La france Foutue/Notes Acte 1

La France foutue (vers 1796)
en Foutro-manie, l’an des fouteurs (À Barbe-en-Con) (p. 87-109).

NOTES.

ACTE PREMIER.

SCÈNE PREMIÈRE.

D’ORLÉANS.

(1) De l’ancienne Albion… Du tems de Jules César, l’Angleterre se nommait Albion.

(2) Feu la Pologne… Louis XV ignorait que l’ont voulût partager la Pologne.

La France, après la mort d’Auguste, roi de Pologne, voulait maintenir la constitution et la liberté polonaise dans la diète, pour l’élection d’un roi. Louis XV favorisait l’électeur de Saxe, fils du roi Auguste. Il envoya plusieurs chefs en Pologne, pour seconder militairement et politiquement les princes et palatins, vrais défenseurs de leurs pays : tels que les princes Radziwil, Potoski, Sapieha, les comtes Oghinski et Miaczenski, le palatin de Wilna, et le maréchal de Zaremba, etc. Les deux principaux envoyés du roi étaient le baron de Viosménil, et le vicomte son frère ; et sous eux, MM. de Gallibert et Dumourier : ce dernier était pour la politique. Plusieurs officiers et autres furent envoyés avec eux.

Le ministère français perdit toute son influence et sa considération par l’exil du duc de Choiseul. Le duc d’Aiguillon, ennemi capital de ce ministre, lui succéda. Il sacrifia l’honneur et l’intérêt de son maître à son animosité contre le duc : il prit à tâche de défigurer son ouvrage, et il ne s’occupa plus de la Pologne.

Les trois puissances qui la convoitaient, instruites de l’horreur dont le ministre et sa cabale environnait Louis XV, se la partagèrent. Louis n’apprit cet événement que par la gazette ; ce qui lui fit dire à d’Aiguillon : Ah ! si j’avais encore Choiseul, cela ne se serait point fait ainsi, et la gazette ne me l’apprendrait pas. Choiseul ne revint pas, d’Aiguillon conserva sa place ; la Pologne était partagée, et la France n’eut pas ce qu’elle eût dû prétendre ; la Flandre, le Luxembourg ; ce qui nous aurait mis dans le cas d’ouvrir l’Escaut.

(3) Assez d’autres, sans moi, l’ont su gamaücher… Partage de la Pologne entre la Russie, la Prusse et l’Empire d’Allemagne.

(4) Où naquit Ganimède… Petit berger que Jupiter enleva, et dont il fit son mignon ; il était fort joli. Les mignons sont des bardaches. Henri III avait des mignons, mais ce n’était pas des gens efféminés, comme plusieurs historiens en ont écrit, Ils étaient de haute naissance et courageux. (La naissance d’Epernon seul fait exception).

La Marck fut le premier qui monta sur la brèche au siége de Rouen ; il avait au front une large cicatrice de la blessure qu’il y reçut. Maugiren avait perdu un œil du coup qu’il reçut en montant au siége d’Issoire. Joyeuse eut la moitié de la mâchoire emportée sur la brèche, au siège de la Fère ; et d’Epernon y fut dangereusement blessé.

(5) Je n’irai point en bougre enculer la Turquie… Les turcs aiment les jeunes Grecs. Blasés sur le plaisir des femmes, c’est un ragoût pour eux. Il y a des cafés en Turquie assignés à ces plaisirs. Paris, en cela, suit la mode de Constantinople.

Dans les derniers siècles de l’Empire Grec, les eunuques égorgèrent leurs maîtres et les chargèrent de chaînes. Les fils poignardèrent leur père pour s’emparer du trône ; les frères se massacrèrent entre eux pour se le disputer. Les hommes du néant, parvenus aux grands emplois, s’élevèrent jusqu’au trône, et s’en précipitèrent avec la rapidité des vagues, qui s’entre-choquent pour s’abîmer ensemble. Pareille mode est en France.

C’est une tradition reçue parmi les Turcs, que la fille d’un roi de France, étant en pèlerinage à Jérusalem, fut prise par des corsaires, et vendue au sérail : l’agrément de ses manières, et ses talens pour la danse et la musique, lui concilièrent les bonnes grâces du souverain. Le roi son père envoya des ambassadeurs pour la racheter ; mais le grand-seigneur la refusa et la garda toujours. On prétend de-là que les sultans actuels descendent de cette princesse, et qu’ils sont conséquemment unis par les liens du sang à la maison de Bourbon. Les ambassadeurs français n’ont jamais voulu éclairer les musulmans sur cette fausse prétention, dont ils se servent pour leurs desseins. De là vient que le grand-turc a toujours été l’ami des anciens français.

