Le Beau Voyage (1916)/Les Villages

Bibliothèque-Charpentier (p. 33-34).

LES VILLAGES

Il y a de grands soirs où les villages meurent,
Après que les pigeons sont rentrés se coucher.
Ils meurent, lentement, avec le bruit de l’heure
Et le cri bleu des hirondelles au clocher…
Alors, pour les veiller, des lumières s’allument.
Vieille^ petites lumières de bonnes sœurs,
Et des lanternes passent, là-bas, dans la brume…
Au loin le chemin gris chemine avec douceur…
Les fleurs dans les jardins se sont pelotonnées
Pour écouter mourir leur village d’antan,

Car elles savent que c’est là qu’elles sont nées…
Puis les lumières s’éteignent, cependant
Que les vieux murs habituels ont rendu l’âme,
Tout doux, tout bonnement, comme de vieilles femme.