute de voitures, pour m’apporter une expédition. C’est Dauphin qui me l’a dit en montant… Ce pauvre M. Chouzin ! il n’a trouvé que le lait de Mme de Blot, tous les domestiques étaient dehors.

— Il est écrit que je ne pourrai maigrir ! s’écria Mme de Blot en affectant de serrer entre ses doigts sa taille de guêpe. Je veux avoir une chèvre avec des rubans roses, dès demain ! oui, je l’éleverai, je la trairai ! Il me faut du lait de chèvre !

— Cher Saint-Georges, dit le duc, nous préparez-vous un assaut ou un concert ? Il paraît que la chevalière d’Éon vous cherche partout : est-ce pour vous épouser ? Que diraient alors les déesses de l’Opéra ?

À propos, nous aurons une chasse à courre samedi, à Sainte-Assise. Nous boirons, oh ! mais nous boirons, ventre-choux ! Vous verrez comment je bois !

Des dons de Bacchus et de Flore
À vos yeux je veux me parer……

comme dit M. Collé. Voici les nouvelles : La Urbain, la petite Beze, la Chouchou et la Renard sont renvoyées de l’Opéra M. le duc de Chartres s’est ennuyé de rester six jours chez les Penthièvre… il est à Choisy-le-Roi.

Le duc d’Orléans continua de parler tout seul de la sorte l’espace d’un grand quart d’heure, riant tout haut de ce qu’il nommait ses nouvelles. Son apparition causait évidemment à Mme de Montesson une contrariété plus vive encore que ses discours. Heureuse de faire valoir l’extérieur et les talens de Saint-Georges, son protégé, devant quelques-unes de ses amies qui avaient les grandes entrées au palais, mais que diverses absences dans leurs terres avaient jusque-là privées d’en jouir, elle avait préparé, à l’insu du duc d’Orléans, un ambigu dont elle n’avait dit mot à personne. La marquise espérait que, retenu dans les coulisses de l’Opéra par Mlle Allard, dont le prince semblait depuis longtemps très-épris, il céderait à la proposition adroite d’un souper, faite par M. de Durfort, son premier gentilhomme de la chambre, et Mme d’Osmond, qui l’accompagnaient.

En historien consciencieux, nous devons dire que rien de coupable ne devait avoir lieu à cette collation préméditée par Mme de Montesson ; seulement la goinfrerie de son altesse royale était connue, ainsi que son goût pour certaines comédies licencieuses renouvelées de son grand-père le régent, Mme de Montesson avait jugé convenable de l’éloigner. En s’affranchissant de sa présence, elle se laissait d’ailleurs à elle-même plus de liberté avec son amant.

Cet amant, c’était Saint-Georges.

Comment un mulâtre, un homme que la seule couleur de son épiderme eût fait exclure avec violence de la société française sous les règnes précédens, se trouvait-il parvenu à ce singulier favoritisme ? C’est ce que le caprice de Mme de Montesson, la maîtresse-épouse d’un prince du sang, pour un homme bien fait pouvait s’expliquer à elle-même, mais ce que la coterie du Palais-Royal même, après la cour de Versailles, ne devait constater qu’avec répugnance.

Il importe ici de préciser en quelques lignes cette disposition étrange du dix-huitième siècle à se décrier, de son propre aveu, aux yeux de sa noblesse et de ses vrais partisans.

