Éditions Édouard Garand (68p. 37-41).

XIV

LE SECRET D’HENRIETTE


Après avoir laissé Alpaca et Tonnerre en compagnie de la crêpe au lard, Pierre Lebon était remonté à son appartement.

Dans la pièce servant à la fois de cabinet de travail et de fumoir, Henriette, assise dans une berceuse, demeurait pensive. Enveloppée dans un peignoir que lui avait prêté Mme  Fafard, mignonne, plus belle dans sa pâleur, elle paraissait repasser dans son souvenir les terribles événements qu’elle avait vécus depuis deux jours.

Elle accueillit Pierre Lebon avec le meilleur sourire et lui demanda de sa voix toujours limpide :

— Et ces deux braves, mon Pierre ?

— Ils ont l’air tout à fait heureux.

— Singuliers personnages, n’est-ce pas ?

— Et leurs noms donc… fit Pierre en riant.

Henriette se mit à rire aussi. Puis, reprenant son sérieux, elle dit :

— Pierre, savez-vous que j’ai fait l’expérience d’un phénomène curieux, phénomène au sujet duquel, du reste, j’ai déjà lu quelque chose.

— De quel phénomène, voulez-vous parler ?

— Voici. Dans l’espèce de léthargie où j’étais plongée, je pouvais saisir presque entièrement la conversation de mes deux sauveteurs. Alors je faisais des efforts inouïs pour parler, remuer, ouvrir mes paupières sur lesquelles semblait peser lourdement une masse de plomb. Mais je continuais à demeurer inerte et comme emportée dans les brumes, la vie elle-même, et je croyais entrer dans l’infini néant, quand encore les mêmes voix me frappaient, et j’entendais presque tout ce qu’ils disaient. Mais ce qui m’étonnait le plus, c’étaient les noms de ces personnages : Maître Tonnerre, disait l’un d’une voix basse et profonde… Maître Alpaca, faisait l’autre d’une voix aigrelette. Ma foi, j’aurais ri de tout cœur, si je l’eusse pu.

Elle éclata de rire.

— Que pensez-vous de ces deux hommes, Henriette ?

— Mon Dieu ! ils ne peuvent être que d’honnêtes ouvriers qui, comme tant d’autres, sont en quête de quelque chose à faire et de quelques dollars à gagner.

— Je le pense aussi. Ce qui m’intrigue, cependant, ce sont leurs manières polies, quoique exagérées.

— Et leur langage choisi, un peu musqué, sourit la jeune fille.

— Oh ! Je ne suis pas étonné outre mesure, reprit le jeune homme, car on rencontre quelquefois des ouvriers qui possèdent sous des dehors grossiers une certaine instruction et du savoir-vivre.

— Une chose sûre, Pierre, ce sont deux garçons braves et généreux à qui je dois de vivre à cette heure.

— Oui, Henriette, nous leur devons une grande reconnaissance. Aussi, s’ils cherchent un emploi, je suis sûr qu’à l’aide de nos relations il nous sera facile de leur trouver quelque chose de convenable.

— Mais j’ai déjà une idée à leur sujet, dit la jeune fille gravement.

— Quelle idée ?

— Je songe à m’assurer les services de ces deux hommes pour l’accomplissement de certains projets que je médite depuis ce matin.

— Peut-on connaître ces projets ?

— Pas maintenant, car ils sont encore mal définis. Toutefois, je peux vous dire de suite que ce sont des projets relatifs à ma mésaventure de la nuit passée.

— Vous ne m’avez pas encore mis au courant de cette mésaventure, Henriette ? reprocha doucement le jeune homme.

— Je vous prie de prendre patience, Pierre, sourit la jeune fille. Quand l’heure sera venue, vous saurez comment et pourquoi on m’a fait prendre ce bain de nuit qui a failli m’être fatal. Au reste, il y a là encore pour moi un pan de mystère que je veux essayer de pénétrer. Donc, même si je le voulais, je ne pourrais vous expliquer ce qui m’est arrivé.

