La Sorcière/Livre I/Chapitre III

Flammarion (Œuvres complètes de Jules Michelet, tome XXXVIIIp. 359-370).



III

LE PETIT DÉMON DU FOYER


Les premiers siècles du Moyen-âge où se créèrent les légendes ont le caractère d’un rêve. Chez les populations rurales, toutes soumises à l’Église, d’un doux esprit (ces légendes en témoignent), on supposerait volontiers une grande innocence. C’est, ce semble, le temps du bon Dieu. Cependant les Pénitentiaires, où l’on indique les péchés les plus ordinaires, mentionnent les souillures étranges, rares sous le règne de Satan.

C’était l’effet de deux choses, de la parfaite ignorance, et de l’habitation commune qui mêlait les proches parents. Il semble qu’ils avaient à peine connaissance de notre morale. La leur, malgré les défenses, semblait celle des patriarches, de la haute Antiquité, qui regarde comme libertinage le mariage avec l’étrangère, et ne permet que la parente. Les familles alliées n’en faisaient qu’une. N’osant encore disperser leurs demeures dans les déserts qui les entouraient, ne cultivant que la banlieue d’un palais mérovingien ou d’un monastère, ils se réfugiaient chaque soir avec leurs bestiaux sous le toit d’une vaste villa. De là des inconvénients analogues à ceux de l’ergastulum antique, où l’on entassait les esclaves. Plusieurs de ces communautés subsistèrent au Moyen-âge et au delà. Le seigneur s’occupait peu de ce qui en résultait. Il regardait comme une seule famille cette tribu, cette masse de gens « levants et couchants ensemble, » — « mangeant à un pain et à un pot. »

Dans une telle indistinction, la femme était bien peu gardée. Sa place n’était guère haute. Si la Vierge, la femme idéale, s’éleva de siècle en siècle, la femme réelle comptait bien peu dans ces masses rustiques, ce mélange d’hommes et de troupeaux. Misérable fatalité d’un état qui ne changea que par la séparation des habitations, lorsqu’on prit assez de courage pour vivre à part, en hameau, ou pour cultiver au loin des terres fertiles et créer des huttes dans les clairières des forêts. Le foyer isolé fit la vraie famille. Le nid fit l’oiseau. Dès lors, ce n’étaient plus des choses, mais des âmes… La femme était née.


Moment fort attendrissant. La voilà chez elle. Elle peut donc être pure et sainte, enfin, la pauvre créature. Elle peut couver une pensée, et, seule, en filant, rêver, pendant qu’il est à la forêt. Cette misérable cabane, humide, mal close, où siffle le vent d’hiver, en revanche, est silencieuse. Elle a certains coins obscurs où la femme va loger ses rêves.

Maintenant, elle possède. Elle a quelque chose à elle. — La quenouille, le lit, le coffre, c’est tout, dit la vieille chanson[1]. — La table s’y ajoutera, le banc, ou deux escabeaux… Pauvre maison bien dénuée ! mais elle est meublée d’une âme. Le feu l’égaye ; le buis bénit protège le lit, et l’on y ajoute parfois un joli bouquet de verveine. La dame de ce palais file, assise sur sa porte, en surveillant quelques brebis. On n’est pas encore assez riche pour avoir une vache, mais cela viendra à la longue, si Dieu bénit la maison. La forêt, un peu de pâture, des abeilles sur la lande, voilà la vie. On cultive peu de blé encore, n’ayant nulle sécurité pour une récolte éloignée. Cette vie, très indigente, est moins dure pourtant pour la femme ; elle n’est pas brisée, enlaidie, comme elle le sera au temps de la grande agriculture. Elle a plus de loisir aussi. Ne la jugez pas du tout par la littérature grossière des Noëls et des fabliaux, le sot rire et la licence des contes graveleux qu’on fera plus tard. — Elle est seule. Point de voisine. La mauvaise et malsaine vie des noires petites villes fermées, l’espionnage mutuel, le commérage misérable, dangereux, n’a pas commencé. Point de vieille qui vienne le soir, quand l’étroite rue devient sombre, tenter la jeune, lui dire qu’on se meurt d’amour pour elle. Celle-ci n’a d’ami que ses songes, ne cause qu’avec ses bêtes ou l’arbre de la forêt.

