La Transylvanie et ses habitants/Chapitre 21


La Transylvanie et ses habitants
Imprimeurs-unis (Tome IIp. 89-101).
chapitre XXI.
Rosenau. — Törts. — Les Calibas. — Zernyest.

On visite avec intérêt les environs de Cronstadt. Les vallées et les plaines qui séparent cette ville de la frontière sont peuplées de souvenirs historiques. En se dirigeant vers la Valachie, on ne tarde pas à apercevoir Rosenau, perché comme un nid d’aigle sur le faite d’une montagne escarpée. Ce bourg, qui tire son nom des trois roses qu’il porte dans ses armes, compte près de cinq mille habitants agglomérés sur un plateau peu étendu. Une vieille forteresse déploie ses murs démantelés, qui figurent une couronne. Quoique naturellement fortifié, Rosenau a été plus d’une fois pillé par les Turcs et les Tatars. Au 17e siècle, la garnison de la forteresse se rendait à Gabriel Báthori, parce qu’elle manquait d’eau. Aujourd’hui un puits profond de quatre-vingts toises, et creusé à travers le roc, amène l’eau jusque dans le bourg.

La route qui réunit la Transylvanie et la Valachie, près de Cronstadt, est très fréquentée. C’est surtout par cette voie que se font les échanges et les communications entre les deux pays. On l’a pratiquée dans un défilé, qui était gardé autrefois par le château de Törts. Le château existe encore, mais ne défend plus l’entrée de la province. Dans une étroite vallée formée par deux montagnes qui se penchent l’une vers l’autre est couchée une roche énorme, au bas de laquelle coule un torrent. Du sommet de cette roche, qui est recouverte d’arbres, s’élance une tour grise, carrée, percée de meurtrières, et décorée d’un double rang de sculptures dans le goût bysantin. Elle est flanquée de tourelles aux toits pointus ; et, pour que rien n’y manque, de fraîches maisonnettes qui ont la prétention de soutenir l’édifice viennent s’épanouir entre les antiques bastions. En avant du fort on voit les débris de la muraille crénelée qui barrait le passage. Grâce aux maçons de notre époque, le château de Törts est convenablement ravagé ; cependant la tour principale n’est pas sans caractère, et il y a dans le paysage quelque chose d’agreste qui va bien aux vieux monuments.

Sur le rocher qui lui sert de base s’élevait d’abord une forteresse appelée Ditrichstein, « Pierre de Théodoric ». Les Saxons disent qu’elle avait été construite par des chevaliers allemands, car ils aiment à signaler les traces de leurs compatriotes. Cette forteresse n’existait plus au temps de Louis I, qui en 1371 éleva le château actuel. Les seigneurs de Törts firent sentir leur puissance aux habitants du district, à tel point que les souverains durent intervenir. Le roi Sigismond enjoignit expressément aux seigneurs châtelains de ne plus tourmenter les gens de Cronstadt, et Uladislas, pour protéger les Saxons, ne trouvait pas d’autres moyens que de donner le fort aux Saxons eux-mêmes. Jean Hunyade, dont on retrouve toujours la main là où il était possible d’arrêter les Musulmans, agrandit et répara le château de Törts, que Gabriel Báthori assiégea en 1612. La garnison, composée de villageois, et découragée par la prise de Rosenau, lui livra la place. Michel Weiss fit tuer le commandant. Enfin Törtsvár fut définitivement remis aux Saxons, à la charge de le réparer et de fournir des soldats. On convint en outre que pendant la guerre les habitants, de quelque nation qu’ils fussent, pourraient se réfugier dans le château, lequel serait toujours commandé par un Hongrois.