La société française, qui semblait prendre à tâche de se décomposer elle-même en admettant, sans examen dans son sein tous les masques qui l’amusaient, ne comprenait guère l’écueil de ces acceptations frivoles. Ayant décidé qu’il lui fallait du plaisir et de la distraction à tout prix, elle allait au-devant de l’homme assez en fonds pour lui en donner ; or, il faut le dire, ce n’était pas là le fait des philosophes. À part les jouissances intellectuelles que pouvaient donner leurs écrits, et l’intérêt que certains esprits devaient prendre à leurs escrimes réciproques, le sérieux n’obtenait guère le privilège de l’attention ; il importunait, on le tournait en ridicule. Le seul sérieux qui eut du succès, ce fut celui du docteur Franklin, arrivant plus tard à Paris avec ses prospectus contre la foudre, ses lunettes vertes et son chapeau de quaker. Comme un malade a soin de fuir les gens qui lui parlent de sa maladie, le dix-huitième siècle se fit un devoir de fuir les sophistes assez forts pour lui résister et l’éclairer, témoin Rousseau, contre lequel le monde se roidit, pendant qu’il accueillait frénétiquement, à certains intervalles, dans ses salons, Voltaire, dont le véritable salon fut celui du roi de Prusse. De ce grand mépris pour les idées devait résulter nécessairement un amour indiscipliné pour la forme. Le dix-huitième siècle s’ennuya bientôt de ses éternels marquis, types prévus par la comédie aristophanique de Molière ; ils ne pouvaient plus l’étonner, lui qui avait Richelieu ! Sa condescendance coupable s’en fut chercher d’autres acteurs ; il s’embarrassa peu du lieu où il les ramasserait ; il remua tout, la bourgeoisie, le bas peuple ; rassasié de plaisirs et retenant toutefois sa coupe de ses doigts lassés, il la tendit à qui voulut la remplir, au comédien, paria de sa société ; au villageois, qu’il fit dîner à sa table, comme le marquis de Brunoy ; au mulâtre enfin, qui jusque-là montait derrière l’équipage sans se pavaner encore sur ses coussins !

Ce temps-là fut le temps des engouemens. Quelle activité, quelle fièvre ! Entraînées sur une pente inévitable, les femmes semblaient pressentir cette ère funeste qui vint tout d’un coup glacer le sourire à leurs lèvres roses ; les hommes luttaient entre eux de grâce et de somptuosité. Le règne de Louis XV venait de s’éteindre dans de ténébreuses tristesses de cour ; il fallait revivre et saluer un avènement nouveau, celui, de Louis XVI, qui délivrait le peuple de la tyrannie exclusive des courtisanes en titre ! Le mariage de ce prince était venu rassurer la conscience timorée des censeurs. Marie-Antoinette, plus belle encore que son marbre éclos sous les doigts de Pigal, apparaissait comme une fée secourable à tous les ennuis. Autour d’elle se pressait l’élite des plus beaux jeunes seigneurs, l’élite des femmes nobles et accomplies, étoiles adorables, satellites de cet astre qui rayonnait si doucement tous les soirs sur les gazons de Versailles ou de Saint-Cloud. C’était le temps où tout ce qui était fier et ingénieux parvenait, où les officiers de dragons étaient aussi charmans que Florian, Parny et Boufflers. En vouant elle-même son pinceau aux physionomistes de cette cour, Mme Lebrun la servait de toutes les inépuisables coquetteries d’un talent de femme ; elle lui indiquait des agrémens de parure qui relevaient encore sa grâce !

Cette cour nouvelle s’organisa vite en deux camps ; ses cocardes furent tranchées. Aux jeunes hommes vraiment nobles et fidèles de cœur à la monarchie s’ouvrit le petit Trianon, temple chéri de la jeune reine ; aux moins favorisés du côté de la naissance et aux mécontens, le Palais-Royal.

De là une lutte, une sorte de parti publiquement déclaré, même avant que le duc de Chartres, devenu depuis le duc d’Orléans-Egalité, ne s’avouât d’un parti et qu’il fût question pour lui de cet exil de Villers-Cotterets, équivalant à la punition d’une forfaiture.

Le plan de ce récit nous fera plus tard soulever le voile parfumé de Trianon, le brillant cortège de Marie-Antoinette et des beaux de sa cour se déroulera aux yeux du lecteur ; mettons-le à cette heure en présence des beaux du Palais-Royal.

À leur tête il fallait bien placer M. de Valence.

