La sainte Bible selon la Vulgate (J.-B. Glaire)/Avertissement

(introductions, notes complémentaires et appendices)
La sainte Bible selon la Vulgate
Traduction par Jean-Baptiste Glaire.
Texte établi par Roger et Chernoviz, Roger et Chernoviz (p. XIII-XX).
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Avertissement

En publiant notre traduction du Nouveau Testament avant celle de l’Ancien, nous avons déféré à l’avis de plusieurs évêques, d’un grand nombre de prêtres de différents pays et du Souverain Pontife lui-même ; et nous l’avons fait avec d’autant plus d’empressement, qu’ils sont les meilleurs juges d’une pareille anticipation. Mais, par là même, nous avons dû mettre en tête des éditions du Nouveau Testament un avertissement qui y devenait nécessaire, quoique sa place naturelle fût immédiatement avant la traduction de l’Ancien. Nous reproduisons donc ici cet avertissement, en y faisant, toutefois, des additions nécessitées par certaines circonstances.

Bien que préparé à cette traduction par une étude des langues et de la science bibliques, continuée pendant plus de quarante années, nous n’aurions osé entreprendre une tâche aussi difficile, si nous n’y avions été fortement engagé, et en France et en plusieurs pays étrangers, par des hommes dont l’autorité doit être du plus grand poids pour nous. Si donc il y a eu témérité de notre part, nous espérons trouver dans ces encouragements une excuse légitime.

Nous avions d’abord pensé à reproduire la version de Sacy, avec de nombreux changements ; mais, après un examen plus approfondi et une confrontation plus rigoureuse de cette version avec la Vulgate, nous avons dû renoncer à cette idée. Sacy, en effet, est moins traducteur que paraphraste ; il semble même, dans une multitude de passages, affecter de s’écarter de la lettre, sans qu’il y ait le plus léger motif qui puisse l’y obliger. Aussi, il faut bien le reconnaître, si la traduction se recommande par une grande pureté et une certaine élégance de style, elle ne laisse pas même entrevoir qu’elle soit la représentation d’un texte qui a conservé dans tout leur naturel les couleurs si vives et si tranchées de la composition orientale dont il émane. Ajoutons que ce mode de traduction libre, tout en mettant fort à l’aise le traducteur lui-même, laisse souvent la pensée de l’écrivain sacré dans un vague et une obscurité qui ne permettent pas au lecteur de la saisir d’une manière claire et précise. De là vient que quand on compare Sacy avec saint Jérôme, on ne comprend pas toujours quel rapport il peut y avoir entre l’un et l’autre.

Quant à la traduction de Genoude, elle est trop défectueuse pour que nous ayons songé un seul instant à la prendre pour base de notre travail. L’auteur, profondément ignorant de tout ce qui touche à nos divines Ecritures, a accumulé contre-sens sur contre-sens, omis une foule de mots importants ; et, quoiqu’il semble avoir voulu se conformer à la Vulgate et la reproduire aussi littéralement qu’il est possible, il lui arrive constamment de l’abandonner pour suivre l’hébreu ou le grec, sans les traduire exactement, et de copier, avec une fidélité scrupuleuse, la paraphrase de Sacy.

On comprend aisément que nous ayons cherché à mettre à profit les traductions bibliques de Bossuet. Il y a trente-cinq ans que, sur les instances d’un vénérable sulpicien, M. Mollevaut, nous entreprîmes de recueillir de ses divers ouvrages tout ce qu’il a traduit de nos saintes Ecritures. Ainsi nous devons beaucoup au grand évêque de Meaux ; cependant il nous est arrivé fort souvent de donner des interprétations autres que les siennes. On ne saurait s’en étonner, puisque, malgré son érudition, d’ailleurs prodigieuse, Bossuet manquait d’une connaissance indispensable à tout exégète de la Bible, de la connaissance de l’hébreu.

