Police Journal Enr (Aventures de cow-boys No. 4p. 4-7).

CHAPITRE II

L’ESCARMOUCHE DE LA VALLÉE


Il y avait une couple d’heures qu’ils galopaient dans la plaine derrière des nuages de poussière désagréable, quand ils virent un troupeau de buffalos sauvages.

Ils mirent leurs bêtes au petit pas.

Pour ne pas effrayer les bisons…

Et contournèrent le troupeau.

L’Aiglon soupira :

— Dire que dans quelques années, il n’y aura plus de buffalos. Les blancs en font un carnage, un véritable holocauste… Le buffalo, la viande des sauvages, viande sans laquelle nous mourrons de faim…

Verchères ne fit pas de commentaires…

Ils se remirent au trot.

Puis d’eux-mêmes, les chevaux prirent le galop…

Ils sentaient l’eau fraîche.

Toute proche.

En effet ils stoppèrent bientôt à un petit cric où ils se désaltérèrent, hommes et bêtes.

J. B. demanda :

— Sommes-nous encore loin de la vallée

— Oh, une lieue environ.

Ils reprirent leur course.

Soudain ils virent un point sombre.

Au loin.

Ce point se déplaçait…

Puis trois autres points parurent.

Mobiles eux aussi.

Verchères dit :

— Descendons de monture.

Quand ils eurent fait ça, J. B. ordonna :

— Couchons nos chevaux et cachons-nous nous-mêmes dans la brousse.

Carabines en mains, embusqués derrière leurs montures qui les protégeaient, ils regardèrent.

Les 4 points noirs s’étaient précisés.

Étaient devenus 5 cavaliers.

On n’entendait point encore les détonations, mais on voyait les petites poffes de fumée des 3 armes à feu des poursuivants.

La situation s’éclaircissait.

Il n’y avait plus de doute.

Le premier cavalier fuyait les trois autres.

UN contre TROIS.

Tout homme digne de ce nom a un penchant naturel pour le plus faible…

Mais le fuyard était peut-être un outlaw.

Et le trio poursuivant était-il partie d’un possé ?

J. B. décida de prendre une chance…

D’apeurer les poursuivants.

Sans leur faire de mal.

Puis d’arrêter le fuyard.

Et d’avoir un mot avec lui.

Il dit :

— Ne tire pas, Aiglon, laisse-moi faire.

Il visa longuement.

Tira…

Le chapeau 10-gallons du premier poursuivant tomba troué.

Quand il eut perforé le 2e chapeau, les trois poursuivants décidèrent qu’ils en avaient assez.

Firent faire demi-tour à leurs montures.

Et devinrent eux-mêmes fuyards.

— HAUT LES MAINS !

L’AIGLON et Baptiste n’avaient pas vu le vieux et le jeune homme s’approcher par en arrière.

Le vieillard ajouta :

— Ne vous tournez pas, ne faites pas un seul mouvement ; nous vous couvrons de nos carabines.

Le cavalier que J. B. avait protégé de son tir s’approchait.

Bientôt il stoppa.

Mit pied à terre.

Examina d’un coup d’oeil la situation.

Et dit :

— Eh, papa, tu ne comprends pas…

— Quoi ?

— Ce sauvage et ce blanc m’ont sauvé la vie…

— Oh, fit le vieux, je croyais qu’ils tiraient sur toi, Narcisse, mon fiston.

— Mais non, mais non.

Adhémar, l’autre garçon du vieillard, expliqua :

— Nous avons dû assister à la carabinade d’un mauvais angle.

J. B. sortit sa badge qui faisait de lui un officier spécial de la royale police montée des territoires du nord-ouest et l’attacha au devant de sa chemise carreautée.

— Maintenant, dit-il, qui êtes-vous ?

— Le vieillard répondit :

— Je suis Onésiphore Rioux.

— Moi, dit l’ex-fuyard, je suis son fils Narcisse.

Le 3e fit :

— Et moi, je suis Adhémar…

J. B. demanda :

— Vous faites… ?

— Nous sommes ranchers, dit le vieux Rioux.

Adhémar précisa :

— Nous avons un ranch de chèvres et de boucs.

Aguogue !

Baptiste se trouvait-il encore aux prises avec la vieille querelles des éleveurs de bestiaux et des éleveurs de chèvres…

De chèvres et de boucs dont les chevaux haïssaient l’odeur au point de prendre peur ?

Mais enfin se dit J. B., le soleil luit pour tout le monde.

— Je gage, mes amis, que vous êtes en chicane avec un rancher de bestiaux.

Le vieux s’écria :

— Vous gagnez.

Narcisse, lui, dit :

— C’étaient le rancher et ses garçons qui me poursuivaient.

— Leurs noms ?

— Arthur Cabby, le père…

— Et les fils ?

— Raymond et Rosario.

— Qu’est-il arrivé au juste avant la fusillade ?

— Hier matin nous avons trouvé un trou dans la clôture qui sépare les 2 ranchs. Il y avait 11 boucs et 17 chèvres de morts. Nos bêtes avaient été attaquées par un taureau en galvaude…

— Un taureau de Cabby ?

— Oui.

S’adressant au vieil Onésiphore, J. B. demanda :

— Alors que fîtes-vous ?

— Nous réparâmes notre clôture. Et je laissai Narcisse en sentinelle sur les lieux. Pour le reste, parle, Narcisse.

Celui-ci s’exécuta.

Il s’endormit sur sa garde.

Quand il s’éveilla il vit les 3 Cabby en train de démolir la clôture et de souxer un taureau dans le troupeau de chèvres.

Il fit ce qu’il était en plein droit de faire.

Il tira.

Et tua le taureau.

Puis il sauta en selle.

Et déguerpit.

Poursuivi par les 3 Cabby.

Narcisse termina :

— C’est tout. Vous savez le reste.

J. B. ordonna :

— Tous les 5, en selles.

Le vieux Rioux demanda :

— Où allons-nous ?

— Interviouer Cabby père.

— OH !