M. de Valence, qui épousa (on sait pourquoi et dans quelle singulière circonstance) Mlle de Genlis, petite-nièce de Mme la marquise de Montesson, était un grand brun, assez élégant de sa personne, avant que Napoléon l’eut admis au rang de sénateur à la sollicitation de Mme de Montesson. Il était de toutes les chasses de Gennevilliers, du Raincy et de Villers-Cotterets. Mme de Montesson l’avait aimé, et la meilleure preuve des dangers qu’elle voulait bien encourir pour M. de Valence est le fameux tête-à-tête de Sainte-Assise, si brusquement interrompu et si astucieusement dénoué par l’épouse du duc d’Orléans. Cette comédie, où elle se montra meilleure actrice que sur son théâtre, n’avait point altéré l’amitié de M. de Valence ; il est vrai de dire aussi que Mlle de Genlis, qu’elle lui imposa, était de bonne famille, riche héritière, et plus riche certainement que M. de Valence.

Avant M. de Valence, et aussi avant le sérénissime hymen de monseigneur le duc d’Orléans, Mme de Montesson avait distingué M. de Guines. M. de Guines était comte, il était beau parleur, il chantait au clavecin. Mme de Genlis ne cachait pas son faible pour lui ; il n’avait qu’un tort, celui de parler toujours du roi de Prusse, ce qui donna à Philippe d’Orléans, dont il gênait déjà la flamme amoureuse, l’idée ingénieuse de l’écarter et de le nommer ambassadeur en ce pays.

Venait ensuite au rang des séides de Mme la marquise un énorme capitaine au régiment de Royal-Cravate, M. Gabriel d’Osmond, le malencontreux ou le brise tout, comme l’appelle quelque part la spirituelle marquise de Créquy ; c’était lui qui cassait le mieux les porcelaines et les magots de la Chine, lui encore qui faisait lever ou baisser trop tôt la toile pour les spectacles de Mme de Montesson, ce qui lui occasionna un jour une belle querelle avec le chevalier de Bonnard, alors précepteur du duc de Valois (à cette heure Louis-Philippe).

— La pièce fût-elle de vous, monsieur Bonnard, dit-il grossièrement au chevalier, dont la seule présence du duc d’Orléans sur son théâtre put contenir la fureur, elle ne perdra rien pour attendre, la pièce !

— Je sors de l’artillerie, répondit Bonnard (qui avait en effet servi dans ce corps), et, je le déclare, je n’ai jamais vu de pièce si lourde que vous !

C’était le même M. d’Osmond qui disait des tendrons de veau et se croyait mystifié dans le personnage de Cocatrix, tragédie amphigouristique de Collé.

M. de Brancas était un de ces vieux seigneurs qui ont bien vécu, et malheureusement vécu en poste, comme dit Ravanne, le page du régent. C’était lui que le duc d’Orléans forçait de mettre un bonnet de coton pour le faire promener dans ses cuisines, où il discutait lui-même, on le sait, les plats en vrai cordon-bleu. M. de Brancas n’osait trop le contredire ; il se rejetait sur les axiomes de Rotisset, maître d’hôtel du maréchal de Saxe. Ce Rotisset avait publié un livre orné de cette épigraphe contre le corps antique et respecté des cuisinières :

« En fait de cuisinières, je n’ai jamais estimé que celles de fer-blanc. »

M. de Brancas avait de belles manières, on lui disait de l’esprit. Il ne quittait guère la société de M. le chevalier de Tymbrune, oncle et curateur du vicomte de Valence. Ce qui le rendit un homme indispensable jusqu’à la fin de ses jours, c’est qu’il s’évertua par la suite à répandre, avec une complaisance exemplaire, dans tous les cercles, le Théâtre des jeunes personnes, de Mme de Genlis.

Le premier gentilhomme de la chambre du duc d’Orléans, M. de Durfort, avait la double manie des testamens et des tulipes. Il achetait des tulipes et faisait son testament trois fois par semaine. C’est lui qui joua du reste au marchand de chevaux Septenville, personnage ridiculement engoué de sa fortune, la plaisanterie du neveu du roi de Maroc.

