La nouvelle administration de la Corée/Chapitre 2/03

III. — SOUCI DE L’OPINION PUBLIQUE

Jadis l’opinion publique en Corée avait quelque diffi­culté à se faire entendre et, par suite, les mesures adoptées par l’Administration ne répondaient pas tou­jours aux désirs du peuple. Pour remédier à ce grave défaut, le Gouvernement général a recours aux moyens suivants :

A. Convocation d’hommes influents et publicité faite en faveur des réformes

Les troubles de mars 1919 furent suivis d’une période de mécontentement, la plupart des Coréens se faisant une fausse idée du véritable objet de la politique du Gouvernement. Pour faire cesser ce malentendu, il fut décidé de convoquer à Séoul, en septembre 1919, des notables de toutes les provinces. Entre ces derniers et les Directeurs des divers services administratifs il y eut un échange de vues ; des causeries et des conférences firent connaître aux notables les intentions réelles du Gouvernement et les notables purent expliquer aux fonctionnaires la situation de leurs provinces respectives. Il en résulta une meilleure compréhension de toutes les questions d’intérêt général ou local.

B. Envoi de fonctionnaires en tournées d’inspection

Dans le même but, de nombreux fonctionnaires furent envoyés en tournées d’inspection dans les diverses régions de la Corée. C’est ainsi que sept secrétaires visitèrent les provinces en septembre et octobre 1919. leur mission était double : ils devaient, d’une part, s’assurer de l’effet que les mesures déjà en voie d’exécution avaient eu sur les Coréens et découvrir leurs desiderata au sujet des réformes futures, et d’autre part instruire le public de la portée et de la raison d’être des réformes entreprises par le nouveau Gouvernement général.

Plus tard, au printemps de 1920, les habitants des provinces limitrophes de la Chine étant assez inquiets, par suite de l’agitation des proscrits coréens réfugiés hors frontières, quatre secrétaires furent chargés d’aller se rendre compte des conditions d’existence des habitants, de les rassurer et de surveiller l’administration de ces provinces.

Les résultats obtenus ont encouragé le Gouvernement général à multiplier ces missions, et récemment cinq Coréens, choisis parmi les fonctionnaires, ont été nommés secrétaires et chargés de servir en quelque sorte agents de liaison entre le Gouvernement et les populations des diverses régions de la Corée.

C. Publication de journaux indigènes

Avant 1919, il n’y avait qu’un seul journal coréen autorisé : en mars et en avril 1920 parurent, avec la permission du Gouvernement (permission accordée trois mois auparavant), trois quotidiens imprimés en langue coréenne : le Sisa Simmun, le Chosen Ilpo et le Dong-a Ilpo. Quelques journaux provinciaux furent autorisés par la suite.

D. Réunions et séances du conseil central

Ce Conseil, composé de notables coréens, devait, a son origine, aider de ses avis le Gouverneur général ; mais, avant la récente réorganisation administrative, il fut fort rarement convoqué. Aujourd’hui, c’est à lui que fait appel le nouveau Gouverneur général chaque fois qu’il veut être renseigné sur les mœurs et les anciennes coutumes coréennes. C’est pourquoi les nouveaux règlements concernant les cimetières, les fours crématoires, les enterrements et les incinérations, ainsi que ceux sur les abattoirs ont été soumis au Conseil Central. En outre, ce Conseil a des séances hebdomadaires régulières où sont discutées les diverses mesures administratives qui doivent être appliquées en Corée.

E. Réorganisation du conseil central

Étant donné son importance grandissante, il a fallu réorganiser ce conseil, le statut de ses membres ainsi que de son vice-président a été fixé, et le droit de vote n’est plus restreint comme il l’était jadis. D’autre part, on se soucia de choisir comme conseillers des hommes influents de toutes les provinces. La première séance de ce nouveau Conseil eut lieu à Séoul, au début de mai 1921.

F. Convocation des conseillers provinciaux

Les Conseillers provinciaux coréens donnaient jadis leur avis aux Gouverneurs des diverses provinces, quand ces derniers le leur demandaient et devaient, quand ils en recevaient l’ordre, se charger de certaines besognes de nature purement administrative. Mais, comme ils n’avaient pas de tâche déterminée, ils n’avaient jamais été convoqués au siège du Gouvernement général. Le nouveau Gouverneur, désireux et de leur expliquer l’objet de sa politique administrative, et d’être renseigné par eux sur le véritable état de la Corée, convoqua les Conseillers provinciaux le 16 juin 1920 et, en présence du Directeur des Services administratifs, conféra avec eux et leur donna ses instructions.