Ils lui parlent ; nous savons de quoi. Ils réveillent en elle les choses que lui disait sa mère, sa grand-mère, choses antiques, qui, pendant des siècles, ont passé de femme en femme. C’est l’innocent souvenir des vieux esprits de la contrée, touchante religion de famille, qui, dans l’habitation commune et son bruyant pêle-mêle, eut peu de force, sans doute, mais qui revient et qui hante la cabane solitaire.

Monde singulier, délicat, des fées, des lutins, fait pour une âme de femme. Dès que la grande création de la Légende des saints s’arrête et tarit, cette légende plus ancienne et bien autrement poétique vient partager avec eux, règne secrètement, doucement. Elle est le trésor de la femme, qui la choie et la caresse. La fée est une femme aussi, le fantastique miroir où elle se regarde embellie.

Que furent les fées ? Ce qu’on en dit, c’est que, jadis, reines des Gaules, fières et fantasques à l’arrivée du Christ et de ses apôtres, elles se montrèrent impertinentes, tournèrent le dos. En Bretagne, elles dansaient à ce moment, et ne cessèrent pas de danser. De là leur cruelle sentence. Elles sont condamnées à vivre jusqu’au jour du Jugement[2]. — Plusieurs sont réduites à la taille du lapin, de la souris. Exemple, les Kowrig-gwans (les fées naines), qui, la nuit, autour des vieilles pierres druidiques, vous enlacent de leurs danses. Exemple, la jolie reine Mab, qui s’est fait un char royal avec une coquille de noix. — Elles sont un peu capricieuses, et parfois de mauvaise humour. Mais comment s’en étonner, dans cette triste destinée ? — Toutes petites et bizarres qu’elles puissent être, elles ont un cœur, elles ont besoin d’être aimées. Elles sont bonnes, elles sont mauvaises et pleines de fantaisies. À la naissance d’un enfant, elles descendent par la cheminée, le douent et font son destin. Elles aiment les bonnes fileuses, filent elles-mêmes divinement. On dit : Filer comme une fée.


Les Contes de fées, dégagés des ornements ridicules dont les derniers rédacteurs les ont affublés, sont le cœur du peuple même. Ils marquent une époque poétique entre le communisme grossier de la villa primitive, et la licence du temps où une bourgeoisie naissante fit nos cyniques fabliaux.

Ces contes ont une partie historique, rappellent les grandes famines (dans les ogres, etc.). Mais généralement ils planent bien plus haut que toute l’histoire, sur l’aile de l’Oiseau bleu, dans une éternelle poésie, disent nos vœux, toujours les mêmes, l’immuable histoire du cœur.

Le désir du pauvre serf de respirer, de reposer, de trouver un trésor qui finira ses misères, y revient souvent. Plus souvent, par une noble aspiration, ce trésor qui est aussi une âme, un trésor d’amour qui sommeille (dans la Belle au bois dormant) ; mais souvent la charmante personne se trouve cachée sous un masque par un fatal enchantement. De là la trilogie touchante, le crescendo admirable de Riquet à la Houppe, de Peau-d’Âne, et de la Belle et la Bête. L’amour ne se rebute pas. Sous ces laideurs, il poursuit, il atteint la beauté cachée. Dans le dernier de ces contes, cela va jusqu’au sublime, et je crois que jamais personne n’a pu le lire sans pleurer.