Ce neveu était venu à Paris en qualité d’ambassadeur de M. son oncle. M. de Durfort, à qui il avait fait payer des chevaux le triple de leur valeur, profita de cette occasion pour persuader à Septenville qu’il devait inviter le prince marocain. Voilà Septenville en mouvement : il bouleverse sa maison de campagne, maison fort belle, située à Ville-d’Avray, pour recevoir le neveu du roi de Maroc. Il commande un feu à Torré ; il invite les violons de l’Opéra et surtout les jolies femmes. M. de Durfort, qui savait par cœur les Précieuses, n’en voulait plus. Un sien valet, du nom de La Trompe, fut déguisé en prince marocain ; il arriva, accompagné de toute sa cour, à la grille de Septenville. Le marchand de chevaux ne se possédait pas de joie. Il n’osait point s’asseoir, et la serviette sous le bras, il se tenait derrière le fauteuil de l’ambassadeur. La comédie finit par le bâton, comme celle de Mascarille ; La Trompe en fut quitte pour une volée de bois vert, et Septenville pour les frais. Cette imagination de M. de Durfort prouve du moins qu’il appréciait Molière.

Que dire du marquis de Valençay, sinon qu’il était poli ; de M. de Ségur, qu’on le reconnaissait pour un conteur spirituel ; de M. de Périgny, qu’il était l’ami du prince ? M. de Durfort et M. de Périgny avaient figuré comme témoins de ce mariage clandestin du duc d’Orléans avec la marquise de Montesson, mariage qui ne fut véritablement reconnu qu’en juillet 1792, après une longue suite de contestations élevées à l’occasion de son douaire. La faveur de MM. de Durfort et de Périgny s’accrut en raison de leur participation à cet acte consommé un an avant la mort de Louis XV.

Nous ne parlerons pas des courtisans littéraires, tels que Collé et M. de Marmontel, tous deux lecteurs et louangeurs par état ; de l’abbé de Voisenon, de Laharpe, de Laclos et tant d’autres. Sous le duc de Chartres, devenu depuis Philippe-Egalité, il n’y eut guère que l’abbé de Talleyrand, le comte de Mirabeau et M. de Lafayelte qui donnèrent au Palais-Royal une couleur politique. Du temps de Louis-Philippe d’Orléans, on ne songeait qu’à y tenir table. Les historiographes de cette camarilla nous représentent les familiers de M. le duc d’Orléans comme des roués de bon goût, continuateurs empressés de cette longue orgie du règne de Louis XV, l’un des plus longs de la monarchie pour son malheur. Si cela est vrai, il faut ajouter que leur patience à supporter les maussaderies du duc d’Orléans, son épaisseur d’esprit et ses bons mots d’officier de bouche doit leur être mise en ligne de compte. Ce prince, dont la constante occupation fut celle de la cuisine, n’était pas alors plus récréatif pour Mme de Montesson que pour ses propres favoris. Sa gourmandise et ses habitudes populacières en avaient fait une sorte d’automate digérant et chantant même au besoin, comme le canard illustre de Vaucanson[2]. Si les comédies de Bagnolet l’avaient amusé avec Mlle Marquise et lorsqu’il était plus jeune, en revanche celles de Mme de Montesson avaient le privilège de le rendre bourru, quinteux, insupportable.

