Librairie universelle (p. 241--).

L’OVARIOTOMIE

Depuis que j’écrivis les Florifères dans un élan d’effroi, de révolte et de compassion, à une époque rapprochée comme date, mais déjà éloignée quant à la sinistre mode chirurgicale, tant de désastres survinrent que l’ovariotomie perdit de ses admirateurs ; une juste méfiance remplaça l’engouement d’un moment — bien trop long, puisqu’il avait suffi pour détraquer et torturer toute une génération de femmes.

Aujourd’hui, l’ovariotomie est si généralement crainte et réprouvée que je crois inutile de la combattre ici. D’autant plus qu’ayant mis en scène dans les Florifères toutes celles que j’approchai à cette époque, victimes du snobisme néfaste à l’ordre du jour, je ne saurais que me répéter. Je me contenterai donc de rappeler brièvement les deux types principaux : Jeanne, la femme grasse, paisible, chez qui l’ovariotomie amène l’obésité précoce et un kyste à la matrice ; Lucie, la femme inquiète, nerveuse, que l’opération, les terreurs, les angoisses qui l’accompagnent, conduisent à la folie et au suicide.