Lassitude (Verhaeren)
LASSITUDE
La terre immensément s’efface au fond des brumes
Et lentement aussi les frênes lumineux
D’automne et lentement et longuement les nœuds
Des ruisselets dans l’herbe et leurs bulles d’écumes ;
Lointainement encor des sons pauvres et las.
Voix par des voix lasses au fond des soirs hélées ;
Et les chansons et les marches, par les vallées,
Des mendiants qui vont, sait-on vers où, là-bas ?
Et des rames en désaccord, et l’autre, et l’une.
Et boitantes et tombantes — et, longuement,
Un vol d’oiseaux qui plane et plane et, lourdement.
Chavire en un ciel gris, où se fane la lune.