La nouvelle administration de la Corée/Chapitre 2/04

IV. — RÉFORME DE L’ENSEIGNEMENT

Jadis, on n’enseignait guère au peuple de Corée que le confucianisme et les méthodes ne pouvaient en aucune façon être comparées à celles actuellement en honneur dans les nations civilisées. Il fallut donc tout d’abord moderniser cet enseignement et établir à cet effet un certain nombre d’écoles ; nous devons recon­naître qu’au début, le peuple coréen ne comprit nullement les avantages de l’instruction ; il fallut plu­sieurs années avant que les parents coréens se décidas­sent à envoyer leurs enfants à l’école. Toutefois, dernières années sont assez résultats obtenus dans satisfaisants et les statistiques de mai 1920 montrent un progrès réel.

Écoles.

Nombre
d’écoles.

Nombre
d’élèves.

Écoles publiques primaires 294 108 051
Écoles publiques secondaires 14 3 513
Écoles publiques secondaires (filles) 7 771
Écoles industrielles 25 2 137
Écoles industrielles (élémentaires) 55 1 077
Collèges 6 604
Autres institutions 702 37 911
Total

1 403

154 064

(Dans cette liste ne sont pas mentionnées les anciennes écoles primaires coréennes, appelées Kuelpang.)

Encouragé par les résultats obtenus et par le zèle nouveau manifeste par les Coréens, le Gouvernement a

préparé le projet suivant :
A. Établissement de nouvelles écoles publiques primaires et d’écoles secondaires d’État

À la fin de 1919, il existait 556 écoles primaires en Corée, la plupart d’entre elles se trouvaient dans les villes, l’établissement de nouvelles écoles de village avait été décidé et le programme prévoyait une période de huit années pour leur construction. Ce programme a été révisé, et l’on compte qu’en 1923, il y aura au moins une école primaire par trois villages, le nombre total de ces écoles devant être alors de 870.

D’autre part, deux nouvelles écoles secondaires viennent d’être établies.

B. Réforme de système d’enseignement

Jusqu’en ces derniers temps, l’enseignement dans les écoles avait un but purement pratique et les méthodes employées étaient plutôt rudimentaires ; c’est pourquoi le Gouvernement général a décidé de réviser les règlements concernant l’instruction publique en Corée.

Les questions à étudier étant nombreuses et complexes, cette révision demandera un temps assez long. Il a été dès à présent jugé utile de porter le nombre des heures de quatre à six, et d’abaisser l’âge d’admission des enfants à l’école primaire de huit ans à six ans, âge réglementaire au Japon ; d’autre part, les écoles secondaires ont été autorisées à organiser un cours complémentaire d’une durée de deux années, et celles qui pourront profiter de cette autorisation se trouveront assimilées aux écoles « intermédiaires » japonaises.

C. Révision des règlements en vigueur dans les écoles publiques secondaires écoles particulières et dans les écoles particulières

Cette révision date de décembre 1919. Depuis lors, l’étude de l’anglais est obligatoire et deux sujets nouveaux ont été ajoutés au programme : « Principes Industriels » et « Principes de droit et d’économie politique ». Les élèves des écoles secondaires des villes sont autorisés à étudier soit le français, soit l’anglais ; en outre, on leur enseigne non plus seulement l’arithmétique, mais les mathématiques. Les écoles secondaires ont donc maintenant les mêmes programmes que les écoles japonaises correspondantes.

Depuis mars 1920, toutes les écoles particulières sont autorisées à donner l’enseignement religieux : toutefois, celles qui sont assimilées aux écoles primaires et secondaires, ou aux écoles industrielles ou aux collèges, doivent donner cet enseignement en dehors des heures de classe prévues par le règlement. Notons d’ailleurs que cette assimilation n’est nullement obligatoire.

Enfin, certains des règlements concernant le choix ou la surveillance des maîtres et des professeurs des écoles particulières ont été soit révisés, soit abolis.

D. Création d’une commission d’enquête extraordinaire.

En vue de l’importance des réformes envisagées, le Gouvernement général décréta, le 23 décembre 1920, la création d’une commission extraordinaire d’enquête et d’étude qui sera chargée de délibérer, à la demande du Gouverneur général, sur toutes questions concernant l’enseignement en Corée. Le Directeur des services administratifs fut nommé président de cette commission et des éducateurs distingués ainsi que quelques-uns des hauts fonctionnaires du Gouvernement général furent invités à en faire partie. Cette commission fut convoquée pour la première fois le 7 janvier 1921. On s’occupa pendant cette première session, qui dura cinq jours, de la liaison entre l’enseignement primaire, l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur et des mesures à prendre pour que l’enseignement donné en Corée fût le même que celui donné au Japon.

À la suite de longues délibérations, la commission approuva, dans son ensemble, le programme de réformes qui lui avait été remis et émit le vœu qu’après une étude plus approfondie de la question, les autorités présentassent, lors des séances ultérieures de la commission, des projets bien définis, dans lesquels il serait tenu compte des déclarations faites par les membres de la commission.

Il fut en outre décidé que :

1o Le système d’enseignement en Corée sera établi sur le modèle du système d’enseignement de la métropole, dans la mesure où les circonstances et l’état actuel de la civilisation des Coréens le permettront.

2o Même si une institution spéciale était établie pour l’éducation des Coréens, cette institution ne devrait en rien constituer un obstacle au développement de l’enseignement mutuel des Japonais et des Coréens.

3o Une liaison plus étroite doit être établie entre les écoles de Corée et celles de la métropole.