Törtsvár est gardé par douze trabants qui obéissent à un capitaine hongrois, suivant les conditions faites. Les Saxons les exécutent en conscience et même avec trop de rigueur : car, s’ils ont promis d’entretenir la forteresse dans un temps où cette promesse avait un sens, ils pourraient maintenant se dispenser de bâtir leurs innocente cloisons qui gâtent le château, et que feraient voler en éclats deux pièces d’artillerie. Si l’on voulait faire de Törts une place qui couvrît la frontière, il faudrait abattre tout ce qui est debout et élever un fort moderne. C’est dans le but de protéger le pays qu’ils se sont engagés à réparer le château et à le tenir en état de défense. Mais, quoi qu’ils puissent faire, Törts n’a plus d’importance militaire : on ne doit plus songer qu’à le conserver comme monument, et c’est dans ce sens que les réparations devraient être faites. Au reste, les Saxons eux-mêmes l’ont bien compris, car il n’y a pas de fort au monde qui ait une mine plus inoffensive. Excepté les armes des trabants appendues aux murs, je n’y ai vu d’autre moyen de défense qu’un vieux canon de fer et quelques fusils de rempart tout prêts à éclater. L’intérieur du château a dû subir les changements exigés par les besoins de ses hôtes. Cependant la disposition des salles est assez curieuse ; elles sont percées entre de grosses murailles, et ne reçoivent le jour que par de rares fenêtres.

Le village de Törts, situé entre le fort et la frontière, est bien bâti. Il est occupé par cinquante hommes détachés du régiment en garnison à Cronstadt. C’est là qu’est placée la douane, dont les employés, dit-on, montrent parfois un zèle ridicule, et le lazaret, qui s’est bien relâché de ses rigueurs depuis que les Russes ont établi une bonne ligne près de la mer Noire. La quarantaine est réduite à trois heures, de dix jours qu’elle était avant. Dans les salles destinées aux voyageurs sont placardées des instructions rédigées dans les quatre langues allemande, valaque, hongroise et française.

L’entrée en Valachie est fort belle : on parle d’une longue vallée, la Dumbravicza, qui s’étend entre des rochers sans fin. Près de là sept moines valaques habitent une grotte sauvage, à l’entrée de laquelle ils ont élevé une église ; pendant toute l’année ils se nourrissent de maïs et d’ognons, sans jamais toucher à aucune viande[1]. L’une des dernières montagnes de la Transylvanie, appelée Butsesz, est terminée par une grande plaine qui se cache dans les nuages, et sur laquelle il existe un lac d’une immense profondeur. Une autre, formée entièrement de rochers, est appelée par les Valaques Piatra Crajului, « Pierre du Roi ». Plus loin on peut voir des cavernes voûtées de stalactites. Quand on gravit ces montagnes par un beau temps, on aperçoit presque toute la Transylvanie, dont le sol ondoie en trois grandes vallées parallèles.

L’auberge où nos chevaux se reposèrent à Törts se trouvait pleine de montagnards et de villageois. Une vingtaine d’individus étaient attablés dans la grande salle, fumant, buvant, et divisés par groupes de trois ou quatre figures que n’eût pas dédaignées Murillo. On pouvait reconnaître les Valaques à leurs tempes rasées, à leur barbe, et à l’indispensable ceinture de cuir. Ils parlaient haut, la tête en avant, gesticulaient fort, et laissaient retomber leurs coudes entre les myriades d’ognons et les restes de mammaliga étalés sur la table. De grands bâtons étaient placés entre leurs jambes, et une sorte de besace en drap blanc leur pendait sur le dos. Ailleurs, quelques Hongrois conversaient en retroussant leur moustache, et des marchands grecs comptaient de l’argent. Les langues diverses que parlaient tous ces hommes, et dont on distinguait quelques mots, lorsque deux ou trois orateurs reprenaient haleine en même temps, étaient douces, accentuées, et contrastaient beaucoup avec les sons très durs que laissaient échapper plusieurs Saxons bien portants et mieux vêtus, lesquels causaient discrètement près de la porte.