(6) L’on peut faire, en pleine eau, bidet dans la Tamise… Le fleuve de la Tamise a son embouchure dans la mer, et les plus grands vaisseaux peuvent aller à Londres. À Kingstonbridge, où la marée monte rarement, la Tamise a environ cent verges d’Angleterre de largeur, et trois de profondeur ; l’eau y parcourt deux milles dans une heure.

(7) Le Rhin, le Pô, le Bug, le Danube, le Tage, le Tibre, et le Meler… Fleuves, et lac (le Meler) qui arrosent les états des puissances dont il vient de parler.

L’ANGLETERRE.

(8) Grace à mon greluchon… Monsieur Pitt, premier ministre du roi d’Angleterre.

Il disait un jour devant des ambassadeurs : Nous voulons être les maîtres de la mer, et non pas les tyrans. Ce sont les Carthaginois de notre siècle, qui, s’étant rendus maîtres de la mer, défendirent d’y voyager.

Un greluchon est un salarié d’un bordel ou d’une catin. Le nom de bordel dérive de bord, qui est un mot saxon ; ce fut en Saxe où l’on connut les premiers bordels.

(9) S’occupe du tribut de mes files d’amours… Schires, ou comtés de l’Angleterre. Ils sont au nombre de cinquante deux. Londres est dans le comté de Middlesex.

(10) Ce sont deux royaumes réunis à l’Écosse et l’Irlande… Les deux plus grands comtés de l’Angleterre.

Et d’autres concubines… Isles circonvoisines de l’Angleterre, et celles de l’Amérique et de l’Inde.

(11) Qu’il fait foutre à son gré par de lubriques pines… Allusion aux gouverneurs.

(12) Qu’à force de branler il rendit amoureuse… Monsieur Pitt, de son cabinet, régit les îles de l’Amérique, et même commande dans les Indes. L’on peut assurer que c’est lui qui tient l’équilibre de l’Europe. Aussi l’anglais est-il plus fier que jamais : parce qu’il est guerrier, commerçant, philosophe, il croit voir Rome, Carthage et Athènes dans Londres.

(13) Sont aussi des putains que je fais exploiter…, Allusion à l’exploitation des mines d’Amérique.

(14) Leur motte est rebondie, et le poil en est blond… Allusion aux montagnes de l’Amérique et à la couleur de l’or.

(15) Je sais qu’en mes états un convulsionnaire… Monsieur Fox, orateur de la chambre des communes, en Angleterre. Son grand-père, George Fox, fit l’illuminé, et par de feintes contorsions, fit croire au peuple anglais qu’il tombait dans des convulsions, pendant lesquelles il était inspiré du ciel.

Mahomet était attaqué d’épilepsie. Il profita de cette maladie pour faire croire, qu’en cet état, il quittait sa dépouille mortelle, pour aller communiquer avec Dieu, et que l’ange Gabriel venait lui dicter des chapitres de son koran. Sans doute que Monsieur George Fox, aïeul de celui de nos jours, a voulu l’imiter.

(16) Des trembleurs vits molets… Secte des quakers ou trembleurs. Le quaker entre en convulsions, et prétend qu’il les reçoit du Saint Esprit. Jacques Milner se disait le Christ. Un homme et une femme, ayant pris les noms d’Adam et d’Eve, couraient nuds dans les rues de Londres. Au commencement de la secte des quakers ou trembleurs, ces visionnaires criaient dans les rues : repentir, repentir ; malheur, malheur, le juge du monde est. venu. On les nomma trembleurs, vu qu’ils entraient dans une sorte d’accès épileptique.

Un saint, dont le nom ne me revient pas, mais dont la vie est écrite dans celles des saints, fit la même chose à Jérusalem. Il fut, pendant plus de trois ans, regardé, traité comme un fou. Sa folie à la fin ennuya les magistrats, qui le firent mourir. L’on a vu de notre siècle, à Saint-Médard, dans le tems des miracles du bienheureux Pâris, des convulsionnaires faire les mêmes singeries que les quakers.

(17) Quand sous l’affreux Cromwel Charles fut immolé… Charles I, roi d’Angleterre, fut décapité, par l’astuce, l’ambition et l’ingratitude d’Olivier Cromwel, ancien domestique d’un évêque, et qui assista à son exécution à une fenêtre. Il était fils de Thomas Cromwel, simple bourgeois d’Ipswich.

