La nouvelle administration de la Corée/Chapitre 2/13

XIII. RESPECT DES COUTUMES ET DES MŒURS DES CORÉENS

Le Gouvernement général ayant pour principe de s’efforcer de conserver tout ce qui est bon dans les coutumes, les mœurs et la culture coréennes, a pris les mesures suivantes :

A. Révision des règlements concernant les cimetières, les crématoires, les enterrements et les incinérations

De tout temps, les Coréens ont eu le respect du lom- beau, car, chez eux, les vieillards sont estimés et le culte des ancêtres est très répandu. D’ailleurs, les principes du taoïsme sont tenus en grand honneur et les Coréens croient fermement que la prospérité de leurs enfants dépendra entièrement du respect qu’ils auront montré eux-mêmes pour les tombes de leurs ancêtres. C’est pourquoi les Coréens choisissent avec le plus grand soin l’emplacement de leurs cimetières et de leurs tombeaux. Ils n’hésitent pas à dépenser de très fortes sommes d’argent pour acheter les terrains qui leur semblent le plus propices ; ils vont même, dans certains cas, jusqu’à enterrer en secret leurs morts dans des terres qui ne leur appartiennent pas.

Par suite, non seulement certaines Terres ont été interdites à la culture, mais encore des querelles violentes ont souvent troublé la paix de certaines régions.

Le Gouvernement général fut donc obligé de préparer un règlement spécial qui, au début, était quelque peu radical, et qui fut revisé en octobre 1919. Aujourd’hui, l’établissement et l’entretien des cimetières sont confiés aux municipalités et aux communes, tous les cadavres devant être enterrés dans des cimetières publics ; toutefois, les personnes qui en font la demande sent autorisées à établir des cimetières privés dans les terrains voisins de ceux ou reposent leurs ancêtres ou d’autres membres de leur famille, le Gouvernement se réservant le droit d’obtenir le transfert de ces cimetières lorsqu’ils seraient contraires à l’intérêt ou à la santé publics. D’autre part, le Gouverneur de la province a le droit d’imposer certaines restrictions à la construction des nouveaux cimetières privés.

B. Étude de la langue coréenne

Il est indispensable aux fonctionnaires japonais, résidant en Corée, de posséder une assez bonne connaissance de la langue coréenne, la plupart des difficultés que ces fonctionnaires ont rencontrées jusqu’à présent plant dues à leur ignorance de la langue coréenne. C’est pourquoi le Gouvernement général encourage, autant qu’il le peut, l’étude du coréen, surtout parmi les fonctionnaires provinciaux. Dans ce but, il a été décidé d’accorder des indemnités spéciales à tous ceux d’entre eux qui sont arrivés à bien posséder la langue coréenne. Cette décision a été approuvée, l’an dernier, par la Diète Impériale. Dès que les règlements à cet effet auront été publiés, les fonctionnaires japonais au service du Gouvernement général, qui passeront avec succès un examen en langue coréenne, recevront, pendant une période déterminée, une indemnité mensuelle qui pourra s’élever

jusqu’à 50 yen.
C. Création d’un comité d’études des anciennes coutumes et institutions coréennes

Toute bonne administration devant être capable de s’adapter au caractère national et aux coutumes de ses administrés, il a été jugé nécessaire que le Gouvernement général chargeât le Conseil central de faire une étude approfondie des mœurs coréennes. Il a été en outre décidé qu’il était indispensable de connaître également les anciennes institutions de la Corée, ou projet a été rédigé à cet effet à la fin de 1920 : on étudiera spécialement l’origine commune des races japonaise et coréenne, les rapports entre les deux peuples dans l’antiquité, les anciennes institutions coréennes chères au peuple ainsi que les mœurs et les traditions dont la connaissance est nécessaire à quiconque veut aujourd’hui s’occuper de l’administration de ce pays. Les sommes jugées nécessaires à ce travail ayant été accordées par la Diète Impériale, un Comité, nommé en avril 1921, est aujourd’hui en train de poursuivre cette étude.

D. Révision de l’ordonnance de droit civil de 1912 et amendement de la loi sur le recensement

Étant donné les progrès accomplis par la Corée depuis mars 1912, date de l’ancienne ordonnance de droit civil, le Gouvernement a résolu de la réviser. Quant à la loi sur le recensement, celle qui avait été rédigée par l’ancien gouvernement coréen était assez rudimentaire. En janvier 1918, une commission, nommée par le Gouvernement général, fut chargée d’étudier ces deux questions et de rédiger les amendements jugés nécessaires. Les nouveaux textes furent lus à une réunion tenue le 31 janvier 1921 ; ces nouveaux textes furent approuvés par le Gouvernement de la métropole et entrèrent en vigueur en juin 1921. Conformément aux nouvelles lois, les mariages entre Japonais et Coréennes et vice versa sont aujourd’hui reconnus comme légaux et valides.