Dans la cour mangeaient six petits chevaux à tous crins, dont le harnais s’accordait avec le costume des buveurs de l’auberge. Une seule corde était passée dans la bouche en guise de bride. Une peau de mouton recouvrait la petite selle de bois ; des sacs de toile ornés de broderies rouges pendaient aux arçons, qui étaient peints et découpés. Des étriers en bois de forme ovale caressaient le flanc des chevaux, fixés à la selle par des branches de saule tordues.

Ces montagnes sont habitées par des Valaques, mais qui forment une population à part. Ils sont au nombre de cinq ou six mille. On les appelle Calibas à cause des huttes qu’ils se sont bâties entre les rochers. Ils mènent la vie indépendante et libre par excellence. Grands, forts, hardis, ils sont remarquables par leur vigueur et l’expression de leur physionomie. Ils se rasent les tempes et le haut de la tête, et laissent croître leur barbe. Rarement ils vont à cheval jusqu’à Cronstadt : car ils descendent à regret dans la plaine, où ils se sentent mal à l’aise. On les voit trotter sur les montagnes, vêtus de peaux de moutons, et portant un long fusil en bandoulière.

Les Calibas ont des troupeaux dont ils se nourrissent et qui sont toute leur richesse. Vers l’automne ils entrent en Valachie avec leurs troupeaux, et les conduisent, de pâturage en pâturage, jusqu’en Turquie. À Noël ils laissent leurs moutons, et reviennent passer le temps de jeûne avec leurs femmes et leurs enfants, qui les attendent dans les montagnes. Ils retournent ensuite en Turquie, et ramènent au printemps leurs troupeaux. Les Calibas sont en outre, selon l’occurrence, chasseurs ou contrebandiers. Pendant la dernière guerre des Turcs et des Russes, bon nombre d’entre eux allèrent livrer bataille, pour leur propre compte, aux soldats de Mahmoud ; et l’on entend encore les récits énergiquement accentués de ceux qui sont revenus. Ces hommes sauvages et intrépides sont accessibles aux sentiments les plus tendres. On dit que vers le soir, quand tout est tranquille dans la bergerie, les échos des montagnes répètent des sons doux et langoureux. C’est le Calibas qui souffle dans sa trompe pour appeler sa bien-aimée qui tarde au rendez-vous.

Les huttes des Calibas forment onze groupes, dont huit se trouvaient encore, en 1839, hors de la frontière. On les a depuis enclavées dans le cordon autrichien. Les Calibas ont regardé faire cette opération avec une complète indifférence, sûrs que leurs montagnes étaient aussi bien à eux que leurs troupeaux, et ne se souciant guère que l’empereur prît la liberté de les appeler ses sujets. Il paraît que des efforts vont être tentés pour introduire parmi eux des mœurs plus douces ; mais je crois qu’il sera difficile de leur faire perdre le goût de la vie indépendante, qui a pour eux tant de charmes.

Le plus remarquable des villages transylvains situés au bas des montagnes de Törtsvár est Zernyest. Son heureuse position, et les monuments romains que l’on voyait aux alentours, donnent à penser qu’il s’est élevé sur les ruines d’une cité antique. Les uns y placent la ville de Zarma, fondée par Trajan ; d’autres la Colonia Zernensium dont il est question dans les Pandectes. Ces hypothèses peuvent être soutenues, mais n’ont rien de certain ; et c’est dans l’histoire moderne qu’il faut chercher les souvenirs qui jettent de l’éclat sur le petit village de Zernyest.