— Connaissez-vous ceux qui ont attenté à votre vie ?

— Non. Mais je veux les connaître.

— Comme je l’ai deviné, il s’agit dans toute cette affaire mystérieuse de mes plans et de mon modèle de Chasse-Torpille.

— Parfaitement, Pierre. Aussi, je me suis juré de retrouver ces plans et ce modèle.

Vous avez donc une piste ?

— Oui.

— Naturellement, vous allez vous entendre avec Monsieur Conrad ?

— Non.

— Tiens !

— Pierre, je dois m’abstenir de revoir pour un certain temps mes patrons ni personne de la « Conrad Engineering Company ». Tout le monde doit ignorer ce que je suis devenue. Plus que cela, il importe que je passe pour morte. Et vous même, Pierre, vous devrez demeurer caché. Si l’on venait pour s’informer de nous ici, il faudra qu’on ne nous trouve pas. Le plus simple c’est de donner ordre à Mme  Fafard de dire simplement que nous sommes absents. Si donc vous ne tenez pas à ce que je sois jetée à l’eau une seconde fois, Pierre, il va falloir vous soumettre à tout ce que je vous commanderai de faire.

— Nous allons donc entrer dans le mystère ? sourit le jeune homme.

— Oh ! pas pour longtemps. Voyez-vous, nous avons des ennemis qui ont l’avantage de nous connaître et que nous, nous ne connaissons pas. À compter de ce jour nous devrons donc nous tenir sans cesse sur nos gardes, aller et venir avec beaucoup de circonspection et de prudence, ne sortir autant que possible que le soir, bref, veiller nous-mêmes à notre sécurité.

— Alors, vous ne sortirez pas aujourd’hui ? interrogea le jeune homme avec un éclair de joie dans ses yeux.

— Je sortirai ce soir seulement.

— Et où irez-vous ce soir ?

— C’est mon secret, mon cher.

— Et un mystère, sourit le jeune homme.

— Oh ! vous n’avez pas fini de passer par les mystères, se mit à rire doucement la jeune fille, et vous verrez probablement des choses qui vous étonneront au plus haut degré. Seulement, il faut me promettre que vous ferez tout ce que je vous demanderai de faire.

— Je vous le promets.

— Et vous aurez confiance en moi ?

— Toute ma confiance vous est acquise. Je sais que vous êtes intelligente et hardie, et puisqu’il s’agit de retrouver les plans et le modèle de mon Chasse-Torpille, je suis prêt à tout faire. S’il faut de l’argent, ma bourse vous est ouverte. Nous avons ces vingt-mille dollars que m’a payés Conrad, bien qu’à la vérité j’avais songé à les lui rendre.

— Vous n’en ferez rien, car nous avons besoin de cet argent pour accomplir les projets que je forme. Et puis, je suis certaine de retrouver les plans et le modèle.

— Bravo ! Henriette.

Ils furent interrompus par un heurt discret dans la porte.

Pierre courut ouvrir. C’étaient nos deux compères qui revenaient de la salle à manger. Ils entrèrent précieusement, mais s’arrêtèrent net à la vue de la jeune fille.

— Entrez, entrez, mes amis ! commanda Henriette de sa voix harmonieuse.

— Mademoiselle, prononça Alpaca avec une longue révérence, pardonnez-nous, à mon ami et à moi, de ne nous être pas enquis plus tôt de votre santé ; mais comme dit le proverbe… Mieux vaut tard que jamais !… nous nous empressons donc de réparer notre impolitesse.

— Messieurs, vous ne me devez aucune réparation, car je n’oublie pas que je suis votre débitrice. Daignez vous asseoir, nous allons nous entretenir sérieusement.

