La nouvelle administration de la Corée/Chapitre 3

CHAPITRE III

DES CORÉENS RÉSIDANT À L’ÉTRANGER

La plupart des émigrants coréens se sont fixés en Mandchourie et ont formé des colonies à Hountchoun (Hunchun), Ghirin (Kirin), Moukden, Toutaokou et Autounghsien. Le nombre des habitants coréens est surtout très grand à Tchouzoutchech et Lountchinglsoun dans le Tchientao où, après une enquête faite à la fin de 1919, il y en a environ 180 000. On croit que le nombre total des Coréens vivait en Mandchourie s’élève aujourd’hui à 2 millions, des plus grand nombre d’entre eux sont des cultivateurs.

Cette émigration est surtout due à l’augmentation du prix de la vie en Corée : pourtant, parmi ces émigrants se trouvent quelques proscrits politiques qui rêvent de rétablir, dans leur patrie, l’ancien régime. Ces proscrits, sous le voile du patriotisme, obtiennent, par tous les moyens, de l’argent et des vivres de leurs compatriotes, et, en coopération avec d’autres agitateurs résidant à Vladivostok et à Shanghaï, ils profitent de leur sécurité pour conspirer contre le Gouvernement actuel de Chosen.

Récemment, il est fréquemment arrivé que des bandes de proscrits coréens armées ont franchi la frontière chinoise et fait des razzias dans les villages coréens, attaquant les postes de police, tuant et pillant, et parfois emmenant des otages.

Souvent aussi, ils ont envoyé des émissaires chargés d’assassiner des fonctionnaires et des notables.

Le Gouvernement a fait le plus grand effort pour assurer le maintien de l’ordre dans les régions frontières et, depuis la réorganisation de la police, a presque réussi.

Les proscrits coréens, en désespoir de cause, organisèrent une bande d’environ 400 hommes et, avec l’aide de bandits chinois et de bolcheviques russes, attaquèrent Hountchoun en septembre 1920. Ils incendièrent le Consulat japonais et, après les avoir pillées, quelques maisons japonaises et tuèrent de nombreux Japonais, Coréens et Chinois, hommes, femmes et enfants. Dans le même temps, les Coréens du Tchientao septentrional, hostiles au nouveau régime, commencèrent à s’agiter et à menacer les Japonais et les autres Coréens résidant dans ces provinces. Le Gouvernement général se vit obligé d’envoyer dans cette région une expédition militaire, forte de six bataillons, et le Gouvernement chinois lui-même y dépêcha des troupes. Après quelques semaines d’opération, les proscrits coréens furent vaincus, 5 000 d’entre eux se rendirent. Maintenant une paix relative règne dans le Tchientao, le Gouvernement a pu en retirer la plus grande partie des troupes qu’il y avait envoyées.

Beaucoup de Coréens qui vivent en Sibérie, à Shanghaï, à Hawaï et aux États-Unis sont des mécontents politiques qui ont quillé leur patrie au moment de l’union du Japon et de la Corée. Ce sont ceux de Shanghaï qui établirent au printemps de 1919 un soi-disant Gouvernement provisoire de la République de Corée pour y lever des tributs en argent et y distribuer des pamphlets séditieux ayant pour objet d’exciter les Coréens contre le Gouvernement.

Ces agitateurs, souvent en désaccord entre eux d’ailleurs, ont maintenant perdu la confiance du peuple coréen. Ainsi, les conspirateurs de Sibérie qui veulent préparer une révolte militaire ne s’entendent pas avec ceux des États-Unis qui préconisent des méthodes moins radicales. À Hawaï, deux groupes se sont formés, l’un qui réclame l’indépendance absolue de la Corée, l’autre qui souhaite que le gouvernement en soit confié à une puissance mandataire.

Il est hors de doute que l’importance de ces mouvements est appelée à diminuer, ainsi d’ailleurs que les résultats obtenus par leur propagande.

Le Gouvernement général s’est d’ailleurs toujours soucié du bien-être des Coréens résidant à l’étranger, surtout de ceux qui se trouvent en Mandchourie ; il a établi dans leurs colonies des écoles et des hôpitaux, a envoyé des médecins, a contribué à l’établissement de certaines de leurs sociétés et a encouragé la banque de Chosen et la Compagnie de Développement économique de l’Orient à établir des bureaux pour leur seul bénéfice. En outre, en temps de famine, d’inondations ou de sécheresse, le Gouvernement leur envoie des secours en argent, les fonds nécessaires étant prélevés sur l’intérêt de la donation faite par l’Empereur au peuple coréen à l’occasion de l’union du Japon et de la Corée.

En octobre dernier, le Gouvernement a fourni à 50 notables Coréens de Vladivostok le moyen de faire un voyage dans leur patrie ; Ils ont reçu une impression très favorable du nouveau régime et se sont rendu compte de la pacification de la Corée.

Bref, le Gouvernement fait tous ses efforts pour protéger ou aider de son mieux les Coréens vivant à l’étranger contre les agitateurs qui cherchent à les entraîner soit par la persuasion, soit par les menaces.

C’est pourquoi, en mars 1920, les consuls d’Autoung, de Moukden, de Ghirin et de Tchientao ont reçu l’ordre d’agir en qualité de Secrétaires du Gouvernement général et de se tenir en rapports constants avec lui, le Gouvernement étant ainsi parfaitement renseigné sur les conditions d’existence des Coréens résidant en Mandchourie. À la même époque, le Gouvernement a envoyé des représentants dans les centres les plus importants de la Sibérie. Ces envoyés ont fait une enquête concernant le nombre et l’attitude des résidents coréens et se sont préoccupés de les aider à gagner leur vie.

Très prochainement, des Coréens seront nommés à des postes de Vices-Consuls en Mandchourie et en Sibérie il seront tout spécialement chargés de veiller au bien-être de leurs compatriotes.