Le traité fait dans l’année 1689 entre la Transylvanie et l’Autriche, par lequel cette province se mettait sous la protection de l’empereur, n’avait pas été conclu sans les protestations de l’ambassadeur ottoman. Pour conserver ses droits sur la Transylvanie, qui lui échappait, le Grand-Seigneur résolut de détrôner Apaffi, et de faire élire à sa place le comte Emeric Tököli, lequel s’engagerait à demeurer tributaire de la Porte. Tököli reçut des Turcs l’étendard, le sceptre, le cafetan, et un secours d’environ quarante mille hommes renforcés par les mécontents hongrois, les cavaliers tatars, et quinze mille soldats tirés de la Valachie. Il somma le général Heussler, qui commandait pour l’empereur, de lui céder la Transylvanie. L’Allemand lui fit dire qu’il comptait prendre bientôt le plus grand des rebelles. Heussler se mit en mesure de tenir parole. Il fit munir de troupes impériales et fortifia les défilés de Bodza, de Tömös et de Törtsvár, c’est-à-dire les seuls passages qui ouvrissent la province. En outre, une « insurrection » ou levée en masse fut ordonnée à la noblesse du pays. Le vieux comte Michel Teleki, premier ministre et généralissime des troupes transylvaines, voulut encore commander les Hongrois. Comme il sortait de son château de Gernyeszeg[2] pour se rendre au camp, le cheval qu’il montait fit un faux pas. « Vay, Kálmán a bronché, dit-il à son gendre, mauvais signe ! »

Tököli n’ignorait pas quels préparatifs se faisaient de l’autre côté des montagnes. Un espion intelligent appelé Rontó, qui avait rempli l’office de valet de cuisine dans l’armée hongroise, l’instruisait des mouvements de ses ennemis. Tölöki envoya reconnaître le défilé de Törts par quelques centaines de lobontz. On nommait ainsi des soldats d’élite vêtus d’habits rouges, de culottes jaunes, chaussés de ces bottines alors appelées Teleki botskor, et portant au bonnet un plumet d’argent doré. Ils avaient pour armes un sabre recourbé, une épée longue au côté droit, et un fusil qui brillait sur le dos. Les lobontz s’emparèrent par surprise du fort de Törts à la faveur de la nuit, et massacrèrent ou mirent en fuite la garnison.

Heussler avait si bien organisé la défense, qu’il attendait les événements avec une confiance sans bornes. En effet, les défilés une fois fortifiés, l’ennemi n’avait d’autre ressource que de rebrousser chemin ou de se hasarder dans des montagnes inaccessibles. Le général allemand était donc dans une parfaite sécurité. Il jouait paisiblement aux cartes, quand il reçut la nouvelle que Tölöki, à la tête des mécontents, des Tatars et des janissaires, avait passé les montagnes malgré les Allemands qui gardaient encore toutes les issues praticables. Cela lui semblait impossible ; et quand on a vu les précipices sur lesquels il comptait pour arrêter l’ennemi, on a peine à croire qu’ils aient pu être franchis par des cavaliers. La tradition a conservé le souvenir de ce passage surnaturel. S’il faut en croire les récits des montagnards, confirmée par les chroniqueurs de l’époque, Tölöki ordonna qu’on abattit tous les arbres, et en fit attacher un par la cime à la queue de chaque cheval, de manière qu’en descendant la pente rapide, l’animal était retenu par les obstacles de terrain qui embarassaient les branches. Les soldats rampaient, se cramponnaient aux broussailles, aux racines, ou traînaient après eux des sacs pleins de terre qui s’accrochaient aux pointes des rochers. Le tiers de l’armée, homme à homme, aurait passé par là, tandis que le reste se battait dans les défilés avec les Impériaux. Que la tradition soit ou non exacte, le moyen, par cela même qu’il semble incroyable, était bien digne du génie de Tölöki, cet homme étonnant qui trouva tant de ressources dans sa haine contre l’Autriche[3].