Mais nous devons au lecteur quelques explications sur la nature de notre propre travail. Le premier devoir d’un traducteur étant de choisir un texte qui puisse donner toutes les garanties désirables, nous nous sommes entièrement conformé à l’édition de la Vulgate donnée à Turin par Hyacinthe Marietti, et approuvée par un décret de la Congrégation de l’Index, en date du 26 juin 1856. Quant a notre traduction elle-même, ce qui la caractérise surtout, c’est une rigoureuse littéralité. Ainsi, toutes les fois que les exigences de notre langue ne s’y sont pas opposées, nous avons rendu la Vulgate mot pour mot. Or, voici les avantages que nous avons cru trouver dans ce genre d’interprétation. D’abord la Bible conserve mieux son admirable simplicité, sa noble concision, la richesse et la vivacité de ses images, la hardiesse de ses tropes ; en un mot, tout le charme d’un style pittoresque, qui attache le lecteur, sans le fatiguer jamais. En second lieu, toutes les traductions autorisées ont suivi le système de la littéralité, et la Vulgate elle-même s’y est généralement conformée ; car le manque de clarté qu’on lui reproche dans un grand nombre de passages vient précisément de ce que son auteur a cru devoir expliquer les textes originaux au pied de la lettre (1). Troisièmement enfin, le respect même dû à la parole de Dieu nous a empêché d’adopter le mode d’une traduction libre, comme exposant continuellement le traducteur à faire prendre le change sur le vrai sens des écrivains sacrés, en leur prêtant des idées qui ne sont pas les leurs.

Que si, malgré ces motifs, on nous faisait encore le reproché d’être trop littéral, nous nous croirions en être pleinement justifié par la considération que ce mode de traduction nous a été imposé par le traducteur sans égal, Bossuet, que nous avons pris pour modèle, et à qui, par conséquent, nous avons dû faire le plus d’emprunts possibles. Or, Bossuet ne connaît pas de raison suffisante d’abandonner jamais, même au détriment du génie de notre langue, une littéralité qui rend le texte, et le texte tout entier, dans sa simplicité, dans sa rudesse, et, le cas échéant, dans ses ombres et son obscurité ; une littéralité qui n’autorise point la licence criminelle d’introduire dans le texte des paraphrases qu’on devrait renvoyer dans les notes, pour ne point mêler ou substituer la pensée de l’homme à la pensée de Dieu ; une littéralité qui ne veut pas que, par un esprit de ménagement et une fausse délicatesse, on donne un sens vague à un terme précis ; une littéralité qui exige, non seulement que les expressions et les tours identiques dans le texte se rendent de la même sorte dans la traduction, mais encore que la figure du texte, son allure, sa manière d’être, sa physionomie, soient fidèlement reproduites en conservant tous les idiotismes grecs ou hébreux. Enfin, Bossuet ne connaît pas de raison suffisante d’abandonner la littéralité qui, en présence du texte sacré, rejetant toutes les pompes de l’éloquence humaine, parle simplement, et comme de mot à mot, la langue des pauvres pêcheurs de Galilée. Ces considérations, que Bossuet a répandues çà et là dans ses écrits (1), se trouvent parfaitement résumées dans le passage suivant, où, en parlant de la traduction de Sacy, imprimée à Mons, il dit au maréchal de Bellefonds : « Je vois avec regret que quelques-uns affectent de lire une certaine version plus à cause des traducteurs qu’à cause de Dieu qui parle, et paraissent plus touchés de ce qui vient du génie ou de l’éloquence de l’interprète, que des choses mêmes. J’aime, pour moi, qu’on respecte, qu’on goûte et qu’on aime, dans les versions les plus simples, la sainte vérité de Dieu. Si la version de Mons a quelque chose de blâmable, c’est principalement qu’elle affecte trop de politesse, et qu’elle veut faire trouver, dans la traduction, un agrément que le Saint-Esprit a dédaigné dans l’original. Aimons la parole de Dieu pour elle-même ; que ce soit la vérité qui nous touche, et non les agréments dont les hommes éloquents l’auront parée. La traduction de Mons aurait eu quelque chose de plus vénérable et de plus conforme à la gravité de l’original, si on l’avait faite un peu plus simple, et si les traducteurs eussent moins mêlé leur industrie, et l’élégance naturelle de leur esprit à la parole de Dieu (2). »

