La Vie nouvelle/Chapitre XXVII


La Vita Nuova (La Vie nouvelle) (1292)
Traduction par Maxime Durand-Fardel.
Fasquelle (p. 89-90).


CHAPITRE XXVII


Je dis que ma Dame montrait tant de grâce que non seulement elle était un objet d’honneur et de louange, mais qu’à cause d’elle bien d’autres étaient louées et honorées. Ce que voyant, et voulant le faire connaître à ceux qui ne le voyaient pas, je résolus de l’exprimer d’une manière significative ; et je dis dans le sonnet suivant l’influence que sa vertu exerçait sur les autres femmes.

Celui qui voit ma Dame au milieu des autres femmes
Voit parfaitement toute beauté et toute vertu[1].
Celles qui vont avec elle doivent
Remercier Dieu de la grande grâce qui leur est faite.
Et sa beauté est douée d’une vertu telle
Qu’elle n’éveille aucune envie
Et qu’elle revêt les autres
De noblesse, d’amour et de foi.
À sa vue, tout devient modeste,
Et non seulement elle plaît par elle-même,
Mais elle fait honneur aux autres.
Et tout ce qu’elle fait est si aimable
Que personne ne peut se la rappeler
Sans soupirer dans une douceur d’amour[2].



  1. Vede perfettamente ogni salute
  2. Commentaire du ch. XXVII.