Pierre disposa des sièges, offrit un cigare que les deux compères acceptèrent après avoir demandé la permission à la jeune fille, puis Henriette commença :

— Mes amis, pour l’instant je désire vous exprimer combien je vous suis redevable pour votre acte de courage, mais plus tard je compte m’acquitter tout à fait de ma dette de reconnaissance. Maintenant, je vais vous demander si je peux compter sur votre discrétion entière.

— Mademoiselle, je vous jure que vous pouvez avoir confiance en nous.

— Et seriez-vous disposés à travailler pour moi et Monsieur Lebon, durant quelques jours ? Je vous assure que vos services seront raisonnablement payés.

— Commandez, mademoiselle, dit Tonnerre, et nous obéirons.

— Merci. Mais avant de vous mettre au travail, je vais vous instruire de certains détails qui ne manqueront pas de vous être utiles.

Elle leur narra le vol des plans et du modèle du Chasse-Torpille, et leur fit part d’une partie des projets qu’elle avait conçus pour retrouver ces plans et ce modèle. Elle conclut :

— Vos services consisteront à nous aider à mettre la main sur les voleurs et à reprendre ce qui nous a été volé.

— Nous ferons tout ce qu’il sera possible de faire pour le succès de votre entreprise, mademoiselle, affirma Alpaca.

— Je vous crois, mes amis, sourit la jeune fille. À présent, nous allons nous entendre avec Madame Fafard, qui nous est très dévouée, pour que cette brave femme mette à votre disposition la chambre que vous avez occupée la nuit dernière. Vous voilà donc logés. La table vous sera mise aussi trois fois par jour. À titre d’avance sur votre salaire, je vais vous remettre une somme d’argent avec laquelle vous pourrez remplacer vos habits que vous avez gâchés en me sauvant la vie. Je vous donnerai en outre une liste de marchandises dont j’aurai besoin et que vous pourrez me procurer en ville.

— Ah ! mademoiselle, s’écria Alpaca avec une véritable émotion, vous ne pouvez vous imaginer comme vous nous rendez heureux en mettant votre confiance en deux inconnus dont vous ignorez l’origine et les antécédents.

— Je n’ignore pas, mes amis, que vous êtes braves et généreux, et cela me suffit. D’ailleurs, quelle que soit votre présente situation, je me doute bien que vous avez dû appartenir à une classe élevée de la société.

— Vous avez bien deviné, mademoiselle. Hélas ! la vie parfois dirige l’homme en d’étranges situations, à travers lesquelles il est emporté comme un fétu, il devient le jouet d’une bourrasque qui se moque de lui avec une joie malicieuse. Et pour ne dire qu’un mot de moi, mademoiselle, un jour, il y a vingt ans passés, j’appartenais au Barreau de cette ville. J’étais devenu un légiste remarquable, un criminaliste réputé. La célébrité s’emparait de mon nom. Mais pour des raisons personnelles qui ne seraient nullement intéressantes pour vous, j’abandonnai le Barreau, je quittai cette ville et, pauvre, m’en allai à l’aventure. Et comme le grand rival de Charles-Quint, mademoiselle, je peux dire… « J’ai tout perdu fors l’honneur ! » Et mon ami, ici présent, Maître Tonnerre, ancien notaire à Québec, peut confirmer mes paroles. Lui aussi et pour les mêmes raisons a dû abandonner, un jour, une profession qui lui était chère. Ai-je dit la vérité. Maître Tonnerre ?

— La vérité vraie, approuva Tonnerre avec force et en lançant au plafond un nuage de fumée.

— Depuis ce jour néfaste, poursuivit Alpaca d’une voix troublée par une intense émotion, nous avons couru le monde, vivant du travail manuel, exerçant un peu tous les métiers, crevant un peu de faim, mourant un peu de soif, mais restant toujours et quand même du côté de l’honneur et de la probité. N’est-ce pas, Maître Tonnerre ?

— Hélas ! soupira Tonnerre excessivement touché à la fin par les accents émus de son compagnon. tout cela n’est que trop vrai !