Il semble que Sacy avait sous les yeux ces paroles de Bossuet et qu’il en sentait toute l’importance, lorsque, l’année même de sa mort, il disait à son ami Fontaine, au sujet de sa traduction de la Bible : « Que sais-je, si je n’ai rien fait contre les desseins de Dieu ? J’ai tâché d’ôter de l’Ecriture sainte l’obscurité et la rudesse, et Dieu, jusqu’ici, a voulu que sa parole fût enveloppée d’obscurités. N’ai-je donc pas sujet de craindre que ce ne soit résister aux desseins du Saint-Esprit, que de donner, comme j’ai tâché de faire, une version claire et peut-être assez exacte par rapport à la pureté du langage? Je sais bien que je n’ai affecté ni les agréments, ni les curiosités qu’on aime dans le monde, et qu’on pourrait rechercher dans l’Académie française. Dieu m’est témoin combien ces ajustements m’ont toujours été en horreur ; mais je ne puis me dissimuler à moi-même que j’ai tâché de rendre le langage de l’Ecriture clair, pur et conforme aux règles de la grammaire ; et qui peut m’assurer que ce ne soit pas là une méthode différente de celle qu’il a plu au Saint-Esprit de choisir? Je vois dans l’Ecriture que le feu qui ne venait pas du sanctuaire était profane et étranger, quoi qu’il pût être plus clair et plus beau que celui du sanctuaire… Il ne faut passe tromper dans cette belle pensée d’édifier les âmes. Il y a une grande différence entre contenter et édifier. Il est certain que l’on contente les hommes en leur parlant avec élégance ; mais on ne les édifie pas toujours en cette matière (1). »

On comprend aisément que, d’après ces considérations, nous n’ayons pas couru après l’élégance du style, vaine chimère qu’on n’atteindra jamais, dans une traduction de la Bible, sans s’écarter de la voie de la fidélité et de l’exactitude. Nous avions d’ailleurs un autre modèle que nous devions tout naturellement imiter : nous voulons parler de saint Jérôme. Or, le savant Père s’est-il jamais fait un scrupule de s’écarter du génie de l’idiome latin, en employant des termes et des tours de phrases inusités dans la pure latinité classique ? Et si, sans remonter aussi haut, nous demandions à l’Italien Martini, à l’Espagnol Scio, à l’Allemand Allioli et aux auteurs de la Bible anglaise catholique, pourquoi ils ont, eux aussi, sacrifié si souvent, dans leurs versions, le génie de leur langue, et surtout l’élégance du style, ils ne manqueraient pas de répondre : que c’était pour ne pas être obligés de sacrifier quelque chose de beaucoup plus important, le respect et la fidélité dus au texte sacré. Mais si notre traduction, comme toutes celles qui se piquent d’une rigoureuse fidélité, n’est pas d’une élégance classique, comme on dit, elle est du moins correcte ; aussi osons-nous affirmer, en nous fondant sur le témoignage de plusieurs littérateurs des plus distingués, que ceux qui en ont critiqué certains passages ont prouvé, par là-même, qu’ils avaient une connaissance bien imparfaite de notre langue ; car nous n’avons nullement dépassé les limites tracées par des écrivains qui jouissent d’une grande autorité dans le monde littéraire.

Cependant, hâtons-nous de le dire, partout où une trop grande littéralité ne rendait pas assez fidèlement ou assez clairement la pensée de ces écrivains, nous l’avons abandonnée ; mais, dans ce cas même, nous ne nous en sommes éloigné que le moins possible, et en reproduisant, dans les notes, les termes et les constructions que notre langue ne permettait pas d’introduire dans le corps du texte. D’un autre côté, nous n’avons pas cru devoir nous en écarter, en traduisant certains mots de plusieurs manières, puisque, dans les textes primitifs eux-mêmes, ils offrent réellement une variété de sens. Tel est, par exemple, le verbe dire (en latin dico), qui, en hébreu aussi bien qu’en chaldéen, en syriaque et en arabe, signifie souvent répondre, répliquer, repartir, etc., et auquel saint Jérôme lui-même a substitué tantôt inquio, tantôt aio. Tel est encore répondre (respondeo), mot représentant l’hébreu hana[illisible], primitivement élever la voix, crier ; combien de fois n’échange-t-il point sa signification première contre celle de prendre la parole, ou parler avant tout autre ? Et, pour ne plus citer qu’un exemple en ce genre, la même particule et ne réunit-elle pas, dans les quatre langues orientales que nous venons de nommer, les diverses nuances de mais, cependant, en outre, ensuite, etc., tandis qu’en mille endroits elle devient purement pléonastique pour un traducteur français, surtout quand elle marque simplement l’apodose ? Enfin, on ne viole certainement pas les lois de la littéralité, ni en négligeant dans une traduction française les particules quia, quoniam, quand elles ne sont qu’explicatives, ou en les rendant par disant, en disant, lorsque, représentant le ki hébreu, le an arabe, le kh persan, elles ne servent qu’à introduire dans le récit un discours direct ; ni en substituant un nom au pronom qui le représente, afin d’éviter la confusion, l’amphibologie, et, en un mot, tout ce qui pourrait blesser la susceptibilité de notre langue.

