La pomme de terre, considérations sur les propriétés médicamenteuses, nutritives et chimiques de cette plante/13

CHAPITRE XIII.
MIEL ARTIFICIEL DE FÉCULE DE POMMES DE TERRE.

Si, au lieu de quatre cents kilogrammes d’eau pour la décomposition de cent kilogrammes de fécule, on n’en emploie que trois cents, et que du reste on procède en tout comme il a été dit ; quelques jours après la fabrication, le sirop prend la consistance du plus beau miel, dont il ne diffère que par trop de blancheur et par un goût particulier de fruit, qu’on peut toutefois faire entièrement disparaître en le traitant^comme il suit :

Aussitôt après la clarification, on remet le sirop sur le feu, dans une bassine ; on y fait dissoudre une quantité, égale au tiers de son poids, de miel de Bretagne ou autre de ce genre, dont la couleur et le parfum sont très-prononcés, et qui d’ordinaire est à très-bas prix dans le commerce ; et, après avoir établi un mélange parfait de ces deux substances, on décante le liquide de la bassine et on le transporte dans un lieu frais, où, après quelques jours de repos, il prend la consistance dont je viens de parler ; consistance que la température de l’atmosphère facilite dans les temps humides et froids (l’opération n’est même bien praticable qu’alors), et qui, une fois établie, ne se détruit point par l’effet des chaleurs. Par ce mélange, le sirop de fécule prend le goût, la couleur et le parfum du plus beau miel de Narbonne, et peut dans cet état être livré au commerce sans difficulté.

En juin 1826, j’en fis présenter un échantillon, qui, à cause des grandes chaleurs, avait été préparé par un mélange frigorifique, à un marchand de miel et de cire, rue Saint-Martin, tout près de celle Maubé, à Paris : ce négociant ne fit aucune observation sur sa nature qu’il ignorait ; il le trouva très-grenu, fort bon, et voulait en taire l’emplette comme miel de Narbonne.