Il s’endormait aisément au moindre propos et se réveillait avec moins de facilité. Le cercle habituel de familiers, dont nous avons crayonné quelques figures, s’ouvrait et se refermait chaque jour autour de lui sans qu’il y prît garde. On a calomnié les arts en disant qu’il les aima ; il n’aima que la bonne chère. Les allégories satyriques des peintres du temps nous le représentent sous les traits du dieu de la vendange, écrasé de pampres et d’embonpoint, avec cette devise : À Bacchus ! À l’ombre d’une tonnelle bordée de convives, qui tous ont l’air de le provoquer à ce combat des futailles, l’œil du spectateur le découvre, les bras retroussés jusqu’au coude, le pacifique bonnet de coton sur sa tête royale, au milieu d’impures de bas étage ou de courtisans avinés, et tirant un sottisier de ses poches, comme si la vie était pour lui une perpétuelle Courtille. Marié, en 1743, à Louise-Henriette de Bourbon-Conti, il vécut seize années avec cette Messaline, dont la passion, d’abord véhémente pour son mari, faisait dire à Mme la duchesse de Tollard "qu’elle avait trouvé le moyen de rendre le mariage indécent. » La servilité hardie de Collé pourrait-elle empêcher que l’on ne prenne ce triste prince en dégoût ? Il ne pencha jamais pour aucun parti, mais en revanche il les encouragea tous par sa faiblesse dans leurs rébellions croissantes. Nous ne pouvons douter, d’après Mme de Genlis, qu’il n’ait joué fort rondement les rôles de paysans, mais à coup sûr il n’était guère fait pour celui de prince. Plus bête que méchant, dupé hautement par toutes ses maîtresses, il ne passera guère à la postérité que par l’imbécilité de sa conduite ou le scandale de ses mœurs. La seule origine de sa grande passion pour Mme de Montesson prouve assez qu’il était né pour être le plus épais bourgeois de son royaume[3].

La jeunesse de M. le duc de Chartres, son fils, pour être recouverte d’un vernis plus élégant, annonçait un amour si effréné de tous les vices qu’on ne crut mieux faire que de le marier à vingt-deux ans à la fille du religieux duc de Penthièvre[4]. Le spectacle indécent que donna le duc de Chartres en cette cérémonie eût pu faire déjà présager sûrement de son avenir.

Au moment même de la bénédiction nuptiale, il trouva plaisant, on le sait, de sauter par-dessus la queue de robe de la mariée, pour se placer de l’autre côté de l’autel, ce qui indigna jusques aux vieux courtisans, qui se souvenaient pourtant de la régence. Le premier soin du duc d’Orléans, son vertueux père, avait été de lui donner une maîtresse[5] qu’il avait tirée du dernier rang des filles vendues ; cette précaution toute paternelle pouvait-elle manquer de porter ses fruits ?

À l’époque des plus brillans succès du chevalier de Saint-Georges, le duc de Chartres avait trente ans. La débauche avait déjà flétri la beauté régulière de ses traits : son front bourgeonné comme ses joues en faisaient une sorte de pastel vineux et gâté. Il n’avait guère d’éclat que le soir et aux bougies. Rebuté et méprisé par les femmes vraiment nobles, il avait imaginé contre elles cette vengeance que chacun sait, et qui lui valut le mot sanglant de Mme de Fleury, que nul n’ignore[6]. Si les gazetiers d’alors n’en étaient pas encore venus à écrire sa terrible apologie[7]peu de gens du moins doutaient qu’il ne volât pas son bijoutier. Embourbé dans les plus basses passions, il avait eu soin de les relever, il est vrai, par son entourage ; les plus brillans et les plus lestes d’entre les gentilshommes l’escortaient. À côté de cet amas de chair nommé le gros duc, il se distinguait par toute la licence d’une jeunesse sans frein. Nous nous garderons bien d’allonger ici le portrait de ce prince, que nous n’allons retrouver que trop souvent comme une tache dans le cours de ce récit. Il n’arborait pas encore à cette époque le pavillon de la résistance, mais il s’était rangé sous celui de tous les vices. Accusé d’avoir tiré sur un de ses piqueurs en chassant dans la plaine de Saint-Denis, il avait déjà à répondre aux mille inculpations que lui jetait comme un défi la voix publique. Voulait-il se soustraire à ces terribles murmures par l’étourdissement de sa vie ? Prévoyait-il les représailles de l’opinion ? Il est difficile de le croire en le suivant pas à pas dans cette carrière où la confiance en son infamie le soutint.

Le Palais-Royal, pour être déjà aussi ouvertement brouillé avec la cour qu’il le fut depuis, n’en recevait pas moins un grand éclat de ses propres illustrations. Dans cette cour, dont Mme de Montesson était le centre, Saint-Georges apparut comme une véritable excentricité, sa couleur en faisait un être à part.