Nous croyons avoir rendu plus fidèlement que la plupart des traducteurs en langue vulgaire, bien des phrases tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, non seulement en tenant compte de l’emploi ou de l’omission de l’article déterminatif, qui existe dans l’hébreu et dans le grec, et que l’auteur de la Vulgate n’a pu reproduire dans le latin ; mais en conservant, autant qu’il a été possible, l’ordre même des mots, attendu que cet ordre influe toujours plus ou moins sur le sens du texte ; car il est incontestable que certaines inversions, contraires à la marche naturelle et ordinaire de la phrase, ne sont nullement arbitraires et un pur effet d’euphonie, mais que le mot qui occupe la première place dans une proposition est généralement celui auquel l’écrivain sacré attache le plus d’importance, et par conséquent sur lequel il veut arrêter plus particulièrement l’esprit du lecteur (1).

Comme un certain nombre de passages de l’Ecriture se trouvent diversement rendus dans les versions qui sont à l’usage des catholiques anglais, espagnols, italiens et allemands, nous avons emprunté de ces versions les sens qui nous ont paru les mieux fondés (1).

L’Eglise s’opposant avec la plus grande sagesse à la publication de versions en langue vulgaire, quand elles ne sont pas accompagnées de notes tirées des saints Pères ou de savants écrivains catholiques, nous en avons ajouté à notre traduction ; elles ont pour objet, tantôt d’éclaircir les passages obscurs, tantôt de justifier la Vulgate contre l’accusation de barbarie, en montrant que les irrégularités si étranges qu’on lui reproche ne sont pour la plupart que de purs hébraïsmes, qu’elle a voulu conserver par respect pour le texte sacré, tantôt de réfuter les objections faites dans le monde par des chrétiens qui ne sont pas suffisamment instruits de ce qui touche à la religion, tantôt enfin de concilier les principales contradictions apparentes de la Bible. Mais comme il est certaines difficultés qui, par leur nature, ne sauraient être bien expliquées au moyen de simples notes, nous avons cru devoir placer des observations préliminaires en tête des livres où se rencontrent ces difficultés.

Beaucoup de catholiques ne rougissant point de se joindre au commun des protestants, pour déprimer la Vulgate, ou au moins pour lui refuser toute l’estime qui lui est due à tant de titres, nous avons cru devoir mettre ici les témoignages des critiques les plus habiles, et des interprètes les plus savants du protestantisme en faveur de cette version, qui a conquis d’ailleurs la vénération de tous les siècles qu’elle a traversés.

Lorsque notre version du Nouveau Testament a paru pour la première fois, le R. P. Grenier, missionnaire oblat, à Québec, dans le bas Canada, a bien voulu nous proposer quelques améliorations que nous avons mises à profit avec reconnaissance. La table qui termine cet avertissement est une de ces améliorations. Ainsi c’est d’après les conseils du savant missionnaire que nous avons traduit en français A table of références, placée à la fin des Bibles anglaises catholiques, en l’intitulant : Citations, par ordre alphabétique, des textes de la Bible qui établissent les dogmes catholiques contre les erreurs des protestants. Les catholiques peuvent opposer ces citations avec confiance aux protestants qui leur disent que leurs prétendus dogmes ne sont nullement fondés sur l’Ecriture, et qu’ils n’ont d’autre appui que les décisions imaginaires de l’Eglise romaine. C’est encore d’après ses conseils que, dans le volume consacré au Nouveau Testament, nous avons ajouté une noté supplémentaire dont le but est d’appuyer par des exemples celle qui a rapport aux expressions, les frères, les sœurs de Jésus (Matth., xii, 46 ; xiii, 35, 56), « point très important, dit le P. Grenier, dont nos frères séparés se servent tous les jours pour égarer nos pauvres catholiques. »