L’unique grace que Charles I obtint de ses ennemis, après le jugement de son procès, fut un intervalle de trois jours entre sa sentence et son exécution. Ce qui restait de sa famille en Angleterre eut un libre accès près de lui.

Henri IV, le meilleur des rois, le meilleur des hommes, fut, à la honte de l’humanité, assassiné trois fois ; et un Cromwel, l’opprobre éternel du genre humain, est mort paisiblement dans son lit. Il fut le seul qui survécut à cet assassinat : de ceux qui votèrent la mort du roi, le dernier fut assassiné en Hollande, dans un estaminet, par un anglais qui le reconnut.

Cromwel, déclaré protecteur de l’Angleterre après la mort de Charles I, couvrait d’un beau nom toutes ses violences ; inquiet, cruel et défiant, craint de tout le monde, il craignait tout le monde. Il avait dans son palais de Whitehal trois cents soixante-cinq chambres ; sa femme, ni son valet-de-chambre, ne savaient dans laquelle il couchait. Il prit toutes les précautions possibles pour éviter le poison qu’il craignait ; et telle fut son adresse à cacher cette défiance, qu’il la fit passer pour frugalité. Il fit dire un jour au peuple, qui desirait le voir, qu’il priait Dieu, lorsqu’il était à table avec des concubines. Une bible sous le bras, il fut séduire la femme de son major-général, Lambert ; et c’est en citant Moïse, Gédéon, Josué, qu’il cassât tous les membres du parlement, et les obligeât de défiler devant lui, en lui faisant une profonde révérence. Cromwel, pour des affaires importantes, dictait à son secrétaire trois ou quatre lettres qui se contredisaient, et lui laissait ignorer celle qu’il donnait au courier.

Lorsque Cromwel se décida à faire battre monnoie, il fit faire un échantillon de guinée, sur lequel on avait empreint d’un côté Dieu, et de l’autre l’Angleterre ; il demanda à un vieux officier son avis sur cette inscription. Par ma foi, répondit le vieux militaire, il n’y a rien à dire, sinon que Dieu tourne Le dos à l’Angleterre.

À Cambridge, où Olivier Cromwel fit ses études, il y avait un portrait de ce fameux usurpateur, peint par Cooper. Le roi de Danemarck, à qui on le montrait, dit en le voyant : Le monstre ! il fait horreur. (Réflexion terrible aux usurpateurs et aux criminels).

Qui ne préférera la situation de Bayard, tué en 1524, expirant au pied d’un chêne, vaincu, mais fidèle à son roi, et pleuré de sa patrie, à ce Cromwel si fameux par ses victoires et par ses crimes, qui le firent monter au premier rang.

Les anglais tous les ans, dans une cérémonie publique, gémissent sur le crime de leurs pères, aveuglés par un fanatisme ambitieux, rapport à la mort de Charles I.

L’usurpateur règna dix ans, et mourut au mois de septembre 1658, après avoir gouverné plus despotiquement que le roi. Sa cour était composée d’hommes de la lie du peuple, dont la société ressemblait à celle des esclaves chez les Romains.

Lorsque Louis XIV fit porter à toute sa cour, et porta lui-même, le deuil de cet infâme scélérat, Mademoiselle, seule, soutint l’honneur de la France, en paraissant en couleur à la cour. Les femmes ont souvent plus de caractère que les plus grands hommes. Cependant, à la mort de Socrate, Isocrate, son disciple, parut seul dans Athènes en habit de deuil.

Walter, poëte anglais, ennemi juré de l’oppresseur de sa patrie, fut chercher un asyle dans les îles Bermades.

(18) Mais pour le faire taire, il me fout quelquefois… Fox est souvent gagné par la cour, et s’entend avec Pitt. Voici l’argent !

Quand le comte de Mirabeau, le Fox français, se fut vengé ; quand il se fut rendu nécessaire, après avoir tout désorganisé ; quand il eut payé 800,000 livres de dettes, avec l’argent du duc d’Orléans, avec celui des décrets qu’il vendait, avec celui qu’il avait reçu pour détruire la compagnie des Indes, et sur le produit des assignats, qu’il fit créer, après avoir victorieusement écrit contre tous les papiers monnaies, Mirabeau, dis-je, fit de même. La mort, dirigée par d’Orléans, les Lameth, Barnave et compagnie, vint le frapper, lorsqu’il se disposait à rétablir, avec son roi, l’ordre, et réparer le mal qu’il avait fait.

