La Vie nouvelle/Commentaires/Chapitre XXX


La Vita Nuova (La Vie nouvelle) (1292)
Traduction par Maxime Durand-Fardel.
Fasquelle (p. 188-189).


CHAPITRE XXX


On a pu remarquer, dans maint passage de la Vita nuova, comment Dante s’arrête au nombre 9, toutes les fois qu’il le rencontre.

Les anciens philosophes Grecs supposaient que l’univers avait été réglé par les Nombres, et ils attachaient à certains nombres des propriétés mystérieuses. C’est ce qu’on a appelé la Doctrine des Nombres.

Nous ne sommes pas encore tout à fait affranchis, sinon de cette doctrine, du moins de cette croyance à la propriété des nombres, « que l’on a respectée, dit Voltaire, précisément parce qu’on n’y comprenait rien ».

On voit que sur ce point Dante n’était pas en avance sur son temps. Comment l’aurait-il été, alors qu’il s’appuyait sur ce qu’enseignaient, après Ptolémée, l’astrologie (astronomie), et la philosophie, sur la Vulgate « c’est-à-dire sur la vérité chrétienne, ce qui équivaut à vérité infaillible[1] ». Cela ne doit pas nous surprendre puisque, en dépit des progrès de la science et de l’expérience, de telles idées ont, pendant des siècles encore, exercé une certaine domination non seulement sur le vulgaire, mais aussi sur les représentants les plus éclairés de la Société moderne, et ne sont pas encore entièrement oubliées.



  1. Voir Il Convito, Tratt. II, chap. IV.