Une passion très réelle, très sincère, est là-dessous, l’amour malheureux, sans espoir, que souvent la nature cruelle mit entre les pauvres âmes de condition trop différente, la douleur de la paysanne de ne pouvoir se faire belle pour être aimée du chevalier, les soupirs étouffés du serf quand, le long de son sillon, il voit, sur un cheval blanc, passer un trop charmant éclair, la belle, l’adorée châtelaine. C’est, comme dons l’Orient, l’idylle mélancolique des impossibles amours de la Rose et du Rossignol. Toutefois, grande différence : l’oiseau et la fleur sont beaux, même égaux dans la beauté. Mais ici l’être inférieur, si bas placé, se fait l’aveu : « Je suis laid, je suis un monstre ! » Que de pleurs !… En même temps, plus puissamment qu’en Orient, d’une volonté héroïque, et par la grandeur du désir, il perce les vaines enveloppes. Il aime tant, qu’il est aimé, ce monstre, et il en devient beau.

Une tendresse infinie est dans tout cela. — Cette âme enchantée ne pense pas à elle seule. Elle s’occupe aussi à sauver la nature et toute la société. Toutes les victimes d’alors, l’enfant battu par sa marâtre, la cadette méprisée, maltraitée de ses aînées, sont ses favorites. Elle étend sa compassion sur la dame même du château, la plaint d’être dans les mains de ce féroce baron (Barbe-Bleue). Elle s’attendrit sur les bêtes, les console d’être encore sous des figures d’animaux. Cela passera, qu’elles patientent. Leurs âmes captives un jour reprendront des ailes, seront libres, aimables, aimées. — C’est l’autre face de Peau-d’Âne et autres contes semblables. La surtout on est bien sûr qu’il y a un cœur de femme. Le rude travailleur des champs est assez dur pour ses bêtes. Mais la femme n’y voit point de bêtes. Elle en juge comme l’enfant. Tout est humain, tout est esprit. Le monde entier est ennobli. Oh ! l’aimable enchantement ! Si humble, et se croyant laide, elle a donné sa beauté, son charme à toute la nature.


Est-ce qu’elle est donc si laide, cette petite femme de serf, dont l’imagination rêveuse se nourrit de tout cela ? Je l’ai dit, elle fait le ménage, elle file en gardant ses bêtes, elle va à la forêt, et ramasse un peu de bois. Elle n’a pas encore les rudes travaux, elle n’est point la laide paysanne que fera plus tard la grande culture du blé. Elle n’est pas la grasse bourgeoise, lourde et oisive, des villes, sur laquelle nos aïeux ont fait tant de contes gras. Celle-ci n’a nulle sécurité, elle est timide, elle est douce, elle se sent sous la main de Dieu. Elle voit sur la montagne le noir et menaçant château d’où mille maux peuvent descendre. Elle craint, honore son mari. Serf ailleurs, près d’elle il est roi. Elle lui réserve le meilleur, vit de rien. Elle est svelte et mince, comme les saintes des églises. La très pauvre nourriture de ces temps doit faire des créatures fines, mais chez qui la vie est faible. — Immenses mortalités d’enfants. — Ces pâtes roses n’ont que des nerfs. De là éclatera plus tard la danse épileptique du quatorzième siècle. Maintenant, vers le douzième, deux faiblesses sont attachées à cet état de demi-jeûne : la nuit, le somnambulisme, et, le jour, l’illusion, la rêverie et le don des larmes.


Cette femme, tout innocente, elle a pourtant, nous l’avons dit, un secret qu’elle ne dit jamais à l’Église. Elle enferme dans son cœur le souvenir, la compassion des pauvres anciens dieux[3], tombés à l’état d’Esprits. Pour être Esprits, ne croyez pas qu’ils soient exempts de souffrances. Logés aux pierres, au cœur des chênes, ils sont bien malheureux l’hiver. Ils aiment fort la chaleur. Ils rôdent autour des maisons. On en a vu dans les étables se réchauffer près des bestiaux. N’ayant plus d’encens, de victimes, ils prennent parfois du lait. La ménagère, économe, ne prive pas son mari, mais elle diminue sa part, et, le soir, laisse un peu de crème.

Ces Esprits qui ne paraissent plus que de nuit, exilés du jour, le regrettent et sont avides de lumières. La nuit, elle se hasarde, et timidement va porter un humble petit fanal au grand chêne où ils habitent, à la mystérieuse fontaine dont le miroir, doublant la flamme, égayera les tristes proscrits.