D’ORLÉANS.

(19) Et la grande rourie… Le cabinet de Saint-James est un des plus diplomates.

(20) Et vos goûts féminins sont autant d’injustices… La loi salique, faite par Pharamon, exclut en France les femmes de la couronne. Il n’en est pas de même en Angleterre, en Suède, en Hongrie et en Russie.

L’ANGLETERRE.

(21) Stuard, Anne d’Écosse, Elisabeth de même… Reines d’Angleterre.

(22) Et Bude et Pétersbourg… Bude est la capitale de la Hongrie, et Saint-Pétersbourg l’est de la Russie.

(23) Si Thérèse… Marie-Thérèse, impératrice, reine de Hongrie. Voici un de ses épitaphes :

 Ci-gît l’appui des vertus et des lois,
L’exemple du courage et de la bienfaisance,
Thérèse dont le règne est l’école des rois,
Et la tombe un autel que l’univers encense.

(24) Si Catherine… Catherine était impératrice de toutes les Russies. Elle était en uniforme russe, bottée et montée en cavalier sur un cheval blanc : elle avait à son chapeau une branche de chêne, qu’elle portait, ainsi que tous ceux de son parti, lors de la révolution qui l’a élevée au trône impérial. Elle mourut le 17 novembre 1796. Elle disait : Ce que je ne puis renverser, je le déracine. C’est, en peu de mots, décrire son caractère.

(25) Je voudrais inventer ce moyen délectable. Qui rendrait le plaisir encor plus agréable… Xercès proposa une récompense à celui qui imaginerait une volupté nouvelle.

(26) De l’outrage secret qu’elle fait à vos feux… Le duc d’Orléans, non-seulement avait le desir de régner, mais trois autres choses le déterminèrent à se venger. La première, son amour pour la reine, qui le détestait ; la seconde, le refus que le roi lui fit de madame royale, pour l’un de ses fils ; la troisième, la survivance de son beau-père, monseigneur le duc de Penthièvre, à la charge de grand amiral.

Le roi, cependant, l’avait dignement dédommagé du refus de la survivance de la charge de grand amiral, qu’il convoitait, lorsque, pour prix de sa valeur et de ses exploits au combat de Ouessant, il créa pour lui la charge de colonel-général des six régimens de hussards ; ce qui lui formait un généralat de 2,400 hommes.

(27) Et me venger enfin de la Pensylvanie… C’est-à-dire, ville des frères. C’est une vaste côte de l’Amérique septentrionale, qui est au sud du Maryland, Elle tire son nom du fameux Guillaume Penn.

(28) À ses chastes desirs… Allusion à Louis XVI, qui aimait beaucoup la reine, et qui n’avait point de maîtresse.

(29) Rome le fut dans Rome… Annibal disait qu’on ne pourrait surmonter les Romains que dans Rome. Plus on avance dans le cœur d’un pays, plus on pénètre dans l’intérieur, plus on le trouve faible et désarmé. C’est à Carthage même qu’il faut aller battre les Carthaginois. (Avis aux nations).

(30) En quittant le bordel de la Grande-Bretagne… Titre que prend le roi d’Angleterre.

(31) Et les faire imiter le sodomiste anglais… La plupart des Anglais ont un petit pénis, et aiment mieux les hommes que les femmes. Ce vers répond aussi à ce qu’on prétend qu’il se forme à Cambridge bien des amis de la cour, et à Oxford bien des amis de la liberté.

D’ORLÉANS.

(32) Et tranquille fouteuse est sans tempérament… L’anglaise est froide, tribade et percée très-bas. Beaucoup d’anglaises se rasent le poil, parce que la pudeur anglaise réprouve l’usage du bidet. Heureusement pour les Français que presque toutes les femmes de Londres se conduisent à la française.




SCÈNE II.

L’ANGLETERRE.

(33) Mais Omar… Mahomet fit mettre Omar, son confident, dans le fond d’un puits, afin de révéler aux Musulmans la religion qu’il voulait leur donner ; mais crainte qu’il ne divulgua son secret, il fit combler le puits, dans lequel Omar fut encombré.




SCÈNE III.

PUISAYE.

(34) Berlin, Vienne et Madrid… Berlin est la capitale de la Prusse ; Vienne de l’Empire d’Allemagne, et Madrid, capitale de l’Espagne.

(35) Et le roi des Romains… L’empereur d’Allemagne prend ce titre.