En regard des beaux de Trianon, le Palais-Royal, qui avait aussi ses archives galantes, inscrivit le nom du mulâtre.

Le mulâtre devint le protégé, l’amant de l’épouse d’un prince du sang, qui se rappelait avoir vu chasser de chez lui les nègres de sa mère à coup d’étrivières. Le mulâtre devint l’ami, le confident de son fils ! Hélas ! il était loin de prévoir alors les écueils de cette perfide intimité !

II n’éprouva pas plus de peine à triompher de ses rivaux près de la marquise…

Soit que la force physique et l’étrangeté de ce champion, nouveau lui parussent en effet un genre d’épreuve à tenter, soit que tous les dons charmans que Saint-Georges possédait l’eussent réellement touchée, Mme de Montesson, peu contente de se l’attacher pour ses spectacles, le créa d’abord son écuyer et ne se fit pas faute de l’avouer aux yeux de sa cour ordinaire. Son enveloppe, robuste et galante tout à la fois, satisfaisait les deux penchans les plus décidés chez la marquise, le plaisir et l’amour-propre. À Versailles, elle eût caché cette passion au Palais-Royal, elle l’afficha. Pour le duc de Chartres, il se vit naturellement attiré vers Saint-Georges par son goût pour la chasse et les éloges que ne manquait pas de lui en faire Mme de Montesson. Il comptait d’ailleurs le faire servir à ses fins et à son parti.

Recherché des belles, agacé par les coquettes, ayant l’esprit du monde et l’à-propos, qui vaut mieux que les grands talens, Saint-Georges ne pouvait manquer de réussir. On ne tarda pas à l’appeler le Don Juan noir. Les soupirs successifs d’amans, dont frémissait encore le clavecin ému de la marquise, furent étouffés sous le charme de sa voix, sous les séductions de sa parole. N’ayant de rival en aucun jeu, imprimant un cachet de maître aux plus vulgaires tentatives, il devint l’astre des soupers, des fêtes, des spectacles. Ses conversations étaient un mélange adroit d’anecdotes amusantes, propres à rassurer la vertu des femmes ; au plaisir de se faire écouter il joignit bientôt l’art de se rendre rare… Quand les physionomies des douairières elles-mêmes (les plus difficiles d’entre les femmes !) lui garantissaient un succès pour sa soirée, il levait le siège, prétextait des affaires et laissait le cercle partagé entre le regret de le perdre et le désir de le revoir.

Devant cette guirlande de femmes choisies, toutes empressées de le voir et de l’entendre, le mulâtre avait-il oublié Mme de Langey ? L’amour ou le désir de la vengeance bouillonnait-il dans son cœur ? Était-ce cette femme qu’il avait entrevue dans le jardin, du haut de cette fenêtre que Mme de Blot lui avait vu fermer avec précipitation ?

Il n’y aurait eu qu’un analyste expert pour répondre à ces questions. Tout ce que nous pouvons assurer au lecteur, c’est que le dieu qui existe pour les amans envoya cette fois au duc d’Orléans, qui allait contrarier les plaisirs de ce cercle, une salutaire pensée : ce fut celle de s’endormir sur l’un des sophas de la galerie dès que M. Nollot eut entamé sur la harpe un air qu’il préjugeait devoir produire un tout autre effet. Les maîtres de harpe se trompent comme les princes.

Un valet de pied au service de Mme de Montesson était venu la prévenir que tout son monde de bonnes amies venait d’arriver. Celles qui assistaient le plus souvent à ses petits soupers du Palais-Royal étaient Mmes de Beauveau, de Boufflers, de Ségur, de Luxembourg, toutes remarquables par leur beauté ou leur esprit, toutes dansant, peignant ou faisant de jolis vers. Mme de Montesson se garda bien d’éveiller le prince, qu’elle laissa sous la garde de M. de Brancas. Appuyée sur le bras de Saint-Georges, elle se rendit à cet ambigu préparé dans ses petits appartemens. Le désespoir de Mme de Blot, qui osait à peine toucher aux fruits, la grâce de M. de Valence et les anecdotes piquantes de Mme de Fleury défrayèrent ce repas, dont la marquise fit les honneurs.