Grand Dieu ! si on le savait ! Son mari est homme prudent, et il a bien peur de l’Église. Certainement il la battrait. Le prêtre leur fait rude guerre, et les chasse de partout. On pourrait bien cependant leur laisser habiter les chênes. Quel mal font-ils dans la forêt ? Mais non, de concile en concile, on les poursuit. À certains jours, le prêtre va au chêne même, et, par la prière, l’eau bénite, donne la chasse aux esprits !

Que serait-ce s’ils ne trouvaient nulle âme compatissante ? Mais celle-ci les protège. Toute bonne chrétienne qu’elle est, elle a pour eux un coin du cœur. À eux seuls elle peut confier telles petites choses de nature, innocentes chez la chaste épouse, mais dont l’Église pourtant lui ferait reproche. Ils sont confidents, confesseurs de ces touchants secrets de femmes. Elle pense à eux quand elle met au feu la bûche sacrée. C’est Noël, mais en même temps l’ancienne fête des esprits du Nord, la fête de la plus longue nuit. De même, la vigile de la nuit de mai, le pervigilium de Maïa, où l’arbre se plante. De même, au feu de la Saint-Jean, la vraie fête de la vie, des fleurs et des réveils d’amour. Celle qui n’a pas d’enfants, surtout, se fait devoir d’aimer ces fêtes et d’y avoir dévotion. Un vœu à la Vierge peut-être ne serait pas efficace. Ce n’est pas l’affaire de Mario. Tout bas, elle s’adresse plutôt à un vieux génie, adoré comme dieu rustique, et dont telle église locale a la bonté de faire un saint[4]. — Ainsi le lit, le berceau, les plus doux mystères que couve une âme chaste et amoureuse, tout cela est aux anciens dieux.


Les Esprits ne sont pas ingrats. Un matin, elle s’éveille, et, sans mettre la main à rien, elle trouve le ménage fait. Elle est interdite et se signe, ne dit rien. Quand l’homme part, elle s’interroge, mais en vain. Il faut que ce soit un esprit. « Quel est-il ? et comment est-il ?… Oh ! que je voudrais le voir !… Mais j’ai peur… Ne dit-on pas qu’on meurt à voir un esprit ? » — Cependant le berceau remue, et il ondule tout seul… Elle est saisie, et entend une petite voix très douce, si basse, qu’elle la croirait en elle : « Ma chère et très chère maîtresse, si j’aime à bercer votre enfant, c’est que je suis moi-même enfant. » Son cœur bat, et cependant elle se rassure un peu. L’innocence du berceau innocente aussi cet esprit, fait croire qu’il doit être bon, doux, au moins toléré de Dieu.


Dès ce jour, elle n’est plus seule. Elle sent très-bien sa présence, et il n’est pas bien loin d’elle. Il vient de raser sa robe ; elle l’entend au frôlement. À tout instant, il rôde autour et visiblement ne peut la quitter. Va-t-elle à l’étable, il y est. Et elle croit que, l’autre jour, il était dans le pot à beurre[5].

Quel dommage qu’elle ne puisse le saisir et le regarder ! Une fois, à l’improviste, ayant touché les tisons, elle l’a cru voir qui se roulait, l’espiègle, dans les étincelles. Une autre fois, elle a failli le prendre dans une rose. Tout petit qu’il est, il travaille, balaye, approprie, il lui épargne mille soins.

Il a ses défauts cependant. Il est léger, audacieux, et, si on ne le tenait, il s’émanciperait peut-être. Il observe, écoute trop. Il redit parfois au matin tel petit mot qu’elle a dit tout bas, tout bas, au coucher, quand la lumière était éteinte. — Elle le sait fort indiscret, trop curieux. Elle est gênée de se sentir suivie partout, s’en plaint et y a plaisir. Parfois elle le renvoie, le menace, enfin se croit seule et se rassure tout à fait. Mais au moment elle se sent caressée d’un souffle léger ou comme d’une aile d’oiseau. Il était sous une feuille… Il rit… Sa gentille voix, sans moquerie, dit le plaisir qu’il a eu à surprendre sa pudique maîtresse. La voilà bien en colère. — Mais le drôle : « Non, chérie, mignonne, vous n’en êtes pas fâchée. »