L’ANGLETERRE.

(36) Sont de ce continent les plus vaillans fouteurs… Allusion à leur puissance.

(37) Aux faveurs de la France ils ont droit de prétendre… Les rois de Prusse, d’Espagne et l’Empereur prétendent ravoir le pays conquis.

PUISAYE.

(38) Madame, dès long-tems notre cause est commune… Le comte de Puisaye a fait plusieurs voyages à Londres avant la révolution.

(39) Et le code anglican dont ils ont fait lecture, en France est à la mode autant que la parure… Les jeunes seigneurs français, au retour de Londres, étaient anglomanes, par l’espoir qu’ils avaient de devenir quelque chose dans le gouvernement.

C’est le comble de l’anglomanie de vouloir transporter, sur les bords de la Seine, des lois, une constitution, des mœurs, des usages qui ne conviennent que dans l’île qu’arrose la Tamise. Il faudrait commencer par changer le climat et le génie français. D’ailleurs, d’où viennent leurs alarmes continuelles ? Leur tumulte dans les assemblées nationales ? La licence des patriotes ? Les invectives dont on accable les ministres ? Du vice de leur constitution et de leur prétendue liberté.

L’ANGLETERRE.

(40) Comme Philadelphie, elle sera foutue… Philadelphie est la capitale de la nouvelle Angleterre. Les Français y envoyèrent des secours aux insurgés.




SCÈNE IV.

L’ANGLETERRE.

(41) À son intention vous vous êtes branlés… Allusion à la coalition.

FRANÇOIS.

(42) Dans votre cabinet… Saint-James, à quatre milles de Londres,

L’ANGLETERRE.

(43) N’avez-vous pas les droits de grand inquisiteur ?… Le roi d’Espagne s’est rendu le chef de l’inquisition dans son royaume.

(44) Le bougre qui commande aux bardaches romains… Les italiennes prétendent qu’une jolie femme n’a point d’envers ; ce qui a accoutumé les italiens à être bougres.

(45) Je ne crois point au pape, et sa triple couronne… Les Anglais se séparèrent de l’église romaine ; plus d’une fois on a reproché, à la mémoire d’un souverain pontife, d’avoir accéléré le schisme de l’Angleterre, par sa précipitation à frapper Henri VIII des censures ecclésiastiques.

En 1402, sous Wiclef, Jean Hus, brûlé en 1415, et Jérôme de Prague, brûlé en 1416, naquit l’hérésie, qui a été la mère du calvinisme et du luthéranisme. Les républiques se sont mieux accommodées du calvinisme, si l’on en excepte l’Angleterre, qui en a admis les dogmes et non la discipline ; les monarchies du luthéranisme. Ce Jean Hus, Luther et Calvin n’étaient pas des génies supérieurs. Les erreurs de Luther éclatèrent en 1517, et l’esprit sévère de la réforme arriva vers le seizième siècle. En Allemagne, ce fut l’ouvrage de l’intérêt ; en Angleterre, celui de l’amour ; et en France, celui de la nouveauté.

La triple couronne du pape est la thiare. C’est une espèce de bonnet, autour duquel il y a trois couronnes, toutes éclatantes de pierreries, et ornées d’un globe, avec une croix sur le haut de ce globe. D’abord ce n’était qu’un bonnet rond, entouré d’une couronne ; Boniface VIII en mit deux, et Benoît XII y ajouta la troisième.

FRANÇOIS.

(46) Et la cour de Louis est l’asyle des rois… Vers de M. de Voltaire, auquel j’ai cru répondre, étant de mon sujet.

L’ANGLETERRE.

(47) Si Jacques, Stanislas… Jacques II, roi d’Angleterre, et Stanislas I, roi de Pologne, se réfugièrent en France. Jacques mourut à Saint-Germain-en-Laye, et l’autre à Lunéville : il avait rebâti Nanci, une des plus belles villes de France. Charles II, après la mort de son père, et après avoir perdu contre Cromwel la bataille de Worchester, se réfugia en France, après avoir erré déguisé sur le rivage de la mer ; et de France, il passa en Hollande.

(48) Autant il vaudrait être une garce publique… Allusion à une république. Les vertus sont moins enthousiastes dans les monarchies que dans les républiques, mais on les pratique avec plus d’honneur.

Les hommes faits, approchant sur le même modèle, pensent tous différemment. Les républicains haïssent les rois, et les nomment des tyrans ; les Sicanes, au contraire, avaient autant de rois que de villes.