Mme de Montesson, le regard attaché sur Saint-Georges, ne lui permettait pas la moindre avance près des autres femmes ; sa jalousie égalait seule son amour… Elle avait oublié, à deux pas de ce prince endormi, qu’elle était sa maîtresse, même sa femme !… Ce qui était d’abord fantaisie était devenu passion.

Comme on le voit, le mulâtre avait monté ; il était devenu le chevalier de Saint-Georges.

Mais de son élévation même, élévation que cet homme ne devait qu’à lui, allait ressortir un drame terrible et qu’il ne prévoyait pas.

  1. Opéra de Gollé.
  2. Il expédia un jour vingt-sept ailes de perdrix, sans préjudice de quelques hors-d’œuvre, entremets et pièces de dessert.
    (Mémoires de Bezenval.)
  3. M. le duc d’Orléans voulut bien me conter un jour la manière dont il devint amoureux de ma tante. Un jour, à la chasse du cerf, à Villers-Cotterets, Mme de Montesson était à cheval ; M. le duc d’Orléans se trouva auprès d’elle dans un moment où la chasse allait tout de travers. Un des chasseurs proposa à M. le duc d’Orléans d’attendre dans une allée quelques minutes pendant qu’il irait en avant prendre quelques informations sur le cerf, les chiens, etc. M. le duc d’Orléans y consentit, et il descendit de cheval avec ma tante pour aller s’asseoir à quelques pas à l’ombre dans un endroit qui lui parut joli. M. le duc d’Orléans était fort gras ; la chaleur était étouffante. Le prince, en nage et très-fatigué, demanda la permission d’ôter son col. Il se met à l’aise, déboulonne son habit, souffle, respire avec tant de bonhomie, d’une manière et avec une figure qui paraissaient si plaisantes à ma tante, qu’elle fait un éclat de rire immodéré en l’appelant gros père, et ce fut, dit M. le duc d’Orléans, avec une telle gaîté et une telle gentillesse qu’elle lui gagna le cœur, et il en devint amoureux. Ce trait-là n’est pas du siècle de Louis XIV ; mais le goût n’avait déjà plus la même noblesse et la même élégance.
    (Mémoires de Mme de Genlis, t. 2, 60.)
  4. Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon.
  5. Ce fut Mlle Duthé que le duc d’Orléans donna ainsi de sa propre main au duc de Chartres. Comme on reprochera peut-être à l’auteur de ce livre l’hostilité que respirent certains portraits de la famille d’Orléans, il croit ne pouvoir mieux faire que de citer les propres paroles de la gouvernante du duc de Chartres, Mme de Genlis :
    « Lorsque l’éducation du jeune prince fut terminée, le premier soin paternel de M. le duc d’Orléans fut de lui donner une maîtresse qu’une infâme créature, qui l’élevait pour en faire une courtisane, lui vendit comme toute neuve encore ; elle avait quinze ans : c’était la fameuse Mlle Duthé, qui depuis ruina mon beau-frère et beaucoup d’autres. M. le duc d’Orléans se vantait de cette action comme d’une mesure fort prudente et fort tendre pour la santé de son fils ! »
    (Mémoires de Mme de Genlis, t. 2, p. 185.)
  6. « Le duc de Chartres écrivait sur des tablettes le nom de toutes les femmes qui venaient au Palais-Royal, avec ces indications : jolies, agréables, abominables. Mme de Fleury avait été rangée par lui dans cette dernière série. C’était peu de temps après la malencontreuse affaire d’Ouessant : « Ce qui me console, monsieur le duc, lui dit-elle, c’est que vous vous connaissez aussi mal en signalemens qu’en signaux. »
    (Mémoires secrets.)

    Mme de Genlis s’évertue à réfuter l’anecdote ci-dessus citée et qui se trouve partout.

  7. Vie privée ou apologie du duc de Chartres, 1 volume.