— Et chose curieuse, mademoiselle, reprit Alpaca, après avoir brillé au Barreau comme étoile, je brillai également comme étoile durant quelques mois au Cirque « Ringling ». Je devins le premier artiste de la troupe. On ne m’appelait plus que le « Grand Alpaca », le merveilleux acrobate. Mon nom suffisait à soulever des trépidations dans l’assistance électrisée. Maître Tonnerre était mon plagiaire, mais il réussissait assez mal ses plagiats : car à chaque tour de trapèze ou de balançoire il allait mordre le sol en se démanchant un peu quelque chose. Et alors seulement, ses mimiques expressives et les grimaces de sa figure de singe faisaient un tant soit peu rire la foule.

Henriette et Pierre éclatèrent de rire, tandis que Tonnerre se dressait debout, le regard enflammé d’indignation, et disait d’une voix très aiguë :

— Moi… une figure de singe. Maître Alpaca ?… Répétez donc, voir, si vous l’osez !

— Pardon, Maître Tonnerre, riposta froidement et poliment Alpaca, vous m’avez mal saisi. Je veux dire que vous étiez passé maître dans l’imitation des gestes et expressions de figure de singe auquel, vous ne l’ignorez pas, on ne peut trouver d’égal. Mais, pour parler plus justement, je dirai que vous étiez mon bouffon…

— Votre bouffon ! éclata Tonnerre plus courroucé encore par cette épithète. Vous voulez donc m’avilir à tout prix, Maître Alpaca ? Mettez donc les choses à leur place. Voici, mademoiselle, ce qui en était à la vérité. Tout comme Maître Alpaca, j’étais un artiste consommé, et s’il était l’étoile, j’en étais bien le rayon. Car les applaudissements de la foule n’éclataient que juste au moment où je venais d’exécuter et mieux que lui, le terrible et prodigieux « Saut de la Mort ».

— Et « le Saut de l’Échalas », s’il vous plait, Maître Tonnerre ?… s’écria Alpaca en se levant et se haussant avec une hautaine supériorité.

— Le « Saut de l’Échalas » ! bredouilla Tonnerre en rougissant.

— Oui, le saut que vous avez essayé une fois seulement, avec le résultat, d’une côte coincée et d’une patte déboîtée ! Oui, Maître Tonnerre, le Saut de l’Échalas qui m’a valu la célébrité universelle ! Vous n’avez jamais plus tenté de l’exécuter, bien sûr que vous étiez de vous tordre le cou cette fois.

— C’est vrai, Maître Alpaca, avoua timidement Tonnerre.

— Mais c’est assez de nos exploits, poursuivit Alpaca en se rasseyant ainsi que Tonnerre. Et maintenant, mademoiselle, et vous, monsieur, vous n’avez qu’à nous mettre à l’épreuve.

— C’est bien, dit Henriette qui avait peine à retrouver son sérieux, nous allons nous mettre à l’œuvre. Voici d’abord la liste des différents objets dont j’ai besoin, avec les indications nécessaires pour vous faciliter leur achat. Monsieur Lebon va vous remettre l’argent qu’il faut pour faire ces emplettes.

Le jeune inventeur exhiba un portefeuille volumineux et en tira une liasse de billets de banque dont il fit deux parts égaies, et qu’il remit ensuite à chacun des deux amis qui ouvraient des yeux démesurés.

— Tâchez, recommanda Henriette au moment où Alpaca et Tonnerre allaient prendre congé, que tout soit terminé pour ce soir.

— Comptez sur nous, firent d’une seule voix les deux amis.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Il passait quatre heures de l’après-midi lorsque Pierre Lebon, qui était sorti, rentra à son appartement où Henriette était demeurée seule.

Le jeune homme entra dans son cabinet brusquement, la démarche saccadée, le teint livide.

Du premier coup d’œil la jeune fille saisit le trouble de son fiancé. Elle s’écria avec inquiétude :

— Que se passe-t-il donc, Pierre ?

