La Vie nouvelle/Chapitre XXXIV
CHAPITRE XXXIV
Après que j’eus fait ce sonnet, en pensant qui était celui à qui je comptais l’envoyer comme si je l’eusse composé pour lui, je vis combien valait peu de chose le service que je rendais à celui qui était le plus proche parent de cette glorieuse femme. Aussi avant de le lui donner, je fis deux stances d’une canzone, l’une pour lui-même, l’autre pour moi, afin qu’elles parussent faites pour une personne donnée à ceux qui n’y regarderaient pas de près. Mais, pour qui y regardera attentivement, il paraîtra bien qu’il y a deux personnes qui parlent : l’une ne donne pas à cette femme le nom de sa Dame, tandis que l’autre le fait ouvertement. Je lui donnai cette canzone et ce sonnet en lui disant que c’était pour lui que je l’avais fait.
Toutes les fois, hélas, que me revient[1] C’est vers elle que se tournèrent tous mes désirs |
- ↑ Quantunque volte, lasso ! mi rimembra…