Le Cadran de la volupté ou les Aventures de Chérubin/14

La Retraite



LA RETRAITE.

Elle était bien nécessaire, après une nuit aussi laborieuses Le chevalier B… alla se reposer chez lui de ses fatigues ; et moi, je me retirai dans mon appartement où un sommeil bienfaisant vint aussitôt s’emparer de mes esprits.

Je dormis jusqu’à quatre heures du soir, je me levai à la hâte, et je courus à l’appartement de ma chère J. P… je fus étrangement surpris de n’y trouver personne. Je demandai au domestique, où était ma sœur, il me répondit que vers les dix heures du matin, une dame était venue la prendre dans un carosse, et qu’avant de partir elle l’avait chargé de me dire que je trouverais dans mon secrétaire une lettre qui m’expliquait la cause de son départ. Je pris tout tremblant cette précieuse lettre et j’y lus ce qui suit :

« Tu seras surpris, mon cher Chérubin, de mon départ. Tu dois juger de ma douleur par celle que tu éprouveras. Il n’y a que des affaires très pressante qui ayent pu m’arracher d’auprès de toi ».

« La R… m’envoya chercher ce matin chez ma parente avec des ordres très-précis de me rendre à la cour sur le champ. Je n’ai pu résister au plaisir de t’embrasser avant mon départ. Je me suis introduit dans ton appartement. Tu dormais bien profondément, puisque le feu de mes baisers n’ont pu te réveiller je ne sais quand je pourrai me retrouver avec toi. J’en ferai naître les occasions lorsque je le pourrai ; elles ne tarderont pas à se présenter, si les malheurs qui sont prêts à fondre sur la famille R… ne me forcent à fuir, mais partout où je me trouverai, je ne serai pas un seul instant sans penser à mon aimable page ».

J’étais resté immobile après la lecture de cette lettre. Elle m’affecta violemment ; le cœur serré, et respirant à peine, je gémis de voir de nouveau s’évanouir l’aurore du bonheur… J’aimais éperduement ma chère J. P… et sa lettre m’avait fait naître des craintes… j’avais même un secret pressentiment que je la perdais pour toujours…

L’arrivée du chevalier B… qui entra précipitament, et d’un air égaré augmenta encore mes inquiétudes et nos chagrins en apprenant les tristes événemens qui se préparaient.


Le Cadran de la volupté, vignette fin de chapitre
Le Cadran de la volupté, vignette fin de chapitre