Pour toute réponse, le jeune homme tira de sa poche un journal anglais, le déplia d’une main fébrile, et dit d’une voix sourde et méconnaissable :

— Lisez !

Henriette saisit le journal et se mit à parcourir rapidement l’article indiqué par le jeune homme.

Et à son tour elle pâlit, ses mains furent violemment agitées, son sein battit en tumulte. Elle leva ses yeux hagards sur Pierre qui s’était laissé tomber sur un siège sur lequel il demeurait affaissé, désespéré, et elle prononça :

— Oui, c’est terrible.

— C’est épouvantable ! murmura Pierre avec un frisson d’horreur.

Ils demeurèrent un moment silencieux et sombras.

Que disait donc le journal ? Voici :

UN VOL AUDACIEUX !

Les bureaux de « Conrad-Dunton Engineering Company » ont été avant-hier, dans la nuit, le théâtre d’un vol audacieux. Depuis un mois le bruit courait qu’une jeune ingénieur canadien avait inventé une machine Chasse-Torpille dont on vantait les merveilles. Un modèle minuscule fabriqué par l’inventeur lui-même, avait par des essais subséquents, démontré le parfait fonctionnement de la machine et les grands services qu’elle pouvait rendre. Conrad et Dunton, après une longue étude de l’affaire, firent des avances à l’inventeur qui consentit à céder tous ses droits de propriété pour certaine somme d’argent, dont le quart lui fut versé immédiatement. Les plans demeurèrent entre les mains de MM. Conrad et Dunton, l’inventeur s’engageant à leur livrer, le jour suivant, le modèle de la machine. Or, hier matin, les plans du Chasse-Torpille, qui avaient été déposés dans le coffre-fort de la Compagnie la veille avaient mystérieusement disparu au cours de la nuit suivante. Au moment où cette disparition était constatée, l’inventeur survenait tout à coup et annonçait que son modèle avait été enlevé de son domicile durant la même nuit. C’était bizarre. D’autant plus que la veille au soir, une certaine Henriette B…, employée de la Compagnie et connaissant la combinaison du coffre-fort, avait travaillé, seule, une couple d’heures aux bureaux où l’inventeur était venu la rejoindre dans la soirée. Il faut dire que l’inventeur et la jeune fille étaient fiancés et désireux de gagner la forte somme, afin de s’épouser au plus tôt et de couler des jours aisés. Déjà, le soupçon s’imposait fortement. Mais voilà que ce matin nous sommes informés que l’inventeur et sa fiancée ont mystérieusement disparu de la Métropole et ont, en toute probabilité, passé la frontière américaine. On croit comprendre que l’inventeur, après avoir extorqué une somme d’argent considérable à la « Engineering Company », va tenter de renouveler ailleurs son exploit. Mais la police a été saisie de l’affaire et les autorités américaines ont été prévenues. On s’attend à l’arrestation prochaine des escrocs.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

— Qu’allons-nous faire ? demanda Pierre à la jeune fille qui demeurait méditative.

Elle releva la tête et sourit doucement.

— Une seule chose, Pierre, répondit-elle avec la plus belle tranquillité, prouver votre innocence et la mienne !

— Mais comment ? s’écria le jeune homme très incrédule.

— C’est mon secret. Néanmoins, cet incident va déranger les premiers plans que j’ai établis. Mais bah ! nous lutterons. Oh ! je conçois bien que la partie va être rude et terrible, mais Dieu aidant, nous la gagnerons, Pierre… Nous la gagnerons, je le jure !

Et le visage pâle de la jeune fille s’éclaira d’une belle lueur d’énergie qui ramena la confiance à l’esprit de l’inventeur. Et en même temps, tandis qu’un éclair sillonnait ses prunelles sombres, elle se dit à elle-même, avec un accent impossible à rendre :

— Et maintenant, Philip Conrad à nous deux !…