Elle a honte, n’ose plus rien dire. Mais elle entrevoit alors qu’elle l’aime trop. Elle en a scrupule, et l’aime encore davantage. La nuit, elle a cru le sentir au lit qui s’était glissé. Elle a eu peur, a prié Dieu, s’est serrée à son mari. Que fera-t-elle ? elle n’a pas la force de le dire à l’Église. Elle le dit au mari, qui d’abord en rit et doute. Elle avoue alors un peu plus, — que ce follet est espiègle, parfois trop audacieux… — « Qu’importe, il est si petit ! » — Ainsi, lui-même la rassure.

Devons-nous être rassurés, nous autres qui voyons mieux ? Elle est bien innocente encore. Elle aurait horreur d’imiter la grande dame de là-haut, qui a par devant le mari, sa cour d’amants, et son page. Avouons-le pourtant, le lutin a déjà fait bien du chemin. Impossible d’avoir un page moins compromettant que celui qui se cache dans une rose. Et, avec cela, il tient de l’amant. Plus envahissant que nul autre, si petit, il glisse partout.

Il glisse au cœur du mari même, lui fait sa cour, gagne ses bonnes grâces. Il lui soigne ses outils, lui travaille le jardin, et le soir, pour récompense, derrière l’enfant et le chat, se tapit dans la cheminée. On entend sa petite voix tout comme celle du grillon, mais on ne le voit pas beaucoup, à moins qu’une faible lueur n’éclaire une certaine fente où il aime à se tenir. Alors on voit, on croit voir, un minois subtil. On lui dit : « Oh ! petit, nous t’avons vu ! »

On leur dit bien à l’église qu’il faut se défier des Esprits, que tel qu’on croit innocent, qui glisse comme un air léger, pourrait au fond être un démon. Ils se gardent bien de le croire. Sa taille le fait croire innocent. Depuis qu’il y est, on prospère. Le mari autant que la femme y tient, et encore plus peut-être. Il voit que l’espiègle follet fait le bonheur de la maison.




  1. Trois pas du côté du banc,
    Et trois pas du côté du lit.
    Trois pas du côté du coffre,
    Et trois pas. Revenez ici.

    (Vieille chanson du Maître de danse.)
  2. Les textes de toute époque ont été recueillis dans les deux savants ouvrages de M. Alfred Maury (les Fées, 1843 ; la Magie, 1860). Voir aussi, pour le Nord, la Mythologie de Grimm.
  3. Rien de plus touchant que cette fidélité. Malgré la persécution, au cinquième siècle, les paysans promenaient, en pauvres petites poupées de linge ou de farine, les Dieux de ces grandes religions, Jupiter, Minerve, Vénus. Diane fut indestructible jusqu’au fond de la Germanie (Voy. Grimm). Au huitième siècle, on promène les dieux encore. Dans certaines petites cabanes, on sacrifie, on prend les augures, etc. (Indiculus paganiarum, Concile de Leptines en Hainaut). Les Capitulaires menacent en vain de la mort. Au douzième siècle, Burchard de Worms, en rappelant les défenses, témoigne qu’elles sont inutiles. En 1389, la Sorbonne condamne encore les traces du paganisme, et, vers 1400, Gerson (Contra Astrol.) rappelle comme chose actuelle cette superstition obstinée.
  4. A. Maury, Magie, 159.
  5. C’est une des retraites favorites du petit friand. Les Suisses, qui connaissent son goût, lui font encore aujourd’hui des présents de lait. Son nom, chez eux, est troll (drôle) ; chez les Allemands, kobold, nix ; chez les Français, follet, goblin, lutin ; chez les Anglais, puck, robin hood, robin good fellow. Shakespeare explique qu’il rend aux servantes dormeuses le service de les pincer jusqu’au bleu pour les éveiller.