FRÉDÉRIC.

(49) Autant de voluptés nous coûteront, je crois, bien des difficultés… Le roi de Prusse s’est battu pour de l’or ; avec de l’or a fait la paix, et ne la tient que pour de l’or. Il a reçu pendant longtems 3,000,000 par mois ; et depuis l’établissement du directoire, et même encore, on lui paie 2,500,000 liv. par mois. Quelle paix ! ou plutôt, quelle guerre !

L’ANGLETERRE.

(50) N’a-t-on pas bien foutu la pucelle Pologne ?… Voyez les notes (2 et 3).

(51) Et ne négligeant rien, vous aurez du concombre… Pommade rafraîchissante, propre à faciliter le passage de la matrice.

(52) Le héros de Ouessant… Sans M. de la Motte-Piquet, d’Orléans eût été pris, ne voulant pas répondre aux signaux. Quel courage !




SCÈNE V.

L’ANGLETERRE.

(53) Vous savez qu’au bordel les fouteurs sont égaux… Allusion à la république. Dans l’une comme dans l’autre les rangs sont confondus.

(54) Elles vous masseront… Masser est un plaisir voluptueux ; c’est un châtouillement sur tout le corps : les négresses massent mieux que toutes les autres femmes. C’est se faire paîtrir les membres, et tirer l’une après l’autre toutes les articulations, et ensuite jouir du calme qui résulte de cette opération. Les Romains se faisaient masser ; en Amérique en se fait masser ; quelques voluptueux de France se font masser.

M. Gentil, médecin, l’a employé avec succès contre une roideur dans les articulations.

M. de Fontenelle dit que la peine modérée devient plaisir, et cite pour exemple le châtouillement. Moi j’invite nos jolies femmes à se faire masser. En amour comme en plaisir le trop n’est point assez.




SCÈNE VI.

D’ORLÉANS.

(55) Vous, Mesdames, songez que vous branlez des rois… Ce vers fait allusion à l’espoir qu’il avait d’être roi.

La principauté et la tyrannie sont un beau lien, disait Solon ; mais il n’y a point d’issue pour en sortir, quand une fois on y est entré. Phalaris consentit à abandonner l’Empire, pourvu qu’un Dieu voulût être lui-même la caution de sa vie. Périandre disait qu’il est aussi dangereux pour un tyran de descendre du trône que d’y monter. Le danger n’est pas moindre de se défaire du rang suprême que de s’en saisir.

Ah ! que tous ces exemples n’ont-ils servi et ne servent-ils aux ambitieux passés, présens et à venir !

De tous les souverains qui ont abdiqué volontairement le trône, Dioclétien est peut-être le seul qui n’en ait pas eu de regret. Lorsque Maximien l’engageait à reprendre les rênes de l’Empire et la pourpre impériale, il lui dit en souriant : Si je pouvais vous montrer les choux que j’ai plantés de mes mains à Salone, vous ne me conseilleriez pas de renoncer au bonheur, pour courir après de vaines grandeurs.

Il avouait que de tous les arts, celui de régner était le plus difficile.

Marie, reine d’Angleterre, a dit que la royauté trouve bien plus de sûreté dans l’amour des sujets que dans la terreur ; et que les lois modérées sont souvent mieux observées pour le bien public que les lois de sang. Si Marie avait régné avant Sylla, et qu’il eût su sa maxime, peut-être n’eût-il pas abdiqué la dictature, lorsqu’on pouvait lui redemander le sang qu’il avait versé ; mais voici sa réponse à Eucrate, qui lui représentait le danger de cette démarche : Sylla respire, Sylla a donné à chaque famille de Rome un exemple domestique et terrible : chaque Romain m’aura toujours devant les yeux, et dans ses songes mêmes, je lui apparaîtrai couvert de sang : il croira voir les funestes tables, et lire son nom à la tête des proscrits. Ne suis-je pas au milieu de Rome ? Vous trouverez encore chez moi le javelot, que j’avais à Orchomene, et le bouclier que je portais sur les murailles d’Athènes. Parce que je n’ai point de licteurs, en suis-je moins Sylla ? J’ai pour moi le sénat, la justice et les lois ; le sénat a pour lui mon génie, ma fortune et ma gloire. L’on peut être aussi cruel que Sylla ; mais tous les hommes ne sont pas Sylla. Il renonça à la dictature à l’âge de 60 ans ; la vermine s’empara de son corps : il fut plus cruel par vengeance que par ambition.