Nous venons de dire en quoi nous avons tâché de mieux faire que nos devanciers, et par quelle voie nous avons cherché à y parvenir. Avons-nous atteint ce but ? on en jugera. Evidemment, quant à nous, si nous ne pensions pas que notre travail, envisagé sous les nombreux et divers points de vue qu’il embrasse, réunit au moins quelques avantages de plus que les autres travaux de même genre, nous n’aurions jamais eu l’idée de le publier, ou plutôt nous l’aurions abandonné, dès que nous aurions reconnu l’inanité de nos efforts. Mais avons-nous réussi de manière à être satisfait de notre œuvre, à la juger, non plus par comparaison avec les autres traductions françaises, mais avec le modèle dont nous avons entrepris la copie, c’est-à-dire la Vulgate, le livre que tout homme versé dans les matières bibliques considère comme le plus difficile à faire passer dans notre langue ? Sous ce rapport, personne assurément ne jugera notre traduction plus sévèrement que nous ne l’avons fait nous-méme, parce que personne n’a mieux compris toute l’étendue des difficultés que présente un pareil travail, non seulement pour le langage et pour le style, mais pour le sens exégétique et théologique. Aussi n’est-ce pas sans dessein que, dès les premiers mots de cet avertissement, nous avons déclaré que, malgré nos quarante années consacrées à l’étude des diverses branches de la science biblique, nous n’aurions pas osé entreprendre une tâche aussi difficile, si nous n’y avions été fortement engagé par des hommes dont l’autorité doit être du plus grand poids pour nous. Nous sommes donc pleinement convaincu que dans quelques passages sur le sens desquels different entre eux, et les théologiens, et les commentateurs, et les Pères eux-mêmes, nous avons pu ne pas choisir le sentiment le mieux fondé, malgré la comparaison la plus minutieuse des divers moyens qu’offre à un traducteur la critique sacrée, aussi bien que l’herméneutique et l’exégèse. Nous ne sommes pas moins convaincu qu’en ce qui touche au langage et au style, plusieurs imperfections ont pu nous échapper, les unes par inadvertance, les autres par suite du système de littéralité que nous avons adopté.

Quant aux notes qui accompagnent notre traduction, il en est quelques-unes qui, au premier abord, paraîtront peut-être trop scientifiques ; mais, comme cette traduction est destinée à tous les catholiques indistinctement, et par conséquent aux hommes instruits et même aux savants, aussi bien qu’à ceux dont l’esprit est moins cultivé, nous avons cru qu’elles ne seraient pas sans quelque utilité. Encore ici, nous n’hésitons pas à le dire, il est très possible que nous ne soyons pas toujours resté dans une juste mesure.

Un dernier mot sur notre traduction. Il y a, sans contredit, dans différentes parties de la Bible, des passages très difficiles à comprendre, puisque l’apôtre saint Pierre lui-même avoue qu’il s’en trouve dans les Épîtres de saint Paul (II Pierre, iii, 16), Nous rappellerons donc au lecteur que, comme, d’après le même apôtre, il n’est ma permis d’expliquer aucune prophétie, c’est-à-dire aucune parole inspirée de l’Écriture, par une interprétation particulière, il devra, pour tous ceux que nous n’avons pu expliquer suffisamment, recourir aux pasteurs de l’Église qui ont reçu lumière et mission pour éclaircir les difficultés, comme on recourt ordinairement, et tout naturellement, aux jurisconsultes, par exemple, pour toute question de législation embarrassante, ou bien au médecin, pour tous les cas difficiles que peut présenter la pathologie ou toute autre partie de la médecine.

J.-B. GLAIRE.
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  1. (1) Plusieurs critiques ont objecté que saint Jérôme s’est souvent éloigné du texte hébreu ; nous avons répondu ailleurs à cette objection ; nous nous bornons à dire ici que le texte hébreu que lisait le saint docteur était évidemment différent du nôtre dans plusieurs endroits.
  2. (1) M. Wallon (de l’Institut), digne interprète de Bossuet, a réuni la plupart de ces considérations dans les Evangiles, traduction de Bossuet, mise en ordre, Avertissement, passim.
  3. (2) Lettre xix au maréchal de Bellefonds, t. XXVII, p. 76, édit. de Versailles, 1818,
  4. (1) Sainte-Beuve. Histoire de Port-Royal.
  5. (1) Ce n’est pas seulement dans les langues bibliques que l’on trouve ces sortes de constructions grammaticales, c’est encore dans beaucoup d’autres idiomes, tant de l’Orient que de l’Occident ; et le français, en particulier, eu fournit de nombreux exemples.
  6. (1) Ces versions, que nous avons souvent confrontées en composant la nôtre, sont la Bible anglaise, dont l’Ancien Testament a été publié pour la première fois à Douai par le Collège anglais, et le Nouveau à Reims, également par le Collège anglais ; la Bible espagnole de Philippe Scio ; la Bible italienne d Antoine Martini, et la Bible allemande de Joseph-François Allioli.