Carco, passez-moi la gourde,
Que ce vin d’Irouléguy
Me fasse le cœur moins lourd
Et l’âme moins alanguie.
Qu’ai-je besoin de pensées
Qui déchirent mon bonheur ?
Pour pleurer les jours passés
C’est encor de trop bonne heure.
Mais plutôt sur mon épaule
Voyez ce grand oiseau vert
Comme il va prendre son vol
Quand je viderai mon verre.
Vous, vous buvez à la gourde,
Le visage vers l’azur,
Et l’air murmure alentour
Et balance la verdure.
Ah ! qu’un autre geigne et pleure ;
Nous, dans l’ombre et le soleil,
Nous rêvons à la couleur
De la ramure vermeille.
Ainsi, sans nous mettre en peine
Ni de demain ni d’hier,
Nous buvons avec ce vin
L’allégresse et la lumière.