4o La volonté d’apprendre sera tenue en haute estime et toutes les mesures seront prises pour faciliter, autant que les circonstances le permettront, l’accès des écoles

à tous ceux qui seront désireux de s’instruire.
E. Établissement d’un programme général et de principes fondamentaux

Lors de la seconde session, le 2 mai 1921, cette même commission extraordinaire rédigea, sous forme de résolution, la réponse suivante au Gouverneur général qui avait demandé d’étudier des projets bien définis :

1. Le système d’enseignement pour la Corée sera établi sur le modèle du système d’enseignement japonais, et cela à quelques modifications près.

a) Écoles primaires publiques. — Ces écoles correspondent aux écoles primaires japonaises, mais la durée des études pourra être réduite de six à cinq et voire même à quatre ans, suivant les localités. D’autre part on pourra organiser, dans ces écoles publiques, un cours complémentaire de deux ans.

b) Écoles supérieures publiques. — Ces écoles correspondent aux écoles « intermédiaires » japonaises et reçoivent les élèves ayant terminé le cours complet (sis années) d’une école primaire publique ou possédant Toutes les connaissances jugées nécessaires.

c) Écoles publiques supérieures de filles. — Ces écoles correspondent aux écoles supérieures de filles du Japon et sont ouvertes aux élèves ayant terminé le cours complet d’une école primaire publique ou possédant toutes les connaissances jugées nécessaires.

d) Écoles de commerce. — Ces écoles sont semblables aux écoles de commerce japonaises, mais les conditions d’admission en sont très variables.

e) Cours techniques, cours de préparation à l’Université, cours d’Université. — Tous ces cours sont semblables aux cours similaires établis au Japon.

f) École normale d’instituteurs. — Cette école a deux cours, l’un de six ans ouvert aux élèves sortis des écoles publiques, l’autre aux élèves diplômés d’une École supérieure.

Le durée du premier cours peut être réduit d’une année pour les filles, et celle du second d’une année également pour les élèves âgés de plus de quinze ans et possédant toutes les connaissances requises.

g) Mesures nécessaires pour assurer le recrutement des professeurs des écoles d’enseignement Secondaire.1o Envoi d’élèves aux écoles normales supérieures de garçons ou de filles, à l’école technique ou à l’Université (au Japon).

2o Établissement d’un cours spécial de pédagogie pratique dans les écoles techniques et à l’Université (en Corée).

2. Les étudiants japonais et coréens seront admis dans les écoles de commerce, les écoles normales, les écoles de préparation aux études universitaires et à l’Univer­sité.

3. Les élèves coréens seront admis aux écoles pri­maires intermédiaires et à l’école supérieure de filles jusqu’alors exclusivement réservées aux élèves japonais, et les élèves japonais seront admis aux écoles similaires jusqu’alors réservées aux Coréens.

4. En ce qui concerne les maîtres des diverses écoles, les règlements en usage dans la métropole seront appli­qués en Corée, toutefois la situation des maîtres coréens des écoles primaires et secondaires sera prise en consi­dération.

5. Les règlements japonais sur les écoles particulières seront appliqués en Corée.

6. (Supplément). Les Japonais seront, élevés d’après les principes et méthodes appliqués au Japon, toutefois, des mesures seront prises pour que l’étude de la langue coréenne puisse être ajoutée au programme.

Il est bon de faire remarquer que jusqu’à ce jour le système d’éducation coréen a été absolument indépendant du système japonais et tout à fait différent. Dans les nouveaux programmes, l’étude de la langue coréenne et celle des classiques chinois auront leur place, et d’autre part, l’histoire et la géographie de la Corée seront étudiées à fond.

F. Comité des livres de classe

Ce Comité a été créé en novembre 1920 et sur les mêmes bases que la Commission mentionnée précédemment. Sa première session eut lieu le 12 janvier 1921. Le Comité, auquel fut alors soumis une liste de livres de classe publiés sous les auspices du Gouvernement général et un programme de révision destiné à adapter ces ouvrages aux nouveaux plans d’études, en délibéra mûrement et rédigea un rapport. Dans ce rapport, il fut recommandé que des sous-comités fussent nommés pour étudier la question de la publication des syllabaires coréens et japonais et toutes autres questions résultant de l’emploi en Corée des langues japonaise et coréenne. Le Comité conseillait en outre que les matières présentées fussent plus facilement assimilables et que, notamment dans les livres de morale, une plus grande importance fût donnée aux applications pratiques des principes qu’à l’étude théorique de ces principes eux-mêmes.

Deux sous-comités furent nommés par le Gouvernement général. En outre un comité spécial, composé de linguistes éminents, coréens et japonais fut chargé de préparer le syllabaire coréen. Avant 1912 l’orthographe coréenne n’était point fixée et le système adopté à cette date par le Gouvernement général est loin d’être complet. Toutefois, les membres de ce Comité ne purent tomber d’accord, par suite des difficultés que présente rétablissement définitif d’un syllabaire coréen.

G. Bourses de voyage et d’étude à l’étranger

Pour élever le niveau de l’instruction en Corée et faciliter l’établissement d’une université et d’écoles d’enseignement supérieur, il a été jugé utile d’organiser le recrutement de maitres compétents. Conformément à une ordonnance impériale, six maîtres choisis parmi le personnel enseignant des écoles d’état et des écoles privées furent en mars 1921 envoyés en Europe et en Amérique pour y continuer leurs études aux frais du Gouvernement, et cela pour une période de deux ans. A leur retour, ils seront nommés à des postes désignés par le Gouverneur général. Un certain nombre de maîtres et de professeurs doivent ainsi tous les ans être envoyés à l’étranger.

En outre, six directeurs ou professeurs ont depuis l’an dernier été chargés de missions d’étude ou d’enquête en Europe et en Amérique. Ils pourront ainsi, par la suite, contribuer à l’amélioration des méthodes d’enseignement.