Il ordonna une seconde fois aux Impériaux d’abandonner le pays. Heussler, pour toute réponse, appela à son aide le généralissime Teleki, lequel accourait à la tête de la cavalerie transylvaine. Les troupes hongroises et allemandes réunies offrirent le combat aux Turcs, près de Zernyest. On était au 21 août 1690. Les Tatars coururent vers le camp des Impériaux, puis tournèrent bride comme s’ils s’enfuyaient. Les Allemands firent feu et s’avancèrent. Ils se trouvèrent alors vis-à-vis des janissaires et des mécontents hongrois, qui descendaient des montagnes par centaines, et prenaient part à l’action à mesure qu’ils arrivaient sur le champ de bataille. Vers midi l’engagement était général. Les Hongrois se battirent mollement. Ils ne comprenaient pas bien encore, à cette époque, qu’en se donnant à l’empereur, la Transylvanie avait fait acte de bonne politique : ils se défiaient de l’Autriche et n’aimaient pas combattre avec les Allemands ; ils lâchèrent pied. Les Impériaux seuls tinrent bon : la plus grande partie fut tuée à coups de sabre. « Leurs têtes tombaient, rapporte un chroniqueur saxon, comme des pommes de choux. » Quelques uns purent à peine se réfugier à Hermannstadt.

Le généralissime parcourait la plaine pour ramener les fuyards, quand il fut aperçu par un aga turc, et un Hongrois ennemi, nommé Szántó, qui le cherchaient depuis le commencement de la bataille. Ce Szántó, ancien domestique de Teleki, avait été mis en prison, sur son ordre, pour avoir commis un vol. Un jour qu’il faisait parader, à Kövár, un cheval fougueux que nul autre ne pouvait monter, il avait tout à coup franchi la porte du château et s’était enfui jusqu’à Huszt, où se trouvait Tököli. Enrôlé dans les troupes des Mécontents, il revenait pour se venger de son maître. Teleki, était déjà entouré et blessé quand il le vit accourir. Il avait refusé de se rendre aux Turcs ; mais, affaibli par la perte de son sang, il ne se défendait plus qu’avec peine. Lorsque Szántó s’approcha, il crut qu’il venait le sauver, et il eut encore la force de l’appeler à lui : « Szántó, mon enfant » ! s’écria-t-il. Mais le traître leva le sabre, et lui porta à la gorge un dernier coup, qui le renversa de cheval.

Le marquis Doria, qui commandait la cavalerie impériale, fut pris. Le général Heussler fut fait aussi prisonnier par un Tatar, qui, sans le connaître, le céda pour deux cents ducats à Tököli. Le Tatar avait vendu l’homme, mais non le cheval. Il fit quitter sa monture au prisonnier en lui donnant un coup de fouet sur la tête, et s’écria : poposlas, c’est-à-dire « homme libre ». Tököli aida le général à se relever. « Captus es, Domine Heussler, lui dit-il. — Hodie mihi, cras tibi, Domine comes Tököli », repartit l’Allemand.

Le lendemain de la bataille, Tököli, ennemi juré du généralissime, fit rechercher son corps. Mais il était déjà dépouillé par les Tatars, et il avait reçu tant de blessures au visage, qu’on fut long-temps sans pouvoir le retrouver. À la fin un prisonnier le reconnut, en passant les doigts dans sa bouche, à ce qu’il n’avait plus de dents. Tököli fit laver le corps, et l’envoya, revêtu de son propre linge, à la veuve de Teleki, Judith Vér. C’était agir en ennemi généreux. Les Saxons, au contraire, se couvrirent de honte en injuriant le mort quand il traversa leurs villages.

  1. Ce sont des moines de l’ordre de Saint-Basile, le seul ordre que compte l’église grecque. On les appelle Caluger.
  2. Près de Maros Vásárhely. Ce château, qui était construit en bois, n’existe plus ; mais on voit encore les énormes fossés qui l’entouraient. Sur remplacement qu’il occupait on a élevé un château moderne.
  3. Du reste, aujourd’hui encore, dans certaines contrées, les Sicules franchissent de cette manière les passages dangereux. Il n’y a pas bien long-temps que la calèche d’un voyageur descendit perpendiculairement une montagne du pays des Sicules, à l’aide d’arbres attachés aux roues par la cime.